E. VENIZELOS : C'est avec un grand plaisir que j'accueille à Athènes, au ministère des Affaires étrangères, mon collègue, le ministre des Affaires étrangères de la Roumanie, Titus Corlatean. Nous entretenons des liens d'amitié étroits et nous avons très souvent l'occasion de nous entretenir à Bruxelles, à New York et à Luxembourg. Mais il est très important d'échanger des visites constructives au niveau purement bilatéral.
La Roumanie et la Grèce sont unies par des liens historiques et politiques très étroits ainsi que par des liens économiques. Les relations entre les deux pays tant dans le domaine de l'économie réelle des entreprises et des investissements que dans celui de l'économie financière sont très importantes.
Notre coopération au sein de l'Union européenne est très harmonieuse et nous sommes contents que la Roumanie soit désormais un Etat membre de l'Union européenne. Nous coopérons au sein de l'OTAN, en tant que membres de l'alliance, et bien entendu, au sein de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, et de toutes les grandes organisations internationales et régionales.
Permettez-moi de faire une référence particulière au Processus de Coopération en Europe du Sud-est dont la Roumanie exerce la présidence cette année. Et je suis content du fait que la Grèce assumera la présidence du Conseil de l'Union européenne, au cours du premier semestre de 2014, et nous aurons l'occasion d'organiser une rencontre entre les deux présidences à Thessalonique. Nous aurons ainsi l'occasion de coordonner nos activités.
Nous avons débattu de toutes les questions bilatérales, de la situation à l'Union européenne ainsi que des questions internationales et régionales majeures. Nous partageons les mêmes points de vue sur toutes les questions.
Mon collègue est au courant de la liste des priorités de la présidence hellénique qui, comme nous l'avons affirmé, coopèrera au cours du deuxième semestre de 2014 avec la présidence italienne pour mettre en place l'année méditerranéenne de 2014.
Toutes les priorités sont communes, entre les deux pays, la Grèce et la Roumanie, et permettez-moi à ce stade de faire une référence particulière à la nécessité d'appliquer le principe de la répartition équitable des charges entre les Etats membres de l'Union européenne dans le domaine difficile de l'immigration et de la gestion des flux migratoires.
A cette occasion, je tiens à exprimer ma profonde tristesse pour l'incident tragique survenu à Lefkada et la mort des enfants et des autres victimes qui étaient à la recherche d'un meilleur avenir. Ces phénomènes qui ont atteint un point culminant à Lampedusa et en Sicile, sont inacceptables. L'Union européenne doit comprendre la nécessité de prendre des initiatives, de débloquer des fonds, de mettre en place des mécanismes et de faire preuve d'une véritable solidarité au niveau des Etats membres.
Nous avons beaucoup de questions à débattre au cours aussi du déjeuner de travail. Notre coopération tripartite avec la Bulgarie revêt également pour nous un intérêt marqué. J'espère que nous pourrons bientôt organiser une consultation tripartite au niveau des ministres des Affaires étrangères. Le domaine énergétique demeure toujours une priorité importante, qui plus est le choix du TAP, et, bien entendu, nous devons faire face aux grandes pressions exercées sur toutes les sociétés européennes à cause de la crise.
J'ai briefé mon collègue de l'état d'avancement des efforts de la Grèce pour sortir de la crise. Car actuellement nous nous trouvons à la dernière étape et il faut consentir un effort national, à travers le consensus social et la cohésion sociale, en vue d'atteindre notre objectif qui est le rétablissement de notre égalité institutionnelle au sein de la zone euro et de l'Union européenne, en tant qu'Etat membre de plein droit et en tant qu'économie européenne puissante.
Toutefois, nous voulons, comme je l'ai à maintes reprises affirmé, que nos partenaires institutionnels comprennent véritablement les données économiques, respectent les grands sacrifices du peuple grec et réalisent que les objectifs ne sont pas seulement budgétaires mais aussi macroéconomiques. Ils concernent également la croissance et l'emploi. Autrement dit, nous ne pourrons pas réaliser les résultats souhaités en nous fixant des objectifs budgétaires seulement.
Je suis très content car, à l'occasion d'un match de football j'ai eu le plaisir d'accueillir ici mon cher ami et collègue. J’aimerais souhaiter bonne chance aux deux équipes, qu’elles fassent preuve de fair play, car la Grèce est toujours le berceau des idéaux olympiques, et par conséquent la patrie du fair play.
Τ. CORLATEAN : Mesdames et messieurs, bonjour. J'aimerais remercier tout d'abord mon homologue et cher ami, le ministre des Affaires étrangères de la Grèce Evangélos Vénizélos pour cette invitation et vous dire combien je suis heureux d'être ici.
Nous avons des discussions très constructives, un dialogue très important avec mon homologue et avons débattu tant des questions relevant de notre coopération bilatérale que, bien entendu, des questions régionales, européennes et internationales.
Le dialogue bilatéral d'aujourd'hui a mis en avant encore une fois le niveau excellent des relations entre la Grèce et la Roumanie et les immenses possibilités de coopération qui sont offertes.
Pour ce qui est des conclusions de notre discussion d'aujourd'hui, nos points de vue sur les questions internationales, régionales ainsi que bilatérales convergent.
Nous sommes convenus de renforcer et de soutenir davantage la coopération bilatérale politique entre les deux pays, tout en promouvant également la visite officielle du Premier ministre roumain en Grèce l'année prochaine.
Nous sommes également convenus de soutenir davantage nos relations bilatérales et les relations au niveau ministériel, dans les domaines de l'économie, de l'énergie, de l'emploi, du développement régional, de la culture et de l'éducation.
Force est de signaler que les échanges entre les deux pays jouent un rôle très important. Je salue le niveau excellent de nos relations dans les domaines économique et commercial. Force est de souligner que le commerce entre les deux pays a affiché une hausse de 2% par rapport à l'année dernière.
Le commerce bilatéral entre les deux pays a atteint 560 millions d'euros, chiffre qui est très important. Toutefois, nous savons qu'il existe des possibilités d'augmenter et d'améliorer davantage ce volume et c'est pourquoi nous avons décidé de renforcer le commerce bilatéral.
A ce stade, je voudrais souligner que la Grèce est le 6e plus grand investisseur étranger dans notre pays. Il existe 5 700 compagnies à capital grec qui sont inscrites dans les registres de notre pays et elles sont particulièrement actives.
Permettez-moi aussi de signaler le rôle très dynamique et la contribution de la communauté roumaine en Grèce ainsi que celui de la communauté grecque en Roumanie. Dans ce cadre, j'aimerais aussi souligner l'importance que revêtent les échanges culturels entre les deux pays et la nécessité de développer davantage ces échanges.
En outre, nous voudrions saluer la coopération tripartite entre la Grèce, la Roumanie et la Bulgarie et nous attendons avec intérêt, en vue de la présidence hellénique, la prochaine conférence tripartite ici en Grèce.
Nous avons également discuté des priorités de la présidence grecque au cours du premier semestre de 2014. Je voudrais exprimer mon ferme soutien aux priorités du gouvernement grec en vue de sa présidence et portant sur les questions liées à l'augmentation du taux de croissance, à la réduction du chômage des jeunes et au renforcement de la cohésion sociale au sein de l'Union européenne et au renforcement de l'union économique et monétaire.
Et, bien évidemment, sur les questions de la politique migratoire et de la gestion des flux migratoires, ainsi que sur la nécessité de renforcer le principe de la solidarité au sein de l'Union européenne. Toutes ces questions constituent des priorités fondamentales et revêtent une importance primordiale.
Dans ce cadre, j'aimerais au nom du gouvernement roumain remercier la Grèce pour son soutien à l'adhésion tant de la Bulgarie que de la Roumanie à l'Union européenne. Dans ce contexte, nous avons discuté au niveau européen des questions ayant trait aux objectifs futurs de la coopération et du développement régionaux dans la région des Balkans.
Vu que qu'au cours du premier semestre de 2014, la présidence grecque coïncidera avec la présidence roumaine du Processus de coopération en Europe du Sud-est, nous sommes convenus d'avoir une consultation et une coordination permanentes entre les deux présidences. Nous confirmons l'organisation d'une conférence officielle entre les deux présidences en Grèce. Le lieu de cette conférence n'a pas été fixé. Cela relève du ministre des Affaires étrangères de la Grèce.
Une remarque importante : en tant que partenaire et ami de la Grèce, je voudrais, au nom de notre pays, transmettre un message de soutien et de solidarité, deux éléments très importants de l'Union européenne et du partenariat au sein de cette dernière, dans cette conjoncture économique et sociale difficile pour le pays.
Nous saluons tout particulièrement les efforts déployés par votre pays en vue de relancer son économie et nous concevons pleinement les sacrifices du peuple grec suite aux mesures d’austérité imposées dans le cadre de la crise économique. Ces efforts supposent du courage, de la force et bien entendu de la détermination de la part du gouvernement grec et j’aimerais dire mon estime au gouvernement grec pour ces efforts. Pour notre part, nous sommes pleinement convaincus que la Grèce réussira à surmonter les difficultés économiques et sociales qu’elle traverse. J’aimerais officiellement inviter le ministre des Affaires étrangères de la Grèce l’année prochaine à venir en visite dans mon pays, visite qui sera bien entendu fixée par la voie diplomatique. J’aimerais également souhaiter bonne chance à nos deux équipes pour le match de football de ce soir. Les défis sont énormes, les compétitions difficiles. Et les efforts que doivent consentir les équipes nationales pour être qualifiées pour la coupe mondiale au Brésil sont énormes. Nous savons que les Grecs et les Roumains sont des peuples passionnés et le seul commentaire que je voudrais faire à ce titre, et je tâcherais d’être objectif, car si vous demandez au ministre Vénizélos « qui voulez-vous voir gagner », il vous répondra la Grèce, si vous me posez la même question, je vous répondrais la Roumanie, et donc la seule chose qui me reste à dire est « que le meilleur gagne ».
Encore une fois merci.
DIONYSSIOS BOTONIS (télévision publique) : Monsieur le vice-premier ministre, vous avez dit dans votre déclaration que les partenaires institutionnels doivent comprendre tous les sacrifices qu’a faits le peuple grec pour sortir de la crise.
Estimez-vous, après la déclaration de M. Dijsselbloem hier, que nous sommes sur la bonne voie ? Est-ce qu’ils comprennent ? Est-ce qu’ils comprennent ces sacrifices que nous faisons ? Car certaines déclarations n’étaient pas vraiment celles que l’on attendait. Pensez-vous toujours et insistez-vous pour dire que nous allons vers une négociation politique ? Et pour ce qui est du match de football, la réponse de monsieur le ministre des Affaires étrangères de la Roumanie était diplomatique car nous voulons que la Grèce gagne ce soir. Merci.
E. VENIZELOS : Je ne sais pas si mon collègue veut répondre à la partie de la question qui se rapporte au football.
Τ. CORLATEAN : Si vous voulez accepter le défi, je peux moi aussi l’accepter, mais il sera très difficile pour moi de donner une réponse. C’est pourquoi je donnerais une réponse diplomatique et polie : je veux voir un joli match, un match équitable et je dirais encore une fois : que le meilleur gagne.
E. VENIZELOS : Concernant votre question sur nos partenaires, les chiffres sont éloquents. La Grèce a réussi une adaptation budgétaire sans précédent dans l’histoire économique de l’Europe et de manière générale de l’Occident. Les sacrifices du peuple grec sont manifestes et mesurables. Ainsi, nos partenaires institutionnels n’ont aucun mal à comprendre ce qui s’est passé. Nous ne voulons pas une négociation politique pour éviter une discussion économique ou encore mitiger les objectifs économique. Nous voulons des interlocuteurs institutionnels politiques à même de comprendre les questions économiques sous tous leurs aspects, de lire correctement les chiffres afin de garantir nos objectifs européens communs. Car la réussite de la Grèce est aussi la réussite de la zone euro, de l’Europe, à quelques mois des élections européennes. C’est ce que nous voulons. Et donc on ne peut faire perdurer une question demeurée en suspens. Il n’y a pas de question en suspens. Les chiffres affirment que les objectifs budgétaires ont été atteints et, dans tous les cas, ils sont tout à fait réalisables. La dette souveraine est devenue viable et nous voulons maintenant transmettre un message clair au peuple grec et aux marchés internationaux, un message clair concernant nos priorités. Nos priorités sont les investissements, les changements structurels, les privatisations, les nouvelles opportunités, les nouveaux emplois, le changement de climat et la réparation progressive des injustices et des sacrifices auxquels les Grecs ont été contraints. Il y a donc des limites très claires qui ont été posées, des limites qui ne sont pas posés par le gouvernement grec mais le sens commun. Et je le dis non seulement au nom du peuple grec, mais aussi au nom de l’intérêt européen, de toutes les sociétés européennes.
ΜONIKA LOAN (télévision roumaine) : Une question pour les deux ministres. Elle concerne la Roumanie, la Bulgarie et la Grèce et vos projets communs. Pouvez-vous nous dire quelques mots à ce sujet dont on ne sait quasiment rien ?
Τ. CORLATEAN : Il s’agit d’une forme de coopération tripartite instaurée entre la Grèce, la Bulgarie et la Roumanie. La dernière visite officielle a eu lieu l’année dernière à Sofia au niveau des ministres des Affaires. Il s’agit d’un dialogue qui englobe des aspects politiques, qui mènent dans le même temps à des projets et des investissements économiques, allant de pair avec des discussions sur la coopération régionale et des questions ayant trait à l’UE et à son élargissement, toujours dans le respect des principes et valeurs de l’Union européenne. Il s’agit d’une forme de coopération très importante entre les trois pays et nous attendons avec impatience la prochaine réunion officielle qui sera organisée par la Grèce l’année prochaine. Le cadre de coopération n’inclut pas seulement une coopération entre les ministres des Affaires étrangères qui ont d’ores et déjà eu des réunions à Bucarest, à Sofia et vraisemblablement à Athènes l’année prochaine, mais aussi entre les ministres de l’Intérieur qui jouent un rôle clé dans notre coopération.
E. VENIZELOS : La Grèce salue le fait que la Roumanie et la Bulgarie sont désormais également membres de l’Union européenne et de l’OTAN. Nous avions essayé d’aider dans ce sens et nous sommes particulièrement heureux que deux pays voisins amis et alliés soient membres de toutes les institutions euro-atlantiques.
Cette coopération revêt tout d’abord un sens car nous sommes trois pays membres de l’UE en Europe du Sud-est et, de ce fait, nous partageons la même conception sur le problème européen et la perspective de l’intégration européenne.
L’Union européenne est une négociation ouverte perpétuelle. Les mois qui suivront en vue des élections du nouveau Parlement européen, seront dominés par une grande discussion au niveau paneuropéen sur l’intégration européenne.
Il est très important que les trois pays de la région aient une conception commune unique.
Par ailleurs, nous devons coopérer sur un bon nombre de dossiers en cours. Mon cher collègue a mentionné la coopération dans le domaine des affaires intérieures et de la justice. Il y a vingt ans, je m’étais employé vivement à préparer l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’Union européenne, en ma qualité de ministre de la Justice et un peu plus tard en tant que ministre des Transports concernant les couloirs européens, les ponts au Danube, des questions de très grande importance, comme les transports ou l’énergie.
Par ailleurs, nous devons aborder la question du voisinage sud, nous devons aborder la question du voisinage oriental. La Moldavie est unie à la Grèce par des liens historiques étroits. C’est dans la ville de Chisinau qu’a commencé la révolution grecque avec Alexandros Ypsilantis et il est très important que la Roumanie et la Bulgarie atteignent leur objectif quant à leur adhésion à l’espace Schengen, un objectif que soutient fermement la Grèce.
Merci.
November 15, 2013