Discours du ministre des Affaires étrangères, M. Dimas lors du sommet ministériel informel du Processus de Coopération en Europe du Sud-est (SEECP)

Discours du ministre des Affaires étrangères, M. Dimas lors du sommet ministériel informel du Processus de Coopération en Europe du Sud-est (SEECP)

Chers collègues,
Mesdames et messieurs,

J’aimerais féliciter la présidence serbe du Processus de Coopération en Europe du Sud-est (SEECP) pour l'excellente organisation de cette réunion ainsi que pour l'accueil chaleureux qui nous a été réservé.

Le SEECP constitue un forum politique institutionnalisé unique dans son genre pour la coopération régionale en Europe du sud-est. Cette organisation qui est axée sur les principes fondamentaux de la responsabilité des pays de la région et de la participation ouverte à tous, est devenue un véritable processus politique, social et économique visant à la promotion de la coopération régionale et économique qui apporte des résultats tangibles.

Toutefois, il ne peut y avoir de coopération régionale constructive sans confiance. La Grèce pense que les relations de bon voisinage doivent être consolidées dans notre région et dans tous les domaines d'activité de l'Etat. Il est un besoin impérieux de mettre fin aux différends désuets interétatiques et interethniques et de renforcer la conciliation, la confiance et la coopération.

En tant que défenseur ferme de l'élargissement de l'UE, la Grèce participe de manière active et a joué un rôle de premier plan dans le façonnement de la perspective européenne des Balkans occidentaux. Notre ferme engagement commun en faveur de la perspective européenne et euro-atlantique de l'Europe du Sud-est, en fonction des aspirations et des progrès réalisés par chaque pays, est la  seule voie qui nous permettra d'établir la paix durable, la conciliation, la démocratie et la prospérité pour nos peuples.

L'UE a, à plusieurs reprises, déclaré son engagement ferme en faveur de la perspective européenne des Etats des Balkans occidentaux. Il est communément admis à mon sens que la réunification de l'Europe sera incomplète sans l'adhésion des Balkans à l'UE. Toutefois, nous devons pallier à cette "fatigue de l'élargissement" qui est largement ressentie et faire face à ce bouleversement provoqué par la crise économique prolongée et à d'autres incidents qui menacent de détourner l'attention de l'UE de notre région et de ralentir le processus d'élargissement vers les Balkans occidentaux.

Ces incidents prouvent que la préservation et le renforcement du processus d'élargissement vers les Balkans occidentaux constituent une condition fondamentale à la consolidation de la stabilité et de la démocratie en Europe du Sud-est. C'est pourquoi il y a aujourd'hui une plus grande nécessité d'insuffler un nouvel élan à la perspective européenne des Balkans occidentaux.

A cette fin, comme vous le savez déjà, la Grèce a inauguré l'"Agenda 2014".

L'Agenda 2014 va servir de catalyseur pour l'intégration européenne des Balkans occidentaux. Par conséquent, cette intégration sera axée sur les mêmes principes fondamentaux du Consensus renouvelé sur l'élargissement de 2006 qui régit le processus d'élargissement, à savoir le principe de la conditionnalité équitable et rigoureuse et l'évaluation de chaque pays en fonction de ses propres capacités et performances. Cela nécessite clairement le respect des critères de Copenhague et des conditions et modalités du Processus de Stabilisation et d'Association, y compris les principes de bon voisinage ainsi que la promotion et la revalorisation de la coopération et de la conciliation régionales.

L'objectif fondamental de l'Agenda 2014 est de contribuer au développement d'un environnement politique favorable qui permettra à l'intégration européenne des Balkans occidentaux de continuer de figurer en tête de la liste des priorités de l'UE. Par ailleurs, cela encouragera la coopération qui sera axée sur la demande et privilégiera la réalisation des projets et la coopération locale.

Dans ce contexte, je voudrais saluer le résultat du référendum récent en Croatie qui donner le feu vert pour l'adhésion du pays à l'UE. L'adhésion de la Croatie à l'UE constitue un pas important dans le cadre du processus d'intégration des Balkans occidentaux à la famille européenne. Cela prouve que lorsque les critères et modalités sont remplis, l'UE tient ses promesses. La Croatie a montré la voie que les autres pays candidats et candidats potentiels de la région doivent et peuvent emprunter.

En exerçant la présidence du Processus de Coopération en Europe du Sud-est (SEECP), de l'Initiative de l'Europe centrale (CEI) et de l'Initiative Adriatique - Ionienne (IAI), la Serbie promeut de manière active la coopération et la conciliation régionales.

La Grèce est un défenseur ferme du parcours européen de la Serbie. Nous pensons qu'il est juste d'accorder enfin le statut de pays candidat à la Serbie lors du Conseil européen de mars.

Par ailleurs, la Grèce soutient le dialogue entre Belgrade et Pristina qui est mené sous l'égide de l'UE et a comme objectif de contribuer à la sécurité, la stabilité et au développement de la région.  Dans ce contexte, les deux parties doivent continuer d’œuvrer à des solutions constructives, fonctionnelles et mutuellement profitables.

Les efforts consentis par la présidence serbe du SEECP en faveur de la promotion de la coopération et de la conciliation régionales sont vraiment louables. Je voudrais également souligner l'accent particulier qui a été mis par la présidence actuelle sur les questions très importantes du crime organisé et de l'énergie.

La lutte contre le crime organisé doit être une priorité fondamentale des gouvernements de la région. Un accent particulier doit être également mis sur la lutte contre toutes les formes de trafic, trafic de drogues et d'armes.

Des progrès importants ont été réalisés au niveau du marché d'énergie en Europe du Sud-est. Le projet du marché d'énergie, y compris celui d'un réseau de gaz naturel moderne, constitueront un élément fondamental du développement régional qui sera axé sur les normes européennes, des règles transparentes et la confiance mutuelle.

Pour ce qui est du volet opérationnel du SEECP, le Conseil de coopération régional (RCC), je voudrais souligner le caractère stratégique de la coopération entre le SEECP et le RCC. La coopération productive et la coordination efficace entre la présidence du SEECP et le RCC doit être poursuivie et intensifiée.  De même, le processus de modernisation des initiatives régionales et des groupes d'action en Europe du Sud-est qui est mené dans le cadre de l'application de la Stratégie et du Programme de travail du RCC, doit être poursuivi.

S'agissant du développement économique qui constitue une priorité fondamentale, force est de signaler avec satisfaction le transfert du Comité d'investissement de l'Europe du Sud-est (SEEIC) de l'OCDE au RCC.  Un autre développement positif est le nouvel accord économique signé avec la Commission européenne. Cet accord permet au RCC de soutenir la gestion du SEEIC d'ici à la fin de 2013. En outre, nous soutenons pleinement et encourageons les efforts consentis par le RCC en faveur de l'accès élargi du secteur privé à des ressources financières et de la promotion de l'intégration des marché des capitaux de notre région.

Les économies internationales et régionales sont  interdépendantes. Le développement durable et la croissance de nos économies doivent être placés en tête de notre agenda. Ainsi pourrons-nous mieux valoriser les ressources humaines et naturelles de notre région, y compris le domaine de l'énergie, dans l'intérêt des nos économies nationales.

Nous pensons que maintenant est le moment propice pour examiner les mesures concrètes qui viseront à la croissance globale et à la création d'emplois. Cet objectif sera plus efficacement réalisé si nos pays œuvrent ensemble dans ce sens. Le renforcement de notre coopération économique au niveau régional et international est aujourd'hui plus que jamais nécessaire.

Chers collègues, Nous traversons des temps difficiles et cela est ressenti dans toute la région de l'Europe du Sud-est. La promotion de la conciliation, de la solidarité et de la coopération est la seule voie à travers laquelle nous pourrons lutter contre cette situation.

En guise de conclusion, j'aimerais adresser mes remerciements et notre soutien sans faille aux efforts déployés par la présidence serbe du SEECP.

January 31, 2012