Chers collègues,
Dans quelques jours, encore une année difficile s'achèvera. Malheureusement, nous déplorons chaque jour des décès dus à la pandémie, tandis que les ménages sont sous pression en raison de la crise énergétique, entre autres.
Dans cette conjoncture, le gouvernement Mitsotakis a fait preuve de réflexes dans des domaines essentiels et, bien sûr, dans l'économie. Il a réussi à accroître les investissements directs étrangers, il a exploité toutes les possibilités d'absorption des fonds communautaires, il a maintenu vivantes les activités du tourisme, des petites et moyennes entreprises ainsi que la production primaire, et il a soutenu ceux qui ont été le plus durement touchés, en particulier les personnes économiquement faibles.
Rien de tout cela ne va de soi. Mais il est au cœur du noyau idéologique de la Nouvelle Démocratie, au cœur du noyau idéologique du groupe parlementaire de la Nouvelle Démocratie, qui est le fondement de ce gouvernement.
La Nouvelle Démocratie, chers collègues, est un parti du peuple. Un parti historiquement populaire. La Nouvelle Démocratie soutient les réformes et elle est axée sur celles-ci, tout en conservant son caractère populaire. Elle conserve son matériel génétique populaire et patriotique, elle conserve sa capacité à converser avec les gens du labeur et de l'effort quotidien, ou, pour le dire clairement, la Nouvelle Démocratie de Kyriakos Mitsotakis est et reste le parti fondé par Konstantinos Karamanlis.
Chers collègues,
En matière de politique étrangère, nous sommes confrontés à l’environnement le plus volatile et le plus changeant de l'après-guerre. Nous exploitons toutes les possibilités qui s'offrent à nous, tout en reconnaissant que la Grèce et Chypre ont un voisin expansionniste.
Ces dernières années, cela a été clairement démontré par les défis sans précédent dans la mer Égée, à Evros, à Chypre, en Méditerranée orientale et, plus largement encore, dans le Caucase, en Irak, en Syrie et en Libye. Les idéologies ottomanes, les « frontières du cœur ottoman », la « patrie bleue » sont mises en évidence.
Face à cette attitude provocatrice sans précédent et anachronique, la Grèce a remanié ses tactiques diplomatiques et renforcé son pouvoir de dissuasion.
Dans le domaine diplomatique, la Grèce a promu le droit international et le droit de la mer, l'UNCLOS, comme une base commune et un traité d'entente nécessaire entre les États. Elle a porté sur le devant de la scène internationale la menace inacceptable de guerre, le casus belli, qu'émet la Turquie.
Et, Mesdames et Messieurs, il n'y a pas un seul pays dans notre voisinage, en Europe ou au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et dans le Golfe, que le Premier ministre et l'ensemble de la direction politique du ministère des Affaires étrangères n'ont pas visité.
Au sein de l'Union européenne, avec Chypre, nous avons intégré, malgré les difficultés, les provocations et l'expansionnisme turcs dans l'agenda euro-turc en tant que question principale. Nous avons expliqué le problème de sécurité que la Turquie crée en Europe et pourquoi la Turquie ne devrait pas être armée, surtout avec des armes européennes. Nous avons parlé de son « divorce » avec le droit international, avec le droit de la mer et avec la protection des droits de l'homme.
Dans les Balkans occidentaux, nous aidons la région à dépasser son passé et à adhérer aux principes et aux valeurs de l'Union européenne. Les problèmes de l'accord de Prespès sont évidents, mais sur la base du principe « pacta sunt servanda », nous continuons à rechercher son interprétation et sa mise en œuvre de bonne foi afin de faire progresser notre région. Dans ce contexte, nous sommes convenus avec l'Albanie de soumettre la question de la délimitation maritime à La Haye.
Dans notre périphérie sud, nous avons établi des alliances de défense, des partenariats renforcés, des ententes multilatérales avec des pays importants du monde arabe, l'Égypte, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, la Jordanie, le Koweït, l'Irak. Avec l'Égypte et l'Italie, nous avons signé respectivement un accord de délimitation de la zone économique exclusive et un accord sur les zones maritimes, avec les Émirats un accord bilatéral assorti d'une clause d'assistance en matière de défense et nous contribuons à la défense de l'Arabie saoudite.
Nous avons établi une enceinte multilatérale, le Forum « Philia », avec plusieurs de ces pays et la France. Et tout cela sur la base des principes, valeurs et règles communs du droit international et du droit de la mer.
Nous avons renforcé les relations avec Israël. Le Premier ministre y était il y a quelques jours. Nos relations sont historiquement au plus haut niveau et nous soutenons le rapprochement d'Israël avec le monde arabe.
Nous avons, à temps, prévu la nouvelle architecture de la région, avant même les traités d'Abraham. Avec les autres pays du Moyen-Orient, la coopération et la compréhension sont permanentes. Jordanie-Irak.
Nous avons une position claire au Moyen-Orient. Lors de la dernière crise à Gaza, j'ai été le premier ministre des Affaires étrangères à être reçu à la fois en Israël et en Palestine, pour promouvoir le cessez-le-feu qui a été conclu après trois jours.
Nous sommes de nouveau présents dans le conflit syrien en soutenant les efforts internationaux. Notre ambassade à Damas est rouverte et est opérationnelle au niveau du chargé d’affaires. Nous avons une envoyée spéciale pour la Syrie.
En Libye, dès que le gouvernement de transition a pris le pouvoir, nous avons rouvert notre ambassade à Tripoli et notre consulat général à Benghazi, nous contribuons au secteur humanitaire, nous avons organisé un forum des entreprises, nous contribuons au déminage. Le Premier ministre a été invité à la Conférence de Paris sur la Libye le mois dernier. Le gouvernement libyen lui-même a invité la Grèce à la conférence de Tripoli. Nous avons donc, malgré les objections de certains, remis la Grèce sur la carte de la Libye.
En Afrique du Nord, nous sommes également présents de manière constructive, de l'Égypte au Maroc.
Dans le Caucase, nos liens historiques avec l'Arménie sont bien connus. Nous avons d'excellentes relations avec la Géorgie. Nous avons rétabli les canaux de communication avec l'Azerbaïdjan. Comme vous le savez, j'ai rencontré, en marge de la récente conférence de l'OSCE, mes homologues d'Azerbaïdjan et d'Arménie.
Notre crédibilité, nos partenariats, ont pris un élan qui peut aller jusqu'à l'Indopacifique et l'Australie. Vous savez que les ministres des affaires étrangères de l'Inde et de l'Australie ont récemment visité Athènes. Nos points de vue sont identiques sur les questions essentielles relatives au droit international et au droit international de la mer et nous défendons la même logique au sein du Conseil de sécurité des Nations unies.
J’aimerais me référer à l'effort que nous faisons avec les membres non-permanents du Conseil de sécurité des Nations unies. Nous avons rencontré et expliqué nos positions à presque tous les membres, à tous les ministres de la composition du Conseil qui entrera en vigueur le 1e de la nouvelle année.
En outre, dans le cadre de notre nouvelle stratégie pour l'Afrique, nous avons visité, j'ai rencontré des homologues de pays africains importants et, parmi eux, des membres du Conseil de sécurité, comme le Ghana, le Gabon, mais aussi le Kenya, qui est déjà membre, et au début de l'année prochaine, je me rendrai au Nigeria, en Angola et au Sénégal. Nous expliquons nos positions, proposons notre aide en matière de diplomatie vaccinale, développons de nouveaux partenariats.
Nous aborderons l'Amérique latine dans le même esprit après mes rencontres avec les ministres des affaires étrangères du Mexique, du Panama, du Costa Rica et des pays des Caraïbes au cours de l'année écoulée.
J'ai laissé les membres permanents du Conseil de sécurité pour la fin. Vous savez tous que nos relations avec les États-Unis et la France sont passées à un autre niveau ces dernières années.
Avec les États-Unis, nous avons signé l'amendement et le protocole à l'accord de coopération de défense mutuelle (MDCA), nous avons renforcé le dialogue stratégique. La présence américaine de Souda a atteint Alexandroupolis, en Thrace. Lorsque j'ai parlé dans cette salle d'Alexandroupolis en 2019, peu de gens y ont cru. De plus, pas plus tard qu’avant-hier, à l'initiative du sénateur Menendez et d'autres sénateurs et membres de la chambre des représentants, le Congrès a voté, entre autres, pour donner à la Grèce la possibilité privilégiée d'acquérir des avions F35.
Cela a été suivi par la signature de l'accord de partenariat stratégique avec la France, assorti d'une clause d'assistance mutuelle en matière de défense.
Et je veux qu'il soit clair que ces accords ne sont dirigés contre personne. Bien au contraire, ils renforcent la sécurité de notre pays.
Et nous encourageons la présence de nos alliés dans les modèles de coopération multilatérale auxquels nous participons dans la région de la Méditerranée orientale.
Avec le Royaume-Uni, dans l'ère post-Brexit, nous avons récemment signé un cadre de partenariat stratégique.
Avec les autres membres permanents du Conseil de sécurité, nous entretenons des relations traditionnelles de coopération.
Le Premier ministre a rencontré le président Poutine à Sotchi il y a quelques jours. Comme vous le savez, j'ai rencontré Sergei Lavrov à de très nombreuses reprises, nous échangeons nos points de vue, nous présentons nos propres points de vue sur les questions de sécurité mondiale.
Nous avons des relations de coopération avec la Chine. Le ministre Wang Yi nous a rendu visite il y a quelques jours à Athènes.
Mais nous abordons toutes les questions sur la base des règles du droit international. Et nous sommes aidés en cela par nos Grecs expatriés qui restent nos meilleurs ambassadeurs.
Dans le même temps, nous mettons en place un cadre d'actions coordonnées pour l'extraversion et la diplomatie économique. Nos objectifs seront encore mieux servis par la modernisation des structures et des opérations du ministère déjà mise en œuvre suite à sa transformation numérique, qui commencera à être mise en œuvre dans les premiers mois de 2022.
Je ne veux pas vous ennuyer, mais je peux vous dire que dans deux ans, si tout ce qui a déjà commencé est mis en œuvre, le ministère des Affaires étrangères entrera enfin dans le XXIe siècle.
Chers collègues, notre politique étrangère, telle que décrite dans le nouveau plan stratégique du ministère, a donné des résultats.
Depuis son entrée en fonction, le gouvernement actuel a signé 118 accords bilatéraux et 39 conventions multilatérales. Nous bénéficions d'un soutien sans précédent au sein des organisations internationales.
• Au cours des deux derniers mois, la Grèce a été élue premier pays en termes de votes au sein de l'Organisation maritime internationale. Nous avons obtenu 150 voix sur 157.
• Deuxième dès le premier tour au Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO avec 119 voix.
• 112 membres ont soutenu notre décision sur la sécurité des journalistes.
• 111 États ont soutenu notre décision sur le retour des biens culturels.
• Nous avons 95 engagements, des engagements écrits, pour notre élection au Conseil de sécurité en 2025-2026. Les élections auront lieu en 2024.
La politique étrangère du gouvernement Mitsotakis a contribué de manière décisive à l'endiguement de la Turquie sur le terrain. Il a sensibilisé l'Union européenne et l'Occident à la nouvelle « question orientale ». Il a obligé la Turquie à suivre l'évolution de la situation dans la région en recherchant des interlocuteurs.
Dans ses efforts pour normaliser ses relations avec l'Europe et l'Occident, la Turquie ne nous fait pas face. Elle fait face à ses illégalités, à la menace de guerre contre la Grèce, au refus d'adhérer à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, au mémorandum turco-libyen non fondé et illégal, à la remise en cause de la souveraineté des îles grecques sous prétexte de démilitarisation, au révisionnisme à l'égard des traités internationaux, aux survols des îles grecques, aux violations de l'espace aérien national et des eaux territoriales, à l'instrumentalisation de la question migratoire, à la déviation de l'État de droit. Tous ces problèmes sont devenus davantage des problèmes de la Turquie que de la Grèce.
En ce qui nous concerne, nous n'acceptons pas le fait accompli et nous ne succombons pas aux menaces. Et pour être clair, la tactique consistant à enfreindre d'abord la loi puis à négocier mon infraction à la loi en échange d'une contrepartie légale est terminée. Et cela vaut pour Chypre et pour le problème chypriote, où la Turquie doit revenir dans le cadre d'une solution de l'ONU.
Je pense qu'il est temps pour la Turquie de changer de cap, pour que nos peuples vivent dans la sécurité et la paix, pour que la Turquie rejoigne la nouvelle architecture de la région et pour que la mer Égée et la Méditerranée orientale deviennent des mers de paix et de coopération.
Chers collègues, en conclusion, permettez-moi de dire ceci : Je suis dans cette salle depuis des années. Je sais très bien comment les tactiques sont réorganisées lorsque la fin de la législature se profile à l'horizon.
Toutefois, je vous demande, comme vous l'avez fait jusqu'à présent, et je m'adresse principalement aux partis d'opposition, de résister à la tentation de la petite partisanerie, comme l'a fait le gouvernement Mitsotakis dès le premier jour, absolument sur la question que le Premier ministre m'a fait l'honneur de traiter, la politique étrangère du pays.
Je vous demande l'alignement de toutes les forces politiques avec comme dénominateur commun la logique nationale et l'intérêt national. Je vous demande de maintenir le ralliement face au révisionnisme. Je vous demande l'unité face à la vraie menace.
Je vous demande l'unité face à l'insolence du casus belli, des idéologies de la « patrie bleue », des idéologies du « cœur ottoman ». Je vous demande l'unité et l'unanimité car c'est le bouclier national fort.
Je vous remercie.
December 17, 2021