Discours du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, lors de la présentation du livre "Assertive Patriotism" de Konstantinos Filis et Makis Provatas (11.11.2021)

Merci beaucoup pour ce grand plaisir et ce grand honneur.

Tout d'abord, il est important pour moi d'être parmi mes compatriotes. M. Provatas est un Corfiote, comme son nom l'indique. J'imagine qu'il est originaire du village Agrafi.

Ayant été député de Corfou pendant 10 ans, je ne pense pas qu'il existe un nom de famille dont je ne puisse identifier l'origine. Mme Koppa a un lien avec Corfou, mais M. Kostis m'a également révélé qu'il est à moitié corfiote, le nom de sa mère est Dafni.

Par conséquent, le seul qui reste est l'auteur. Tous les autres ont des origines géographiques spécifiques.

Mais je voudrais vous dire que, bien sûr, ce n'est pas la raison pour laquelle je suis ici aujourd'hui et que je n'ai pas l'habitude d'assister à des présentations de livres ni même de dire beaucoup de choses.

J'adhère à l'idée qu'en fin de compte, l'action est la formulation la plus claire du discours et de la perception, surtout en temps de crise, et que dire beaucoup est souvent source de malentendus.

Mais je pense que ce livre est une contribution sérieuse à ce qui doit obligatoirement être fait. Une profonde introspection sur où nous en sommes et, plus important encore, où nous devons aller.

Et, en effet, M. Provatas, cher Maki, j’en conviendrai avec vous que le titre correspond à l'opinion, M. Filis, que l'on peut cosigner et, d’ailleurs, opposer à ce que je qualifierais peut-être de provincialisme balkanique nationaliste, qui a pu traduire la pensée de beaucoup à un moment donné.

Je pense que le livre procède d'une approche moderne des problèmes, extrêmement contemporaine et intéressante, que l'on soit d'accord ou non avec ce qui y est écrit.

Et, en effet, par le choix judicieux, non pas d'un texte, mais d'un processus de dialogue à travers des questions auxquelles il est répondu, et je dois dire, d'une manière claire, compréhensible et agréable, étant donné que le sujet lui-même n'est pas nécessairement agréable.

Et je voudrais souligner le mot « patriotisme ». Parce que je pense que c'est ce qui correspond par excellence au sentiment du Grec moyen. Un amour positif envers la patrie et ce qu'elle représente, sans que cela ne constitue ni un mépris pour autre chose, ni un sentiment d'arrogance ou de supériorité irrationnelle, mais aussi combiné à l'effort que le pays fait en participant à des frontières supranationales, comme l'Union européenne.

Je voudrais saisir cette occasion pour faire une petite présentation schématique de la manière dont le gouvernement Mitsotakis a conçu la politique étrangère et de la manière dont cet effort est mis en œuvre. C'est à la société grecque de juger si elle est mise en œuvre avec succès ou non.

Nous pensons tout d'abord que notre pays est confronté à un certain nombre de défis.

Et à des menaces, comme je l'ai dit à plusieurs reprises. Mais cela ne signifie pas que sa politique étrangère soit uniquement la réponse ou la réaction à cette menace.

Cela reviendrait à enfermer le pays. Le pays a, tout d’abord, une politique qui, schématiquement, si vous voulez que je l'illustre, ressemble beaucoup au logo des Jeux olympiques ou à l'ancien logo de la compagnie aérienne nationale Olympic Airlines. Les 5 ou 6 – en ce qui concerne Olympic Airlines – cercles qui s’entrecoupent.

Le premier cercle concerne notre voisinage septentrional élargi, les Balkans élargis, avec les défis auxquels les Balkans occidentaux, en particulier, sont confrontés à l'heure actuelle, au moment même où nous parlons. Et je ne fais pas seulement référence à la Macédoine du Nord. D'autres pays plus au nord, comme la Bosnie-Herzégovine, sont une source potentielle de très gros problèmes.

Le deuxième cercle va vers le sud, couvrant un certain nombre de pays, Israël, l'Égypte, les pays du Golfe, la Turquie. Un certain nombre de pays avec lesquels la Grèce entretient des relations extrêmement étroites, comme l'Égypte, avec laquelle nous avons signé le fameux – à mon avis excellent – accord sur la zone économique exclusive.

Nous avons Israël avec le grand renforcement des relations, l'accord de défense avec les Émirats arabes unis, la relation très étroite avec l'Arabie saoudite, mais aussi l'ouverture à des pays de la région avec lesquels la Grèce n'avait aucune relation auparavant, comme Oman, la relation avec la Jordanie, et bien sûr la nature problématique de notre relation, la nature profondément problématique de notre relation avec la Turquie.

L'Afrique du Nord est une région dans laquelle nous avons été absents et nous en avons le prix avec les problèmes auxquels nous sommes maintenant confrontés en Libye.

Le troisième cercle est l'Europe. Tout d'abord, l'Union européenne, notre maison européenne commune, notre famille européenne, le germe de principes communs.

Un projet dans lequel, permettez-moi de le dire, je suis extrêmement fier que notre pays soit impliqué. Mais je dis de l'Union européenne qu'elle rappelle les grandes religions monothéistes, à l'exception de l'Islam. Elle met des siècles à mûrir et n'en est qu'aux premières décennies de sa vie.

Mais d'un autre côté, c'est le projet de coopération entre États le plus fier de l'histoire de l'humanité. Je le redis, pleinement conscient des défis, des problèmes, des dysfonctionnements, des difficulté

Mais aussi un certain nombre d'autres pays européens très importants, comme le Royaume-Uni à l'Ouest, qui a choisi, malheureusement selon l'orateur, une voie solitaire, mais ce droit appartient au peuple britannique, ainsi que d’États membres du Conseil de sécurité, la Russie, au Nord. C'est un pays que l'on ne peut ignorer.

Le quatrième cercle représente en fait le continent américain, mais surtout les États-Unis. Le lien transatlantique, notre relation avec l'OTAN, l'importance énorme de la superpuissance, l'énorme potentiel, la nécessité d'expliquer notre politique et de rechercher leur présence dans la région élargie, en termes de compréhension des problèmes qui servent l'intérêt national, mais aussi l'intérêt européen.

Et, enfin, le cinquième cercle couvre l’extension de l'intérêt national à des domaines qui, jusqu'à présent, étaient presque hors d'atteinte, à quelques exceptions près.

La Chine est une exception. Elle était déjà économiquement présente dans notre pays, mais la Chine avec laquelle la Grèce est aujourd'hui appelée à coopérer n'a rien à voir avec la Chine du passé, pas même celle de la décennie précédente.

Il s'agit d'une Chine différente, mais aussi d'autres pays, comme l'Inde, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, ou encore un certain nombre de pays d'Afrique et d'Asie centrale, qui présentent un intérêt particulier pour nous.

La logique de tous ces cercles est de créer un cadre de compréhension, basé sur certains principes du droit international et, dans la plupart des cas, du droit international de la mer, qui permettra à la Grèce et à ces pays, en travaillant ensemble, de créer un meilleur avenir pour leurs sociétés, une situation plus stable et des progrès dans leurs économies.

Et d’un autre côté, grâce au terrain d'entente, nous ne permettrons pas à des visions différentes, divergentes du droit international, de trouver un terrain fertile pour se développer au XXIe siècle.

Je ne revendique pas et je ne rêve pas. Je ne prétends pas que c'est quelque chose de facile et d'immédiatement réalisable. Mais je dois dire qu’il est désormais visible, je pense, pour tout le monde, qu'une vision commune est en train d'émerger parmi un groupe très large et très puissant de pays.

Quelque chose qui, il y a quelques années, semblait peut-être souhaitable, mais pas possible ou réalisable. Dans le cadre de cet effort, il doit y avoir une adéquation, et cette adéquation doit être un dialogue interne à notre propre pays, qui permettra à de nouvelles pensées, de nouvelles idées, de nouvelles perceptions de se développer, toujours dans le cadre du patriotisme, qui est l'un des deux mots du titre de ce livre, et empêchera le retour à un repli sur soi qui pourrait empêcher notre pays de réaliser tout son potentiel.

Dans ce sens, mon cher auteur, mon cher M. Filis, l'effort est absolument bienvenu et j'espère qu'il trouvera des imitateurs qui entreront dans un dialogue ouvert, tourmentant les points de vue qui sont exprimés dans ce livre avec courtoisie, subtilité, et – permettez-moi de dire – avec une très belle plume.

Merci beaucoup.

November 11, 2021