Déclarations du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, E. Vénizélos et de la vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères et de l'Intégration européenne de la Moldavie, N. Gherman, à l'issue de leur rencontre

Déclarations du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, E. Vénizélos et de la vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères et de l'Intégration européenne de la Moldavie, N. Gherman, à l'issue de leur rencontre E. VENIZELOS : C'est avec un très grand plaisir que j'accueille en Grèce, à Athènes, au ministère des Affaires étrangères, ma chère amie et collègue, la vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères et de l'Intégration européenne, Mme Natalia Gherman. C'est la deuxième visite qu'effectue Mme Gherman à Athènes.

Nous avons eu le plaisir d'accueillir ici le Premier ministre de la Moldavie, le Président du Parlement et la très chère ministre en avril à l'occasion d’une manifestation consacrée à la suppression de l'obligation de visa pour les ressortissants moldaves et le gouvernement moldave pour fêter cet événement a organisé un vol spécial depuis Chisinau à destination d'Athènes.

J'ai eu le plaisir de visiter la capitale de la Moldavie pendant la Présidence hellénique du Conseil de l'Union européenne et nous avons eu une excellente coopération avec ce pays de notre région élargie, un pays avec lequel nous entretenons des relations historiques et politiques très étroites.

Je n'oublie jamais la relation d'Alexandros Ipsilantis avec Chisinau. Et nous avons tout à l'heure eu l'occasion dans la salle Alexandros Ipsilantis, où les consultations ont eu lieu, de parler du rôle actif de Kapodistrias en Bessarabie, une région qui fait actuellement partie de la Moldavie.

Nous avons, à maintes reprises, confirmé l’excellent niveau de nos relations bilatérales. Nous sommes liés par un grand nombre d'accords. Nous avons élaboré un ensemble d'accords et de textes juridiques qui sont en vigueur, parmi lesquels je voudrais relever tout particulièrement le Protocole d'accord signé entre nos deux ministères des Affaires étrangères sur le transfert de savoir-faire et d'expérience en matière de questions d'intégration européenne. Mme Gherman a eu la gentillesse de nous présenter une série d'idées concernant la mise en œuvre et la valorisation de ce Protocole d'accord et nous, au ministère des Affaires étrangères, coordonnerons les agences grecques et les ministères grecs en vue de répondre au mieux et sans tarder à ces demandes.

Nous pensons que la Présidence hellénique a accompli deux importants exploits concernant la Moldavie. Le premier exploit était la suppression de visa et le deuxième, et le plus important, a été la préparation et la signature de l'accord d'association de la Moldavie avec l'Union européenne. Je me réjouis car cet accord sera bientôt ratifié par le parlement hellénique. En dépit de sa neutralité qui est garantie par la constitution, la Moldavie participe activement à toutes les actions de l'Union européenne et de l'OTAN, comme par exemple à l'opération au Kosovo et je me réjouis car il existe ici une communauté moldave très nombreuse ainsi qu'une présence très marquée des entreprises grecques en Moldavie.

Nous avons tout à l'heure signé devant vous le programme d'exécution de notre accord dans les domaines de la culture de l'éducation et de la science pour la période 2015 -2016. Nous avons le devoir historique de mettre l'accent sur ce programme, mais il est également important d'étendre notre coopération commerciale et économique, notamment dans le domaine de l'énergie ainsi que dans d'autres domaines et je voudrais saluer le fait que maintenant cette coopération s'intègre également dans le cadre de l'accord d'association de la Moldavie avec l'Union européenne.

Pour nous, le respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté de la République de Moldavie est une question de principe, car le droit international et la stabilité régionale constituent les axes fondamentaux de la politique étrangère grecque. A cet égard, nous soutenons le dialogue du Groupe 5+2 sur la région de la Transnistrie. Nous pensons que la crise ukrainienne ne doit pas influer de manière négative sur la situation dans la région élargie et surtout sur la Moldavie.

Nous avons eu tout à l'heure l'occasion, lors de nos entretiens, de discuter de toutes les questions et nous poursuivrons nos discussions pendant le déjeuner de travail. Nous partageons les mêmes points de vue à l'égard des crises multiples qui tourmentent le monde dans l'est et dans le sud de l'Union européenne. Et j'ai eu également l'occasion d'informer Mme Gherman de certaines questions d'intérêt particulier pour la Grèce, des questions ayant trait à Chypre, à la situation en Méditerranée orientale et à la situation des relations gréco-turques.

A travers cette visite nous confirmons notre excellente coopération et je souhaite au gouvernement et notamment au peuple de la Moldavie, de faire avec sagesse et prudence les choix qui conviennent à sa propre perspective en Europe et dans le monde.

N. GHERMAN : Je vous remercie beaucoup. Cher ministre, mesdames et messieurs, chers collègues,

Je me trouve aujourd'hui en Grèce suite à l'invitation que m'a adressée mon chère collègue, M. Vénizélos. Je voudrais tout d'abord évoquer les relations excellentes qu'entretiennent la Moldavie et la Grèce et remercier mes collègues grecs pour leur soutien et leur contribution aux efforts déployés par la Moldavie en vue de son intégration européenne.

Il s'agit d'une destination naturelle pour moi, tout comme l'était pour le Premier ministre de la République de Moldavie, pour le Président du Parlement et les dirigeants politiques le 28 avril, puisque votre pays, la République hellénique a eu une contribution très importante au cours de la Présidence hellénique pendant le premier semestre de l'année courante, à la promotion des objectifs de l'agenda européen de la Moldavie.

Grâce aux efforts continus, nous sommes parvenus à deux importants exploits. Premièrement, la suppression de visa pour les ressortissants moldaves qui voyagent en Union européenne, et nous étions ici en avril pour célébrer l'entrée en vigueur de cette décision et deuxièmement, le parachèvement des processus d'adhésion et la signature de l'accord d'association entre la République de Moldavie et l'Union européenne qui a également eu lieu sous la Présidence hellénique le 27 juin.

Depuis, la Moldavie a ratifié l'accord et avec l'Union européenne a commencé à l'appliquer à partir du 1er septembre de l'année courante. Lors de nos discussions avec le ministre, nous avons évoqué les efforts continus qui doivent être déployés en vue de l'application de cet accord auquel nous croyons fermement. Le Protocole d'accord que nous avons signé lorsque mon collègue grec était en Moldavie cette année au mois d'avril, comprend une liste de domaines dans lesquels les instituons grecques ont l'intention de contribuer en apportant leur savoir-faire et leur expérience aux institutions correspondantes de la Moldavie en matière d'intégration européenne. Tout comme l'a affirmé mon collègue, je suis venue ici avec une proposition très concrète élaborée par mes collègues aux ministères et aux organismes publics de la Moldavie visant à l'établissement d'une coopération avec nos homologues grecs et à la fourniture d'assistance de leur part, et nous continuerons d'œuvrer de cette manière pratique en vue d'assurer l'issue positive de nos efforts en faveur de l'intégration européenne de la Moldavie.

Je suis vous suis reconnaissante en Grèce, je suis reconnaissante aux autorités mais aussi à la société qui croit en l'avenir européen de la Moldavie et soutient mon pays d'une manière généreuse. Aujourd'hui, nous avons aussi signé un autre accord, nous sommes plutôt convenus du programme d'exécution de notre accord dans les domaines de la culture et de l'éducation, un accord qui vient compléter le cadre législatif riche qui existe déjà. Et je voudrais vous informer qu'il existe 22 accords bilatéraux en vigueur entre la Moldavie et la Grèce lesquels dotent d'une structure concrète notre coopération bilatérale.

Les contacts au niveau politique ont été intensifiés, notamment ces dernier temps et nous en sommes particulièrement heureux. La coopération économique est de plus en plus renforcée et aujourd'hui nous avons discuté des moyens qui nous permettront de renforcer cette coopération à l'avenir, vu les opportunités offertes par la zone de libre échange entre la Moldave et l'Union européenne ce qui permet aux producteurs moldaves d’avoir désormais accès au marché de l'UE, tout en profitant d'un régime plus favorable.

Il existe également une excellente coopération entre nos deux pays dans le domaine de l'éducation. Des étudiants moldaves viennent étudier dans les établissements universitaires de la Grèce et ils deviennent de plus en plus nombreux grâce au soutien des autorités grecques.

Nous avons discuté de notre coopération dans le domaine de l'agriculture, de la sécurité alimentaire, de la compétitivité des produits que la Moldavie veut exporter en Grèce et en Union européenne. Nous avons également parlé de notre coopération dans le domaine de la formation militaire et de la défense. Force est de signaler que les officiers des forces armées moldaves sont souvent formés dans l'académie militaire grecque et certains d'entre eux assurent le commandement de nos armées qui participent à des opérations de paix à travers le monde. La plus récente opération de paix est celle de la KFOR à laquelle participent nos deux pays. Mais le renforcement aussi de la capacité de réaction des opérations de l'Union européenne est également important.

Nous avons également débattu de notre coopération dans le domaine de la justice, de la protection des données privées et des droits de propriété intellectuelle. Il s'agit des champs très concrets relevant du processus de réforme qui est mis en place en Moldavie.

Nous voyons en Grèce de très bons exemples à suivre, par exemple la rapidité avec laquelle la Grèce est sortie de la crise économique, a assuré une croissance soutenue et a amélioré la situation du marché de travail. La Moldavie, un pays qui n'est pas encore membre de l'Union européenne, pense que ce processus d’acquisition d’expérience est très intéressant et je suis reconnaissante à mes collègues grecs pour la sincérité dont ils ont fait preuve, puisque ils ont partagé avec nous leurs expériences positives et négatives car de cette manière on peut apprendre la façon dont nous pourrions agir dans notre pays de manière plus rapide et plus efficace.

Nous avons également abordé la situation régionale et le règlement de la question de la Transnistrie à l'égard de laquelle des efforts sont déployés en vue de parvenir à une solution viable et respectueuse de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la République de Moldavie, une position que la Grèce respecte et en laquelle elle croit. Nous avons évoqué les questions régionales et le conflit en cours entre l'Ukraine et la Russie, dans l'est de l'Ukraine, nous avons passé en revue les questions ayant trait à la sécurité mondiale, et comme il a été tout l'heure affirmé, il existe une complète convergence de vues concernant les défis en matière de sécurité mondiale, de questions mondiales et de coopération régionale et dans le cadre de cette dernière, nous participons à toutes les organisations régionales et aux accords y relatifs - et force est de rappeler que la Moldavie exercera la présidence de l'Organisation de Coopération économique en Mer noire en prenant le relais par la Grèce à la fin de cette année - et nous avons également évoqué les différentes évolutions sur le continent européen.

Et, bien évidemment, pour conclure, je voudrais dire que puisque la Moldavie et la Grèce ont un passé commun et une série de caractéristiques historiques, humanitaires et culturelles en commun et puisque notre coopération actuelle est excellente et s’intègre dans un cadre réaliste et solidaire, je suis tout à fait convaincue que nous aurons aussi un avenir commun. Et cet avenir sera l'avenir européen auquel la Grèce croit fermement et la Moldavie se trouve aujourd'hui ici pour remercier la Grèce pour son attitude et pour planifier sa future coopération avec la Grèce de la même manière réaliste. Je vous remercie beaucoup.

JOURNALISTE: Monsieur le président, que pensez-vous des incidents survenus hier lorsqu'un objet volant télécommandé sur lequel était accroché un drapeau qui représentait une carte de la Grande Albanie, est apparu au-dessus du stade lors du match international Serbie-Albanie à Belgrade?

E. VENIZELOS : Les événements sportifs doivent promouvoir l'amitié, la coopération, la coexistence pacifique entre les peuples et les nations. Ceux qui vont à l'encontre de cet esprit, commettent une grave erreur.

Dans les Balkans nous avons eu des expériences historiques très malheureuses et je suis certain que les gouvernements des deux pays voisins et amis de l'Albanie et de la Serbie, non seulement désapprouveront ces incidents, mais saisiront l'occasion présentée en vue de mettre en avant, à travers des déclarations et des actions, l'importance de la stabilité régionale, du respect des frontières existantes et de la perspective européenne commune de tous les pays de la région.

JOURNALISTE : Monsieur le ministre, quelle est la position de la Grèce à l'égard de la question de la Transnistrie? Ces dernier temps, cette question a pris une ampleur considérable en Moldavie ce qui nous préoccupe vivement. Nous voudrions savoir quelle est la position de la Grèce à cet égard. Merci.

E. VENIZELOS : Comme j'ai eu l'occasion de l'affirmer lors de mes remarques d'introduction, la Grèce respecte pleinement l'intégrité territoriale et la souveraineté de la République de Moldavie, notre politique étrangère fait toujours partie du courant dominant de la position européenne commune, nous soutenons les efforts du gouvernement de la Moldavie qui sont déployés dans le cadre du processus 5 + 2 à Vienne, et ce, toujours en fonction des principes auxquels je me suis tout à l'heure référé, et j'ose espérer qu'il n’y aura pas d’évolutions qui pèseront sur la région et donneront lieu à un nouveau foyer de crise.

N. GHERMAN: Permettez-moi de faire quelques remarques supplémentaires en répondant à cette question, à la suite des propos aussi de M. Vénizélos. Le processus de l'intégration européenne de la République de Moldavie sur toute l'étendue et dans toute la profondeur des réformes qui sont mises en place, à savoir la modernisation et la réorganisation de l'Etat de la Moldavie et de sa société, est considéré par les autorités comme un cadre qui assurera de la meilleure façon possible le règlement de la question de la Transnistrie et le maintien durable de l'intégrité du pays. Cet objectif est commun et inclut tous les citoyens résidant sur le territoire de la République de Moldavie. Ledit processus a d’ores et déjà produit des résultats et des progrès tangibles – et nous invitons tous les citoyens de la région de la Transnistrie à tirer profit de ces résultats – et il a d’ores et déjà cultivé la logique sur laquelle est fondée l’orientation du pays ainsi que sa politique de développement et de modernisation.

Et je suis certaine qu’avec le temps et les progrès qui seront accomplis tout au long de l’intégration européenne, la question de la Transnistrie sera résolue et les principes que vous avez mentionnés, à savoir l’intégrité territoriale et la souveraineté, continueront d’être le fondement de la République de Moldavie. Notre position est qu’un statut indépendant, au sein de la République de Moldavie, doit être accordé à cette région, tout en garantissant dans le même temps son intégrité territoriale et comme je l’ai dit, l’intégration européenne du pays a d’ores et déjà énormément facilité ce processus. Je vous remercie.

JOURNALISTE : Avez-vous particulièrement abordé des questions de coopération énergétique et qui plus est actuellement au vu des évolutions et de la crise ukrainienne ?

N. GHERMAN : Oui bien entendu, nous avons abordé la question de l’énergie, puisque c’est important tout d’abord pour les deux pays, mais aussi pour l’ensemble du continent européen et j’ai informé le ministre des efforts consentis par le gouvernement de la Moldavie quant à la diversification des sources d’énergie et j’aimerais redire qu’en août de l’année en cours nous avons inauguré le projet de liaison énergétique entre la République de Moldavie et le marché de gaz naturel de l’Union européenne via la Roumanie. Il s’agit du gazoduc qui relie deux villes voisines de la Moldavie et de la Roumanie via le fleuve Prut. Ce gazoduc sera opérationnel le prochain mois et la Moldavie a fait le premier pas en avant pour se relier au marché de l’UE. Prochainement aura lieu la liaison des réseaux électriques.

Nous avons également de gros projets en ce qui concerne les sources d’énergie et dans ce domaine nous avons coordonné nos projets et nous coordonnerons nos efforts à l’avenir. Si quelqu’un veut être réellement autonome et garantir son approvisionnement en énergie, il doit examiner les solutions de rechange existantes et les possibilités de diversification des sources d’énergie. Nous examinons l’exploitation de la Mer Caspienne et la possibilité d’exploiter d’autres sources énergétiques traditionnelles.

Depuis quelques années, la Moldavie est membre à part entière de la Communauté européenne énergétique et cela est important. Cela signifie que toute notre législation a d’ores et déjà été harmonisée avec celle de l’UE dans ce domaine et que nous recevons d’importants conseils professionnels concernant l’organisation du domaine énergétique de notre pays de façon durable. Par ailleurs la prestation de ces conseils a lieu dans un esprit de solidarité de la part de tous les autres membres de la communauté énergétique.

Les pourparlers en cours entre la Russie et l’Ukraine, notre grand voisin de l’est, revêtent une importance capitale pour la République de Moldavie. Nous espérons que ces pourparlers auront une issue positive car la Moldavie s’approvisionne en gaz naturel en Russie et il est manifeste que la Moldavie, ainsi que d’autres pays d’Europe du sud-est, seraient affectés par une éventuelle rupture de l’approvisionnement en gaz naturel. Nous espérons donc que cette question sera résolue dans un avenir proche et qu’avec la participation de l’Union européenne, de la Commission européenne, les pourparlers se dérouleront sans heurt.

E. VENIZELOS : Bien entendu, nous comptons sur l’intégration de la Moldavie dans les réseaux énergétiques européens et nous avons eu l’occasion de discuter de l’importance que revêt le gazoduc TAP et le terminal de Revithoussa et autres infrastructures similaires de gaz naturel liquéfié ou comprimé qui peuvent passer à travers la Grèce vers la région élargie d’Europe du sud-est et l’Europe centrale. Cela a fait l’objet des entretiens que nous avons eus, il y a quelques mois à Budapest, les pays du Visegrad et les pays européens de la région, à savoir la Grèce, la Roumanie et la Bulgarie et nous sommes particulièrement heureux car nos planifications et notre politique convergent avec celles du gouvernement moldave. Je vous remercie.

October 15, 2014