A l’issue de la réunion tripartite des ministres des Affaires étrangères de la Grèce, de Chypre et de l’Egypte, tenue en marge de la semaine ministérielle de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Evangelos Vénizélos a fait les déclarations suivantes :
La réunion tripartite entre l’Egypte, Chypre et la Grèce, s’intègre dans la lignée des visites effectuées au Caire il y a quelques jours par le ministre chypriote des Affaires étrangères, M. Kassoulidis et moi-même.
La réunion d’aujourd’hui atteste de notre volonté de promouvoir cette coopération politique tripartite, au niveau des ministres, des hauts fonctionnaires et des directeurs politiques des trois ministères. L’important est d’opérer dans une région d’intérêt pour nous, à savoir la région du Moyen-Orient et de la Méditerranée orientale, en tant que pays qui œuvrent en faveur de la stabilité, de la paix et du développement. Par conséquent, notre initiative ne va pas à l’encontre d’autres pays ou d’autres initiatives, mais elle est de caractère complémentaire.
Le ministre égyptien nous a briefés sur les évolutions en Egypte. Nous voulons que l’Egypte s’engage dans la voie démocratique qui unit tous les membres de la société égyptienne et cultive chez tous les citoyens égyptiens le sentiment de sécurité tout en leur offrant une perspective de prospérité, ce qui a revêt une importance majeure au sein de nos sociétés. La Grèce, en tant que présidence du Conseil de l’Union européenne et en coopération avec la République de Chypre peut prendre des initiatives précises dans les domaines de l’économie, des investissements, en coopération aussi avec le secteur privé. En outre, les différents formes de la coopération euro-méditerranéenne nous permettent de trouver des ressources de financement pour des questions majeures, telles que l’éducation, le chômage – notamment le chômage des jeunes – qui est un problème auquel sont confrontées toutes les sociétés. De plus, il est très important de promouvoir notre coopération dans le domaine de la protection civile, de la recherche et du sauvetage, des questions qui intéressent tous les pays de la Méditerranée.
La coopération tripartie n’influence pas notre coopération bilatérale, qui doit être poursuivie dans les plus brefs délais, sur les domaines que nous avons déterminés. Un domaine important est, comme vous le savez, la délimitation des zones maritimes et par conséquent la valorisation de nos capacités émanant du droit international de la mer en Méditerranée. Cela nous permet d’axer nos initiatives sur le domaine de l’énergie, de drainer des ressources et d’offrir à nos peuples des perspectives de développement.
Question: Est-ce que vous informerez votre homologue turc, M. Davutoglu de cette réunion?
E. Vénizélos: Avec M. Davutoglu je suis prêt à débattre de toutes les questions, et bien évidemment, de celle de l’Egypte, tout comme nous allons aborder nos relations bilatérales et la situation dans la région élargie, la Syrie étant un exemple significatif. Et, dans le contexte actuel, lors de la réunion tripartite, la question de la Syrie a dominé nos discussions car, comme vous le comprenez, l’Egypte, en tant que pays et à travers la Ligue arabe, joue un rôle déterminant dans l’application d’un processus qui pourrait mener à une solution politique, une solution viable.
Question: S’agissant de la question du parti « Aube dorée », selon des articles parus dans la presse d’Athènes, vous avez eu certaines rencontres au sein de l’ONU et cette question a été soulevée par certains de vos interlocuteurs.
E. Vénizélos : Je me réfère aux contacts que j’ai eus en marge de l’Assemblée générale, lors desquels mes interlocuteurs ont soulevé la question de l’Aube dorée. Il s’agit d’une question qui est source de préoccupation en Grèce, tout comme la crise économique. Car l’existence d’un parti politique ouvertement néo-nazi au sein du parlement qui gagne en popularité dans les sondages est un problème. Un problème pour la Grèce, pour ses institutions, pour sa tradition démocratique et la société grecque. Cela fait des mois, et même durant la période préélectorale, avant juin 2012, que je soulève cette question. Et si toutes les forces politiques avaient prêté attention à ce que je disais tous ces mois, on aurait pu éviter ces incidents dramatiques et inacceptables. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. On doit activer l’arc constitutionnel en Grèce. Et tel a été l’objet de l’entretien téléphonique que j’ai eu aujourd’hui avec le Président de la République auquel j’ai demandé de placer sous son égide les réactions et les mobilisations de la société civile. Par ailleurs, les chefs politiques, les partis politiques de l’arc constitutionnel, devront faire tout ce qui est en leur pouvoir au sein du parlement et en dehors de celui-ci, et ce, sans adopter une attitude mesquine qui consiste à agir selon les intérêts de leur propre parti et à servir des motivations internes. Car il ne s’agit pas de relations politiques conventionnelles, mais d’une situation qui touche le noyau même de la démocratie.
Le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères a également fait la déclaration suivante à la télévision égyptienne :
Je tiens à réitérer notre soutien à la stabilité et à la prospérité de l’Egypte. Cette dernière a toujours joué un rôle important dans la région élargie du Moyen-Orient et de la Méditerranée orientale. Cela revêt une importance majeure pour nous. Nos relations bilatérales, ainsi que cette réunion tripartie d’aujourd’hui, attestent du caractère prioritaire que nous accordons à l’instauration de la stabilité en Egypte.
Question: S’agissant de la Syrie, la Grèce soutiendra-t-elle une intervention militaire dans ce pays ?
E. Vénizélos: Nous avons besoin d’une solution politique à travers un processus sur le modèle de Genève II pour la Syrie. En outre, il faut que le Conseil de sécurité de l’ONU puisse de nouveau jouer son rôle principal en tant que garant de la sécurité et de la paix dans la région et dans le monde entier.
September 23, 2013