Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Bonjour. Comme l’a affirmé mon cher ami, le ministre des Affaires étrangères du Liban qui ne peut être avec nous aujourd’hui, car son gouvernement est toujours en cours de formation, c’est ici à Rhodes qu’a émergé l’Esprit de Rhodes. Ce sont ses paroles et nous le remercions.
Permettez-moi de vous souhaiter encore une fois la bienvenue sur cette île des chevaliers, l’île aux papillons, l’île du Colosse de Rhodes, l’île de l’amitié entre l’Europe du Sud-est et le monde arabe.
Comme je disais hier à l’heure du déjeuner, lors d’un voyage à Riyad, en Arabie saoudite, j’ai visité le musée du pays où sont exposés des milliers d’objets provenant du commerce entre la Grèce, les Balkans et le monde arabe, ce qui prouve que les deux côtés de la Méditerranée entretenaient des relations commerciales depuis plus de 5 000 à 6 000 ans.
Et cela nous a fait penser que l’on devrait rétablir cette relation. Nous voulons lors de notre réunion d’aujourd’hui et de demain faire de nouveaux pas importants pour notre coopération. L’objectif que nous nous fixons lors de notre première réunion est de faire une évaluation de la situation géostratégique actuelle.
Aujourd’hui, dans l’après-midi, on vous présentera notre proposition pour la mise en place d’une structure de sécurité et de stabilité dans la région. Nous vous avons envoyé le texte y relatif. Nous avons reçu vos remarques, mais nous en discuterons aujourd’hui aussi et au cours de l’année à venir et notre ambition est de prendre la décision l’année prochaine, en juin à Rhodes, de créer une structure de sécurité et de stabilité, telle que celle-ci sera décrite au cours de nos discussions sur la Méditerranée orientale.
Notre troisième réunion de demain, à laquelle assistera le ministre de la Politique numérique, des Télécommunications et de l’Information, Nikos Pappas, sera consacrée à la coopération numérique et elle comportera plus particulièrement des thématiques liées à la technologie numérique et par satellite. Notre discussion de demain aura pour objectif notre parcours commun vers l’avenir – chacun d’entre nous a ses propres expériences et capacités – et le débat de demain s’inscrit dans notre agenda positif.
En général, nous espérons, à travers aussi les discussions que nous aurons aujourd’hui et demain, développer notre coopération dans des domaines d’intérêt pour la jeunesse et qui sont liés à notre avenir.
Je dois signaler que la rencontre de nouveaux diplomates hier pendant toute la journée lors de laquelle ces derniers ont eu l’occasion de s’entretenir avec des diplomates chevronnés mais aussi avec des professeurs spécialistes en matière d’économie et d’énergie, a été couronnée de succès. Cela s’intègre dans le cadre d’un engagement que nous avons pris l’année dernière de commencer nos discussions la veille avec nos jeunes diplomates. Les diplomates étaient originaires de 15 pays et il y a eu une contribution par toutes les parties.
Nous devons développer un plus grand nombre de partenariats sur la base de ce qui a été convenu dans le passé. Nous pensons que les festivals de la jeunesse organisés à Chypre et en Egypte ont été un grand pas vers l’atteinte des objectifs que nous nous sommes fixés, tout comme le festival du Film méditerranéen organisé en Egypte.
Je pense que nous devons poursuivre nos efforts, entreprendre des activités qui unissent nos jeunes en les faisant partager une vision commune pour l’avenir et développer nos activités culturelles. En outre, notre visite commune au Liban avec d’autres ministres des Affaires étrangères a été également réussie et je pense que des visites de ce genre – c’est-à-dire des visites communes effectuées par trois, quatre ministres des Affaires étrangères dans des pays en transition ou nécessitant notre soutien et solidarité – doivent et peuvent être organisées.
Nous pouvons effectuer une visite dans une série de pays arabes – je vois aussi mon ami Riyad – en tant que groupe de gens voulant développer cette activité.
Le domaine dans lequel nous n’avons pas réalisé beaucoup de progrès, malgré les pas positifs qui ont été faits, est la coopération entre les universités. Il y a quatre universités qui coopèrent mais nous devons mettre en place un réseau d’universités dans toute la région qui sera chargé des dossiers spéciaux. Du système des transports de notre région jusqu’à des questions d’histoire. Nous devons développer davantage les transports entre nos pays et bien évidemment ce que nous devons examiner – cela a fait partie de la discussion tenue hier entre les jeunes diplomates – est notre coopération énergétique.
Aujourd’hui, nous avons accueilli le plus grand nombre de participants. Certains de nos bons amis n’ont pas pu venir, tels que le ministre des Affaires étrangères de la Macédoine du Nord que nous avons invité pour la première fois, Nikolas Dimitrov car il doit livrer cette « lutte » au sein du parlement pour l’accord qui a été signé entre nos deux Etats. Mon ami Shoukry ne pourra également pas y assister car hier soir Kouchner s’est rendu dans le pays. Basil aussi n’a pas pu être présent parce que les processus de formation du gouvernement au Liban sont toujours en cours. Et nous avons le plaisir d’avoir avec nous Emilie car Ekaterina Zakharieva ne pourra pas venir parce qu’elle exerce la présidence de l’Union européenne.
Nous avons le plaisir toutefois d’avoir avec nous Miroslav en sa qualité de président de l’Assemblée générale des Nations Unies qui justifie le soutien que nous lui avons tous accordé et bien évidemment nous sommes particulièrement heureux car cette année pour la première fois nous avons avec nous le ministre des Affaires étrangères de la Palestine, cher ami de tous, Riyad al-Malki. Nous vous remercions beaucoup. J’espère que l’année prochaine nous serons tous ensemble, ceux qui sont absents et nos ministres ici, en vue d’élaborer le texte final de l’ « Esprit de Rhodes ».
Chaque fois, je prends l’initiative de dire quelques mots sur la situation dans notre région. Nous voulons avoir un agenda positif. Nous vivons dans une région difficile. Les crises se succèdent, mais on doit signaler qu’au moins la partie nord de notre coopération va mieux par rapport à l’année dernière. La Bulgarie a exercé pour la première fois dans son histoire la présidence de l’Union européenne, une présidence qui a été couronnée de succès et a contribué au développement de notre région. Les pays de la « Macédoine du nord », de l’Albanie, de la Bulgarie et de la Grèce ont une coopération plus approfondie et depuis l’année dernière les pays balkaniques ont entamé ensemble une coopération avec les pays du groupe Visegrad et nous soutenons, en dépit des difficultés, il faut l’avouer, posées par d’autres parties, l’ouverture des négociations entre la « Macédoine du Nord » et l’Albanie avec l’Union européenne et il sera dans le grand intérêt aussi de nous tous que ces deux Etats qui font partie de notre partenariat, adhèrent à l’Union.
Le grand problème auquel a été confronté notre pays cette année a de nouveau été la question migratoire et des réfugiés. S’il y a quelque chose en commun, non seulement dans l’histoire mais aussi dans le présent récent, dans la vie quotidienne des gens en Méditerranée orientale et en Europe du Sud-est, c’est bien la question migratoire et des réfugiés.
Je reste toujours convaincu qu’il n’y a qu’une seule solution substantielle à cette question : la cessation des guerres, la cessation des conflits, la cessation des situations comme celles que nous vivons en Libye, en Yémen, en Syrie, en Irak. S’il n’y a pas de paix et de développement dans ces régions, qui ira de pair avec la nécessité de mettre en place un Etat palestinien et le reconnaitre, cette région ne sera jamais calme et elle continuera d’alimenter les vagues de réfugiés et de migrants vers l’Europe.
Je vais le répéter : le coût que représente le soutien du développement au Moyen-Orient, l’instauration de la paix dans l’ensemble de la région est négligeable par rapport au coût engendré par l’insécurité, les agitations ainsi que par le racisme et la xénophobie qui prennent naissance au sein de l’Europe elle-même.
En Libye, nous continuons de soutenir la nécessité de l’unité nationale et le gouvernement du pays. Nous avons pris note avec une grande satisfaction des pas qui ont été entrepris l’année dernière en Egypte.
Et j’aimerais souligner cela, l’Egypte est en voie de développement à un rythme exemplaire pour nous tous. Si seulement c’était le cas pour nous aussi qui sommes en train de sortir de la crise et qui sommes jaloux de vos taux de croissance.
Au cours de l’année dernière, la question chypriote a été beaucoup abordée. La question chypriote est une question cruciale pour toute la région dont nous faisons tous partie. La question chypriote a été débattue à Crans-Montana pendant 11 à 12 jours de négociations continues et elle demeure toujours en suspens.
Nous voulons exprimer notre solidarité à la République de Chypre, transmettre nos vœux pour une île unifiée, pour une Chypre qui est un drapeau d’amitié avec le monde arabe et pour que le régime desdites garanties et de sécurité - la grande question épineuse - en vertu duquel la partie nord de Chypre demeure occupée, soit supprimé.
La question du conflit entre la Palestine et Israël demeure irrésolue. Notre agenda n’inclut pas des discussions sur des conflits car il y a des dizaines de forums de ce genre traitant de ces questions. Nous voulons un agenda positif. Mais une partie de notre agenda positif est la création, la mise en place, la reconnaissance et le renforcement de l’Etat palestinien.
Je pense que la nation palestinienne dispose d’une grande tradition, d’une grande civilisation, elle a l’un des peuples les plus entraînés dans la région ayant présentant beaucoup d’avantages et de vertus et la création et la reconnaissance de l’Etat palestinien sera non seulement dans l’intérêt du peuple palestinien mais aussi de nous tous.
Et je dis cela aussi à mes amis en Israël, qui doivent eux aussi comprendre que le monde change et il change à un rythme rapide. C’est dans leur intérêt d’accepter et de reconnaitre la solution à deux Etats. Car cela permettra à eux aussi de vivre dans les siècles à venir en paix, en tranquillité, tout en jouissant de l’acceptation de la part des peuples arabes.
Des peuples ayant une grande civilisation et le règlement de la question palestinienne, l’acceptation des deux Etats, nous protège contre les dangers du fondamentalisme islamique qui ont fait leur apparition dans les Balkans aussi et l’adhésion de la « Macédoine du nord » et de l’Albanie à l’Union européenne et une solution substantielle apportée à la question palestinienne, est la clé pour lutter contre le fondamentalisme islamique.
Si l’autre partie aussi ne comprend pas cette nécessité de reconnaitre les deux Etats au Moyen-Orient, les évolutions ne seront pas positives pour nous tous. Ce que la partie plus puissante au Moyen-Orient, c’est-à-dire Israël, ne fait pas et n’a pas fait - du point de vue de la méthodologie suivie, je ne fais pas de comparaison entre les deux problèmes – est ce que nous avons réussi à faire à Prespès.
A Prespès nous sommes parvenus à un compromis. Nous avons montré que personne ne peut vaincre l’autre, personne ne peut mettre l’autre à l’écart et nous ne pouvons pas vivre dans un contexte marqué par le revanchisme et l’irrédentisme. Nous avons besoin d’accepter la réalité et trouver les règles qui régiront notre coexistence. Ce qu’a montré et montre l’accord de Prespès et qui, j’espère, sera concrétisé et deviendra un bon exemple pour tous les problèmes de la région est que dans ce cas il n’est pas question d’un différend entre les « Macédoniens du nord » et les Grecs mais – et cela est valable pour tous les conflits – entre les forces qui veulent une solution et les forces de l’inertie que le non règlement des questions arrange bien et qui pensent qu’elles peuvent en tirer des avantages.
Dans notre région le plus grand problème demeure la question syrienne, après les autres problèmes que j’ai mentionnés. J’étais de l’avis, il y a un grand nombre d’années, avis que j’ai aussi soutenu lorsque je suis devenu ministre des Affaires étrangères de la Grèce – c’est la quatrième année de mon mandat – qu’aucune guerre civile ou « pseudo » guerre civile », on verra de quoi il s’agit, ne finit lorsqu’il y a des ressources venant de l’extérieur.
L’histoire des guerres civiles a montré que les guerres civiles terminent lorsque les populations se fatiguent, lorsque l’argent et les ressources matérielles s’épuisent. Toutefois en Syrie, ce flux de ressources ne fini jamais car il y a des combattants, des forces militaires, de l’argent, des armes qui viennent de l’extérieur et ce flux est continu et de temps en temps, il y en a d’autres.
Cela rend difficile le règlement de la question syrienne et, par extension, le règlement de certains aspects de la question migratoire et des réfugiés. Nous pensons que nous devons tous ensemble empêcher ces guerres qui tentent à devenir des guerres de tiers par procuration dans la région, assurer le retour des réfugiés, retenir les nouveaux réfugiés dans le pays et protéger les biens de ceux qui sont partis, leurs droits et empêcher que la guerre subisse de nouvelles transmutations.
C’est une guerre qui a commencé par un conflit intérieur et, dans un second temps, ont fait leur apparition les organisations terroristes, Daesh et autres, et actuellement cette guerre est devenue un conflit géopolitique entre l’Occident et d’autres forces et nouvelles alliances.
Cette guerre doit finir car sinon elle continuera d’alimenter le nationalisme, le racisme dans notre région et en Europe, les flux de migrants et de réfugiés.
Et il doit aussi y avoir, et je suis content d’avoir pu convaincre après quelques années l’Union européenne, un soutien logistique, moral et financier apporté à la Jordanie et au Liban.
Je dois exprimer et nous devons exprimer notre grand respect à l’égard de la Jordanie et du Liban qui ont reçu des milliers de réfugiés et les ont accueillis sans avoir les ressources dont dispose l’Occident. Un Occident qui ne se montre pas à la hauteur de la situation.
En outre, on doit soutenir et saluer le travail accompli par l’ONU pour les réfugiés et son soutien accordé en vue de mettre en place 5 zones économiques industrielles en Jordanie où les réfugiés pourront trouver du travail.
Contrairement à ces forces à l’égard desquelles j’exprime mon plein respect, telles que le Liban et la Jordanie, l’ONU et ses organisations, l’Union européenne, et je l’avoue en toute tristesse, a fait preuve de faiblesse. Elle n’a pas compris dans quelle direction allait le Moyen-Orient. Elle n’a pas compris qu’en Syrie commençait une œuvre catastrophique.
Elle n’a pas compris que le pire ennemi des droits de l’Homme est la guerre. Que, comme j’ai toujours coutume de dire ici à Rhodes, afin de défendre tous ces droits de l’homme dont parle l’Occident, nous devons avant tout défendre le droit le plus fondamental, le droit à la vie humaine. Car sans la vie humaine, il n’y a pas de droits de l’homme. Lorsqu’en Syrie il y a 500 000 victimes, lorsque 12 à 14 millions de réfugiés ont perdu leurs foyers, comment peut-on parler dans l’abstrait de droits, lorsqu’on ne peut pas sauvegarder leur existence ? Cela est valable aussi pour les régions où vit le peuple palestinien. On doit assurer la survie de tous ces peuples dans notre région.
Les Etats-Unis envisagent maintenant de se redresser dans la région mais avec des difficultés suscitées par les inquiétudes quant à la question de savoir dans quelle mesure on peut être sûr qu’ils sont un facteur tiers neutre. Et à ces facteurs viennent s’ajouter aussi l’Iran et la Turquie et l’alliance entre l’Iran, la Turquie et la Russie.
Il y a de nombreuses puissances dans la région. Les destructions sont nombreuses. Mais notre forum, l’Esprit de Rhodes, avec une aussi grande participation, pourrait envisager l’éventualité d’intervenir en tant que médiateur.
J’ai peut-être des idées de grandeur, mais c’est peut-être nous ici qui sommes les personnes le mieux placées pour intervenir en vue de régler les questions de la région.
Nous aimons cette région. Nous aimons ces habitants. Nous sommes le lien entre le monde arabe et l’Occident, l’Europe du Sud-est. Nous sommes ceux qui ressentent et comprennent ce qui se passe dans notre région car nous vivons dans celle-ci.
Il faut donc, si cela est possible et où cela est possible, intervenir en tant que médiateurs et mettre de nouveau en place nos réseaux qui existaient il y a des siècles entiers.
En outre, nous soutenons toujours les droits des communautés culturelles et religieuses dans la région. Force est de souligner la chose suivante : souvent l’Occident lève le doigt au monde arabe au sujet de la diversité culturelle et religieuse. Mais nous qui connaissons l’histoire, nous savons que dans ces régions telles que l’Irak, la Syrie, la Babylone et la Mésopotamie, différentes religions et civilisations coexistaient depuis des milliers d’années. Par conséquent, c’était une région du monde où ces religions coexistaient en paix.
Idolâtres dans le passé, partisans de Zoroastre. Par la suite il y avait les communautés juives. Les communautés chrétiennes, musulmanes, lesquelles ont défendu le caractère multiculturel et vivaient ensemble en paix. Et elles vivaient ensemble pendant 3 000 ans. Et les communautés chrétiennes existent depuis 2 000 ans dans la région.
Ces sociétés multiculturelles et multireligieuses sont celles qui sont ravagées aujourd’hui et nous déployons des efforts, en tant que Grèce en vue de défendre notre patrimoine multiculturel, multireligieux dans le Moyen-Orient ainsi que le rôle des Eglises à Jérusalem et leurs droits.
Et cet effort que nous avons entrepris tous seuls lors de notre dernière rencontre à laquelle ont participé plus de 400 personnalités du milieu religieux, plus de 150 chefs religieux de la région – et nous sommes très fiers de cela, des chefs religieux – a été organisé en coopération avec les Emirats arabes unis et l’Autriche et je tiens de nouveau à souligner qu’en 2019 on organisera la prochaine rencontre entre ces centaines de chefs de différentes églises de la région et vous êtes tous les bienvenus, tout Etat qui veut participer et prendre avec nous la charge de cette grande et peut être la plus importante conférence qui existe aujourd’hui. Et, comme vous le savez, nous avons aussi mis en place un institut spécial pour la protection de ces populations.
Une dernière réflexion : Que faut-il faire avec ce forum ? Il est vraiment réjouissant de nous rencontrer, de revoir nos anciens et chers amis. Rhodes est une belle île, vous êtes toujours les bienvenus avec vos familles, vos enfants. Je suis content aussi que 10 femmes des chefs des délégations soient venues ici. La municipalité a mis à notre disposition un petit bateau afin qu’elles puissent visiter les sites archéologiques et aller déjeuner dans les petits villages au bord de la mer.
Toutefois nous voulons insuffler à cette enceinte un nouvel élan, chose que nous avons dite depuis l’année dernière. Nous voulons qu’elle devienne une plateforme plus active qui se réunira plus souvent en se penchant sur des questions spécifiques liées à la sécurité et à la stabilité de la Méditerranée orientale. Non pas du Moyen-Orient, mais de la Méditerranée orientale en fonction du Moyen-Orient, des pays du Golfe, de l’Europe du Sud-est.
Nous en discuterons tout au long de l’année et l’année prochaine, au même moment, nous déciderons des caractéristiques que revêtira cette structure.
J’ai noté 9 caractéristiques que je déclinerai en concluant mon discours : l’une de ces caractéristiques est que cette structure que nous voulons est une structure de force douce qui met en avant non pas les différends, non pas les conflits mais un agenda positif. Une structure qui donne priorité à la diplomatie et au dialogue.
Deuxième caractéristique : c’est une structure de coopération pour la sécurité dans notre région. Et par sécurité j’entends toutes les formes de cette dernière, de la sécurité environnementale jusqu’à la sécurité de la vie des gens.
Troisième caractéristique : nous voulons une structure, un forum de dialogue, de diplomatie qui examinera les crises de manière courageuse et elle y interviendra à travers la diplomatie et une structure qui nous permettra, grâce aux connaissances que nous disposons et au grand intérêt que nous manifestons à l’égard de la région, de prévenir les crises et de faciliter leur gestion.
Quatrième caractéristique : promouvoir ensemble, de manière collective et par groupes le triptyque : médiation, arbitrage en matière de différends et contribution à la négociation.
Notre cinquième principe est que nous devons revendiquer nos droits de propriété (ownership) à l’égard des questions qui émergent dans notre région. Il n’est pas possible que d’autres discutent de notre région, que tous les autres prennent des décisions pour notre région et que nous payions tout simplement le prix, car comme je dis souvent, il y a ceux qui commencent les bombardements en Syrie et en Libye et les autres qui accueillent les réfugiés et mènent une vie quotidienne difficile au Moyen-Orient.
Nous sommes des acteurs locaux et régionaux. Nous avons les connaissances et les moyens. Nous devons tout simplement croire que nous pouvons en tant que groupe d’Etats ou en tant qu’Etats séparément assumer des initiatives. Nous pouvons nous adresser aux puissants de ce monde et leur expliquer notre manière de voir l’instauration de la paix et de la sécurité, les droits de l’homme et la vie humaine dans la région.
Sixième caractéristique. Nous sommes un espace de dialogue et de diplomatie qui est axé sur nos traditions, notre civilisation, nos relations dans la région. Les pays par exemple de l’Europe du Sud-est, comme la Grèce, ont toujours eu des relations d’amitié avec le monde arabe. Il n’y a jamais eu de conflit entre nous. Nous avons toujours aimé et veillé sur le monde arabe et ce dernier a toujours fait preuve d’attachement et de compréhension à l’égard de nous et cela est valable pour toute l’Europe du Sud-est. Nous avons une civilisation qui date depuis des milliers d’années. Nos peuples habitent dans cette région, indépendamment de leur religion, depuis 5 000, 6 000 et 8 000 ans. Nous avons une autre perception de l’histoire. Il est vrai que parfois nous n’agissons pas avec rapidité et cela est peut-être une erreur de notre part mais quiconque va lentement, va sûrement. Nous avons mené des centaines de guerres dans la région tout au long de ces milliers d’années et nous savons que ces guerres n’ont pas apporté une solution à nos problèmes.
Septième caractéristique. Nous sommes un forum de dialogue et de diplomatie axé sur le droit international et sur les traités internationaux. Nous ne provoquons aucun pays et aucun Etat faisant partie de ce forum ne provoque des tiers. Nous voulons défendre nos droits sur la base des droits de nos peuples, des traités internationaux et du droit international.
Nous n’invoquons pas le droit international pour y dissimuler des actes et des perceptions violents. Nous sommes, en règle générale, ceux qui subissent ce type de violence. Par conséquent, nous sommes contre le révisionnisme prôné par les « impérialistes » ou par ceux qui veulent fonder des « califats », nous sommes contre l’irrédentisme et le révisionnisme.
Notre huitième principe est que, pour ce qui est plus particulièrement de la Méditerranée orientale, la sécurité maritime revêt une importance majeure. Nous sommes des peuples qui ont développé leur civilisation et leur histoire en fonction de la mer. Nous savons que 33% des échanges commerciaux mondiaux ont lieu à travers les mers de notre région.
40% de la consommation d’énergie mondiale est transité via nos mers. La protection de ces mers, la paix dans ces mers, la lutte contre la piraterie, tout cela relève de la « Sécurité maritime ».
Neuvième caractéristique, une caractéristique positive par laquelle j’ai commencé mon discours, est un agenda positif. Nous avons mis en place des réseaux de coopération. Il faut que nous imposions cet agenda positif à des tiers aussi, il faut l’approfondir et l’améliorer.
J’aimerais en concluant remercier trois catégories de personnes. Premièrement, je voudrais remercier les interprètes. Sans eux, il ne pourrait pas y avoir de communication entre nous.
Deuxièmement, je voudrais remercier, et je pense que cela est une réussite de notre forum, les observateurs de trois Etats qui ne font pas partie de notre région mais dont les gouvernements ont demandé à participer en tant qu’observateurs afin qu’ils puissent acquérir des expériences pour régler des problèmes similaires dans leurs régions.
C’est l’Indonésie, qui est un grand archipel et le plus grand Etat musulman dans le monde moderne. C’est le Vietnam, qui est pour moi l’Etat le plus jeune et le plus héroïque dans l’histoire de l’humanité qui a vaincu quatre grands envahisseurs importants, qui a pu se reconstruire, qui est monté à bord du train des nouvelles technologies, qui vit dans une région qui a de nombreux points en commun avec la Méditerranée orientale, pour ce qui est du droit international, de la ZEE et d’autres éléments de revendication.
Et il y a aussi nos amis de Colombie lesquels veulent acquérir ces expériences, car, comme vous les savez, l’Amérique centrale et la partie nord de l’Amérique du sud, sont également confrontées à des questions liées à la sécurité maritime et ainsi de suite.
J’aimerais aussi dire une dernière chose qui est la plus importante pour moi et à cet égard je voudrais remercier tout particulièrement le Secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe pour sa présence. C’est un grand honneur pour moi et pour nous tous. Vous représentez une instance très importante qui accomplit un excellent travail et chaque fois que nous suivons de près vos activités, nous apprenons des choses.
Il y a aussi le Secrétaire général adjoint de la ligue arabe que j’aimerais remercier car la Ligue arabe est l’âme des peuples arabes et c’est au sein de cette dernière que le monde arabe exprime son point de vue à l’égard du monde, à l’égard de l’Europe, à l’égard de l’Europe orientale que nous sommes nous, l’autre côté en face du monde arabe.
Je considère la présence du Secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe et du Secrétaire général adjoint de la ligue arabe comme étant un grand honneur doublé d’un acte noble. Et le fait que nous avons suscité l’intérêt de pays si lointains provenant de l’Europe du Sud-est, de la Méditerranée orientale et du Monde arabe est un grand succès.
J’espère que nous deviendrons tous plus sages, plus mûrs, avec plus de connaissances après nos discussions qui dureront deux jours, que nous débattrons de la façon dont nous percevons notre région, que nous exprimerons des idées positives et que nous nous en tiendrons pas à nos griefs – certes tout à fait justifiés – afin que nous puissions voir dans l’après-midi comment nous pourrons créer ce forum sur le long terme, non seulement à travers des formes de coopération tant générales, que spécifiques sur les technologies numériques et les satellites. J’étais venu en Arabie Saoudite et j’avais visité le Parc de la Nouvelle Technologie et j’avais été impressionné par les connaissances et le travail effectué concernant la technologie par satellite.
Sur ces propos, je vous souhaite la bienvenue. Je remercie le département du Protocole de notre ministère, je remercie nos ambassadeurs et la Commission spéciale qui coordonne les initiatives du ministère des Affaires étrangères, avec M. Petros Panagiotopoulos qui nous vient du Mexique et qui est un peu comme un Mexicain… Je remercie tous ceux qui ont contribué à la préparation de cette rencontre.
Je remercie également les autorités locales de Rhodes qui nous hébergerons ce soir, qui hébergent les épouses des chefs des délégations. J’espère que nous passerons tous du bon temps.
Je vous remercie.
June 21, 2018