PREMIÈRE PARTIE
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les députés
Nous vivons à l'ère des crises multiples. Nous vivons à l'ère de l'agression, de la crise climatique, de la crise alimentaire, de la crise de la santé publique, de la crise migratoire. Il suffit de regarder la carte du monde pour comprendre les changements tectoniques qui se produisent aujourd'hui, les dangers qui sont générés pour l'humanité. Dans 55 pays, il y a actuellement un conflit armé, une guerre civile ou une influence extérieure. Quelque 117 millions de personnes sont en situation de déplacement forcé, selon les chiffres du HCR, dont 40 % sont des enfants.
Dans cet environnement, nous assistons à l'abolition absolue des certitudes, tout comme nous assistons à l'abolition du concept de territorialité. Les problèmes ne sont plus jamais nationaux. Ils sont toujours régionaux et internationaux, et les solutions ne peuvent être différentes des solutions universelles. Dans ce domaine, la politique étrangère grecque a choisi une position de principe. Cette position de principe est liée au caractère multiforme et proactif de la diplomatie grecque, mais surtout à notre engagement indéfectible et inaliénable en faveur du droit international.
Hier, j'ai eu l'honneur d'assister à une réunion, à un dialogue avec l'ancien ministre des Affaires étrangères, M. Kotzias, qui a reproché à la direction actuelle du ministère des Affaires étrangères de ne pas transiger, de ne pas veiller à conclure des arrangements afin de maximiser les bénéfices pour notre politique étrangère. La réponse est simple. La politique étrangère est soit une politique de principes, soit elle n’est pas une politique. Pour le pays, le droit international est une voie à sens unique dont nous ne nous écarterons pas. Et nous nous y tiendrons jusqu'au bout. En y consacrant notre énergie, beaucoup de moyens, avec des formes modernes de diplomatie, avec notre diplomatie économique et notre extraversion, qui a fait décoller nos relations économiques avec des pays très puissants, au niveau régional et international, avec notre diplomatie publique, avec notre politique d'expatriation, avec le plan stratégique pour les Grecs expatriés, avec tous ces outils qui rapprochent les Grecs de la diaspora de la métropole.
Mais où se situe la Grèce aujourd'hui ? J'ai entendu l'ancien Premier ministre, M. Tsipras, dire que la Grèce est faible aujourd'hui et que nos voisins, en particulier la Türkiye, sont de plus en plus forts. J'ai le sentiment que l'ancien Premier ministre a omis ce qui s'est passé en 2020 à Evros. Où en est la Grèce aujourd'hui par rapport à 2019 ? Que chacun parle pour soi.
En 2020, la Grèce a évité une menace hybride, qui était la principale menace que notre pays avait connue jusqu'alors. Depuis lors, notre défense nationale a été pleinement renforcée. Je rappelle qu'en 2019, la Grèce était sortie du programme F-35. La Grèce était affaiblie par rapport aux forces armées, et ne faisait pas partie du programme de modernisation des F-16. Au moment où nous parlons, la Grèce est dans le programme F-16, nos chasseurs sont modernisés en Vipers, et en même temps nous avons rejoint le programme des F-35, dont, je vous le rappelle, la Türkiye est sortie. La Grèce s'est développée, nos eaux territoriales se sont étendues jusqu'au cap Ténare, elles ont été élargies à 12 milles. Les grands accords conclus avec l'Égypte et l'Italie pour définir la zone économique exclusive ont accru l'empreinte de notre pays dans la mer Égée, en Méditerranée orientale et dans l'Adriatique.
La Grèce est devenue une plaque tournante énergétique en Europe de l'Est, Alexandroupolis étant actuellement le centre de l'axe vertical vers le Nord. Les grandes politiques européennes portent la marque de la Grèce. Le Fonds de relance et de résilience est né d'une proposition de notre pays. Le certificat Covid est né dans notre pays. Toutes les mesures de redressement prises dans le domaine de l'énergie ont été mises en place par notre pays. Et notre pays est aujourd'hui à l'avant-garde dans toutes les organisations internationales. Dans quelques jours, la Grèce deviendra un membre non permanent du Conseil de sécurité. Elle devient un coproducteur de la politique internationale et de l'architecture de sécurité, avec un taux d'approbation de 97 %. Sur les 188 pays qui ont voté, 182 se sont prononcés en faveur de la position de la Grèce. La politique de principe de notre pays est universellement respectée. La Grèce n’est pas animée par un sentiment de peur, ni n’est définie par rapport à des facteurs extérieurs. Dans le même temps, nous veillons à ce que notre énergie soit canalisée dans la nouvelle constitution du ministère des Affaires étrangères, en essayant de renforcer le personnel, afin que nous puissions avoir une plus grande empreinte, qu'il y ait régulièrement des conseils de service ou des conseils de discipline, que les ressources soient augmentées.
La semaine prochaine, si tout se passe bien, le projet de loi du ministère des Affaires étrangères visant à augmenter le personnel, sera adopté. Nous recrutons 100 administrateurs consulaires supplémentaires pour combler les importantes vacances qui existent auprès des autorités consulaires à l'étranger. Parallèlement, grâce également à l'action du ministère des finances, une nouvelle ressource est créée à partir des collectes consulaires afin que nous puissions moderniser nos infrastructures à l'étranger. Il s'agit d'un fonds spécial pour l'entretien des bâtiments à l'étranger.
Et c'est là que se pose la question de l'énergie réelle de notre ministère pour nos questions nationales.
Sur la question de Chypre, je pense que les choses sont évidentes. Aujourd'hui, Chypre est la question numéro un, en dehors des guerres, dont s'occupent les Nations Unies. Le 15 octobre, nous avons déjà eu la première discussion sous les auspices du secrétaire général des Nations Unies et avec la participation des dirigeants des deux parties, afin de relancer le dialogue. La composition sera élargie à l'avenir. Le problème chypriote est à nouveau au centre des préoccupations pour une solution dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité, afin que notre Chypre puisse être à nouveau réunie.
Et surtout, pour ne pas l'oublier, la Grèce a réussi à élever au rang européen des questions qui, jusqu'à présent, étaient considérées par beaucoup comme bilatérales. La position commune des 27 États membres de l'Union européenne sur le processus d'adhésion de l'Albanie, a fait l’objet d’une mention spéciale et d’un jalon particulier, s’agissant du respect des minorités et en particulier de la minorité nationale grecque, ainsi que du respect des droits de propriété des minorités.
Dans les conclusions du Conseil européen de juin 2023, nous avons enregistré la participation de l'Union européenne à toutes les étapes de la résolution du problème chypriote. Les conclusions d'avril 2024 ont établi un lien entre le parcours européen de la Türkiye et l'évolution du problème chypriote. Nous améliorons constamment les questions qui nous concernent dans les politiques européennes.
S’agissant de la Türkiye. Si quelqu’un écoute aujourd’hui le débat sur le dialogue gréco-turc, il constatera trois choses. La première est que les revendications de la Türkiye sont apparues au cours des 18 derniers mois. La deuxième est que nous discutons de tout. Et la troisième, c'est que nous discutons à huis clos. Voyons donc ce qu'il en est. Qu'est-ce qui est vrai à cet égard ? Mais avant cela, posons notre hypothèse de base. Nous devons discuter avec nos voisins. Nous l'avons toujours fait. Nous le ferons toujours. Il est arrivé que des Premiers ministres, des ministres des Affaires étrangères et des experts discutent beaucoup plus, beaucoup plus intimement et pendant de nombreuses heures.
Mais pour les revendications de la Türkiye, à savoir la démilitarisation en 1964. Le casus belli, en 1995. La publication des cartes des revendications maximalistes de la Türkiye, en 1974. La « patrie bleue », en 2006. L’ octroi de licences pour des blocs sous-marins en vue de l'exploration pétrolière par le gouvernement turc à la compagnie pétrolière turque en 2012. Les zones grises dans les années 1990. Tous ces éléments ont existé et pourtant tous les gouvernements, à juste titre, ont discuté avec la Türkiye. Il n'y a pas eu d'élargissement [des questions]. Au contraire, il y a eu des questions pour lesquelles l’intensité a baissé. Et je ne parle pas seulement de rhétorique. Je ne parle pas d'une coordination active sur la migration, sur les accords commerciaux importants. Je parle de la seule et unique question, à l'exception du dossier chypriote, où la Türkiye a rejoint la table des discussions en dépit de sa position déclarée en faveur de deux États. Je parle des violations de l'espace aérien national.
Vraiment, pour être un peu plus concrets et pour se souvenir parce que nous oublions souvent facilement. En 2018 et au premier semestre 2019, en 18 mois, nous avons eu plus de 6 000 violations de l'espace aérien national. Nous avons eu plus de 3 000 avions turcs qui ont survolé le territoire grec, à partir de l'espace aérien grec. Aujourd'hui, ce chiffre a été réduit à zéro et je pense que tout le monde comprend ce que cela peut signifier. Nous discutons de tout. Je ne peux rien dire à ce sujet car vous connaissez tous ma position fondamentale et la position exprimée par le Premier ministre, par le KYSEA, le Conseil des ministres, qui détermine la politique étrangère que le ministère des Affaires étrangères met en œuvre. Aucune question de souveraineté n'est discutée et ne sera discutée. La seule et unique question, qui est le principal différend susceptible d'être porté devant une juridiction internationale, est la délimitation du plateau continental et de la zone économique exclusive. Malheureusement, nous n'en sommes pas là aujourd'hui, car la position de la Türkiye est que cette question est liée à d'autres questions. De toute évidence, le débat ne progressera pas tant que la Türkiye n'adhérera pas à la position de base, qui est la seule conforme au droit international, à savoir qu'il s'agit d'un seul et unique différend. Ce n'est qu'à cette condition que le débat progressera. En tout état de cause, nous devons veiller à continuer d'améliorer les relations bilatérales afin d'éviter les tensions et les crises.
Et aussi que nous discutions à huis clos. Avec tout le respect que je vous dois, je pense que cette exagération ne peut être basée que sur des considérations politiques mesquines. Pour la première fois, je pense, la politique étrangère grecque est aussi étroitement liée à l'organe représentatif, au sein duquel, comme vous le savez, j'ai une attitude extrêmement institutionnelle, par inclination. Au cours des 18 derniers mois, les dirigeants politiques ont été constamment informés, la commission de la défense et des Αffaires étrangères a été constamment informée. J'ai répondu à toutes les questions relatives à ces sujets. J'ai le sentiment, et c'est la réalité, que la politique étrangère de la Grèce, fondée sur la ligne nationale et sur nos propres lignes rouges, à nous tous, est exercée conjointement par le gouvernement et le parlement grecs en tant que position grecque commune.
Nous ne nous réveillerons pas un jour en lisant [des articles de presse] sur l'accord de Prespès, comme cela s'est produit. Je le répète, nous ne nous réveillerons pas un matin en lisant des articles sur l'accord de Prespès dans les journaux. Tout ce qui se passera sera le fruit d'une consultation au sein de l'organe représentatif qui a la légitimité populaire de nous donner ce mandat. Aucun accord, sauf avec l'accord de l'ensemble du personnel politique, si nous le voulons. Mais arrêtons cette attitude hypocrite.
Vous savez, la diplomatie n'est pas une affaire simple et celui qui la traite de manière simpliste est soit irréaliste, soit populiste. L'histoire écrira qui était le vrai patriote. Un vrai patriote n'est pas celui qui n'a pas osé faire ce qu’il exige aujourd'hui. Un vrai patriote est celui qui subordonne son ego à l'intérêt réel du pays. Car le national est le vrai. C'est la réalité. La politique étrangère ne se prête pas au populisme et ne se prête pas non plus à l'immobilisme. La paix et la sécurité ne sont pas promues par l'immobilisme dogmatique, elles sont promues par le renforcement du pouvoir et le dialogue structuré. C'est ce que nous allons servir, Mesdames et Messieurs les députés.
Je voudrais terminer par une citation de celui que je considère comme le diplomate le plus important à être passé par le ministère des Αffaires étrangères, Georges Seferis : « Je ne recherche ni la stagnation ni le retour en arrière. Je recherche l'esprit, la sensibilité et le courage des gens qui vont de l’avant ».
Je vous remercie de votre attention.
DEUXIEME PARTIE
Je parlerai de la première question de M. Hita. L'intérêt des alliés. Et nous ne sommes pas seuls. Je voudrais dire ce qui suit à propos de ces deux points, Monsieur le député. Tout d'abord, la Grèce a une politique forte, autonome et qui n’est pas déterminée par des facteurs extérieurs. Et elle l'a prouvé. De quelle manière ? En disposant d'un capital diplomatique important. Je tiens à vous rappeler qu'à l'heure actuelle, en tant que membre non permanent du Conseil de sécurité, elle se trouve dans le noyau dur de l'Union européenne, dans la position la plus cruciale au sein de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe et avec les alliances stratégiques les plus internationales dans la région et dans le monde.
Mais je veux que nous comprenions que lorsque nous sommes dans une alliance, comme l'est l'Union européenne, nous avons toujours quelque chose à gagner de cette alliance. J'ai déjà mentionné, Monsieur le député, combien, au cours de l'année et demie écoulée, nous avons augmenté notre capital face aux problèmes avérés de la diplomatie grecque, précisément grâce à notre présence active au sein de l'Union européenne. Les conclusions sur Chypre. Les conclusions sur l'Albanie. La position commune sur l'Albanie. La Grèce est actuellement le moteur du parcours européen de tous les États des Balkans occidentaux.
Nous comprenons l'effet multiplicateur que cela a sur le pouvoir diplomatique du pays de pouvoir être un membre actif du noyau d'une organisation internationale telle que l'Union européenne ou les Nations Unies. Donc, oui, nous profitons de notre présence forte et active et nous profitons également de nos alliances stratégiques. Bien sûr, nous ne dépendons de personne et c'est pourquoi nous avons multiplié notre force de défense et stabilisé notre économie.
Mais d'un autre côté, faire partie d'un groupe fort multiplie votre propre capital, en particulier votre capital de défense. Vous avez mentionné la question syrienne et la question kurde. Comme j'ai eu l'occasion de le dire au Conseil national de politique étrangère, il serait bon de rester prudent sur la question syrienne. Dès le début, la Grèce a déclaré que la chute du régime totalitaire d'Assad était nécessaire. Nous comprenons tous que la chute de l'autoritarisme est nécessaire.
D'un autre côté, nous avons évidemment des réserves. Nous émettons des réserves quant aux populations religieuses qui existent, quant aux monuments religieux et, surtout, nous émettons des réserves quant à la nouvelle gouvernance, qui doit aussi être inclusive, conformément au Conseil de sécurité des Nations Unies et à ses résolutions.
La souveraineté et l'intégrité vont de pair avec l'inclusion. Aucune communauté, en particulier la communauté kurde, ne peut être en dehors de la souveraineté de l'État qui en résultera. Bien entendu, nous sommes préoccupés par le cas où nous assisterions à une évolution dans la direction que nous avons connue historiquement, comme en Libye ou en Afghanistan. Mais il est dans l'intérêt de la stabilité régionale, mais aussi de la paix universelle, que l'État puisse être stabilisé et puisse procéder à l'autodétermination sans ingérence extérieure.
En ce qui concerne le retour des réfugiés, cher député, je voudrais dire que la Grèce est un État de droit. Nous n'allons pas nous soustraire aux obligations découlant des conventions internationales sur la protection humanitaire. Je comprends que nous puissions avoir des divergences sur ce point. J'insiste. La Grèce continuera d'accepter les demandes et de les traiter. Bien sûr, une politique européenne pertinente est en cours d'élaboration, mais je ne pense pas qu'il soit possible, à l'heure actuelle, alors que la situation est encore volatile, d'adopter une position globale. Nous devrons attendre de voir si et dans quelle mesure la Syrie deviendra un pays véritablement sûr. Car la chute d'Assad n'a pas rendu le pays sûr de manière quasi-automatique. Il ne le deviendra que si tous les droits qui en découlent sont pleinement consolidés.
Nous avons parlé de la question kurde. M. Karathanassopoulos, je voudrais vous répondre car vous avez parlé de « deux poids, deux mesures ». Je connais votre position. J'ai eu l'occasion et l'honneur de m'entretenir avec le secrétaire général et de discuter de cette question. Avec tout le respect que je vous dois, permettez-moi de dire que la Grèce n'a pas deux poids et deux mesures. C'est tout le contraire que nous faisons. Notre politique est cohérente et je pense que c'est à cela que l'on doit la politique étrangère grecque. Vous avez fait référence à un traitement différent en principe de la question palestinienne, par rapport à l'Ukraine ou à d'autres conflits armés et non armés. Je tiens à vous dire que lorsque nous parlons de droit international, nous sommes sincères. Des critères uniques pour tous.
M. Kazamias a également évoqué cette question. Monsieur le professeur, la Grèce a été l'un des pays, parmi d'autres pays européens, qui a voté en faveur de toutes les résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la question palestinienne, en faveur d'une cessation immédiate des hostilités, à l'exception d'un cas initial.
La Grèce est actuellement le pilier de la cohérence et de la stabilité. C'est pourquoi, Professeur, Israël et l'ensemble du monde arabe sont reconnaissants à la Grèce. J'ai eu l'occasion de le constater moi-même. Notre politique est extrêmement active. Lundi, nous serons avec le Premier ministre au Liban. J'ai moi-même eu des contacts directs avec l'ensemble du monde arabe ces derniers jours et il y aura des synergies. La Grèce jouit d'une grande crédibilité dans le monde arabe, ce qui ne manquera pas de se traduire dans les faits.
Vous avez parlé, Monsieur Karathanassopoulos, de Chypre, des relations gréco-turques et de la force productive du débat gréco-turc. Le cas de Chypre est illustratif. Cinquante ans après une invasion illégale, nous avons une occupation illégale. Pour pouvoir briser ce cercle vicieux d'illégalité au regard du droit international, il faut pouvoir activer tous les mécanismes du droit international, que nous devons respecter d'un bout à l'autre. Et c'est ce que nous faisons.
Je le répète, parce que je crois que c'est finalement la position unanime de toute la délégation. Le problème chypriote doit être au premier plan des Nations Unies. Au cours des 18 derniers mois, une envoyée personnelle des Nations Unies a été désignée et s'est attelée à la tâche difficile de pouvoir présenter un rapport. Nous avons eu une discussion directe. Un débat plus approfondi est à venir. Sommes-nous d'accord pour dire que la Grèce, de concert avec la République de Chypre, doit investir toutes ses ressources afin de relancer le problème chypriote et de trouver une solution pour une Chypre unie sur la base des résolutions du Conseil de sécurité ? Cela ne peut se faire en restant immobile. Je ne peux pas le dire autrement. La politique étrangère n'est pas une logique d'immobilisme dogmatique. L'immobilisme est un fardeau. Seule une diplomatie active peut produire un résultat substantiel.
En ce qui concerne les relations gréco-turques, je tiens à vous rassurer. Les Américains ne sont pas derrière le débat, l'OTAN n'est pas derrière le débat, l'Union européenne n'est pas derrière le débat, aucun autre organisme ou organisation n'est derrière. La Grèce doit discuter avec ses voisins, discuter avec confiance et force. À moins que nous ne voulions être enfermés dans notre propre entité géographique, nous désengager de tout dialogue et attendre que nos problèmes soient résolus comme par magie. La réponse est non.
Nous renforçons notre défense, nous stabilisons notre économie, nous augmentons notre influence diplomatique et, ce faisant, nous nous rendons diplomatiquement plus puissants pour discuter avec n'importe qui. Car il vaut mieux, M. Karathanassopoulos, débattre en position de force qu'en position de faiblesse.
Et M. Kazamias s’est référé à la décision du bureau du procureur de la Cour internationale de justice sur la question de Netanyahu. Je voudrais dire ce qui suit : La Grèce respecte la juridiction de la Cour internationale de justice. Je le dis de manière absolue. Ce que nous disons, et je le répète aujourd'hui, c'est qu'à l'heure actuelle, l'avantage immédiat n'est pas la mise en œuvre de cette décision. L'intérêt immédiat est qu'il y ait un cessez-le-feu basé sur la voie diplomatique pour la résolution pacifique des différends. Croyez-vous vraiment, Monsieur le Professeur, qu'après cette décision, d'une manière tout aussi magique, la guerre au Moyen-Orient prendra fin ? Le plus important, c'est la diplomatie. Le modèle libanais, où nous avons obtenu un cessez-le-feu que nous soutiendrons activement par notre présence substantielle et symbolique lundi, est le modèle à suivre. Il faut donner immédiatement de l'espace à la diplomatie. Et permettez-moi de dire que la Grèce a été le premier pays, le 9 octobre, deux jours après l'invasion terroriste du Hamas, à déclarer que la défense - en vertu du droit international - à laquelle Israël a droit, doit s'inscrire dans le cadre du droit international et en particulier du droit humanitaire.
Et nous avons été les premiers à dire clairement, en reconnaissant notre relation stratégique, qu'il ne peut y avoir de défense disproportionnée sur ces questions. C'est pourquoi nous avons gagné ce chapitre diplomatique avec le monde arabe.
Sur quelle base discutons-nous avec la Türkiye ? La réponse est claire et ne peut être contestée. Nous discutons sur la base du droit international. Il ne peut y avoir d'application sélective du droit international. Soit vous appliquez le droit international dans son intégralité, soit vous appliquez une politique désordonnée. Nous appliquons le droit international, que nous avons d'ailleurs posé comme condition préalable à ce dialogue. La différence, Monsieur le député, par rapport aux tentatives précédentes d'aborder cette question, réside tout d'abord dans le fait que le dialogue est structuré, qu'il repose sur trois piliers, chacun d'entre eux étant dirigé par un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères. Il y a un agenda spécifique, des résultats spécifiques, et vous ne pouvez pas traiter de questions que l'État grec ne reconnaîtrait jamais comme sujet d'un tel dialogue. Deuxièmement, la condition préalable absolue est l'application du droit international. Et je voudrais vous rappeler que sur la base de la déclaration d'Athènes de décembre 2023, la Türkiye a consigné dans un texte son engagement envers le droit international, en ce qui concerne les relations gréco-turques, un fait qui a une grande valeur politique et juridique. En ce qui concerne la Syrie, je répète qu'il est trop tôt pour parler de gagnants et de perdants. Ce qui est juste, à mon avis, c'est de suivre la situation, de coordonner, d'être activement présent dans le débat qui a lieu et de renforcer autant que possible nos efforts pour protéger les populations chrétiennes. Cette protection a été assurée dès le début. La délégation diplomatique grecque à Damas est en communication directe et quotidienne avec tous les Grecs. Un très petit nombre d'entre eux ont demandé à quitter la Syrie. Nous fournissons cette assistance consulaire et nous continuerons à le faire.
Je voudrais terminer en évoquant les finances du ministère, que M. Zerveas a eu l'honneur de mentionner.
En effet, il faudrait investir beaucoup plus de ressources et de personnel dans la politique étrangère. Nous en sommes tous conscients. Nous comprenons également que les ressources publiques ne sont pas illimitées, parce que l'espace budgétaire est limité, parce qu'il existe actuellement des priorités très élevées en matière de politique sociale, que nous comprenons tous, en particulier dans le domaine de la santé et de l'éducation. Néanmoins, il y a une légère augmentation du budget de 408 millions à 420 millions, il y aura une possibilité dans le courant de l'année, et c'est pourquoi je voudrais l'attitude affirmative de M. Patralias, qui est assis à côté de moi, d’avoir 30 millions supplémentaires.
Je m'excuse auprès de l'Assemblée et du président, et je voudrais évoquer en particulier la question du personnel du ministère des Affaires étrangères. Malheureusement, s’agissant du personnel du ministère des Affaires étrangères, il y a un manque d’effectifs, en particulier lorsqu'il s'agit de doter en personnel nos consulats dans le monde entier, ce qui, dans certains cas, crée de grandes difficultés. Aujourd'hui, le travail des consulats s'est multiplié et s'est également multiplié en raison du fait qu'il y a une très forte demande de rappel de travailleurs de la terre ou de travailleurs qui viennent en Grèce pour travailler légalement. Comme vous le savez, nous renforçons les canaux légaux de la main-d'œuvre par le biais de l'immigration. Nous avons conclu un accord bilatéral avec l'Égypte et l'Inde. Cela signifie que nous avons besoin de beaucoup, beaucoup plus de personnel.
Grâce à une bonne coopération avec le ministère des finances et le ministère de l'intérieur, que je remercie vivement, nous avons obtenu cent postes administratifs consulaires pour doter nos consulats dans le monde entier. C'est une étape importante. En outre, je voudrais dire qu'il est très important, non seulement pour l'image du pays, mais aussi pour l'essence même de la conduite de la politique étrangère, que les bâtiments des missions diplomatiques de la Grèce à l'étranger soient décents et transmettent un sentiment de puissance.
C'est pourquoi nous prévoyons une ressource spéciale pour l'entretien et l'amélioration de ces bâtiments. Une ressource spéciale, 10% des recettes consulaires, et nous espérons que les bâtiments importants, tels que ceux à Washington et Ankara, où nous aurons un nouveau bâtiment, nous permettront enfin d'avoir une présence décente.
Je terminerai sur les aspects organisationnels du ministère en disant que nous essayons également de procéder à une réorganisation majeure du ministère. Je suis fière de dire que nous avons créé un bureau de l'égalité et que le ministère des Αffaires étrangères est peut-être le seul ministère dans lequel, globalement, il y a plus de femmes que d'hommes parmi les employés. Plus de 50 % du personnel du ministère des Affaires étrangères sont des femmes. L'égalité dans la pratique.
Je vous remercie de votre attention.
December 14, 2024