Nous vous communiquons ci-dessous les déclarations et les réponses à des questions de la presse du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Evangelos Vénizélos à l'issue de sa rencontre à Istanbul avec le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdoğan :
E. VENIZELOS : La rencontre avec le Président Erdogan s'est déroulée dans un climat très positif suite à mes discussions très substantielles avec mon homologue, le ministre des Affaires étrangères de la Turquie, M. Cavusoglu à Ankara. Bien évidemment, la clé est la question chypriote et notamment la cessation de la violation des droits souverains de la République de Chypre, le départ du navire de recherche turc de la Zone économique exclusive de Chypre.
Je pense que des solutions puissent être trouvées lesquelles sont pleinement conformes au droit international et respectueuses des droits de la République de Chypre et de son existence, des solutions qui permettront la réouverture des pourparlers. Cela créera un meilleur climat dans les relations gréco-turques et aura un effet stabilisateur pour la région élargie, laquelle est actuellement confrontée à une montée sans précédent des crises allant de Gaza jusqu'en Libye. Il est donc très important pour la Grèce, la Turquie, pour la République de Chypre, pour les deux communautés de Chypre et pour la région élargie de procéder en fonction de ce cadre lequel est très simple et très fonctionnel.
JOURNALISTE: Est-ce que monsieur le Président, M. Erdogan et l'administration turque, ont, à votre avis, l'intention de régler cette question qui est, comme vous l'avez affirmé, la clé de tous les problèmes?
E. VENIZELOS : Le Président Erdogan est un dirigeant politique avec une très grande expérience et une longue présence au pouvoir, comme il a été prouvé. Il est une figure de proue dans la vie politique turque depuis des années. Il sait très bien que la Grèce est un voisin sûr et crédible de la Turquie. La Turquie est touchée par une crise tout au long de sa ligne frontalière. Par conséquent, il est très important que les relations gréco-turques soient stables et qu'il y ait un champ d'initiatives communes. Bien évidemment, nous avons besoin d'un cadre de référence et la règle de référence ne peut être autre que le droit international et , en la matière, le droit international de la mer.
JOURNALISTE: Vous avez tout à l'heure dit que des solutions pourraient être trouvées...
E. VENIZELOS : Nous avons discuté dans le cadre que la Grèce peut discuter avec la Turquie. Car nous devons respecter et nous respectons pleinement l'existence et la souveraineté de la République de Chypre, le rôle du Président de la République de Chypre ainsi que le rôle des deux communautés. Par conséquent, nous avons discuté au niveau que nous pouvons discuter.
JOURNALISTE: A votre avis, à Athènes y aura-t-il des points de convergence ? Allez-vous discuter des questions plus substantielles?
E. VENIZELOS : Je pense que le Conseil de coopération de haut niveau entre les deux gouvernements nous donnera l'occasion de faire des pas importants dans les domaines de l'économie et de la société, des domaines revêtant un intérêt pour les citoyens. Toutefois, il y a toujours un noyau dur de questions. Comme vous le savez, il existe un litige, à savoir la délimitation des zones maritimes entre la Grèce et la Turquie, mais il existe aussi un agenda comportant des questions en suspens très importantes lesquelles font l'objet des discussions depuis des décennies. Il faut réaliser des progrès dans ce domaine et nous sommes disposés, en respectant toujours les intérêts nationaux et le droit international, à faire des pas dans ce sens.
JOURNALISTE: Pourriez-vous nous dire quelques mots sur la communauté grecque d'Istanbul ?
E. VENIZELOS : La communauté grecque d'Istanbul constitue l'une de nos premières priorités. Car la communauté grecque joue le rôle de garant. Le garant d'une grande histoire. D'une grande tradition. La présence de la communauté grecque à Istanbul, à Imvros et à Ténédos est bien plus qu'une communauté qui existe et qui voit ses chiffres décliner. On parle ici des mémoires qui ne peuvent être traduites en chiffres.
JOURNALISTE: Monsieur le ministre, le gouvernement de M. Erdogan a entrepris des initiatives favorables aux minorités et notamment à nos questions relatives aux établissements religieux (vakoufia) mais, comme vous le savez, il y a deux ans la Turquie a gelé les élections au sein de ces établissements, en d’autres termes la Turquie a de nouveau fait marche arrière.
E. VENIZELOS : Toutes les questions relatives aux biens et à la protection des minorités ont été soulevées. Ces questions ne sont soulevées sur la base de la réciprocité. Tout Etat a le devoir constitutionnel et le devoir sur la base du droit international et notamment de la Convention européenne des droits de l'homme ou des conventions plus spécifiques, telles que le Traité de Lausanne, de respecter les droits des minorités et en général les droits de l'homme. Telle est notre position que nous l'avons officiellement exprimée ainsi que lors des entretiens privés.
November 30, 2014