Déclarations du vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, E. Vénizélos et du ministre égyptien des Affaires étrangères, N. Fahmy à l’issue de leur rencontre (Le Caire, 5 septembre 2013)

ypex_venizelos_cairo Ν. FAHMY : Bonjour à tous. C’est un honneur particulier pour nous d’accueillir aujourd’hui le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères de la Grèce, Evangelos Vénizélos.

Dès son arrivée en Egypte ce matin, M. Vénizélos a eu des rencontres successives avec des hauts fonctionnaires du gouvernement. Il s’est entretenu avec le Président de la République, le Premier ministre de l’Egypte, le Secrétaire général de la Ligue arabe et nous avons eu également une rencontre au ministère des Affaires étrangères.

Les discussions que nous avons engagées aujourd’hui attestent du véritable esprit qui caractérise les relations d’amitié entre la Grèce et l’Egypte. Nos consultations ont en effet montré que cette relation d’amitié est une relation historique entre les deux peuples. Et parmi les questions abordées figure celle du renforcement des relations et de nos liens mutuels.

Bien évidemment, lors de nos consultations ici, au ministère des Affaires étrangères, nous avons discuté de tout un éventail de questions. Nous avons abordé, entre autres, des questions d’intérêt mutuel, telles que les développements en Syrie, la paix au Moyen-Orient et la coopération bilatérale Grèce-Egypte. L’occasion m’a été offerte de donner au vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères un meilleur aperçu de la situation actuelle en Egypte.

Nous avons, bien entendu, passé en revue les relations de l’Egypte avec l’Union européenne. Et, parmi les diverses questions que nous avons abordées, a figuré, bien évidemment, celle de la promotion ultérieure des relations entre la Grèce et l’Egypte en vue d’établir une coopération plus renforcée dans le cadre des relations bilatérales également. Et, bien entendu, nous avons évoqué la question des frontières maritimes et des zones économiques en Méditerranée.
Nous avons également abordé des questions économiques d’intérêt commun ayant notamment trait aux investissements grecs en Egypte et avons examiné les moyens qui nous permettront de promouvoir davantage ces investissements dans le pays.

J’ai constaté la volonté de la partie grecque en faveur de l’établissement d’une coopération en matière de questions relatives aux Egyptiens qui vivent en Grèce. Nous sommes également convenus d’avoir des consultations et une coordination au sujet de la position de nos pays à l’égard des différentes questions internationales. Enfin, l’occasion m’a été offerte de donner à M. Vénizélos un aperçu réel de la situation en Egypte. Nous avons discuté de la Feuille de route adoptée par le gouvernement égyptien et avons eu des pourparlers avec le « Comité des 50 » chargé de rédiger la nouvelle constitution égyptienne.
Par la suite, j’ai l’occasion d’évoquer l’attaque qui a visé ce matin le ministre de l’Intérieur de l’Egypte.
En guise de conclusion, je tiens à souligner que la visite de M. Vénizélos en Egypte marque un nouveau chapitre dans les relations entre la Grèce et l’Egypte, des relations qui seront davantage renforcées et améliorées.

E. VENIZELOS : Je remercie chaleureusement mon collègue égyptien, Dr Fahmy car grâce à l’invitation qu’il m’a adressée, il m’a donné l’occasion de me trouver au Caire en vue de déclarer de manière claire et solennelle la volonté de la Grèce d’être aux côtés de l’Egypte, aux côtés du peuple égyptien ami avec lequel nous entretenons de longue date de solides relations d’amitié.
La Grèce est aux côtés de l’Egypte, aux côtés des autorités égyptiennes, aux côtés du gouvernement de transition, car nous avons la conviction que la stabilité en Egypte est un facteur déterminant pour la stabilité dans toute la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du nord, dans toute la région de la Méditerranée.
J’ai eu l’honneur d’être reçu par le Président de la République et le Premier ministre ainsi que de m’entretenir  avec le ministre des Affaires étrangères. La Grèce, en tant que pays membre de l’Union européenne, exerce une politique axée sur des principes. Bien évidemment, nos priorités demeurent toujours la démocratie, le respect des droits de l’homme, le respect de la légalité internationale. Nous sommes toutefois conscients du caractère pressant et particulier de la situation en Egypte. C’est pourquoi, nous considérons extrêmement importants les engagements pris par le gouvernement égyptien sur l’application de la Feuille de route en vue de rétablir le fonctionnement des institutions démocratiques, par le biais d’une nouvelle constitution et après le déroulement d’élections présidentielles et parlementaires ainsi qu’à travers l’organisation d’un référendum qui donnera au peuple égyptien l’occasion de se prononcer sur le nouveau cadre institutionnel  et la nouvelle identité politique du pays.

J’aurai l’occasion de briefer mes collègues, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne, sur le contenu de nos discussions ici en Egypte, lors de la réunion informelle de deux jours qui se tiendra demain et après-demain à Vilnius, en Lituanie.

La Grèce exercera la présidence de l’Union européenne au cours du premier semestre de 2014. Nous aurons ainsi l’occasion de prendre une série d’initiatives concernant tant notre relation avec l’Egypte que celle avec la Ligue arabe et le Secrétaire général avec lequel j’ai eu l’occasion de m’entretenir.

Pour ce qui est des questions régionales, les positions de nos deux pays sont bien connues. Permettez-moi de vous présenter brièvement les décisions que nous avons prises de concert sur la promotion de nos questions bilatérales.

Il ne suffit pas d’avoir des relations amicales, traditionnelles, culturelles et économiques. Nous voulons que les relations entre l’Egypte et la Grèce deviennent des relations stratégiques. Nous veillerons à organiser toutes les consultations nécessaires au niveau bilatéral sur une question qui revêt un intérêt considérable pour tous les pays méditerranéens. Je parle de la question des zones maritimes. La délimitation des zones maritimes se fera, bien entendu, dans le cadre du droit international et notamment du droit international de la mer. Nous partageons les mêmes points de vue et les mêmes principes à cet égard. Et, au-delà de nos relations bilatérales, nous participerons à des initiatives élargies. Par exemple, nous participerons à une initiative tripartite de nos deux pays avec la République de Chypre.  Il est toutefois important de promouvoir des solutions précises aux questions qui nous concernent, aux questions d’intérêt commun dans les domaines de l’économie, des investissements et de la protection sociale. Nous voulons encourager les investissements grecs en Egypte, dans un contexte de sécurité et d’autre part, nous sommes prêts à régler tous les problèmes auxquels sont confrontés les Egyptiens qui travaillent en Grèce. Tel est l’esprit de la coopération stratégique que nous voulons établir et nous présenterons également cette position au sein des organisations internationales et lors des rencontres internationales auxquelles nous participons.
Je tiens à remercier encore une fois M. Fahmy pour l’accueil chaleureux qu’il m’a réservé et notamment pour les discussions intéressantes que nous avons engagées ici, au ministère des Affaires étrangères.


Ν. FAHMY: Je vous remercie monsieur le ministre.

JOURNALISTE : Bonjour monsieur le ministre. Vous vous êtes référés à la question de la coopération, des relations entre l’Egypte et l’Union européenne. La Grèce assumera la présidence de l’Union européenne au mois de janvier, comme vous l’avez affirmé. Qu’envisagez-vous de faire pour renforcer les relations entre l’Egypte et l’Union européenne ? Est-ce qu’il y aura une nouvelle initiative pour le renforcement ultérieur desdites relations ?

E. VENIZELOS : Nous avons abordé avec mon homologue une série d’initiatives que nous pourrions prendre non seulement au cours du semestre de la présidence grecque mais aussi à long terme. Cela concerne toutes les questions. La coopération dans le domaine des affaires économiques et commerciales, la coopération en matière de politique étrangère et de politique de sécurité et de défense.
J’ai engagé une discussion similaire avec le Secrétaire général de la Ligue arabe et nous sommes d’ores et déjà en train de préparer une initiative commune que nous mettrons en œuvre  au cours de la présidence grecque avec la participation de tous les pays arabes.

JOURNALISTE : Une question adressée aux deux ministres et une brève question à M. Fahmy.
Question adressée aux deux ministres : vous avez évoqué tous les deux la discussion engagée sur la délimitation des zones maritimes. Est-ce que cela signifie qu’un dialogue sera bientôt lancé entre les experts des deux pays ? Est-ce qu’il existe une feuille de route relative à cette question ?
Question adressée à M. Fahmy : A l’occasion de la visite de M. Vénizélos au Caire, quel message voudriez-vous transmettre à l’Union européenne pour ce qui est notamment de l’Egypte ou de la Syrie ?

Ν. FAHMY : Ma réponse est valable pour les deux questions. Il y eu dans le passé des consultations sur des questions diverses et les zones économiques ainsi que sur d’autres questions économiques. Notre objectif est d’entamer de nouveau ces consultations, de les renforcer à travers des rencontres plus régulières afin d’assurer les intérêts des deux pays. Cela est un engagement de la partie égyptienne dont nous sommes convenus avec le ministre, M. Vénizélos et nous mettrons bientôt en place un comité constitué de services compétents en la matière afin de tenir des réunions dans les plus brefs délais.
Il existe un grand nombre de questions que la Grèce et l’Egypte devront aborder de concert et je pense que ce débat sera bientôt lancé. Nous sommes, comme vous le savez, des partenaires avec l’Union européenne depuis de nombreuses années. Il existe de nombreux domaines de coopération entre les deux parties. L’Union européenne sait très bien que l’Egypte est un grand pays dans la région. Ce que nous voulons est une véritable coopération, un respect et une compréhension mutuels.

Il existe des intérêts stratégiques tant pour l’Union européenne que pour l’Egypte. Pour ce qui est de la question de la Syrie,
cette question menace la stabilité de toute la région. Nous devons le comprendre et coopérer en vue de parvenir à des solutions politiques et diplomatiques à cette question.

E. Vénizélos : Permettez-moi aussi de dire deux mots sur la première partie de la question. Notre volonté commune et notre engagement commun est de convoquer dans les plus brefs délais au niveau bilatéral des réunions entre les groupes d’experts sur la question de la délimitation des zones maritimes. Notre critère commun et la base mutuellement acceptable est le droit international et notamment le droit international de la mer. La Méditerranée peut servir d’espace de paix et de développement dans l’intérêt de tous les peuples et, en l’occurrence, dans l’intérêt de l’Egypte et de la Grèce. Pour ce qui est de la Syrie, inutile de réitérer la condamnation catégorique du recours aux armes chimiques ce qui constitue un crime abominable ainsi que la nécessité d’avoir une réponse de la part de la communauté internationale qui sauvegardera le processus politique. Inutile aussi de réitérer la nécessité d’atteindre les objectifs de la Conférence Genève II, à savoir de parvenir à une solution politique globale qui exprimera la volonté du peuple syrien et fera de la Syrie, qui est un pays en guerre civile depuis assez longtemps, un pays pacifique et prospère.

JOURNALISTE : Deux questions : une question adressée au ministre grec des Affaires étrangères et une question adressée au ministre égyptien des Affaires étrangères.
Première question : Lors de la rencontre que vous aurez demain à l’Union européenne avec vos homologues, sera engagée la question de la Syrie, la question de la Palestine et la guerre contre le terrorisme en Egypte ? Est-ce que vous soulèverez ces questions à vos homologues ?
Question adressée au ministre égyptien concernant la coopération à laquelle vous vous êtes référés entre la Grèce, l’Egypte et Chypre. Il s’agit d’une coopération qui sera limitée au domaine politique ou s’étendra-t-elle à d’autres domaines aussi ?

E. VENIZELOS : Lors de la réunion informelle de demain et de l’après demain du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne en Lituanie, nous discuterons bien évidemment de la situation en Syrie, du processus de paix au Moyen-Orient et de toutes les questions internationales d’actualité ayant trait à l’Union européenne.

Il est très probable que le Secrétaire d’Etat américain, M. Kerry participe aux réunions du deuxième jour. Comme vous le savez, en tant qu’Etat membre de l’ONU, de l’Union européenne et de l’OTAN, nous envisageons la question de la Syrie dans le cadre de la légalité internationale et, bien entendu, dans le cadre de toutes nos relations bilatérales que nous respectons.  Et nous voulons que les choses évoluent de manière à assurer la paix et la sécurité non seulement pour le peuple syrien mais aussi pour tous les peuples arabes. Pour ce qui est du processus de paix au Moyen-Orient, nous, mais aussi l’Union européenne, sommes prêts à offrir nos bons offices afin de parvenir à  un résultat politique à travers ce processus.
Enfin, bien évidemment, la Grèce et l’Union européenne condamnent tout acte de terrorisme et à cette occasion je voudrais exprimer mon horreur devant l’attaque d’aujourd’hui qui a visé le ministre de l’Intérieur de l’Egypte.

Ν. FAHMY : En ce qui concerne la coopération entre la Grèce, l’Egypte et Chypre, il existe déjà une coopération au niveau bilatéral. Lundi dernier, le ministre des Affaires étrangères de Chypre était là. Aujourd’hui, nous avons le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères du gouvernement grec. Nous examinons les questions relevant de la coopération bilatérale et il n’y a aucun inconvénient à ce que cette coopération évolue en coopération trilatérale, afin que soient résolus certaines questions et problèmes d’intérêt commun, non seulement sur le plan politique, mais aussi dans les autres domaines de coopération entre ces pays.

JOURNALISTE : Une question aux deux ministres. Etant donné que les discussions portant sur la délimitation des zones maritimes ont débuté depuis de nombreuses années, dans quelle mesure êtes-vous préoccupés par le fait qu’elles pourraient déranger ou énerver les pays voisins, que vous connaissez, et j’aimerais aussi une précision concernant la coopération trilatérale avec Chypre. Dans quelle mesure cette coopération concernera les zones maritimes ou encore des questions relevant de la sécurité maritime et générale dans la région ?

Ν. FAHMY : Il existe un nouvel esprit de coopération entre la Grèce et l’Egypte. Comme vous le comprenez bien, chaque pays s’efforce de défendre ses propres intérêts. Nous coopérons avec tous les pays pour promouvoir nos intérêts mutuels et peu importe si certains pays tiers pensent que cette coopération se développe petit à petit.

Ε. VENIZELOS : Ma réponse va dans le même sens. L’Egypte et la Grèce sont déterminées à avancer dans l’intérêt commun des deux pays, des deux peuples et des deux économies. Le cadre que nous acceptons est le cadre du droit international, du droit international de la mer. Il ne s’agit nullement d’être mal prédisposé à l’égard d’un pays tiers, quel qu’il soit.

Ν. FAHMY : Monsieur le ministre, je vous remercie de nous avoir honorés de votre présence et merci pour toutes les rencontres particulièrement positives que vous avez eues aujourd’hui en Egypte.

Ε. VENIZELOS : Je vous remercie et je me réjouis de vous accueillir à Athènes en retour de votre invitation.

Ν. FAHMY : Merci.

September 5, 2013