Discours du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, lors de la présentation du plan stratégique 2022-2025 et des projets de réforme numérique du ministère des Affaires étrangères (07.07.2022)

Discours du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, lors de la présentation du plan stratégique 2022-2025 et des projets de réforme numérique du ministère des Affaires étrangères (07.07.2022)Je veux être honnête avec vous. Je pense qu'aujourd'hui est un jour de joie particulière pour le ministère et pour moi personnellement, ainsi que pour la direction politique du ministère.

Le ministre délégué, M. Varvitsiotis, les Secrétairie d’Etat, M. Katsaniotis, M. Fragogiannis, le Secrétaire général, M. Demiris, M. Chrysoulakis, nous tous.

Car la planification stratégique n'est pas seulement une innovation de la gestion bureaucratique de l'information. C'est bien plus que cela.

C'est une façon de penser et de travailler collectivement. Et je voudrais féliciter M. Liberopoulos et l'équipe extrêmement compétente qui a travaillé avec lui, mais aussi tous les fonctionnaires du ministère qui y ont contribué.

Parce que c'est le produit d'un travail collectif. De bas en haut, et non de haut en bas. Bien sûr, ce qui pour nous est une innovation qui nous réjouit et que nous célébrons, est, pour la plupart des pays progressistes, une pratique courante.

Des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni, mais aussi des pays comme la Suède, l'Irlande, Chypre ont déjà intégré un tel mode de fonctionnement.

Néanmoins, en Grèce, nous sommes le premier ministère à le faire. Je crois, et je pense avec l'accord de vous tous, que la planification stratégique est un outil absolument essentiel pour la diplomatie moderne et l'environnement moderne. Pour la diplomatie de ce siècle difficile qu’est le 21e siècle.

Elle introduit trois changements clés dans le mode de fonctionnement de notre ministère. Premièrement, à travers les cinq axes stratégiques, les 39 objectifs stratégiques et les milliers d'actions, les trois piliers de notre diplomatie sont unifiés et interagissent.
A savoir, la diplomatie politique, la diplomatie économique, c'est-à-dire la promotion des exportations, les initiatives visant à attirer des investissements et, bien sûr, la diplomatie publique. La diplomatie publique, qui, dans le cas de notre pays, comporte des éléments uniques au monde, car elle inclut la civilisation et la culture, la diplomatie religieuse et la Diaspora grecque. L'interaction est donc absolument essentielle.

Deuxièmement, en fixant des objectifs à long terme, nous réalisons ce qui, à notre sens, nous manquait. Assurer une continuité institutionnelle dans les efforts de chacun d'entre nous, vous et moi. Chaque chef, qu'il s'agisse d'un chef politique ou d'un chef de service, doit savoir très bien quels objectifs doivent être servis dans le poste qu'il occupe.

En pratique, cela signifie simplement que, lorsqu'il prend ses fonctions, un dossier doit accompagner sa prise de fonction.

Et je dois dire qu'il devrait être évalué, soit sur le plan du service, soit, si vous voulez, sur le plan politique, sur la base du taux de réalisation de ces objectifs.

Et il devrait y avoir une autre possibilité, précisément parce que l'environnement dans lequel nous opérons n'est pas un laboratoire scientifique fixe, mais une réalité en constante évolution, à savoir pouvoir prévoir des ajustements correctifs – et cela a été prévu.

Ce que nous avions prévu, pour donner un exemple sur les relations gréco-russes, est-il capable de résister après l'invasion de l'Ukraine sans procéder à des ajustements ?

Le troisième élément, tout aussi important, est l'utilisation des ressources, qu'il s'agisse de ressources humaines ou de ressources financières. Elles doivent servir les actions et les objectifs.

Il n'est pas possible dans une ambassade d'avoir cent actions avec un personnel minimum et dans une autre ambassade d'avoir dix actions avec un personnel excédentaire.

Et cela concerne également les ressources financières limitées du ministère, mais j'y reviendrai plus tard.

Et, bien sûr, lorsque nous parlons de l'allocation et de la distribution appropriées des ressources, nous devons également sortir de notre mentalité euro-centrique.

Quoi qu’il en soit, avec votre aide, nous avons ouvert nos horizons, dans le Golfe, en Afrique, en Inde et au-delà, dans l'Indopacifique, partout où nous mènent les intérêts stratégiques de notre pays.

C'est donc dans ce contexte d'allocation des ressources humaines en fonction des actions et des axes que le projet de décret présidentiel sur la composition des autorités étrangères est déjà en phase finale d'élaboration.  Il permet de rationaliser ces compositions sur la base de ce que nous voulons poursuivre et réaliser.

Je pense qu'avec l'aide de tous, avec la coopération de tous, avec le soutien de tous, le ministère entre dans le XXIe siècle avec un léger retard.

Et c'est précisément pour faciliter cette entrée dans le XXIe siècle que nous créons une série de bases de données numériques de facilitation des projets.

Quatre projets du Fonds de relance et de résilience dépassent les 60 millions d'euros. Je ne pense pas que notre ministère ait jamais eu ce genre d'aide. Ceux-ci font l'objet d'un appel d'offres dans les prochaines semaines par la Société de l'information et constituent la transformation numérique du plan stratégique et opérationnel, c'est-à-dire la représentation numérique de ce dont nous discutons aujourd'hui.

Un système intégré de gestion des processus d'entreprise est en train d'être créé, qui décrit chaque action, chaque geste, afin que les actions et les objectifs puissent également être liés numériquement aux ressources dont nous disposons.

Le second est la numérisation des Archives historiques et diplomatiques, qui ne sont pas seulement un dépôt électronique de documents.

Une conversion sous forme numérique de ce que nous avons déjà sous forme papier, ce qui, soit dit en passant, et en soi, serait extrêmement utile.

Je tiens à vous dire que lorsque je suis arrivé au ministère et que nous négociions le premier accord de défense (MDCA) à l'époque, j'ai demandé une copie de la première lettre de Kissinger de 1977. Il nous a fallu environ une semaine pour la trouver.

Mais ici, nous discutons de quelque chose qui va bien au-delà : d’archives actives qui vous donneront, à vous, au personnel, au personnel diplomatique, la possibilité de faire des recoupements, de vérifier, de trouver. En d'autres termes, nous parlons de création d'une image globale du passé. Je pense que c'est un outil essentiel pour faire votre travail.

De même, un centre mondial d'information numérique, un centre mondial des médias, une plateforme permettant de collecter toutes les informations des médias de masse dans le monde entier, ce qui changera radicalement la pratique de la diplomatie publique.

Des dizaines de conseillers et de secrétaires à la communication s'attelleront désormais au travail de fond, autrement dit à la promotion des positions du pays au lieu d’effectuer un suivi de la presse, qui est d’ailleurs très coûteux.

En d’autres termes, faire quelque chose qui pourrait être fait numériquement en temps rapide et utiliser nos excellentes ressources humaines dans un travail créatif.

Et aussi, le système de circulation électronique de la correspondance diplomatique classifiée, qui n'a pas besoin d'explication, vous le comprenez bien.

Mais il y en a deux autres points. Le premier concerne la gestion financière du ministère en numérisant le processus et en reliant le bureau central aux autorités diplomatiques.   

Je pense que tout le monde ici s'est battu ces dernières années avec les problèmes de gestion financière. On comprend en partie pourquoi la nature de ce ministère n'est pas entièrement compatible et la formation de son personnel ne porte pas particulièrement sur ce point.

C'est pourquoi nous avons dû faire face, et nous le faisons encore dans une moindre mesure, à une contradiction qui consiste à avoir les plus petites ressources du budget de l'État de tous les ministères et, d'autre part, à avoir de l'argent non absorbé, année après année, que nous rendons à défaut d’avoir pu l'absorber.

Quand je suis arrivé ici, les montants restitués étaient d'environ 32 millions par an. Vous avez réussi, nous avons réussi, si vous voulez, à force de travail, à ramener ce chiffre à 13 l'année dernière.

Et aussi, si nous absorbons ces fonds, nous avons une base solide pour demander une augmentation du budget, ce qui est absolument nécessaire. Absolument nécessaire.

Cela nous permettra également d'avoir une connaissance complète et en temps réel de ce qui se passe dans toutes les autorités à l'étranger.

Actuellement, le ministre est mis au courant de la gestion des consulats du pays au cours de l'automne.

Je ne pense pas que cela soit digne d’un pays moderne. Et, bien sûr, une autre chose qui suscite beaucoup plus d'intérêt en dehors du ministère est la numérisation des procédures consulaires.

Cela, permettez-moi de le dire, est l'accomplissement de l'obligation du pays de fournir des services aux Grecs de l'étranger.

Depuis le mois de juin, l'assistant virtuel fonctionne sur les sites web de toutes nos autorités consulaires, en grec et en anglais, mais d'ici le mois de mai prochain, la plateforme numérique de gestion des demandes sera également achevée, ce qui est beaucoup plus intéressant.   

Aussi, en termes de ressources humaines. D'ici à la fin de 2022, 170 nouveaux employés auront été embauchés. Le ministère a besoin de personnel et doit également assurer la formation continue de son important personnel actuel.

L'humanité change. Les choses changent, nous avons tous besoin d'apprendre de nouvelles choses, de nouvelles compétences. Nous devons donc modifier radicalement notre éducation initiale, mais aussi mettre en place une formation continue.

Et nous devons élargir le champ d'application, créer des descriptions de poste et, comme je l'ai dit, les lier aux objectifs fixés, afin que chacun soit jugé objectivement et non sur la base de l'opinion subjective d'un ministre qui, de par sa nature, n’est pas forcément correcte.

Bien sûr, je comprends que tout cela est peut-être en dehors de la culture traditionnelle, mais j'ai aussi le sentiment que la plupart d'entre vous n’hésitez pas à reconnaître que c'est là que nous devons aller.

Et je pense que nous pouvons le faire. Je reviens donc pour dire qu'aujourd'hui, alors que nous discutons de la planification stratégique et de ce plan, est un jour important.

M. Liberopoulos évoquera en détail comment tout cela fonctionne, juste après le Secrétaire général. Mais je pense que vous verrez tous qu’il s’agit d’une toute autre façon de penser qui nous permettra de défendre, aujourd'hui et à l'avenir, les droits de notre pays dans des moments qui deviennent de plus en plus difficiles.

Mais face aux temps plus difficiles qui s'annoncent, nous pouvons opposer notre volonté plus grande de remplir notre obligation constitutionnelle envers notre pays et le citoyen grec.

Je tiens à vous remercier du fond du cœur pour votre coopération, pour avoir créé ce qui est présenté aujourd'hui.

Je vous remercie.

July 7, 2022