Discours du ministre des Affaires étrangères Nikos Dendias lors de la 2eme réunion du « Forum israélo-hellénique » du B'nai B'rith World Center, organisée en coopération avec IDIS de l'Université Panteion (Athènes, 27.06.2022)

Excellences,

Professeurs,

Cher collègue,

Cher ami Nikos,

Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureux de participer à la deuxième réunion de ce Forum, sous les auspices du Ministère des Affaires étrangères. Et, je dois le dire, c'est avec humilité que je le fais devant le Parthénon, ce monument éternel de la sagesse et de l'ingéniosité humaines.

Je dois dire que, depuis le premier forum, la pandémie nous a empêchés de nous réunir à nouveau, jusqu'à aujourd'hui, bien sûr.

Mais cela n'a pas empêché le rythme des relations gréco-israéliennes de progresser, si je puis dire, de manière significative. La coopération trilatérale entre la Grèce, Chypre et Israël a continué à s'épanouir dans divers domaines.

Il en va de même pour les programmes de coopération avec Israël, l'Égypte, la Jordanie et les pays du Golfe, tels que les Émirats arabes unis et l'Arabie saoudite, mais aussi avec Bahreïn et le Koweït.

Dans cet environnement géopolitique complexe, notre choix stratégique a été d'approfondir et d'élargir ces schémas de coopération.

Dans ce paysage complexe, les Accords d'Abraham, créés en 2020, ont confirmé la nécessité de travailler plus étroitement pour renforcer les synergies. Ils ont ouvert une opportunité supplémentaire pour le renforcement de nos programmes. Le sommet du Néguev, qui s'est tenu récemment, a été un point très positif, un exemple de coopération régionale en ces temps troublés. Nous serions plus qu'heureux de voir ce nouveau forum s'élargir à d'autres acteurs régionaux, dont la Grèce, si je puis dire.

Ces développements positifs témoignent de notre volonté de renforcer nos relations avec des partenaires importants dans la région pour œuvrer à la sauvegarde de la sécurité.

Cependant, nous ne pouvons pas ne pas faire référence à l'environnement compliqué d'aujourd'hui, un environnement totalement instable.

La guerre en cours en Ukraine nous rappelle brutalement que l'Europe n'est pas une zone sans guerre, comme nous l'espérions.

Notre propre voisinage, la Méditerranée orientale, est continuellement confronté à des défis, les crises en Syrie, en Libye, la question chypriote, le comportement provocateur de la Turquie en mer Égée, en Méditerranée orientale.

L'escalade des tensions se fait au détriment de la stabilité, c'est exactement ce qui se passe. Nous ne devons pas ménager nos efforts pour aller dans la direction opposée. Coopérer de manière constructive, promouvoir la prospérité et la stabilité.

À cet égard, la volonté de toutes les parties est de la plus haute importance.

•    Le respect du droit international, y compris du droit international de la mer,
•    Les relations de bon voisinage
•    Une coopération fondée sur des règles.

Ce sont toutes des conditions préalables à une coexistence pacifique.

Les récits révisionnistes ne peuvent que susciter l'extrémisme, ils peuvent provoquer des tensions. Il en va de même pour les accords illégaux, les cartes rédigées en violation du droit international, si je puis dire, les accords et les cartes en violation du bon sens. La Turquie et l'administration Sarraj en Libye se sont mis d’accord sur des zones économiques exclusives contournant la Crète. Comme si la Grèce et l'Espagne décidaient demain de rédiger une carte des ZEE en faisant comme si l'Italie au milieu n'existait pas et en prétendant que cela fait partie du bon sens.

Mais aussi, la question chypriote, une question internationale d'invasion illégale et d'occupation illégale. Les tentatives d'imposer de nouveaux faits-accomplis à Varosha sont totalement inacceptables pour nous.

Si l'on élargit notre champ d'action et que l'on passe au Moyen-Orient, nous sommes confrontés à une instabilité persistante en Syrie, au Liban et en Irak. Ce sont tous des foyers potentiels d'extrémisme islamique et de terrorisme.

En Libye, le paysage politique global continue d'être totalement fragile et instable.

À cela s'ajoute bien sûr l'invasion russe en Ukraine. C'est une tragédie de notre époque, quelque chose que nous pensions ne plus jamais connaître sur notre continent : la guerre.

Les effets secondaires négatifs vont s'accentuer dans les mois à venir. Les perturbations des chaînes d'approvisionnement et des flux commerciaux exercent une pression énorme sur les marchés, les producteurs, les consommateurs et les sociétés.

Les principes fondamentaux du droit international sont érodés. Nous ne pouvons être tolérants face aux tentatives de révisionnisme au XXIe siècle.

Dans le même temps, la Russie a l'intention d'utiliser l'énergie comme une arme, menaçant directement la sécurité énergétique de l'Europe.

L'importance de la Méditerranée orientale devient donc encore plus pertinente dans ce contexte.

En ces temps troublés, la coopération de pays partageant les mêmes idées est le seul exemple brillant que nous pouvons offrir.

La Grèce croit fermement en la coopération entre tous les pays de la région, mais bien sûr sur une certaine base : les relations de bon voisinage, le respect du droit international, y compris du droit international de la mer.

Guidés par ces principes, nous avons montré que nous étions un partenaire digne de confiance et fiable dans la région.

Mesdames et Messieurs,

Je suis désolé de dire que le chemin est très long et semé d’embuches.

Dans cet environnement effrayant, la position de la Grèce ne peut qu'être toujours la même : une coopération fondée sur des règles avec nos voisins, l'ouverture, la confiance, l'engagement à sauvegarder la paix, l'engagement à sauvegarder la stabilité, le respect du droit international, le respect du droit international de la mer, le respect de nos semblables dans notre région et au-delà.

La politique étrangère de la Grèce est convaincue que c'est le seul moyen de parvenir à une société meilleure, à un monde meilleur.

Je vous remercie.

June 28, 2022