Discours du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, à l'occasion de l'inauguration de l'exposition « Cadeaux diplomatiques, la politique étrangère grecque au XXIe siècle à travers des objets de symbolisme politique », au palais Zappeion (01.02.2023)

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Vos Excellences, Ambassadeurs, membres du Corps Diplomatique,

Mesdames et Messieurs,

Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue à l'exposition « Cadeaux diplomatiques, la politique étrangère au XXIe siècle à travers les objets de symbolisme politique ».

Il s'agit d'une première tentative de faire revivre des moments de diplomatie des 20 dernières années et plus.  L’exposition est constituée d’objets qui se trouvaient dans les entrepôts du ministère des Affaires étrangères ou qui ont été offerts par les ministres des Affaires étrangères et je tiens à les en remercier chaleureusement.  Les ministres des Affaires étrangères du XXIe siècle.

Mesdames et Messieurs, à l'heure actuelle de l'évolution, de la technologie, des médias sociaux et de la multiplication des événements sur la scène internationale, le temps diplomatique est fortement réduit. Les événements, les réunions, les consultations et même les négociations se succèdent à un rythme effréné.  Il est difficile de les capturer.  Un événement est presque immédiatement devancé par le suivant.

Mais il y a aussi des moments qui restent. Tant qu'ils sont enregistrés et exposés.

Les cadeaux diplomatiques, avec leur valeur symbolique, nous rappellent donc ces moments précis. En effet, à un moment où notre pays était appelé à faire face à de sérieux défis. Des relations difficiles avec la Turquie, mais aussi des tentatives de dialogue, la crise économique, la pandémie, les tentatives de protéger le pays sur le plan diplomatique en nouant des alliances. Des efforts pour résoudre des problèmes demeurés en suspens de longue date, mais aussi des événements qui traumatisent la coexistence pacifique des États, comme l'invasion russe en Ukraine. L'exposition suit et capte ces images.

Des photos et quelques cadeaux offerts par des hauts fonctionnaires turcs soulignent les efforts déployés au fil des ans en faveur du dialogue entre les pays, mais aussi l'attachement de longue date, si je puis dire, de la Grèce à ce dialogue.

De même, les objects présentés aujourd'hui montrent le développement de relations stratégiques et d'alliances avec les pays de notre région, et du monde arabe. L’ approfondissement des relations avec l'Égypte, mais aussi avec l'Inde.

L’exposition illustre également la présence constante de la Grèce dans les organisations internationales, avec des présidences particulièrement réussies de l'UE en 2003 et 2014, mais aussi de nombreuses autres actions, ainsi que la présidence de l'OSCE en 2009.

Je voudrais signaler nos ouvertures au-delà de l'horizon connu. Surtout en Afrique et en Asie. L'objet symbolique en provenance du Gabon, qui témoigne des relations récemment établies avec un pays qui ne figurait pas sur la carte diplomatique de la Grèce. Un pays africain francophone, mais membre du Conseil de sécurité et un modèle environnemental.

Et permettez-moi de mentionner un autre cadeau provenant d'un autre pays africain, le Ghana. Regardez le dessin du bâtiment du ministère des Affaires étrangères, en haut sur votre côté droite, à ma gauche depuis ma position, qui a été réalisé par les enfants de l'école Saint-Nicolas au Ghana.

Mais je veux aussi mentionner l'horreur de la guerre en Ukraine. Notre pays a pris une position claire à l’égard de cette guerre. L'objet provenant de ma dernière visite à Kiev a quelque chose d'inédit, je pense. Il s'agit d'une partie d'un drone iranien qui a frappé la ville au moment où j'y étais et, mon homologue ukrainien, Dmytro Kuleba, me l’a offert, en souvenir du temps passé ensemble dans le bunker. Cet objet montre l'absurdité de la guerre, mais il nous rappelle aussi notre attitude à l'égard des questions de principe et de l'ordre public international.

Certains de ces objets rappelleront également les liens inextricables entre la Grèce et la République de Chypre. Et je voudrais réaffirmer que pour la Grèce, « Chypre n'est pas loin ». Chypre n'a jamais été loin sous des gouvernements démocratiques. Et je voudrais corriger une injustice. Car cette phrase, « Chypre est loin », n'a jamais été prononcée par Konstantinos Karamanlis, comme les nostalgiques de la junte ont cherché à la lui attribuer.
Mesdames et Messieurs,

Il est évident que la politique étrangère d'un pays est exercée en fonction de ses intérêts nationaux. Mais l'intérêt national au sens large comprend également les valeurs qu'un État défend. Il exprime ses besoins et ses ambitions. Il exprime les perceptions et les croyances de la société et de ses dirigeants politiques.

La politique étrangère grecque a sauvegardé un acquis très important de la période de transition de la dictature à la démocratie. Les décisions historiques sur l'orientation occidentale et européenne du pays, prises après 1974. Elles sont valables pendant un demi-siècle, indépendamment de l’alternance de partis d’origines idéologiques différentes au pouvoir.

Le maintien de ces paramètres réalistes, permettez-moi de le dire, est fondamental, à mon avis, pour notre politique étrangère, mais ce n'est pas suffisant. Il faut s'adapter à des circonstances toujours changeantes, il faut avoir de l'unanimité nationale.

Je commencerai donc par la nécessité de maintenir l’acquis important de l’entente nationale. L’accord national est un facteur indispensable à notre survie nationale.

La mobilisation de la société grecque en fonction de ces paramètres est un facteur indispensable à notre survie nationale, car nous n'avons pas le luxe des autres pays européens. Nous sommes confrontés à un problème de sécurité nationale, venant d'un de nos alliés de l'OTAN. Nous ne pouvons donc pas nous permettre le luxe de la division.

Et nous ne devons pas oublier que l'année dernière a marqué cent ans depuis la catastrophe d'Asie Mineure. Un monument éternel qui montre où mène la division, où mène l'incapacité de s'entendre sur la base du réalisme.

Et aussi, un paramètre nécessaire est de ne pas accepter la tentative de monopoliser le patriotisme. En tant que société, nous devrions ignorer tous les cris de patriotisme feint, tous les éclats d'insolence des nationalistes populistes. Souvenez-vous de l' « Aube dorée », des néo-nazis qui spéculaient sur le nationalisme en invoquant les symboles nationaux à côté de croix ancrées.

Permettez-moi donc de déclarer, au nom du gouvernement Mitsotakis, que je suis fier du renforcement significatif de l'acquis du consensus national au cours des trois dernières années et demie. Et j'en remercie les représentants des partis d'opposition et les anciens ministres des Affaires étrangères.

Bien sûr, le gouvernement a toujours l'obligation d'informer et de consulter les autres partis sur les questions de politique étrangère. Et c'est aussi l'obligation des partis d'opposition de discuter et de conseiller le gouvernement en place sur les questions nationales.

Il y a différentes approches, il y a toujours des désaccords. Toutefois, cela ne permet pas de rompre le front uni sur les grandes lignes, les lignes fondamentales de la politique étrangère d’un pays comme la Grèce.


Et je le répète, personne n'a le droit de se considérer comme plus patriote que les autres.

Mesdames et Messieurs,

Les développements internationaux de ces trois dernières années ont montré que de nombreuses vérités acceptées dans le passé ont cessé d'être vraies. L'environnement international est en constante évolution. La nécessité de s'adapter aux nouvelles conditions est donc impérative. La nécessité de se repositionner face à de nouveaux défis est également impérative.

Quelles sont les conditions évidentes ?  Regarder avec réalisme la fin de l'ère des dogmes, des stéréotypes, des anciennes années de la Guerre froide et des deux camps, et renoncer à toute paresse intellectuelle. Nous devons nous détacher de la perception de l'espace et du temps créée par la mondialisation, à travers une idéologie, inventée, de la fin de l'histoire.

Surmonter le syndrome d'une Grèce phobique, enfermée, retranchée dans les frontières méridionales de la péninsule des Balkans.

S'adapter aux défis de l'époque, mettre en œuvre une stratégie qui respire la confiance et la certitude, avec des actions ciblées, et non des formulations banales.  Et cela ne signifie pas que nous devons nous réorienter mais que nous devons tout simplement nous y adapter.  En participant à une Europe unie, à la zone euro, à l'OTAN.

Avec un engagement inébranlable en faveur de l'application du droit international et du droit international de la mer. Mais en même temps, avec une participation active à la planification des initiatives régionales pour la paix et la stabilité, avec un rôle géopolitique renforcé en Méditerranée orientale, avec une projection de puissance douce dans les Balkans occidentaux et au-delà, avec une participation active aux organisations internationales et aux forums internationaux.

En développant les relations avec des pays de tous les continents. Mais avec des pays qui partagent les mêmes perceptions, les mêmes valeurs, les mêmes principes. En élargissant le champ de ce que nous entendons par diplomatie. Diplomatie économique, diplomatie religieuse, diplomatie culturelle, diplomatie sportive, diplomatie environnementale.

Cette dernière nous offre d'énormes possibilités, comme l'organisation, en coordination avec les États-Unis, de l’événement « Our Ocean Conference » en 2024, la plus grande réunion internationale sur l'environnement que la Grèce accueillera jamais.

Nous devons créer les conditions qui nous rendent plus forts diplomatiquement, militairement, économiquement, culturellement et créer les conditions qui rendent notre pays amical et accueillant, non seulement aux touristes, mais aussi aux jeunes et aux nouvelles idées. Tolérant mais aussi ouvert, très ouvert à l'innovation. Tourné vers l'avenir, moderne et toujours contemporain.

Nous devons donc construire des bases solides pour son amélioration constante. Pour faire de notre pays ce que nous pensons qu'il est, un pays européen fier, avec un héritage glorieux, avec un passé glorieux, mais surtout avec un avenir glorieux. Laissez-moi dire : une Grèce brillante.

Mesdames et Messieurs,

L’exposition d'aujourd'hui présente, d'une manière peut-être pas tout à fait évidente, certaines de ces caractéristiques que j'ai mentionnées. C'est pourquoi, comme l'ambassadrice Mme Balta l'a dit tout à l'heure, nous avons pensé que l'exposition devait être permanente et transférée dans la zone d'accueil du bâtiment de la rue Akadimias du ministère des Affaires étrangères, qu'elle devait être constamment enrichie d'objets relatifs à l'avenir et peut-être de certains que nous découvrons du passé, pour la présenter à nos hôtes étrangers et au public qui voudrait la visiter.

Je voudrais encore une fois vous remercier pour votre présence ici aujourd'hui. Je vous en remercie.

February 1, 2023