Discours du Président de la République, P. Pavlopoulos et du ministre des Affaires étrangères, Ν. Kotzias, lors de la cérémonie de prestation de serment des attachés diplomatiques du MAE

Discours du Président de la République,  P. Pavlopoulos et du ministre des Affaires étrangères, Ν. Kotzias, lors de la cérémonie de prestation de serment des attachés diplomatiques du MAEMinistre des Affaires étrangères: Lors de l'exercice de la politique étrangère, il peut y avoir aussi des moments de joie et un tel moment est celui d’aujourd'hui où j'ai l'occasion de saluer les nouveaux diplomates et la nouvelle génération qui représentera le pays.

Tout d'abord, je tiens à saluer le Président de la République,  Prokopis Pavlopoulos et le remercier de son aide et de la compréhension dont il fait preuve ainsi que de sa présence internationale ce qui constitue pour nous notre meilleure arme dans l'exercice de la politique étrangère.

Je vous souhaite la bienvenue  Monsieur le Président et nous vous remercions de votre contribution.

En une période difficile comme celle que nous traversons actuellement, le plus important est de savoir comment utiliser les armes de la diplomatie et valoriser notre expérience. L’enseignement de la diplomatie n’est pas axé malheureusement  sur des travaux pratiques mais sur la comparaison avec les autres pays et avec l'histoire.

Ceux qui exercent la politique étrangère ne cherchent pas à faire la compétition avec les autres. Vous ne devez jamais chercher à comparer votre stature par rapport aux autres. Vous devez toujours faire la compétition avec les problèmes. Est-ce que la stature constitue cet élément fondamental qui nous permettra de résoudre les problèmes? Si nous cherchons la réponse à cette question, nous découvrirons que nous devons sans cesse hausser notre stature. Les problèmes nous dépassent.

Je me réjouis également qu'au sein de la nouvelle génération de diplomates qui sont appelés à résoudre les grands problèmes, les problèmes mondiaux et les problèmes européens de notre région, il existe une classe petite mais non moins efficace. Sa caractéristique commune est la connaissance approfondie des langues étrangères et les diplômes postuniversitaires dans des domaines relevant de la politique internationale et cela constitue un nouvel élément pour notre ministère. Dans le passé, les candidats admis avaient une formation dans d'autres disciplines, autres que celles liées à la politique étrangère. Il s'agit d'un pas très important pour l'avenir.

En outre, force est de souligner que la diplomatie constitue pour la Grèce qui défend le droit international, l'arme la plus puissante, le moyen de négociation le plus puissant et ces personnes très brillantes  qui viennent d’adhérer à ce service inspirent l’optimisme.

Je vous souhaite tout le succès dans votre parcours professionnel.

Monsieur le Président,

Je pense qu'à votre présence le silence s'impose. Avant de vous donner la parole, je voudrais vous remercier de votre aide et de l'excellente façon dont vous représentez notre pays au niveau international ce qui nous donne du courage et nous rend optimistes.

Je vous remercie en ma qualité de ministre et au nom du gouvernement mais aussi au nom de notre ministère. Je vous souhaite la bienvenue.

Président de la République : Je tiens à remercier le ministre,  non seulement en ma qualité de Président de la République, mais aussi de collègue dans le milieu universitaire. Car avec M.  Kotzias nous partageons de nombreuses expériences communes lors de notre parcours universitaire.  Je le remercie de cette simplicité dont il fait preuve à ce moment crucial qui impose l'absence de prétention. C'est pourquoi je vous parlerai de choses substantielles.  Et je dis cela en toute conscience tant de mon rôle que de votre mission.

Chers attachés diplomatiques,

Vous avez terminé vos études à l'Académie diplomatique et vous entamez votre parcours au sein du Corps diplomatique comme nous l'avons coutume de l'appeler. C'est un corps historique, je dirais même emblématique, pour l'histoire de notre nation pour ce qui est de la défense des intérêts nationaux et publics.

Vous devez aimer votre service.  Non seulement parce que telle est votre mission. Mais parce que l'histoire du Corps diplomatique prouve justement cela. Si vous demandiez aux anciens diplomates ce qu'ils auraient aimé faire comme profession s'ils commençaient de nouveau leur parcours, ils vous diraient qu'ils auraient choisi la même profession.  Et probablement le Corps diplomatique a ce caractère unique que vous ne devez pas sous-estimer notamment en ces temps difficiles. Vous devez être fiers du Corps auquel vous êtes appelés à rendre vos services.

Vous êtes appelés à offrir vos services dans ce Corps sous la houlette de la direction politique, de toute direction politique quelle qu’elle soit. C’est cela la démocratie. La démocratie ce sont des alternatives que le peuple choisit. Vous devez savoir toutefois que, malgré les changements, il existe des éléments immuables de notre politique étrangère, dans le sens étroit du terme, qui sont étroitement liés à l’histoire de notre peuple et de notre nation. Vous êtes donc appelés à servir la pérennité de cette politique.


J’estime que ces éléments sont au moins au nombre de trois.

Premièrement, les propos de Konstantinos Karamanlis de jadis, qui ont été si mal interprétés, mais qui demeurent toutefois d’actualité aujourd’hui : « Nous appartenons à l’Ouest ». Ce qui signifie que nous sommes un peuple qui participe à la civilisation de l’Occident, à la démocratie de l’Occident, à la démocratie représentative, la démocratie de l’humanisme et de la justice sociale. Certes, notre politique, et notamment la politique étrangère, revêt plusieurs dimensions. Et elle doit revêtir plusieurs dimensions pour servir l’intérêt public de manière plus significative. Elle n’est pas unidimensionnelle, elle n’est pas dictée par les passions du moment. Toutefois, ces dimensions multiples émanent de la force que nous puisons à appartenir au monde occidental qui se doit à l’heure actuelle d’avancer afin d’instaurer dans le monde les deux grands biens, que seul le monde a la force de garantir : la démocratie et la paix.

Le deuxième élément de notre politique étrangère – et pas seulement – est notre parcours en Europe. Notre parcours est dans l’Union européenne, dans la zone euro. Nous resterons dans l’Union européenne, nous resterons dans la zone euro. Et nous lutterons avec les peuples européens, au côté de ceux avec qui nous avons partagé ce parcours toutes ces années, afin que l’Union européenne puisse de nouveau retrouver ses racines, les piliers sur lesquels elle a été fondée, les piliers de la démocratie, de l’intérêt public et de la justice sociale, de l’Etat de droit social. Cette bataille, nous la livrerons dans l’Europe et la zone euro.

Troisièmement, nos questions nationales, qui sont liées à nos droits nationaux. Je choisis très brièvement les trois dossiers que vous connaissez déjà et qui concernent le différend qui nous oppose à la Turquie, l’appellation du pays voisin, l’ARYM, et bien entendu la question chypriote.

Pour ce qui est des deux premiers dossiers, nos actions sont guidées non seulement par l’histoire et le respect de l’histoire, mais aussi les armes que nous procure le droit international. Et tout le monde doit savoir que le droit international est unique. Il comprend le droit écrit, le droit coutumier et, notamment les règles généralement admises du droit international. C’est ce sur quoi nous nous fondons. Nous n’exigeons rien qui ne nous appartienne pas. Mais nous ne voulons pas non plus concéder quelque chose qui soit fondé sur des règles fermes du droit international. Cela, nous le défendrons avec l’histoire que nul ne peut fabriquer.

En ce qui concerne la question chypriote, vous savez qu’il s’agit d’une question internationale et en même temps de notre cause nationale. Il est inadmissible que se poursuive l’occupation de Chypre, un Etat membre de l’Union européenne, dans les conditions actuelles d’ailleurs, en violation de toute règle du droit international et européen. La solution à la question chypriote doit être trouvée le plus rapidement possible. Et cela ne concerne pas seulement la Grèce, mais l’Europe elle-même. C’est le devoir de l’Europe. Et cette solution revêt un paramètre unique : l’Etat qui ressortira de la résolution de la question chypriote, cet état, tout le mode devra savoir qu’il s’agit d’un Etat européen. Sa structure doit être compatible avec le droit européen primaire et secondaire. Toute « solution » qui violerait cet acquis institutionnel de l’Europe et mettrait Chypre en dehors des normes européennes, est par définition non recevable, non seulement pour des raisons qui concernent la Grèce, mais aussi des raisons qui concernent l’Europe elle-même. Et tous ceux qui proposent de telles « solutions » ne violent pas seulement les intérêts de la Grèce et de Chypre, ils violent aussi le droit européen et portent atteinte à l’Union européenne. Il s’agit d’une base très importante qui rend justice à toutes les attentes du peuple chypriote martyr et place l’Europe devant ses responsabilités.

Je vous ai sans doute fatigué. Sans doute aussi que tout ce que j’ai dit est totalement évident. Car je sais très bien que vous êtes issus de l’Académie diplomatique. Vous êtes les meilleurs qui soient entrés et sortis de cette académie. Mais souvenez-vous bien que vous devez prouver cette excellence dans la pratique également.

Les quelques mots que je vous ai dits, sont des vérités qui vont de soi. Mais souvent ce qui manque c’est de comprendre l’évidence. Et tant que mon rôle et mes compétences constitutionnelles me le permettent, je le ferais. Avec mon ami le ministre des Affaires étrangères, nous irons dans cette direction, guidés, comme je vous l’ai dit, par notre histoire, l’intérêt public et notamment l’intérêt de la Nation et de notre peuple.

Merci beaucoup et tous mes vœux de succès.

June 8, 2015