• Nous, les Etats membres, sommes les Nations Unies. Nous sommes la force motrice derrière ses exploits. Nous sommes la raison de ses insuccès. Les Nations Unies sont pour nous une enceinte de discussions, une enceinte d’accords ou de désaccords sur des questions de coopération internationale. Lorsque nous sommes d’accord, l’humanité n’en devient que plus forte.
• La Grèce a une vision de paix, de stabilité et de coopération dans notre région. Sa principale composante est la perspective européenne de notre région tout entière et de chacun de nos voisins. A cet égard, nous avons élaboré « l’Agenda 2014 » dans le but de raviver les efforts de nos voisins vers l’accomplissement de leurs ambitions européennes d’une part, et d’autre part de donner un nouvel élan à la vision de l’Union européenne afin d’accueillir les pays des Balkans dans la famille européenne.
• Sans la paix et la sécurité, il est impossible de coopérer. Toutefois, la coopération est nécessaire pour le développement et l’amélioration de la vie des peuples. Nous, la communauté internationale, devons aider nos voisins au sud afin qu’ils atteignent leur objectif, à savoir établir la démocratie, assurer la participation à la vie publique dans l’espoir d’un meilleur avenir.
• Nous pensons que la voie des tensions n’est pas la bonne voie et, en plus, elle est dangereuse. Au lieu de menaces, notre région a besoin de pays puissants qui peuvent œuvrer de concert en faveur de la promotion de la stabilité, de la coopération et des relations de bon voisinage entre tous les pays et toujours dans le cadre du droit international. C’est cet espoir que nous devons alimenter et c’est cet exemple que nous devons donner dans notre région et c’est cela qu’attend de nous notre région.
• Confronté à la plus grave crise économique dans sa récente histoire, mon pays non seulement ne s’est pas replié sur lui-même, mais il demeure le principal investisseur dans notre région, et notamment dans les Balkans occidentaux, tout en contribuant à la création de dizaines de milliers d’emplois. A l’intérieur nous redressons notre économie en investissant dans un développement économique durable et dans les avantages comparatifs de la Grèce, à savoir l’énergie verte, la navigation maritime, le tourisme, l’agriculture durable et les infrastructures de haute technologie qui figurent tout en haut de la liste de nos priorités. A l’extérieur, nos entreprises deviennent de plus en plus extroverties.
Monsieur le Président,
Monsieur le Secrétaire général,
Vos excellences,
Mesdames et Messieurs,
J’aimerais remercier le président sortant de la 65e session de l’Assemblée générale de l’ONU, M. Joseph Deiss de Suisse et féliciter M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser du Qatar pour son élection au poste de Président de la 66e session de l’Assemblée générale des Nations Unies.
J’aimerais également exprimer ma gratitude pour l’œuvre et le rôle de notre Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, qui dirige avec brio notre Organisation à une époque aussi difficile qu’exigeante.
Deux guerres mondiales ont enseigné à l’humanité la nécessité de respecter les relations internationales au nom de quelques idéaux très forts. C’est la raison d’être des Nations Unies : le respect de la paix et des relations de bon voisinage, le respect de l’Etat de droit et du système judiciaire international, le respect du droit fondamental de chaque être humain sur cette planète à pouvoir aspirer à une vie meilleure.
Nous, les Etats membres, sommes les Nations Unies. Nous sommes la force motrice derrière ses exploits. Nous sommes la raison de ses insuccès. Les Nations Unies sont pour nous une enceinte de discussions, une enceinte d’accords ou de désaccords sur des questions de coopération internationale. Et lorsque nous sommes d’accord, l’humanité n’en devient que plus forte.
Aujourd’hui, les Nations unies sont à la tête d’une coopération internationale d’importance cruciale et traite de dossiers épineux comme le changement climatique ou encore la désertification. Il y a, également, le défi des maladies non transmissibles – qui entravent le développement macro-économique et maintiennent les plus démunis dans un état de pauvreté chronique. L’immigration clandestine créé une pression énorme pour certains pays – comme la Grèce – et dans le même temps tire son origine d’un manque de croissance dans les pays d’origine, de la pauvreté ou des guerres et s’aggrave pour toutes ces raisons.
Force est également de noter la contribution cruciale des Nations Unies et du Conseil des droits de l’homme, une contribution qui peut être renforcée par un mandat plus important pour le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. La Grèce est pays candidat en 2010 au Conseil des droits de l’homme et apprécie profondément le soutien de tous ses partenaires dans cet effort.
Sans aucun doute les compétences les fondamentales de l’ONU concernent le domaine de la paix et de la sécurité, car sans paix et sans sécurité il est très difficile, voire impossible de réaliser tous les autres objectifs de notre Organisation. Cela signifie que nous devons garantir la sécurité nucléaire, lutter contre le terrorisme et la piraterie. Cela signifie que nous devons gérer les crises lorsque celles-ci éclatent, comme récemment en Libye. Cela signifie que nous devons travailler avec nos partenaires de la communauté internationale afin de fonder et de consolider la paix. Et cela signifie, comme je l’ai dit tout à l’heure, que nous devons renforcer les relations de bon voisinage dans le monde entier.
Chers amis, nous devons travailler ensemble, en tant que partenaires mondiaux pour relever les défis actuels et futurs et chacun de nous a son rôle à jouer dans notre région précise.
Le voisinage direct de la Grèce est l’Europe du Sud-est – les Balkans. La Grèce a une vision de paix, de stabilité et de coopération dans notre région. Sa principale composante est la perspective européenne de notre région tout entière et de chacun de nos voisins. A cet effet, nous avons élaboré « l’Agenda 2014 » dans le but de raviver les efforts de nos voisins vers l’accomplissement de leurs ambitions européennes d’une part, et d’autre part de donner un nouveau souffle à la vision de l’Union européenne afin d’accueillir les pays des Balkans dans la famille européenne. En effet, la création d’un voisinage européen de paix et de coopération en Europe du sud-est devra être notre objectif collectif. Et ce, parce que la paix et la coopération ne doivent pas être considérées comme acquises dans les Balkans. Récemment l’Histoire – souvent teintée de sang – l’a prouvé clairement. Et il y a encore des questions en suspens que nous devons résoudre.
Un obstacle sérieux à la consolidation de la paix et de la sécurité dans notre voisinage est la question du Kosovo. Le progrès récent des pourparlers entre Belgrade et Pristina par l’intermédiaire de l’Union européenne fait naître un certain optimisme suite aux tensions que nous avons pu observer cet été. Néanmoins, ces tensions ne sont pas terminées; elles doivent être envisagées et désamorcées. La Grèce souhaite faciliter le processus de réconciliation et de compromis. Elle souhaite renforcer le genre de compréhension dont notre voisinage a besoin sur la voie de son avenir commun dans la famille européenne.
Il s’agit d’une politique qui porte ses fruits. Les plateformes de coopération régionale – Processus de coopération en Europe du sud-est, Organisation pour la coopération économique de la mer noire, Conseil de coopération régionale et autres entités – nous rapprochent en tant que partenaires. La Serbie a enregistré un progrès notable dans son cheminement vers l’UE, un progrès qui doit être reconnu sans réserve. Il en va de même du Monténégro. Les efforts de conciliation, d’unité et de progrès de la Bosnie – Herzégovine doivent être soutenus. L’Albanie est entrain de surmonter les conflits internes et de revenir sur la voie des réformes conformément aux critères communautaires. L’Histoire de succès de la Croatie donne un élan au processus global d’élargissement des Balkans.
Un autre dossier nécessitant une attention particulière est la question du nom de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine, qui n’est pas exclusivement une question de nom, car le processus de résolution de cette question constitue un effort honnête dans une région sensible visant à oublier toute notion d’irrédentisme ou tentatives d’altération de l’histoire et des frontières. L’objectif visé est que nos enfants ne grandissent pas avec un sentiment de méfiance ou de haine, mais d’amitié et d’espoir. La Grèce pense, et elle l’a exprimé à maintes reprise, que la solution réside dans un compromis équitable, une appellation avec déterminatif géographique, car la Macédoine constitue une région géographique qui s’étend sur le territoire de plusieurs pays. Nous estimons, par ailleurs, que ce nom devra être pour tous les usages (erga omnes). Nous voulons que cette question soit résolue afin que nous puissions valoriser les possibilités offertes par nos relations, sur la base de la transparence et de la franchise. Il est grand temps de parvenir à une solution réussie et mutuellement acceptable. Et comme je l’ai souvent dit, l’occasion nous est donnée d’écrire l’Histoire, non de la réécrire.
Chers collègues,
L’Europe du Sud-est ne constitue qu’une partie du voisinage de la Grèce. En Méditerranée orientale nous assistons à un réveil du peuple qui affiche sa volonté en faveur de la démocratie et son espoir pour un meilleur avenir. Nous avons vécu le « Printemps arabe ».
Notre proximité avec ces pays ainsi que les relations de longue date de confiance et d’amitié que nous entretenons avec le monde arabe, ont renforcé la présence de la Grèce dans la région et son rôle dans les évolutions. Nous avons organisé des opérations d’évacuation pour des dizaines de milliers de citoyens, nous avons assuré le soutien terrestre nécessaire pour l’application de la zone d’interdiction de vol en Libye, nous sommes intervenus en faveur de la libération des soldats européens au début de la crise et avons établi à temps une présence diplomatique à Benghazi afin de pouvoir se mettre en contact avec le Conseil national de transition. En ce moment, les installations que nous mettons à disposition en Crète contribuent considérablement aux efforts visant à gérer la situation humanitaire en Libye. L’importance que nous attachons aux évolutions en Libye, en Egypte, en Tunisie et au reste de la région découle du fait que j’ai tout à l’heure mentionné, à savoir que sans la paix et la sécurité, il est impossible de coopérer. Toutefois, la coopération est nécessaire pour le développement et l’amélioration de la vie des peuples. Nous, la communauté internationale, devons aider nos voisins au sud afin qu’ils atteignent leur objectif, à savoir établir la démocratie, assurer la participation à la vie publique dans l’espoir d’un meilleur avenir.
Je me réfère aux mêmes droits revendiqués par le peuple de la Syrie depuis des mois entiers, des droits que les dirigeants syriens, par la voie de la violence, refusent de leur accorder.
Chers amis,
Le monde arabe n’a pas besoin de nouveaux hégémons qui considèrent les bouleversements actuels comme une occasion de promouvoir leurs propres intérêts et objectifs liés à la création de nouvelles zones d’influence géostratégique et économique. Au contraire, le monde arabe a besoin de véritables amis qu’ils les traitent sur un pied d’égalité ayant la volonté de les aider, en faisant abnégation de leurs intérêts, dans ce parcours de transition vers la démocratie et la véritable autodétermination. La Grèce et l’UE, sous la direction des Nations Unies, peuvent et doivent jouer ce rôle. S’agissant de la question palestinienne, l’absence de paix et de sécurité est plus que jamais très marquée.
La Grèce soutient de manière catégorique le droit de la Palestine à obtenir un statut d’Etat. Aujourd’hui, il est de notre devoir, il est du devoir de chaque Etat membre de l’ONU, de respecter la décision des Palestiniens de demander l’adhésion à l’Organisation et de transformer cette demande en une opportunité dans le but de donner un nouvel élan aux négociations directes.
La Palestine a le droit d’exister en tant qu’Etat indépendant et n’oublions pas qu’Israël aussi a le droit d’exister dans un environnement de pleine et absolue sécurité. L’UE tant à titre individuel qu’au sein du Quartet, a un rôle important à jouer dans cet effort. La Grèce poursuivra le dialogue avec les deux parties et continuera de soutenir les efforts de Cathy Ashton et de l’UE au sein du Quartet.
Chers collègues,
Dans ce contexte marqué de tensions régionales et d’instabilité mais porteur de grands espoirs, éviter de susciter de nouvelles tensions dans la région de la Méditerranée orientale devrait être une chose évidente. C’est pourquoi nous sommes particulièrement préoccupés par les récentes menaces et les actions hostiles de notre pays voisin, la Turquie, à l’égard de la République de Chypre, en violation du droit communautaire. Comme l’ont d’ores et déjà déclaré l’UE, les Etats Unis, la Russie et autres pays, les menaces et les actions de la Turquie de ces derniers jours vont à l’encontre du droit international et doivent cesser.
Nous pensons que la voie des tensions n’est pas la bonne voie et, en plus, elle est dangereuse. Au lieu de menaces, notre région a besoin de pays puissants qui peuvent œuvrer de concert en faveur de la promotion de la stabilité, de la coopération et des relations de bon voisinage entre tous les pays et toujours dans le cadre du droit international. C’est cet espoir que nous devons alimenter et c’est cet exemple que nous devons donner dans notre région et c’est cela qu’attend de nous notre région.
Telle est la raison pour laquelle la Grèce demeure attachée à la voie pacifique des consultations exploratoires avec la Turquie portant sur la délimitation du plateau continental et le renvoi de cette affaire à la Cour internationale de la Haye, si à travers ces consultations une solution n’est pas atteinte, tout en attendant de la Turquie de s’abstenir d’entreprendre des actions qui sapent cet esprit de coopération.
C’est pourquoi nous soutenons pleinement les négociations menées sous l’égide des Nations Unies entre le Président Christofias et M. Eroglu – des négociations qui visent à parvenir à la réunification de Chypre en tant que fédération bizonale et bicommunautaire et à mettre fin à l’occupation illégale turque, conformément aux résolutions de l’ONU et à la législation européenne.
Chers collègues,
Enfin, la croissance économique et la répartition équitable de la richesse sont des conditions fondamentales à la stabilité et à la sécurité à long terme. Confronté à la plus grave crise économique dans sa récente histoire, mon pays non seulement ne s’est pas replié sur lui-même, mais demeure le principal investisseur dans notre région, et notamment dans les Balkans occidentaux, tout en contribuant à la création de dizaines de milliers d’emplois. A l’intérieur nous redressons notre économie en investissant dans un développement économique durable et dans les avantages comparatifs de la Grèce, à savoir l’énergie verte, la navigation maritime, le tourisme, l’agriculture durable et les infrastructures de haute technologie qui figurent tout en haut de la liste de nos priorités.
A l’extérieur, nos entreprises deviennent de plus en plus extroverties. L’intégration économique de notre région viendra renforcer nos capacités économiques et par conséquent, elle approfondira considérablement la cohabitation pacifique et la coopération entre tous les peuples de la région.
Chaque crise, comme on l’entend dire est aussi une opportunité. Si cela est bien valable, notre région marquée de petites et de grandes crises depuis plusieurs décennies, peut être à juste titre considérée comme une région du monde présentant les plus grandes opportunités pour la paix, le développement et la stabilité. C’est à nous de saisir ces opportunités. Chers collègues, commençons sans plus tarder!
Merci.
September 25, 2011