D. MITOV : «Bonjour. Permettez-moi de souhaiter la bienvenue au ministre des Affaires étrangères de la Grèce, Nikos Kotzias, mon cher collègue et ami. Aujourd’hui, nous avons eu l’occasion de nous entretenir, de manière ouverte et amicale, sur toutes les questions, diverses questions bilatérales, européennes et internationales.
Cette visite s’effectue à un moment très crucial. Comme vous le savez, il y a quelques jours, j’ai effectué une visite à Skopje et à Ohrid et par la suite à Londres. A ma connaissance, le ministre M. Kotzias effectuera également des visites dans des pays des Balkans occidentaux, y compris Skopje.
En tant qu’Etats membres de l’UE et de l’OTAN, la Bulgarie et la Grèce assument la responsabilité de la sécurité et de la stabilité de la région, c’est pourquoi nous menons une politique cohérente en vue de soutenir l’intégration européenne et euro-atlantique des pays des Balkans occidentaux. Naturellement, une condition à cela est la satisfaction des critères correspondants, y compris le maintien des relations de bon voisinage.
Au niveau régional, nous estimons beaucoup notre coopération jusqu’à présent dans le cadre du Processus de coopération en Europe du Sud-est, ainsi que de la coopération économique en Mer noire. Je suis sûr que cette bonne coopération se poursuivra également pendant la présidence bulgare du Processus de coopération en Europe du Sud-est et en tant que présidence tournante nous avons mis en avant l’initiative sur la préparation d’une déclaration concernant l’inviolabilité des frontières en Europe du Sud-est. Je remercie la Grèce pour son soutien à cet égard.
En ce qui concerne les autres questions que nous avons abordées avec M. Kotzias j’aimerais me référer à la coopération dans les domaines de l’économie, de l’énergie et de l’immigration.
Les échanges commerciaux entre les deux pays s’élèvent à plus de 3 milliards d’euros. La Grèce est l’un des premiers investisseurs étrangers dans le pays et a une grande participation au secteur bancaire de la Bulgarie. Dans ce cadre, la Bulgarie souhaiterait trouver une solution mutuellement acceptable qui mènera de nouveau la Grèce sur la voie de la croissance et du progrès.
La Bulgarie soutient avec constance toutes les initiatives axées sur le renforcement de la sécurité énergétique dans la région de l’Europe du Sud-est, mais aussi de l’UE, tandis que les efforts unis de tous les pays de la région élargie visant à relever les défis communs dans le domaine énergétique garantiront des résultats rapides et durables. C’est pourquoi, notre pays s’intéresse et participe à la mise en œuvre des initiatives stratégiques de l’UE concernant la construction de l’infrastructure nécessaire et de la diversification des sources d’approvisionnement énergétique de l’UE. Il s’agit du corridor gazier sud-européen et des inter-connecteurs dans l’axe sud-nord, de l’initiative sur le corridor gazier vertical, dont nous avons discuté aujourd’hui, de l’accès au gaz naturel liquéfié, comme les flux bidirectionnels de gaz naturel en Europe centrale et orientale.
Pour la Bulgarie, l’idée de la construction d’un gazoduc vertical revêt une plus grande importance pour ce qui est de la sécurité énergétique de l’Europe du Sud-est, mais aussi de l’UE tout entière. Il faut dire que la diversification énergétique et l’union énergétique de l’UE commencent ici, par l’inter-connecteur gazier entre la Bulgarie et la Grèce. C’est pour nous la priorité principale et nous attendons non seulement que cette initiative soit maintenue, mais aussi qu’elle soit conservée en tant que priorité de premier rang dans le cadre de l’UE.
Les problèmes concernant l’importante pression migratoire sont communs à nos deux pays et ces problèmes doivent être résolus conformément au principe de la solidarité. La responsabilité doit être partagée entre tous les pays de l’UE.
La Bulgarie, la Grèce et la Turquie ont signé à Sofia, le 25 mai, un accord sur le fonctionnement d’un bureau de liaison entre les trois pays pour la coopération policière et douanière et sa ratification par les parlements des trois pays est particulièrement importante afin que cet accord soit mis en pratique. Nous comptons sur le soutien du ministère grec des Affaires étrangères pour faire accélérer cette procédure qui est dans l’intérêt de nos pays. Je saisis cette occasion pour exprimer ma gratitude aux autorités laïques grecques pour leur soutien et l’excellente organisation de notre visite de pèlerinage au Mont Athos, que moi-même et la délégation que je dirigeais avons effectuée au début du mois de mai dernier.
Enfin, j’aimerais remercier de nouveau le ministre, M. Kotzias pour le dialogue ouvert. Nikos, j’aimerais t’assurer que la Bulgarie poursuivra sa coopération avec la Grèce sur toutes les questions d’intérêt commun et, comme nous en avons convenu, toutes les bonnes paroles et les vœux doivent être mis en pratique. Telle est la façon de faire européenne et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir dans ce sens ».
Ν. KOTZIAS : « Merci beaucoup pour votre invitation et votre accueil dans cette belle ville de Sofia. Sofia est synonyme de Sagesse [Sofìa signifie sagesse en grec, N.d.T.]. Et la sagesse est que la Grèce et la Bulgarie doivent et peuvent avoir un intérêt à développer, au profit des Balkans, une relation spéciale fondée sur l’enseignement du passé et à regarder l’avenir avec sécurité. Pour avoir le regard tourné vers l’avenir, il faudra que toutes nos pensées, toutes nos actions, tous les accords s’intègrent dans un plan d’action unique, qui constituera la base de la prochaine rencontre entre les deux gouvernements.
La Grèce et la Bulgarie, nous devons l’indiquer à l’Europe toute entière, sont le meilleur exemple d’amitié et de coopération de deux pays voisins avec une longue histoire. Une histoire jalonnée aussi bien de bons que de mauvais moments, une histoire toujours intéressante. Le plus intéressant étant qu’elle nous a appris à vivre en paix et en sécurité et je pense que notre amitié personnelle qui se forge traduit l’amitié des deux peuples. Le peuple grec a de profonds sentiments d’amitié envers le peuple bulgare et je constate à chaque instant les profonds sentiments d’amitié de la part du peuple bulgare. Nos relations ont été renforcées suite aux deux conseils de haut niveau qui se sont tenus en 2010 et 2012 et elles seront davantage renforcées dans l’avenir.
Le gazoduc vertical Grèce – Bulgarie – Roumanie constitue, à l’instar de tous les grands projets d’infrastructure dans nos pays et les Balkans, un facteur de stabilisation dans la région. Comme d’autres projets entre les deux pays que nous avons abordés : la gestion des eaux, le renforcement du tourisme dans les deux pays, du commerce et des investissements.
J’aimerais saluer la présidence bulgare du SEECP et former tous mes vœux de succès à tous.
La Grèce et la Bulgarie, tout comme la Roumanie, ont une coopération trilatérale et constituent des pays du système nord-atlantique. M. le ministre et moi-même sommes animés par un grand sentiment de responsabilité pour la sécurité et nous coopèrerons pour faire face à tous les problèmes de la région. La région devra apprendre quelques règles de base, comme le respect de l’Etat de droit ou encore la culture du compromis qui sont des éléments de la culture européenne. Dans ce contexte, nous coopèrerons dans l’intérêt de nos peuples, mais aussi de la région tout entière. Nous avons la responsabilité de contribuer à l’instauration de la paix dans la région. Encore une fois, je vous remercie pour votre accueil qui atteste de la longue amitié qui unit nos deux peuples».
Réponses à des questions de la presse
IRINA TSONEVA (Télévision publique bulgare, BNT) : Ma question concerne le report de la signature de l’accord final d’investissement portant sur l’inter-connecteur gazier Grèce – Bulgarie le 12 juin. Qu’est-il prévu à ce sujet ?
N. KOTZIAS : Soyez bien sûr que cela se fera, j’y veillerais personnellement. C’est une décision gouvernementale. C’est un projet qui permet de garantir notre sécurité énergétique et qui s’intègre dans la nouvelle politique énergétique de l’Union européenne.
D. MITOV : J’aimerais remercier Nikos pour sa réponse catégorique. La diversification énergétique en Europe commence par cet inter-connecteur Grèce - Bulgarie.
ΑΝΤΕLINA PANTEVA (ΑPΕ-ΜPΕ) : En ce qui concerne la taxe de 26% et la rencontre d’hier avec les représentants du Conseil d’affaires grec. Y a-t-il possibilité de réexaminer ou de changer la loi ?
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : C’est une question qui m’a été posée ici et aussi à Chypre, deux pays avec lesquels nous entretenons des relations tout aussi spéciales qu’étroites. La loi, notamment l’article 21 qui se réfère à cette question, a été soumise à une consultation publique, des changements sont proposés et le Conseil des entrepreneurs grecs, lors de notre rencontre d’hier m’a dit que ces changements répondaient à leurs besoins et prévisions et je pense que grâce aux débats engagés en Grèce et aux pensées que nous avons pu entendre de la part d’amis ici, un équilibre sera trouvé, un équilibre qui permettra de lutter contre les relations triangulaires d’évasion fiscale sans léser les entrepreneurs honnêtes.
AGAPI ASPRIDOU (Radio bulgare, BNR) : Et qu’en est-il de l’adhésion des Balkans occidentaux à l’UE?
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : La Grèce est le pays qui a le plus à gagner de l’adhésion des Balkans occidentaux à l’UE. Car outre la continuité maritime que nous avons avec l’Italie d’un côté, la continuité terrestre avec la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie de l’autre, il y aura encore une continuité européenne Europe – Grèce. M. Mitov et moi-même sommes convenus d’aider ces pays dans leur cheminement vers l’UE en apportant notre savoir-faire et notre expérience politique. Il ne faut pas oublier que la voie européenne pour les Balkans occidentaux a été ouverte en 2003 sous présidence grecque.
D. MITOV : Nous sommes et serons toujours reconnaissants pour les efforts et le soutien de la Grèce quant à notre adhésion à l’UE et l’OTAN. L’adhésion des pays des Balkans occidentaux à l’UE est liée au respect des règles de bon voisinage. Nous coopèrerons en apportant notre expérience dans le sens de l’adhésion de ces pays à l’UE.
DANAIL GLISHEV (NOVA TV) : En ce qui concerne la perspective européenne de l’ARYM et la question de l’inviolabilité des frontières ?
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Nous ne revendiquons rien à personne. Nous demandons que tout le monde respecte le droit international. Nous respectons l’histoire, nous tirons les leçons de l’histoire mais nous ne sommes pas emprisonnés dans l’histoire. Cependant le droit international doit être respecté. Nous avons fait des propositions et des compromis mais certains devront renoncer à leur attitude irrédentiste. Nous avons fait de grands pas en avant, nous espérons qu’ils en feront de même et qu’ils seront plus réalistes et pragmatiques.
JOURNALISTE : Question concernant l’état d’avancement des négociations.
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Un ministre n’émet pas de commentaires sur des négociations en cours.
D. MITOV : La Bulgarie a tout intérêt à ce que les négociations visant à faire sortir la Grèce de la crise aient une issue positive.
June 19, 2015