Discours du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, lors d’un événement de la Commission de la Défense nationale et des Affaires étrangères du Parlement (Thessalonique, 15.02.2023)

Discours du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, lors d’un événement de la Commission de la Défense nationale et des Affaires étrangères du Parlement (Thessalonique, 15.02.2023)Discours du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, lors d’un événement de la Commission de la Défense nationale et des Affaires étrangères du Parlement, sur le sujet : « La Grèce comme facteur de puissance et de stabilité dans le sud-est de la Méditerranée. Thessalonique sous les feux des projecteurs ». (Thessalonique, 15.02.2023)


Mon cher Président, je vous remercie de l'invitation, mais surtout, de votre coopération au cours de ces 3 années et demie difficiles. Je voudrais également remercier tous les membres de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense du Parlement hellénique pour leur contribution à un événement d'une importance capitale. Au renforcement de l'acquis de l'entente nationale, aux lignes fondamentales de la politique étrangère de notre pays. Parce que, Mesdames et Messieurs, le parcours historique de l'hellénisme, est marqué par les plaies profondes de la division nationale, et je pense qu'ici à Thessalonique, en Macédoine, vous connaissez peut-être mieux que nulle part ailleurs les ravages que notre patrie a subis au cours des 200 ans d'existence de l'État grec moderne à cause de la division nationale.

C'est, donc, une priorité essentielle du gouvernement Mitsotakis de ne pas remettre en cause ce consensus national sur les lignes fondamentales de notre politique étrangère pendant la période électorale. Car je pense que nous sommes tous convaincus que l'unanimité n'est pas un luxe, mais une condition nécessaire à notre survie nationale.

Au cours de ces années, Mesdames et Messieurs, nous avons été en mesure d’élaborer une stratégie cohérente, qui a non seulement permis à notre pays de réagir, mais qui a créé les conditions d'un renforcement diplomatique, militaire - le Président s’est longuement référé à cela auparavant - et économique. Cette stratégie a créé les conditions qui font de la Grèce un pays moderne, accueillant, ouvert à l'innovation, tolérant aux idées nouvelles, extraverti, novateur. Un pays qui peut changer et par son changement devenir géopolitiquement plus fort. Nous savons tous que l'invasion russe en Ukraine a marqué le bouleversement de l'ordre international tel que nous le concevions jusqu'alors. Tout comme le nouveau révisionnisme dans notre région a marqué un changement d'équilibre ici en Méditerranée orientale. En bref, le monde a changé, notre région a changé.

Mais les développements ont confirmé le choix du gouvernement de redéfinir nos horizons. De les adapter aux défis par des actions spécifiques, en maintenant toutefois la même pierre angulaire.  Le droit international. Le respect de l'intégrité territoriale et de la souveraineté des États, la promotion de la résolution pacifique des différends, des relations de bon voisinage, des relations d'égalité entre tous les États. Nous, Grecs, avons choisi une politique de principes et de valeurs et nous promouvons systématiquement nos principes et nos valeurs, méthodiquement et sans cesse.

Tout au long de cette dernière période, j'ai effectué 244 visites dans 81 pays, j'ai rencontré 112 de mes homologues, tandis qu'avec 19 pays, il n'y a jamais eu de diplomatie grecque au niveau ministériel. Nous avons renforcé les amitiés traditionnelles, mais nous en avons aussi créé de nombreuses nouvelles. Nous avons renforcé nos anciennes alliances, mais nous en avons aussi créé de nouvelles. Nous avons développé un réseau sans précédent de relations, de partenariats, bilatéraux, trilatéraux, multilatéraux. Nous avons signé des Accords historiques, nous avons façonné une force de dissuasion diplomatique.

Deux ans avant le vote, nous avons déjà 112 engagements en faveur de notre élection au Conseil de sécurité de l'ONU. Nous menons trois campagnes. Une pour le Conseil de sécurité, une pour la présidence de l'Assemblée générale, une pour le Conseil des droits de l'homme des Nations unies. La Grèce n'a jamais été élue à deux de ces trois postes et nous n'avons été élus au troisième qu'une seule fois dans toute notre histoire.

Mesdames et Messieurs,

Sous ce gouvernement, nous avons signé 321 Αccords internationaux dont je suis fier. Il n'y a pas de précédent de ce type dans l'histoire de la Grèce moderne, et il n'y a pas non plus de précédent atteignant la moitié du nombre que je vous ai mentionné.

Au-delà de cela, nous avons bien sûr, le brillant exemple des Αccords avec l'Italie et l'Egypte sur la délimitation des zones économiques exclusives, des Αccords qui démontrent que nos positions à l’égard du Droit International de la Mer sont des positions qui sont partagées par d'autres pays, la majorité des pays, dont la plupart sont des pays de notre région, et que le Droit International de la Mer est le seul vecteur de consolidation de la paix.

Nous en venons maintenant à parler un peu de notre pays voisin. Mesdames et Messieurs, nous sommes absolument certains que le peuple turc veut la paix, il veut la stabilité et il veut la coopération. Et je voudrais vous dire que l'accueil chaleureux qui m'a été réservé non seulement par les hauts fonctionnaires turcs, les ministres, mon ami de longue date, mon homologue, mais surtout par les personnes récemment victimes du tremblement de terre et en deuil en Turquie, m'a profondément convaincu de la possibilité pour les deux sociétés et les deux peuples de marcher ensemble vers un avenir pacifique, stable et sûr.

Et j'ai assuré, après consultation avec le Premier ministre, M. Mitsotakis, mon homologue, mais aussi en m'adressant aux médias turcs et à la société turque, aux citoyens turcs et aux citoyens turcs en deuil, que notre pays, la Grèce, en sa double qualité, d'abord en tant que pays européen, mais aussi en tant qu'État membre de l'UE, se tiendra à leurs côtés, en cette heure critique et fera tout ce qu'il est en son pouvoir pour soulager leur douleur.

Parce que, Mesdames et Messieurs, la souffrance humaine n'a pas de frontières, elle va au-delà de celles-ci. Et notre éthique sociale et historique nous impose de faire preuve de solidarité avec nos semblables dans leur période de souffrance. Nous pouvons également espérer que, grâce à la cordialité, un avenir plus sûr verra bientôt le jour.

Mais encore une fois, pour la Grèce, il y a des valeurs directrices fondamentales, l'intégrité territoriale, le droit international, le droit de la mer, le dialogue. Le dialogue permet de résoudre les différends, mais même s’ils ne sont pas résolus définitivement, des convergences se créent, des compréhensions se créent. On aborde les récits révisionnistes. Nous avons toujours et au fil du temps présenté le rameau d'olivier.  Bien sûr, en tant que pays, nous conservons aussi le droit d'avoir une épée.  Vous avez mentionné en détail tout à l’heure l'épée, Monsieur le Président.

Notre politique est simple, Mesdames et Messieurs.  Elle est parfaitement compréhensible. Permettez-moi de vous rappeler le logo d'Olympic Airways, les six cercles qui se croisent.

Notre premier cercle est notre famille européenne.  Nous y avons renforcé nos relations, notre présence, nous avons signé l'Accord avec la France, l'Accord de défense avec la France. Bien sûr, certains disent que c'était après avoir acheté des armes à la France.  Ce n'est pas le cas. Nous avons toujours acheté des armes à France, les avions Mirage F1 en 1974, les torpilleurs « La Combattante », les avions « Mirage 2000 » à l’époque d’Andreas Papandreou. La première fois qu'un Accord de défense a été signé avec la France, c'était sous le gouvernement Mitsotakis. Et je dois dire que la France n'est pas un pays qui signe souvent des accords de défense, elle n'a signé que deux autres Accords. L'un avec l'Allemagne fédérale, qu'elle a signé pour des raisons historiques après la Seconde Guerre mondiale, et un autre avec les Émirats arabes unis.  L'Accord avec la Grèce est le troisième.

En plus de notre entourage européen, nous avons renforcé nos relations avec les États-Unis.  Avec les deux Accords que j'ai eu l'honneur de signer, je pense que la Grèce du Nord est revalorisée géopolitiquement. Et je voudrais que cela soit compris, absolument compris. Le rôle stratégique qui est réservé à la Grèce du Nord. Tout d'abord, il y a cinq ans, Alexandroupolis ne figurait pas sur la carte de défense de l'OTAN, de l'UE ou des États-Unis. Et aujourd'hui, c'est l'un des points les plus cruciaux qui existe, ce qui a conduit à sa rapide revalorisation géopolitique, énergétique, et commerciale. Mais permettez-moi de dire que, dans l'ensemble, le nord de la Grèce, précisément parce qu'il est limitrophe des Balkans orientaux et occidentaux, est une zone d'un intérêt énorme pour la politique étrangère d'un certain nombre de grands pays.

D'ailleurs, permettez-moi de vous donner un petit exemple. Mardi prochain, le Secrétaire d'État américain Antony Blinken vient à Athènes dans le cadre du dialogue stratégique. On ne se souvient pas d'une période de l'histoire grecque où les États-Unis engageaient un dialogue stratégique structuré avec la Grèce sur une base annuelle et où le Secrétaire d'État venait en Grèce chaque année ou le ministre grec se rendait à Washington pour avoir une relation structurée et stabilisée. Le pays a été revalorisé.

A partir de là, le troisième cercle est l'Afrique du Nord, le Moyen-Orient, le Golfe.  Nos relations avec Israël, les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite, Bahreïn, l'Égypte sont caractérisées par une cordialité sans précédent. Avec l'Égypte, nous avons signé l'Accord dont je vous ai parlé tout à l'heure. Je suis allé 14 fois au Caire. Je connais le trajet entre l'aéroport et le ministère des Affaires étrangères au Caire mieux que celui qui mène à ma maison. Avec les Émirats arabes unis, la plus grande puissance militaire du Golfe, nous avons également signé un Accord de défense. Avec l'Arabie saoudite, nous avons également signé un Accord de coopération en matière de défense. Avec Israël, nos relations sont à un niveau élevé sans précédent, indépendamment du changement de gouvernements.

Le quatrième, qui vous concerne directement, est la paix et la stabilité dans les Balkans. Nous y faisons des efforts énormes pour les Balkans occidentaux. L'Agenda de Thessalonique de 2003, une fierté pour la politique étrangère grecque, a réussi à faire entrer les Balkans orientaux, à savoir la Bulgarie et la Roumanie, dans l'UE. Et maintenant, sur la base du même agenda, l'Agenda de Thessalonique, nous essayons d'amener les Balkans occidentaux dans la même direction, celle de notre famille européenne, car c'est la seule façon d'avoir la sécurité et la stabilité en Europe. L'Europe ne peut pas survivre avec un trou noir en son centre.

Cinquièmement, nous allons au-delà de notre horizon familier et la Grèce  exerce une politique d'horizon ouvert, que ce soit en Afrique subsaharienne ou en Afrique de l'Ouest, ou en Inde, au Japon, en Indonésie, les puissances émergentes, ou en Amérique latine, dont j’ai visité les pays la semaine dernière. Mais, s'il vous plaît, faites attention à une chose : Nous travaillons et concluons des Accords avec des pays, des pays puissants qui ont la même position que nous sur le droit international et le droit international de la mer. Des pays qui ont la même perception des affaires internationales que la République hellénique et qui se tiennent aux côtés de la République hellénique dans les organisations internationales contre le révisionnisme d'où qu'il vienne.

Et sixièmement, nous avons élaboré une politique au sein des organisations internationales. Je vous ai déjà parlé des trois campagnes pour les trois postes différents des Nations unies.
Mesdames et Messieurs,

En résumé, voilà notre politique étrangère, voilà la politique que nous mettons en œuvre depuis trois ans et demi aux quatre coins du monde. J'ai visité je ne sais combien de pays, j'ai parcouru 1 108 000 kilomètres dans les airs, ou, pour le dire autrement, je suis allé trois fois sur la lune.

Mais tout cela montre que la politique étrangère grecque est entrée d’un pas ferme dans le XXIe siècle, qu'elle est désormais un facteur incontournable dans la création de la puissance et de la prospérité nationales. C'est un facteur qui, avec toutes les autres forces nationales, conduit à la création d'un pays moderne, tourné vers l'extérieur, ambitieux, sûr de lui, indépendant et fort, un pays qui a grandi à notre époque avec l'extension de ses eaux territoriales pour la première fois depuis 1947. Et un pays qui, si je puis me permettre, continuera, j'en suis sûr, à grandir dans les années à venir. Une Grèce qui est fière. Une Grèce que nos enfants méritent.

Je vous remercie beaucoup.

February 16, 2023