Je voudrais tout d'abord souhaiter la bienvenue au President de la Banque europeenne d'investissement, M. Werner Hoyer, et lui exprimer tous mes voeux de succes dans les fonctions difficiles qu'il a assumees.
Je voudrais, egalement, remercier et feliciter la Banque europeenne d'investissement ainsi que M. Sakellaris, pour l'organisation de cette conference importante, qui se tient a une epoque ou notre pays est appele a changer tres rapidement sa facon d'operer et son modele de developpement.
Je tiens à souligner à ce stade que la Banque européenne d'investissement accomplit une œuvre importante pour l'Europe, puisque, parmi ses principales missions figure le financement des petites et moyennes entreprises (PME), qui constituent la pierre angulaire de l'économie réelle, notamment dans un pays comme la Grèce. C'est pourquoi, je souligne la question des PME.
Dans ce cadre, nous avons des contacts continus avec la Banque européenne d'investissement et, en coopération avec la Commission européenne, nous sommes en train d'examiner les meilleures moyens permettant de valoriser les instruments et les outils de la Banque dans l'intérêt des petites et moyennes entreprises en Grèce, qui peuvent et doivent servir de vecteur principal dans cet effort consenti par notre pays en faveur de son développement.
Mesdames et messieurs,
Le changement climatique constitue l'une des plus grandes menaces et l'un des plus grands défis pour notre planète, pour l'Europe, la Grèce et pour nous tous. La lutte contre les effets multiples et incontestables du changement climatique doit figurer en tête de liste de nos priorités.
Ce phenomene a pris une ampleur considerable du point de vue non seulement environnemental mais aussi economique, social et politique. Il influe sur tous les domaines, allant de la production agricole, la sante, jusqu'a la politique etrangere et la securite internationale. Pour relever ce defi, il faut prendre des engagements dans les plus brefs delais et mener des actions coordonnees au niveau mondial.
En Europe et dans le monde entier, le changement climatique se trouve au centre des préoccupations des hommes politiques au plus haut niveau car, par sa nature même, ce phénomène ne connaît pas de frontières. Je dois avouer que ces deux ou trois dernières années, ce dossier a cessé de figurer en haut de la liste des priorités. Il est, par conséquent nécessaire, de renforcer le soutien politique en faveur d’actions plus efficaces au niveau national et international, en vue de lutter contre le changement climatique et promouvoir les économies vertes à faibles émissions de CO2, afin de parvenir à une solution mondiale pour sauver notre planète.
Vu que cette question n’est pas d'actualité temporaire, mais nous préoccupera de plus en plus dans les années à venir, tous nos programmes, actions et investissements visant à lutter contre ce phénomène doivent être envisagés dans le temps.
Cette année marquant le 20e anniversaire de la première conférence mondiale des Nations Unies sur l'environnement et le développement durable, à Rio en 1992, vient, sans aucun doute, rappeler nos responsabilités à l'égard de l'ensemble de l'humanité et à l'égard des générations futures. Telle est par ailleurs la raison pour laquelle la conférence de Rio sera de nouveau convoquée en juin prochain, dans le but de réaffirmer l'engagement politique mondial à l'égard des questions abordées lors cette conférence.
L'Union européenne a pris conscience assez tôt de cette menace. Elle joue un rôle de premier plan au niveau mondial et est pionnière dans les actions politiques globales, tant à l'intérieur qu'au niveau de ses relations avec les pays tiers.
Avec le Protocole de Kyoto, l'Union europeenne s'est fixee a l'epoque un objectif ambitieux, a savoir reduire pendant la periode 2008-2012 ses emissions de 8%, par rapport aux niveaux de 1990. Dans ce cadre, chaque Etat membre s'est fixe ses objectifs au niveau national, des objectifs que chaque pays devait realiser conformement aux regles communautaires, ce qu'il a fait. L'Union europeenne a atteint l'objectif fixe.
Par ailleurs, en 2007, les chefs européens ont adopté le paquet climat-énergie dans le but d'atteindre le triple objectif de l'initiative « 20-20-20 » d'ici à 2020. Cela signifie une réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre, une hausse de 20% de la part des énergies renouvelables dans la production d'énergie et une réduction de 20% de la consommation primaire d'énergie à travers l'amélioration de l'efficacité énergétique, par rapport aux niveaux de 1990.
Ainsi, l'Union européenne donne l'exemple et joue un rôle de protagoniste au niveau mondial.
La politique de l'UE sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre, la lutte en temps utile de l'impact du changement climatique constitue, dirais-je un contrat pour notre planète, avec tous ses habitants et avec les générations futures. L'objectif ferme de l'UE est d'ajouter des clauses supplémentaires à ce contrat et de le doter d'un caractère juridiquement contraignant pour tous les pays du monde. Un élan considérable a été donné à cet objectif lors de la dernière conférence de Durban, en décembre 2011 où a été convenue, entre autres, une feuille de route pour l'élaboration d'un nouveau cadre international contraignant pour lutter contre le changement climatique d'ici à 2015.
Pour ce qui est maintenant de la région de l'Europe du Sud-est, nous constatons, qu'en dépit des progrès réalisés dans la réalisation des objectifs de l'UE, le chemin à parcourir est encore long.
Notamment, la situation actuelle dans le domaine de l'énergie dans les pays de la région, en dépit des divergences propres à chaque pays, présente trois caractéristiques communes : premièrement, une forte dépendance au pétrole et au charbon dans la production de l'énergie électrique, deuxièmement, une forte dépendance aux importations d'hydrocarbures qui sont nécessaires pour répondre à la demande interne, et, troisièmement, un progrès relativement limité au niveau du développement des sources d'énergie renouvelables, ce qui a comme conséquence que ces énergies ont une part limitée dans le bouquet énergétique des pays.
Notre première priorité doit être de changer radicalement ces données et augmenter considérablement la part des sources d'énergie renouvelables, améliorer l'efficacité énergétique et économiser de l'énergie.
Dans ces domaines, d’importants efforts sont consentis. Selon les données des Nations Unies, la Grèce compte parmi les 18 régions du monde les plus vulnérables au changement climatique. Consciente du problème, elle s’efforce d’améliorer la situation, même dans cette conjoncture économique et budgétaire difficile. Pour ces pays comme la Grèce, dont le budget est limité, la réduction des dépenses publiques a nécessairement une influence sur la plupart des domaines financiers.
De toute évidence, l’efficacité accrue est indispensable pour garantir que nous pouvons faire plus en dépensant moins. Et nous le pouvons certes, en mettant en œuvre des idées novatrices qui permettront de donner un nouvel élan à notre économie d'une façon plus «verte». En juin dernier, la Banque de Grèce a publié une étude remarquable sur les conséquences environnementales, économiques et sociales du changement climatique.
En dépit des difficultés, ces dernières années la Grèce a respecté les procédures visant à lutter contre le changement climatique. Ainsi, à l'été 2010, elle a transposé la directive communautaire 2009/28/CE relative à la promotion de l'utilisation de l'énergie produite à partir de sources renouvelables. Le gouvernement grec ambitionne d'augmenter considérablement le pourcentage de participation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables dans le «bouquet énergétique » d’ici à 2020. J’ai été heureux, il y a quelques jours, en ma qualité de ministre de ce gouvernement, d'avoir approuvé la transposition de directives, dont j'avais contribué à la mise en œuvre en ma qualité de commissaire européen.
Le marché des énergies renouvelables devrait considérablement s’élargir ces prochaines années, puisque l'objectif national est de multiplier d’ici à 2020 la production d'énergie à partir de sources renouvelables, compte tenu des niveaux actuels non négligeables. Dans le cadre de ce projet, 20 milliards d’euros devraient être investis et 210.000 emplois créés.
Actuellement, de grands projets relatifs aux sources renouvelables sont mis en œuvre dans tout le pays et M. Papakonstantinou s’est exprimé à ce sujet, mais j’aimerais dire deux mots sur le projet ambitieux intitulé « Ilios » prévoyant l’installation de panneaux solaires sur une surface totale de 20.000 hectares dans toute la Grèce. Cet investissement devrait générer des revenus de 80 milliards d’euros, dont 20-25 milliards pourraient être utilisés pour servir la dette publique. Ce plan est très ambitieux, je le redis, mais il vaut la peine d'essayer car il constituera un modèle mondial.
Par ailleurs, outre le niveau purement national, nous considérons que les initiatives régionales sur ces questions sont très importantes.
L’Initiative méditerranéenne sur le changement climatique, inaugurée par la Grèce à Athènes en octobre 2010, en étroite coopération avec 17 autres pays méditerranéens sensibilisés aux questions liées au changement climatique et à la sécurité énergétique, représente un élément important de la stratégie verte de la Grèce.
La même année, dans le cadre de la présidence grecque de l'Organisation pour la Coopération économique de la Mer Noire (OCEMN), les ministres des Affaires étrangères des 12 Etats membres de l'Organisation ont adopté leur vision commune d'une mer noire qui pourrait devenir «verte», par le biais de la promotion de l’énergie propre et du développement durable.
La Méditerranée et l’Europe du sud-est, en tant que région, offrent de grandes opportunités de stratégies communes visant à la réduction des émissions de gaz carbonique et l’un des premiers objectifs de notre politique est d’élargir et d’exploiter toutes les synergies possibles avec nos pays voisins dans le domaine du changement climatique. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que nous partageons avec ces pays de nombreuses ressources naturelles, particulièrement sensibles à chaque changement climatique.
Nous pouvons, en tant que pays et groupe de pays, protéger notre capital naturel, en effectuant une transition rapide vers les sources renouvelables, en améliorant la performance énergétique et en réduisant la consommation énergétique.
Mesdames et Messieurs,
La décision de l'Eurogroupe revêt une importance particulière car elle permettra de rompre le cercle vicieux de l’incertitude qui sapait les efforts et les sacrifices du peuple grec. Cette décision écarte le danger de faillite et confirme la position de la Grèce en Europe. Elle nous offre les moyens dont nous avons besoin pour sortir de la crise. Elle donne l'espoir que la Grèce atténuera la récession, jettera les bases de la reprise, relancera l’économie réelle et créera des emplois. L’accent doit enfin être mis sur la croissance.
La lutte contre la crise présuppose de changer le modèle de développement qui a été suivi au cours de ces dernières années. Après l'accord de Bruxelles, nous avons désormais la possibilité, dans un environnement plus stable, de mettre l’accent sur des actions et initiatives qui briseront le cercle vicieux de la récession.
Dans ce contexte, s'agissant des politiques qui seront adoptées en vue de stimuler le marché et de créer de nouvelles opportunités et emplois, l'accent doit être mis sur le développement vert, les investissements, c'est-à-dire les entreprises novatrices qui assurent la promotion des technologies des sources renouvelables, mais aussi sur d’autres domaines comme le secteur agricole avec par exemple la promotion de la culture biologique.
En bref, le pari des sources renouvelables et technologies connexes est double : il nous permettra d’une part de lutter efficacement contre le phénomène mondial du changement climatique, en garantissant l’avenir, le nôtre et celui de nos enfants, d’autre part de surmonter la crise économique actuelle et de remettre le pays sur la voie de la croissance, puisque cette branche représente pour nous des avantages comparatifs, en raison des ressources naturelles inépuisables de notre pays. Dans cet effort, nous comptons sur la coopération et le soutien de la Banque européenne d'investissement. Ensemble, nous pouvons y arriver.
Je vous remercie.
February 23, 2012