Ε. VENIZELOS : C’est avec un grand plaisir que je reçois à Athènes, au ministère des Affaires étrangères ma collègue de Géorgie. Nous sommes unis à la Géorgie par des liens historiques, spirituels et religieux. Il y a quelques mois, nous avons eu l’occasion, avec Mme la ministre, à Bruxelles, de signer un protocole d’accord entre les ministères des Affaires étrangères des deux pays sur la préparation européenne de la Géorgie et le transfert du savoir-faire et de l’expérience grecques.
Nous avons signé de nombreux accords bilatéraux. Nous avons décidé de les activer. Notre discussion a été organisée à deux niveaux. Premièrement au niveau des relations Union européenne et Géorgie puisque notre pays exerce, pendant ce semestre, la Présidence du Conseil de l’Union européenne.
Notre objectif est de parachever la procédure de signature de l’Accord d’association de la Géorgie avec l’Union européenne, qui a déjà été paraphé à Vilnius, au cours du semestre de la présidence hellénique, avant la fin du mois de juin et c’est ce à quoi nous aspirons et c’est un acte politique très important qui souligne les ambitions européennes légitimes de la Géorgie.
Nous avons également discuté de la relation de la Géorgie avec l’OTAN. Il y a quelques jours s’est tenu à Bruxelles le Conseil OTAN – Géorgie. La Grèce en tant qu’ancien membre de l’Alliance comprend combien cette perspective est importante pour la Géorgie.
Au niveau bilatéral, nous avons souligné les liens existants, la communauté grecque qui existe depuis toujours en Géorgie. La communauté géorgienne en Grèce, mais surtout nous nous sommes penchés sur les investissements grecs et la présence des entreprises grecques en Géorgie, qui aujourd’hui, grâce à la signature de l’Accord d’association acquiert un cadre juridique plus stable, que nous voulons valoriser au mieux.
Nous accordons une très grande importance au respect et à la continuité des procédures de l’Accord de Genève, pour ce qui est de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud.
Nous accordons également une très grande importance à la continuité de la mission de l’UE en Géorgie, qui est maintenant la seule mission internationale existante et qui doit remplir son rôle. A cette mission participent des Grecs, ce qui constitue un lien supplémentaire avec la Géorgie.
Bien entendu, nous avons parlé de la situation au niveau international et régional. De la crise en Ukraine, de la crise dans les relations entre l’Occident et la Russie. Le gouvernement géorgien a fait un choix stratégique revêtant une grande importance. Le choix de la normalisation organisée de ses relations avec la Russie, sans oublier ses aspirations euro-atlantiques. Cela est pour nous très important car la crise en Ukraine doit être envisagée dans le cadre du droit international, c’est pourquoi notre premier objectif est la désescalade et le respect d’un autre accord qui a aussi été conclu il y a quelques jours à Genève.
Tous ces accords conclus à Genève sur toutes les crises, sur toutes les questions en suspens doivent naturellement être appliqués, car la politique grecque est une politique de principes qui suit toujours le courant central de la politique européenne et euro-atlantique et nous voulons que l’axe de notre politique reflète toujours les positions communes de l’UE.
La discussion était particulièrement amicale et agréable et je pense que nous avons aujourd’hui créé les conditions nécessaires à un réel approfondissement de nos relations bilatérales, les relations entre la Grèce et la Géorgie. Sur ces pensées, je souhaite la bienvenue à ma chère collègue et la prie de prendre la parole.
M. PANJIKIDZE : Je vous remercie beaucoup. Je suis heureuse de me trouver en Grèce aujourd’hui à Athènes, lors de ma première visite en République hellénique. J’aimerais remercier le vice-Premier ministre, M. Vénizélos, pour son accueil, malgré son programme chargé en raison de la présidence hellénique actuelle du Conseil de l’Union européenne.
J’aimerais souligner que notre rencontre aujourd’hui était très productive, fait qui contribue très certainement à l’élargissement ultérieur de notre coopération dans différents domaines. Comme l’a déclaré le ministre, nous avons discuté des progrès des relations bilatérales existantes entre la Géorgie et la République hellénique ainsi que d’autres questions régionales importantes. Nous avons souligné l’importance de l’échange de visites de haut niveau entre nos pays et l’élargissement de nos relations économiques et commerciales car il existe de grandes marges de développement dans ce sens. J’ai invité le Vice-premier ministre en Géorgie mais je ne me souviens pas bien, vous m’avez promis de venir, non ?
Ε. VENIZELOS : Oui avec grand plaisir. Je vous remercie.
M. PANJIKIDZE : Les liens historiques étroits unissant les peuples de la Géorgie et de la Grèce, liens dont nous sommes fiers, nous offrent la possibilité de renforcer et de promouvoir nos relations dans différentes directions. Dans ce cadre, nous avons également discuté de notre coopération bilatérale dans le domaine éducatif et culturel où nous entretenons de très bonnes relations et j’ai présenté à mon homologue des traductions géorgiennes de la littérature contemporaine grecque.
Bien naturellement, je partage l’opinion de mon collègue concernant le processus européen et euro-atlantique de la Géorgie ainsi que la situation actuelle dans les régions occupées de la Géorgie. Dans ce contexte, j’aimerais remercier la République hellénique pour le soutien de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Géorgie, ainsi que de ses aspirations européennes et euro-atlantiques.
L’année 2014 a revêtu une importance particulière pour le renforcement de la coopération entre l’UE et la Géorgie. Ainsi, nous nous sommes clairement référés à la signature imminente de l’Accord d’association entre la Géorgie et l’Union européenne, en juin 2014. Je constate avec grande satisfaction que la manifestation en question aura lieu pendant la durée de la Présidence hellénique du Conseil de l’Union européenne. Je suis sure que le gouvernement grec jouera un rôle de premier plan dans l’ouverture d’un nouveau chapitre pour le cheminement de la Géorgie vers l’Europe.
J’aimerais encore une fois remercier vivement mon collègue, M. Vénizélos pour son accueil et son soutien. Je vous remercie beaucoup.
Ε. VENIZELOS : Mme la ministre a eu l’amabilité de m’offrir les traductions géorgiennes de deux œuvres littéraires grecques. L’une d’Antonis Samarakis et de Iakovos Kambanellis. Je l’en remercie car ce geste reflète l’importance qu’accorde la Géorgie à la langue et à la littérature grecques, qui est enseignée d’ailleurs à l’Université de Tbilissi, qui accueille un grand centre d’études grecques.
JOURNALISTE : Ma question concerne, tout d’abord, les deux ministres. Concernant la présence des entreprises grecques en Ukraine et deuxièmement pour M. Vénizélos, si vous me permettez, ces jours-ci la question des minorités est au cœur de l’actualité. Un commentaire s’il vous plaît au sujet de l’exclusion de Mme Sabiha.
M. PANJIKIDZE : Il y a certaines entreprises grecques en Géorgie, mais comme nous en avons discuté lors de notre rencontre bilatérale, cela ne suffit pas pour notre coopération économique. Il y a des marges de développement. J’ai adressé une invitation à monsieur le Vice-Premier ministre, pour qu’il vienne en visite en Géorgie accompagné d’une délégation d’hommes d’affaires en vue de promouvoir l’activité entrepreneuriale grecque en Géorgie, car l’Accord de libre échange complet et approfondi (Deep and Comprehensive Free Trade)qui fait partie intégrante de l’Accord d’association avec l’Union européenne, offrira de nouvelles perspectives pour le développement des relations d’affaires avec les Etats membres de l’UE. Et nous espérons que de cette façon la Géorgie attirera davantage d’investisseurs étrangers directs et nous sommes prêts à développer les possibilités existantes.
En ce qui concerne ce qui a été susmentionné, j’aimerais préciser que la Géorgie est bien positionnée dans le classement de la Banque mondiale pour ce qui est de la facilité de développement d’activités d’affaires dans le pays. De ce fait, il y a un environnement très favorable pour les entreprises, dénué de pressions politiques et nous invitons tous les Etats membres à venir en Géorgie et à développer des activités.
La communauté géorgienne dans ce pays est très importante. 150 000 Géorgiens vivent et travaillent dans le pays et j’ai exprimé ma gratitude pour les très bonnes conditions dans lesquelles ils vivent. La minorité grecque en Géorgie n’est malheureusement pas aussi importante comparé à la période soviétique, mais le nouveau gouvernement de la Géorgie consent tout effort nécessaire pour améliorer les conditions de vie et de travail en Géorgie.
Ε. VENIZELOS : Je partage l’avis de Mme la ministre pour ce qui est de la première question. Si votre question concernait également la présence des entreprises étrangères en Ukraine et non seulement en Géorgie, j’ajouterais que nous encourageons nos entreprises à rester en Ukraine et à contribuer à surmonter la crise économique en Ukraine qui est un paramètre très important de la crise globale que traverse ce pays, car nous voulons un pays stable qui soit sur un même pied d’égalité au sein de la communauté internationale, la crise économique et le risque d’aggravation de celle-ci est une menace particulièrement importante et c’est pourquoi l’Union européenne et la communauté internationale doivent en tenir très sérieusement compte ; c’est pourquoi depuis très longtemps je me suis positionné en faveur de la nécessité de convoquer une conférence internationale pour envisager la crise économique en Ukraine, outre l’accord signé avec le Fonds monétaire international.
Le Fonds monétaire international n’est pas le plan Marshall pour l’Ukraine, ni la solution au problème économique, social et de développement du pays dans son ensemble, y compris pour toutes les régions le composant.
En ce qui concerne la question sur la candidature de Mme Sabiha Souleiman, et bien que cela ne concerne pas la visite de ma chère collègue, avec sa permission j’aimerais faire un commentaire à ce sujet.
La Grèce traite la minorité musulmane de Thrace tel que cela est prévu par la Constitution, le Traité de Lausanne et de manière générale le droit international. En d’autres termes, elle la traite selon des normes européennes très strictes.
Il est très important de souligner que nos compatriotes, les ressortissants grecs de religion musulmane qui habitent en Thrace sont avant tout des citoyens grecs absolument égaux qui jouissent de tous les droits politiques, sociaux et civils. Nous voulons qu’ils participent activement et de manière égale à la vie politique, économique et sociale du pays. Nous voulons qu’ils participent activement à toutes les procédures politiques démocratiques et aux élections municipales, régionales et européennes. La gestion de ces questions de la part des partis politiques ne doit et ne peut pas être une gestion relevant de la conjoncture et servant les intérêts des partis. Elle doit toujours être une gestion institutionnelle, démocratique car finalement c’est cela la gestion nationale, la gestion responsable du point de vue national. Certes pour gérer des questions aussi graves, il faut avoir les connaissances et la maturité nécessaires mais aussi faire preuve de prudence.
JOURNALISTE : Bonjour Monsieur le vice-Premier ministre. Nous avons les résultats officiels d’Eurostat, puisqu’on parle d’investissements et d’économie, cette question est importante, les chiffres sont confirmés en ce qui concerne l’excédent primaire, 3,4 milliards si je ne m’abuse. C’est un bon point de départ, de bonnes nouvelles pour l’économie grecque ? Et si je le dis c’est parce que l’on sait quand le mémorandum a été introduit, mais on ne sait pas quand on en sortira. Et est-ce que cela constituera un premier nouveau pas pour ne pas avoir un nouveau mémorandum. Merci.
Ε. VENIZELOS : Avec la permission de ma collègue, je vais vous répondre, exceptionnellement, en raison de l’importance de l’annonce d’Eurostat. Eurostat vient confirmer aujourd’hui un très grand exploit du peuple grec, car l’excédent primaire est dû aux sacrifices du peuple grec, à la décision des Grecs et des Grecques d’appliquer un programme d’ajustement difficile, en tant que seule solution sure permettant de sortir de la crise et du mémorandum. Avec la confirmation et l’officialisation de l’excédent primaire et du retour de la Grèce sur les marchés, nous avons la certification que nous tournons la page, que nous sortons de la crise et du mémorandum et que nous entrons de nouveau dans la normalité d’un pays européen, autonome, sur le même pied d’égalité que les autres pays de l’Union européenne et de la zone euro.
Je comprends bien que certains puissent être peinés au lieu de se réjouir avec le peuple grec. Car ce ne sont pas des notions abstraites qui ne sont pas liées à la vie du citoyen, tout cela est lié à l’angoisse, aux besoins et au quotidien de toutes les familles grecques. Cela est lié au chômage, à la nécessité de faire des investissements, de créer des emplois, cela est lié à la perspective de réhabiliter les revenus.
Et donc en ce moment quelque chose de très important se produit : en réalité c’est le tournant vers la sortie de la crise. Et nous devons tenir compte des chiffres réels. Les chiffres réels, en déduisant les dépenses forfaitaires effectuées cette année pour soutenir le système bancaire grec, calculées seulement pour les statistiques sur le déficit et la dette, alors qu’en réalité on ne devrait pas en tenir compte, c’est pourquoi nous avons non seulement un déficit primaire, mais un déficit budgétaire particulièrement bas, en-dessous du seuil de 3%, qui est le seuil européen.
Nous avons un déficit budgétaire de 2,1%. Nous redevenons un pays européen normal et cela en dit long pour le coût d’emprunt des banques, le coût d’emprunt des entreprises, les capacités de financement de l’économie grecque réelle et c’est cela qui est important.
Et tous ceux qui avançaient la théorie, selon laquelle nous avons emprunté à des prix élevés par rapport aux taux d’intérêts que nous avons eus pour le prêt européen, je leur dis « merci, car ils reconnaissent la négociation réussie que nous avons faite pour avoir des taux d’intérêt bas en 2012, mais les taux d’intérêts sont les taux européens, les taux du Fonds monétaire international sont absolument comparables aux taux de l’obligation à cinq ans, que l’économie grecque a émise avec tant de succès il y a quelques jours ».
Donc, maintenant, le pas suivant est l’officialisation et la viabilité de la dette grecque qui, selon le marché, est d’ores et déjà viable.
A l’heure actuelle, de nouveaux horizons s’ouvrent à nous et au lieu de nous unir et d’avancer, certains résistent pour des raisons propres aux partis. C’est dommage. Mais ils seront pressés par les résultats des élections.
April 24, 2014