G. KATROUGALOS : Je vous souhaite la bienvenue encore une fois. C’est avec un grand plaisir que je proclame l’ouverture de notre 4ème réunion. C’est l’une des meilleures initiatives qui ont été entreprises en vue d’approfondir notre coopération.
Comme vous le savez, l’Union européenne est confrontée à des défis majeurs. Le Président Juncker lui-même a affirmé lors de son discours d’ouverture devant le parlement que sa Commission était une Commission qui donnerait une dernière opportunité à l’Europe. Ce dimanche, par ailleurs, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne essayeront de régler l’une des questions les plus importantes et de relever l’un des défis les plus grands auxquels est confrontée la communauté de nos nations, de nos peuples, le Brexit.
Nous avons ici deux groupes d’Etats amis : deux membres de l’Union européenne et deux Etats qui veulent adhérer à l’Union européenne. Et comme vous le savez, depuis la réunion au sommet de Thessalonique, la Grèce avait fermement déclaré son attachement à l’élargissement. Nous pensons que l’élargissement est mutuellement profitable tant pour l’Europe que pour nous, pour la Grèce mais aussi pour tous les pays de la région.
Vous avez certainement dû entendre ce qu’on dit souvent, à savoir qu’au sein de l’Union européenne il existe deux catégories d’Etats : les petits Etats et les Etats qui ne sont pas encore devenus conscients de leur petite taille. Dans notre région, il n’y a pas de grandes puissances, de grands pays mais à travers notre coopération nous pouvons nous transformer en une force politique importante, et ce non pas pour nous nous opposer aux autres, mais pour promouvoir le dialogue au sein de la communauté de nos Etats.
Nous pensons donc que l’élargissement sera une évolution positive car il créera un marché au sein du marché unique. Chaque fois que je visite des pays étrangers pour promouvoir les objectifs de la diplomatie grecque, je leur dit que nous ne sommes pas simplement un marché de 11 millions d’habitants. La Grèce, comme les autres pays de la région, doit être considérée comme faisant partie d’un marché régional plus élargi.
Il est donc dans notre intérêt d’approfondir notre coopération, en aidant, bien évidemment, les pays qui n’ont pas encore adhéré à l’Union européenne, à y parvenir à travers d’autres moyens. Par exemple, à travers des protocoles d’accord. Nous avons fourni de l’aide technique à tous les pays amis de la région.
Cette forme de coopération, la conférence des ministres des Affaires étrangères se tient parallèlement à une réunion de coopération rassemblant des ministres de portefeuilles différents. Les premières réunions se sont plutôt concentrées sur des questions liées à l’immigration et aux affaires intérieures. La première réunion a exclusivement porté sur l’immigration et la deuxième sur la protection civile et la troisième, en mai dernier, sur la coopération policière en vue d’institutionnaliser les réunions au niveau administratif.
L’un des plus grands avantages apportés par cette initiative est donc le fait que cette dernière est devenue une institution. Désormais, je pense que nous devons justement axer nos actions sur cette approche : préparer les résultats, suivre de près les actions entreprises et organiser des rencontres à l’avenir pas seulement au niveau politique, comme aujourd’hui, mais aussi au niveau technique et à celui des experts.
Nous avons décidé lors de cette réunion de nous concentrer sur l’économie. A mon avis, ce geste est tout à fait normal, après avoir abordé des questions liées à la sécurité et à la coopération policière, des dossiers revêtant une importance majeure pour nous, car tous les pays sont confrontés à des défis non pas seulement en matière d’immigration mais aussi en matière de crime organisé et de corruption. Par conséquent, je pense qu’il est tout à fait logique de passer à un niveau qui requiert une coopération plus mûre : au niveau de l’économie.
Nos collègues des ministères de l’Economie tiendront des réunions séparées. Après les remarques d’introduction, je donnerai la parole à Stergios Pitsiorlas, lequel veut exprimer quelques premières réflexions concernant l’organisation de nos plans communs.
Je pense que lors de notre prochaine réunion, nous devrons discuter de la façon dont nous pourrons structurer notre coopération en vue de parvenir à des résultats tangibles et de promouvoir des décisions qui n’ont pas été prises au passé, lors des réunions ministérielles précédentes.
Force est de rappeler que lors de notre dernière réunion, nous avons décidé de mettre en place des réseaux sociaux qui soutiendront notre programme politique, des réseaux de la société civile. Nous avons par exemple parlé de la mise en réseau des universités de nos pays, en choisissant une université par pays. Un réseau de 4 universités donc et il y aura aussi des réunions communes, des projets communs, une planification des projets communs et à cette fin les fonds européens seront également valorisés.
Nous avons également discuté de la possibilité d’organiser une mission commune de journalistes et de représentants des médias des quatre pays, lesquels visiteront la Grèce, l’Albanie, la Bulgarie et l’Ancienne République yougoslave de Macédoine en vue de discuter avec les citoyens des pays et d’avoir une idée de la façon dont notre coopération est promue.
Nikola a fait une proposition très intéressante laquelle a été adoptée : l’organisation avant les réunions ministérielles des réunions préparatoires au niveau des experts. Cette fois on ne l’a pas fait. Je propose donc d’essayer de le faire lors des prochaines réunions.
Par exemple, dans un mois, on pourrait organiser une réunion au niveau technique, au niveau des experts, en vue d’explorer davantage les idées concernant l’économie qui pourraient être abordées lors de la réunion ministérielle.
Je propose à Nikola, une fois que notre effort commun sera achevé concernant la ratification de l’accord de Prespès, une fois que nous aurons célébré cet effort courageux de Nikos Kotzias et des deux Premiers ministres, d’annoncer quelque chose de concret dans le cadre du partenariat quadripartite. D’organiser une manifestation festive, au-delà du message politique qui sera transmis par nos dirigeants. De présenter nos travaux au niveau de la coopération économique.
Je ne voudrais pas vous fatiguer plus. Je donnerai la parole à Stergios afin qu’il présente ses idées concernant les possibilités d’une coopération économique et par la suite nous aurons l’opportunité de discuter davantage, et ce non pas pour exposer parallèlement nos idées, mais dans le cadre d’un dialogue substantiel.
Je vous remercie de votre attention.
S. PITSIORLAS : Bonjour et bienvenus à Thessalonique. C’est l’occasion aujourd’hui de faire un pas en avant dans notre coopération, notre coopération économique.
De nombreuses rencontres se sont tenues à ce jour et des pas très importants ont été entrepris. La nécessité de promouvoir les réseaux dans notre région a été à plusieurs reprises, abordée au niveau des ministres et au niveau des Premiers ministres : les réseaux ferroviaires, routiers et énergétiques. A mon avis nous avons réalisé d’importants progrès dans ces domaines et tous ces projets sont en cours de réalisation.
Je pense que nous devons désormais aborder aussi des questions ayant trait au marché dans toute la région et aux modalités qui nous permettront de renforcer la coopération économique à ce niveau, au niveau de nos relations commerciales, entre les entreprises ainsi que notre coopération en matière d’investissements et d’exportations.
Je pense que nous devrons forger une conception que nous transmettrons au reste du monde, à savoir que nous ne mettons pas l’accent sur la concurrence entre nous, mais sur la coopération et que nous voulons mettre en avant dans le monde entier l’unité de la région et nous coopérons en vue d’élaborer des politiques et des objectifs communs. Je pense que tel sera l’enjeu de la période à venir.
Dans ce cadre, je voudrais aujourd’hui proposer quelques idées qui vont dans ce sens.
La première porte sur la coopération entre les organisations de nos pays visant à attirer les investissements étrangers et à promouvoir les exportations. Je pense que dans ce domaine nous devons coopérer en vue de mettre en avant la région, dans le cadre des foires internationales, en tant qu’ensemble, de mettre en avant la nécessité des investissements dans cette région, non pas chacun pour son pays mais de la manière la plus globale possible. L’occasion nous est offerte aujourd’hui puisque grâce à l’accord de Prespès la région occupe le devant de la scène internationale et a attiré l’attention de la communauté internationale.
Je pense que nous devons valoriser cette occasion et coordonner de concert nos efforts visant à susciter l’intérêt des investisseurs à l’égard de la région. Je pense donc que cela pourrait être un premier pas et on pourra dès demain mettre en place un groupe d’experts pour étudier cette possibilité.
Dans la même logique s’intègre aussi la proposition relative à l’interconnexion des registres commerciaux de nos pays.
Je pense qu’à travers cette interconnexion les entreprises auront la possibilité d’avoir à leur disposition des données concernant les autres pays ce qui leur permettra d’avoir une image plus complète de chaque pays et d’établir une meilleure coopération.
Le registre commercial grec est connecté au Registre commercial européen ce qui pourra aider les autres pays aussi. Outre cela, l’interconnexion des registres commerciaux, contribuera, à mon avis, de manière considérable, à la coopération économique.
La troisième idée porte sur des questions en matière de protection du consommateur. Elle porte sur tous les marchés, tous les pays. Il existe un régime européen auquel nous nous adaptons tous ou nous devons tous nous adapter. Je pense que nous pouvons organiser notre coopération de manière encore plus concrète. On pourrait signer un protocole d’accord entre nous en vue d’élaborer des règles communes qui régiront les marchés de nos pays.
En allant encore plus loin, je pense que, dans le cadre de la même logique, on pourrait procéder à l’établissement d’une coopération entre les marchés centraux de nos pays. Nous avons, en tant que Grèce, une excellente expérience à travers notre coopération avec l’Italie dans ce domaine et je pense que nous pouvons valoriser cette expérience dans le cadre de nos relations. C’est un pas qui aidera beaucoup nos échanges commerciaux et je pense que nous sommes assez mûrs pour aller dans ce sens.
Enfin, une question qui, à mon avis, nous préoccupe tous, est celle du contrôle des marchés dans tous les domaines et nous devons coopérer sur ce point, c’est-à-dire sur le contrôle de la qualité, des processus, et des questions liées au commerce illégal ont été également soulevées dans tous les pays et entre nous aussi. Nous avons proposé, à la Bulgarie aussi, une coopération bilatérale sur ces questions. Et je pense que cette coopération pourrait être généralisée et établie avec tous les pays.
Ce sont quelques idées lesquelles, parallèlement aux questions relatives aux grands projets dans le domaine des réseaux, pourraient à mon avis renforcer le marché en tant que marché unique de nos pays et nous aider à développer davantage nos relations économiques et commerciales.
En guise de conclusion, je voudrais répéter ce que j’avais dit au début : à notre avis, les pays des Balkans doivent façonner une image commune et la mettre en avant dans le monde, tout en revendiquant une part du marché mondial, tant au niveau des exportations qu’à celui des investissements. Si nous y parvenons, cela sera dans l’intérêt de nous tous. Alors que si nous donnons l’image, comme dans le cas des questions politiques au passé, des pays qui perdent leur temps dans des antagonismes intérieurs, cela sera aux dépens de tous.
Je vous remercie.
November 23, 2018