« Je voudrais moi aussi exprimer mes remerciements chaleureux au Premier ministre d’Israël pour l’accueil ainsi que pour l’occasion qui nous est offerte aujourd’hui de visiter la ville de Bersabée. Une ville chargée d’une importante histoire, comme le Premier ministre d’Israël nous a raconté en détail, remontant à la Première guerre mondiale et au combat qui s’est livré ici.
Toutefois, j’ai été impressionné car j’ai vu une ville située au milieu du désert, laquelle ces dernières années s’est considérablement développée et est devenue un centre de connaissances, d’éducation, de nouvelles technologies et notamment un centre de technologie et de cyber-sécurité, dans le cadre des efforts consentis par le gouvernement d’Israël en vue d’élargir la notion de sécurité et faire de celle-ci un objet de discussion portant sur l’avenir.
Car les menaces d’aujourd’hui ne sont pas seulement les menaces traditionnelles du passé. J’ai été impressionné par le niveau de la technologie ainsi que par la profondeur de la recherche qui est menée ici.
Et je pense que pour nous c’est une occasion très importante et nous avons acquis une expérience riche pour ce qui est de l’orientation que nous devons donner à nos services d’information et notre défense face aux menaces qui, je le répète, ne sont pas celles que nous avons traditionnellement connues ces dernières années.
Je voudrais donc commencer mon intervention en signalant que seul le fait que nous nous entretenons pour la cinquième fois au niveau tripartite, montre que nous avons institutionnalisé une coopération substantielle de caractère stratégique, dirais-je.
Nombreux sont donc ceux qui se demandent quel est l’objectif de cette coopération. La réponse est bien claire : l’objectif de la coopération est de faire de notre région une région de paix, de prospérité, de coopération et de co-développement et de relever ensemble les défis, les dangers et les menaces. On ne veut pas s’opposer à des tiers, à des pays tiers, mais on veut confirmer, déclarer que nous voulons que cette région aussi durement éprouvée soit une région de coopération et de co-développement et non pas une région de conflits.
Dans ce contexte, nous avons de nouveau mis l’accent sur le dialogue et les questions régionales mais nous avons aussi procédé à l’établissement de partenariats concrets dans le domaine de l’énergie, de la recherche et de l’innovation qui, je le répète, est le secteur d’avenir, dans le domaine de la cyber-sécurité, de la politique numérique et de la coopération agricole.
En commençant par le secteur de l’énergie, nous discutons depuis longtemps la perspective d’un projet qui insufflera, à mon avis, un nouvel élan de stabilité à la région.
Je parle du gazoduc EastMed. Ce projet n’est pas seulement un projet énergétique mais il a aussi une valeur et une importance géopolitiques importantes.
Notre objectif est d’assurer le flux, le transport des sources d’énergie de la Méditerranée du Sud-est vers l’Europe. Et dans ce contexte notre objectif est que les autres pays fassent partie à l’avenir de cette coopération. D’autres pays qui disposent de sources d’énergie dans la région.
Nous n’excluons personne, mais nous exprimons notre détermination de procéder à une coopération qui, je le répète, revêt une valeur économique, commerciale ainsi que géopolitique. Car les pays qui coopéreront à la construction de cette route énergétique ouvriront la voie aussi vers la stabilité, la paix dans notre région.
Mon cher ami Benjamin a dit que notre prochaine rencontre se tiendrait à Knossos, près de Knossos, en Crète. Knossos, pour ceux qui ne le connaissent pas, est une ville très importante de la civilisation ancienne, de la civilisation mycénienne. Ce site constitue un important patrimoine culturel mondial car c’était dans notre région, la Méditerranée, qu’a pris naissance la civilisation qui constitue le patrimoine mondial.
Et il sera très intéressant de nous rencontrer la prochaine fois, vers le début de 2019, en Crète, ce qui sera non seulement une occasion pour Nikos et Benjamin de visiter Knossos mais une occasion aussi de signaler que cette île située au cœur de la Méditerranée est une île de coopération et de co-développement puisque c’est à travers cette île que transitera le gazoduc EastMed dans son parcours depuis la Méditerranée du Sud-est vers l’Europe.
Et permettez-moi de répéter que ce gazoduc sera un pont pour notre région. Nous voulons que l’énergie soit un pont entre les peuples et non pas un objet de conflits.
Bien évidemment, puisque notre rencontre se tient ici à Bersabée, on ne peut pas ne pas discuter de la technologie et de l’innovation. Nous avons donc signé un accord de coopération en matière d’innovation, de recherche et de transfert de savoir-faire d’Israël. Ce dernier a réussi à être pionnier dans ces domaines et nous, bien évidemment, voulons - et je voudrais à cet égard remercier le Premier ministre Netanyahu car il nous donne cette occasion – que ce savoir-faire soit transféré tant à la Grèce qu’à la Chypre.
Nous avons également discuté de manière détaillée de notre coopération et nous sommes convenus d’élargir cette coopération entre nos pays dans le domaine de la politique numérique et de la protection contre les cyber-menaces. S’agissant de la technologie des communications et de l’information, nous sommes convenus de mettre en place un comité directeur, avec la participation des ministres compétents en la matière, en vue de relever les défis communs.
Et force est de rappeler aussi que notre rencontre précédente a eu lieu en Grèce, dans la ville de Thessalonique, ville caractérisée par les liens historiques qui unissent nos deux peuples car une grande partie de sa population était d’origine juive.
Et pour autant que je sache, le ministre de la Communication d’Israël aussi, est originaire de Thessalonique. La communauté juive représentait une grande partie de l’histoire de cette ville qui, en plus, est la ville européenne avec le plus grand nombre, proportionnellement à sa population, de victimes lors de la Seconde guerre mondiale.
Nous voulons donc que ce grand patrimoine qui nous unit soit renforcé à travers un investissement dans l’avenir. Nous voulons établir un lien entre le passé et l’histoire avec l’avenir. C’est pourquoi nous envisageons, avec l’aide d’Israël, de mettre sur pied un parc d’innovation technologique à Thessalonique, qui offrira de nouvelles opportunités de synergies entre des start-up israéliennes et grecques mais aussi avec des entreprises, bien entendu, d’autres pays des Balkans, car notre vision est que Thessalonique devienne la capitale des Balkans, capitale économique, technologique et commerciale.
En outre, nous avons signé un accord avec Israël sur l’exploration et la valorisation de l’espace à des fins pacifiques ce qui présente, bien entendu, des perspectives de coopération stratégiques.
Et, pour conclure, je voudrais aussi évoquer les autres questions majeures d’importance géostratégique, relatives aux évolutions dans notre région, que nous avons abordées de manière détaillée, tant hier soir lors du dîner offert en notre honneur par le Premier ministre israélien qu’aujourd’hui.
Nous avons parlé des évolutions en Syrie. Nous sommes préoccupés, je ne le cache pas, à l’égard des évolutions en Syrie après la récente décision des Etats-Unis mais aussi à l’égard du rôle futur des pays tiers dans la région, de la Turquie et de l’Iran.
Nous sommes convenus de renforcer notre coopération en matière de sécurité et d’échange d’informations, non seulement à l’égard de ces évolutions mais aussi en général.
Le Premier ministre israélien nous a informés au sujet des tunnels qui ont été localisés en Israël du nord. Et, bien évidemment, dans ce contexte, nous avons condamné de manière ferme toute forme de terrorisme, tout en soulignant la nécessité de la coopération internationale pour lutter contre le terrorisme et nous avons salué la réunion du groupe de travail tripartite sur la prévention du financement du terrorisme qui s’est tenue le 29 novembre 2018 à Athènes.
Pour ce qui est de la question du Moyen-Orient, j’ai réitéré l’attachement de la Grèce à l’atteinte d’une solution durable à deux Etats. Le Président Anastassiadis en a fait de même, il l’a tout à l’heure affirmé. L’atteinte donc d’une solution durable à deux Etats qui assurera des conditions de paix et de sécurité tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens. Et, bien évidemment, j’ai souligné le soutien de la Grèce à la perspective de la reprise du processus de paix dans les plus brefs délais, sur la base de négociations substantielles.
Nous avons aussi parlé de la question chypriote. De la nécessité de parvenir à une solution juste et durable dans l’intérêt de l’ensemble du peuple chypriote, ce qui, pour nous, passe, bien évidemment, par la suppression des garanties et le retrait de l’armée d’occupation de Chypre.
J’ai souligné qu’il était nécessaire de respecter le droit international en Méditerranée orientale mais aussi en Egée, ce qui, bien évidemment, signifie qu’il faut aussi respecter le droit de Chypre d’exercer ses droits souverains au sein de la Zone économique exclusive.
Nous avons bien entendu discuté de la promotion du partenariat entre l’UE et Israël ainsi que de sa perspective importante, sur la base, bien évidemment du droit international. En général donc, on pourrait en tirer la conclusion que nous sommes en train de forger, pas à pas, un partenariat substantiel axé sur la compréhension mutuelle ainsi que sur, je le répète, notre objectif commun. Notre partenariat n’est pas une alliance contre des pays tiers, mais nos trois pays ont uni leurs forces pour confirmer que leur volonté est d’instaurer la paix, la coopération, la prospérité et le co-développement dans notre région.
Et, bien évidemment, cela peut se faire à travers des pas concrets qui contribueront au développement du commerce, à l’échange d’actions culturelles, au renforcement des domaines de la recherche et de l’innovation mais aussi au renforcement de cette coopération d’importance stratégique dans le domaine énergétique.
A la lumière donc de ces considérations, je voudrais remercier Benjamin Netanyahu de son hospitalité. Et je voudrais aussi dire à mon cher ami, le Président Nikos Anastassiadis, que le fait d’exercer les fonctions de Premier ministre et d’avoir aussi la responsabilité d’un autre portefeuille n’est pas quelque chose d’aussi positif. Nous ne sommes pas, ou au moins, je ne suis pas à l’aise avec cette situation.
Et j’imagine que Benjamin aussi le fait par nécessité. Mais il est vrai que cette situation est bien particulière car lorsque nous nous sommes rencontrés les trois, nous étions dans le même temps deux Premiers ministres, un Président et trois ministres, alors que nous n’étions que trois personnes.
C’est donc sur ces mots que je voudrais conclure et vous remercier et vous dire que notre prochaine rencontre se tiendra en Crète en février de l’année prochaine.
Avec la présence éventuellement d’un haut-fonctionnaire du côté des Etats-Unis qui manifestent un intérêt particulier à l’égard de notre coopération, et notamment à l’égard de notre coopération énergétique, ce qui signifie que nous atteignons, pas à pas, notre objectif qui est de diffuser des nouvelles positives, de créer un précédent positif dans l’intérêt de nos peuples, dans l’intérêt de nos pays, mais aussi dans l’intérêt des peuples de la région élargie. Car la stabilité, la sécurité, la paix sont dans l’intérêt de tous les peuples.
Je vous remercie.»
December 20, 2018