«Chers collègues, Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie tous de votre participation à cette conférence de haut niveau sur la perspective européenne des Balkans occidentaux. J’aimerais également remercier la présidence croate de son précieux soutien à la conférence, mais aussi la Commission européenne et le Service européen pour l’Action extérieure.
Tout d’abord, je souhaiterais répondre à trois principales questions qui nous ont préoccupés. Pourquoi sommes-nous ici, pourquoi maintenant et pourquoi nous.
Pourquoi ici, donc.
Parce que Thessalonique est un lieu emblématique, pour ce qui est de l’intégration des Balkans occidentaux à l’Union européenne. A Thessalonique, il y a 20 ans environ, en 2003, le Conseil européen avait approuvé l’agenda historique de Thessalonique. L’Agenda de Thessalonique a valorisé le succès de la conférence de Zagreb en 2000. Il a contribué à l’établissement des relations entre les Balkans et l’Union européenne, telles qu’on les connait aujourd’hui. Son message politique clair était que l’avenir de la région en général se trouve au sein de l’Union européenne, au sein de la famille européenne. Nous sommes par ailleurs ici, car Thessalonique est un carrefour entre l’Occident et l’Orient et un point clé du point de vue géostratégique, politique, économique et culturel. Cette ville est un maillon essentiel, qui relie les Balkans occidentaux via l’Egée, la Mer Noire et l’Adriatique à trois continents, l’Europe, l’Asie et l’Afrique.
Pourquoi maintenant ?
L’Union européenne fait de plus en plus face à des défis régionaux et mondiaux dans un environnement international en constante mutation. Par ailleurs, la famille européenne perd un de ses membres. J’estime donc qu’il est plus que jamais nécessaire que l’Union européenne conserve le dynamisme de sa politique d’élargissement. Dans le même temps, les Balkans occidentaux devront accélérer les réformes nécessaires. Dire que l’on a tout fait n’aide pas. Dans cette conjoncture cruciale pour l’Europe, il est très important de maintenir la fiabilité et la vitalité de la vision de l’Union européenne. Par ailleurs, il faudra entendre les voix de nos partenaires des Balkans occidentaux avant l’adoption de la nouvelle méthodologie sur l’élargissement, cela est essentiel. Il faudra entendre les points de vue et les préoccupations de ceux qui sont les récepteurs et émetteurs les plus appropriés et sensibles au sein de l’Union européenne.
Troisième question, pourquoi nous ?
Nous, les pays membres voisins de l’Union européenne, en tant que partie de la région élargie, réitérons encore une fois aujourd’hui que les Balkans occidentaux font partie intégrante de l’Europe. Les peuples de cette région ont un héritage et une histoire communs et ont également un avenir qui est déterminé par des intérêts et des défis communs. Nous savons que la politique de l’Union européenne sur l’élargissement est l’outil le plus puissant visant à garantir la paix, la stabilité et la prospérité dans la région élargie. Par ailleurs, en tant que partie de ce voisinage, nous avons une responsabilité accrue sur la création d’un environnement de prospérité et de démocratie dans la région. Toute faiblesse du processus d’élargissement aura des conséquences directes, notamment pour nous. De ce fait, il est important d’être unis aujourd’hui aussi et d’envoyer un message unanime et clair de la part de la région tout entière.
Chers collègues,
L’élargissement est un outil politique important qui a permis de surmonter les divisions d’après-guerre sur le continent européen. C’est l’une des politiques réussies de l’Union européenne. Il contribue au rôle de l’Union en tant qu’acteur régional et mondial important. Conformément à la stratégie mondiale de l’Union européenne de 2016, il constitue un investissement stratégique dans la sécurité et la prospérité de l’Europe. De ce fait, l’élargissement devra continuer d’être une priorité pour l’Union européenne.
La perspective stable et fondée sur le mérite de la participation pleine de l’Union européenne pour les pays des Balkans est dans l’intérêt politique et économique de l’Union, mais aussi dans l’intérêt de la sécurité. À des époques marquées par des défis mondiaux et des divisions, il constitue un investissement géostratégique pour une Europe stable, forte et unie. Une perspective d’adhésion fiable constitue la principale motivation et la principale force motrice de la transformation dans la région. C’est un outil pour la promotion de la démocratie, de l’Etat de droit et du respect des droits fondamentaux.
Toutefois, la participation à l’Union européenne est un choix. Un consensus non seulement politique mais aussi social est nécessaire. Pour le dire simplement, il est nécessaire de rallier les cœurs et les esprits des peuples. Il ne devrait pas y avoir d’ambigüités de la part des Balkans occidentaux et de leurs dirigeants quant au fait de savoir où appartient la région et dans quelle direction elle va. Il faudra par conséquent qu’ils s’acquittent de leurs obligations avec davantage de crédibilité dans le sens des réformes requises.
Il est vrai aussi que l’Union européenne devra respecter ses engagements et rendre hommage à ceux qui le méritent. On ne peut pas ne pas récompenser le progrès objectif et le passage à la prochaine étape de l’intégration européenne. Tant l’Europe, que les Balkans occidentaux doivent désormais tourner leur regard vers l’avenir et examiner des questions comme l’Etat de droit, les droits fondamentaux, le renforcement des institutions démocratiques et la promotion de la croissance économique et sociale et de la compétitivité.
Bien entendu, tout cela doit être accompagné des piliers institués de l’élargissement, comme les relations de bon voisinage, conformément au droit international et à la coopération internationale. Cet effort devra constituer la pierre angulaire d’un agenda à long terme et aspirer à la pleine intégration des Balkans occidentaux dans le marché européen unique, à la création d’emplois et d’opportunités entrepreneuriales, à l’amélioration du climat d’affaires et d’investissements, à la promotion de l’Etat de droit et éviter la fuite des cerveaux de la région.
Dans cet esprit, je vous invite à transmettre aujourd’hui un message d’unité et d’unanimité. Notre objectif commun est une Europe pacifique, forte, stable, prospère et unie au moyen de l’intégration pleine et entière des Balkans occidentaux dans l’Union européenne. L’avenir des Balkans occidentaux ne peut que se trouver au sein de l’Union européenne.
J’aimerais maintenant passer la parole à mon collègue croate et président du Conseil, le ministre des Affaires étrangères, M. Radman et par la suite aux représentants de la Commission européenne et du Service européen pour l’action extérieure pour leurs allocutions d’ouverture.
Je vous remercie. »
February 24, 2020