Cher Jan, bienvenue à Athènes. J’aurais préféré vous accueillir dans des circonstances différentes, dans des conditions normales, afin d'examiner, tout d'abord, les perspectives de renforcement de notre coopération bilatérale dans tous les domaines, mais aussi les priorités de votre présidence de l'Union européenne au second semestre 2022.
Mais malheureusement, nous sommes confrontés au plus grand défi que l'Europe ait eu à relever au XXIe siècle. Par conséquent, comme il était tout à fait naturel, l'Ukraine était au centre de nos discussions aujourd'hui.
Dans ce contexte, j'ai eu l'occasion de souligner 3 points clés. Tout d'abord, la nécessité de protéger la population civile. Nous avons déjà pleuré la perte de nombreux membres de la communauté grecque d'Ukraine orientale et je vous remercie chaleureusement pour les condoléances que vous nous avez présentées.
Comme vous le savez, nous avons vivement protesté auprès de la partie russe à ce sujet et lui avons demandé d’autoriser la création de couloirs humanitaires afin de permettre à la population civile qui souhaiterait se déplacer de le faire.
Et nous faisons un effort, dans le contexte de ces circonstances très difficiles, pour assurer la protection de notre communauté en ces temps difficiles.
Comme j'ai eu l'occasion de vous le dire, environ 150 000 membres de la diaspora grecque vivent dans la région de Marioupol et leur protection est une priorité essentielle pour le gouvernement Mitsotakis.
C'est pourquoi, après tout, j'avais visité la région quelques jours avant l'invasion russe. De même, les autorités consulaires grecques sont aux côtés des citoyens grecs et de notre diaspora, tout en ayant un sens aigu de leur responsabilité, et au prix, dirais-je même, d’énormes sacrifices.
En ce moment même, notre 3ème opération « Nostos 3 » est en cours pour évacuer les citoyens grecs, cette fois de Marioupol, sous la coordination de l'Ambassadeur Fragiskos Kostellenos, qui participe à l'opération d'évacuation en accompagnant le convoi automobile.
Les deux opérations précédentes « Nostos 1 », « Nostos 2 » concernaient Kiev et Odessa. Bien entendu, je tiens à souligner que le ministère des Affaires étrangères avait émis deux communiqués. L'un le 14 février et l'autre le 22 février conseillant aux citoyens grecs de quitter l'Ukraine immédiatement et déconseillant également aux citoyens grecs de se rendre en Ukraine.
Mais dans ces circonstances difficiles, je tiens à dire que la Grèce est le seul pays de l'Union européenne qui garde ses consulats généraux ouverts à Odessa et Marioupol.
Notre consul général, M. Dimitris Dochtsis, est à Odessa et notre consul général, M. Manolis Androulakis, est à Marioupol.
Et je veux vous dire franchement que je suis particulièrement fier de nos trois diplomates qui sont dans une zone à risque et qui, avec un sens aigu de leur devoir, accomplissent leur mission.
Et j'ai eu le plaisir de leur transmettre les mêmes sentiments de fierté qu’éprouvent le Premier ministre, M. Mitsotakis, et le gouvernement grec.
En général, en ce qui concerne la crise en Ukraine, notre position est claire, c'est une position de principe. Nous avons soutenu et continuons de soutenir l'intégrité territoriale, la souveraineté et l'indépendance de tous les pays. Il est évident que l'Ukraine ne peut pas être une exception pour la Grèce puisque ce principe est une règle fondamentale du droit international.
Elle est contenue dans la charte des Nations unies, la même charte qui interdit l'usage de la force et interdit la menace de l'usage de la force. Par conséquent, la Grèce a toujours, par principe et aujourd'hui, condamné le recours à la violence, d'où qu'elle vienne. Elle condamne la menace de violence d'où qu'elle vienne.
Nous demandons un cessez-le-feu immédiat et nous demandons le retrait de toutes les troupes étrangères du territoire de l'Ukraine.
Cependant, mon cher collègue, mon cher ministre, mon cher Jan, je dois féliciter la République tchèque. Parce que c'est un pays qui souscrit pleinement au droit international. Et j'ai eu l'occasion, tant en privé qu'en public, de citer la République tchèque en exemple comme étant un pays qui a également ratifié l'UNCLOS, la convention des Nations unies sur le droit de la mer, ce qui atteste de l’attachement de la République tchèque aux principes du droit international, même si elle n'est pas un pays côtier.
J’en reviens maintenant à ce que je disais. Comme on le sait, la Grèce participe aux institutions euro-atlantiques. Nous formulons donc, avec nos partenaires européens et nos alliés de l'OTAN, une réponse commune et nous appliquerons pleinement les décisions prises par tous les Européens ensemble.
Et nous appelons tous les autres pays qui ont des relations avec l'Union européenne ou qui veulent en devenir membres à s’aligner pleinement sur l'Union européenne, sans conditions, sans si, ni mais, dans le but de protéger le droit international et les droits de l'homme.
La République tchèque a bien sûr un rôle très important à jouer, car outre le fait qu'elle assure la prochaine présidence, elle est géographiquement proche de la zone où toutes ces évolutions ont lieu et possède une connaissance approfondie de cette région de l'Europe et du monde.
Notre conversation était donc très constructive et m’a permis de bénéficier de votre propre expérience. Quoi qu'il en soit, nous nous retrouverons demain à Bruxelles, à deux reprises, au Conseil des affaires étrangères et au Conseil de l'OTAN.
Nous attendons la présence de notre homologue américain, M. Tony Blinken, à ces deux occasions.
La Grèce et la République tchèque ont également une position commune au sein de diverses autres organisations, comme le Conseil de l'Europe, où nous avons voté ensemble, plus de 40 pays au total, pour suspendre la participation de la Russie, car nous voulons affirmer de la manière la plus claire possible que les relations de l'Union européenne avec la Russie sont fondées sur le respect du droit international.
Malgré le contexte de crise, nous avons également eu l'occasion d'examiner nos relations bilatérales, leur renforcement. Encore une fois, nous nous réjouissons de votre présidence, nous nous réjouissons de la prochaine présidence tchèque de l'Union européenne.
Nous avons discuté de l'initiative des trois mers, de notre coopération dans ce cadre.
Nous avons également discuté de notre coopération dans le domaine de l'économie.
Nous avons discuté en détail des questions énergétiques concernant l'Union européenne.
Nous avons également discuté des questions de protection civile pour lesquelles nous pouvons avoir une coopération très étroite, ainsi que des questions plus larges de défense et de production ou de coproduction de divers systèmes.
En tout cas, la Grèce a une présence en République tchèque. Cette présence constitue un pont entre nos deux peuples et je tiens à vous remercier, car un grand nombre de Tchèques choisissent chaque été la Grèce comme destination de vacances et c'est un pont entre nos pays.
Merci beaucoup pour votre visite à Athènes aujourd'hui.
March 3, 2022