Discours du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias lors des travaux du segment de haut niveau de la 43eAssemblée générale du Conseil des droits de l’homme de l’ONU (Genève, 25.02.2020)

Discours du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias lors des travaux du segment de haut niveau de la 43eAssemblée générale du Conseil des droits de l’homme de l’ONU (Genève, 25.02.2020)C’est un honneur pour moi de prendre la parole devant la 43e Assemblée du segment de haut niveau du Conseil des droits de l’homme.

Mon pays aimerait féliciter Mme Michelle Bachelet, Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme pour son mandat et son œuvre et l’assurer de notre soutien sans faille. La Grèce saisit cette occasion pour formuler certaines observations.

La protection des droits de l’homme, le développement durable et la paix durable ainsi que la sécurité sont étroitement liés. Il n’y a pas de paix si les droits de l’homme sont violés. Il n’y a pas de croissance si l’instabilité et la violence perdurent. Seules les sociétés pacifiques et sans exclusions dotées d’instances fortes fondées sur l’Etat de droit et l’accès équitable à la justice peuvent garantir une démocratie forte, la paix et la prospérité.

Cette année, nous fêtons le 75e anniversaire de l’entrée en vigueur de la Charte des Nations Unies. Il est impératif de souligner la valeur permanente des principaux piliers des Nations Unies.

Nous devons également déclarer notre engagement en faveur de l’application des règles et normes qui contribuent à l’ordre international et au multipartisme. Sans aucun doute, un important progrès a été accompli pendant toutes ces années. De nombreuses personnes se sont libérées de l’oppression, de la pauvreté et sont libres de vivre la vie qu’elles souhaitent. Toutefois, nous ne devons pas considérer les droits de l’homme comme étant acquis. Ayant tout cela à l’esprit, je pense qu’aujourd’hui nous avons l’occasion de confirmer encore une fois notre engagement fort en faveur d’un système multilatéral des droits de l’homme. C’est la plateforme qui permettra à la communauté internationale de relever de manière efficace tous les défis liés aux droits de l’homme et recherchera des synergies, tant au niveau international que régional.

Madame la Présidente,

La Grèce demeure attachée à l’universalité, l’indivisibilité et l’interdépendance de tous les droits de l’homme. Nous offrons notre plein soutien au système multilatéral des droits de l’homme dans le cadre des Nations Unies. Par conséquent, nous soutenons les procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies ainsi que le Système des organes conventionnels des Nations Unies pour les droits de l’homme. Dans cet esprit, la Grèce maintient une invitation permanente aux procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme.

Ces dernières années, de nombreuses visites officielles ont été effectuées, tandis que d’autres ont été planifiées pour un avenir proche.

Par ailleurs, en 2019, la Grèce a présenté ses rapports périodiques sur l’application de la Convention contre la torture et la Convention relative aux droits des personnes handicapées. Par ailleurs, nous participons pleinement au mécanisme d’examen périodique universel. Nous reconnaissons que cette procédure d’évaluation produit des résultats tangibles dans la pratique. L’élaboration de notre rapport national complet, en vue de notre évaluation en 2021, nous offre l’occasion d’axer notre attention sur notre cadre national sur les droits de l’homme. La Grèce bâtit sa politique étrangère pour les droits de l’homme sur la base de la philosophie de la synergie et de la coopération. Une approche basée sur le consensus par le biais du dialogue et de la coopération est plus réaliste et contribue davantage à l’atteinte de résultats tangibles.

La présence active de notre pays dans les enceintes des Nations Unies est liée de manière cohérente à notre politique nationale sur les droits de l’homme. Une politique qui est basée sur les principes de la non-discrimination, de l’égalité et de la différence. Au sein des divers fora, comme le Conseil des droits de l’homme, la Grèce oriente son travail sur des initiatives interrégionales. Dans ce cadre, nous œuvrons de concert, en tant que membre essentiel des groupes pour l’application des résolutions pertinentes, avec plus de 40 pays différents de tous les continents.

Ces initiatives ont pour objectif de faire face à des questions concernant des droits individuels importants mais aussi politiques, économiques, sociaux et culturels, comme :

-    Le droit à l’emploi.

-    Les droits culturels.

-    La protection du patrimoine culturel.

-    Les jeunes et les droits de l’homme.

-    La sécurité des journalistes et la promotion du pluralisme religieux et culturel et de la coexistence pacifique.

Par ailleurs, la Grèce présentera lors de la présente séance du Conseil des droits de l’homme la Résolution biannuelle sur la « Promotion des droits de l’homme à travers le sport et les idéaux olympiques », une initiative que dirige la Grèce depuis 2013.

A ce stade, permettez-moi de mentionner un défi mondial qui menace notre planète, nos vies et « nos » droits de l’homme : le changement climatique. Le changement climatique affecte les droits de l’homme, y compris les droits culturels et bien entendu le patrimoine culturel mondial. Le gouvernement grec se dit préoccupé de l’impact éventuel du changement climatique sur le patrimoine culturel et naturel. C’est pourquoi, nous avons assumé l’initiative de convoquer, en juin 2019, une conférence international intitulée « Les conséquences du changement climatique sur le patrimoine culturel : faire face au défi ». Notre objectif est de sensibiliser et d’encourager l’action mondiale concernant cette question.

Au cours de l’année 2020, la Grèce accueillera une rencontre de haut niveau sur cette même question, avec la participation de chefs d’Etats et de gouvernements. Au niveau national, la Grèce demeure fermement attachée à la pleine protection et promotion des droits de l’homme de chaque individu.

La Grèce a adopté récemment (en mars 2019) une loi sur la « Promotion de l’égalité de fait des sexes, la prévention et la lutte contre la violence sexiste ». Ladite loi a pour objet d’introduire la dimension de l’égalité dans tous les domaines de la vie publique et privée. Par ailleurs, la Grèce élabore actuellement un plan d’action national pour les femmes, la paix et la sécurité sur la base de la

Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies.

J’aimerais également ajouter que la promotion et la protection des droits des personnes handicapées sera toujours une priorité absolue de notre politique nationale. Nous sommes également en passe d’élaborer deux autres plans d’action nationaux sur les droits de l’enfant et la lutte contre le racisme et l’intolérance.

Permettez-moi de me référer à l’un des principaux défis auquel fait aujourd’hui face notre pays, à savoir l’immigration et le déplacement forcé. Mon pays est situé aux frontières extérieures de l’Union européenne et de ce fait il est en première ligne de la crise migratoire et des réfugiés depuis de nombreuses années. La Grèce continue de faire face aux plus grands flux de migrants et de réfugiés depuis l’époque de la Deuxième guerre mondiale. Nous comptons parmi les quatre Etats membres de l’UE  à avoir reçu le plus grand nombre de demandes d’asile. Nous avons l’un des plus grands pourcentages de demande d’asile par habitant. En dépit du poids disproportionné, nous avons réussi à sauver des milliers de vies en mer.

La protection des droits de l’homme, tant des réfugiés que des migrants, constitue une question d’importance majeure pour mon gouvernement. Plus précisément, une attention particulière est accordée aux groupes sensibles, comme les femmes enceintes, les mineurs non accompagnés et les personnes handicapées. La capacité actuelle d’accueil est malheureusement dépassée. En tenant toujours compte de l’amélioration de la situation des migrants et de la protection de leurs droits, mon gouvernement a procédé à la mise en œuvre de toute une série de décisions qui concernent, entre autres :

- La réinstallation d’un certain nombre de migrants des îles vers le continent.

- L’adoption de la nouvelle loi concernant la protection internationale des demandeurs d’asile.

- La création d’un cadre règlementaire pour la tutelle des mineurs non accompagnés et le plan d’action national récemment communiqué intitulé « Aucun enfant seul ». Cette initiative a été mise en œuvre par le Premier ministre lui-même, Kyriakos Mitsotakis.

J’aimerais toutefois souligner que les pays d’entrée ne peuvent et ne doivent pas porter seuls le poids de la crise migratoire. Il va de soi qu’un défi international de cette taille ne peut qu’être relevé au moyen d’une action collective, sur la base d’une répartition équitable des responsabilités.

En conclusion, j’aimerais souligner notre conviction que le Conseil des droits de l’homme a la force de relever efficacement les défis mondiaux. De prouver l’orientation, de fournir des lignes directrices et une assistance et de prendre d’importantes décisions pour la promotion et la protection des droits de l’homme pour tous les hommes, rendant le monde plus viable.

La Grèce continuera à soutenir de manière décisive ces objectifs.

Nous le ferons, en coopérant activement avec des ONG étatiques et avec tous les organes connexes. Notre objectif commun et d’augmenter l’impact positif de nos actions dans la pratique. Nous devons prouver que la promesse de ne « laisser personne pour compte » ne sera pas une promesse de plus non tenue. C’est notre devoir collectif quotidien.

Je vous remercie.

February 25, 2020