Discours du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Evangelos Vénizélos, devant la 69e Assemblée générale des Nations Unies (samedi 27 septembre 2014)

Discours du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Evangelos Vénizélos,  devant la 69e Assemblée générale des Nations Unies (samedi 27 septembre 2014)Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et messieurs,

Cette soixante-neuvième Assemblée générale des Nations Unies se déroule dans un contexte mondial plein d’enjeux cruciaux, qui met à l’épreuve l’efficacité du système international existant.

La Grèce demeure pleinement engagée en faveur des objectifs de l’Organisation des Nations Unies dont les idéaux universels n’ont jamais cessé de nous inspirer. Je saisis l’occasion pour souligner l’alignement de mon pays sur les positions de l’UE présentées par le Président du Conseil européen dans son discours.

Nous réitérons notre soutien aux efforts visant à la réforme de l’Organisation, y compris du Conseil de sécurité, afin que l’Organisation puisse mieux s’adapter aux changements perpétuels de notre époque et renforcer son caractère opérationnel et son efficacité dans l’exercice de la diplomatie préventive.

Parmi les enjeux à relever, à un niveau global, figure de toute évidence, le défi des changements climatiques qui est une priorité absolue. Un nouvel accord universel et juridiquement contraignant pour tous est essentiel. La transition vers un nouveau modèle d’économie verte à faible intensité de carbone doit être accélérée. La Grèce considère que le Sommet sur le climat qui s’est tenu cette semaine a offert une occasion unique d’intensifier les efforts pour aboutir à un tel accord universel. La Présidence hellénique du Conseil de l’UE, durant le premier semestre 2014, s’est attachée à marquer l’importance du développement durable et une déclaration conjointe importante a été adoptée dans le cadre de la rencontre ministérielle de l’UE avec les pays Africains, Caribéens et du Pacifique, à Nairobi en Juin dernier.

L’épidémie du virus Ebola est devenue une réelle menace pour la paix et la sécurité mondiales avec de graves répercussions sociales, économiques et humanitaires. Une stratégie internationale est nécessaire afin de contenir le virus et éviter une crise humanitaire sans précédent, qui risquerait de provoquer l’effondrement du système de santé et, en définitive, du tissu social des Etats affectés. Nous saluons donc la décision du Secrétaire général de procéder à la création de cette nouvelle mission (UNMEER), et vous assurons que la Grèce s’engage à offrir son plein soutien à toute initiative prise en vue de lutter contre l’épidémie.

Les défis complexes actuels de sécurité exigent que nous unissions nos forces, tant au niveau international que régional. La Grèce soutient le renforcement de la coopération entre l'Union européenne et les Nations Unies dans le domaine de la gestion de crise, notamment au moyen de la mise en œuvre du plan d'action sur les opérations de maintien de la paix de l’ONU.

Monsieur le Président,

Le monde est confronté à une série de crises sans précédent au Moyen-Orient et en Afrique du nord ainsi que dans le voisinage oriental de l’Union européenne. De toute évidence, face à de telles conditions de crises multiples, une stratégie cohérente et globale est nécessaire. Bien entendu, de ce point de vue, le rôle de l’Organisation des Nations Unies et spécialement du Conseil de sécurité est déterminant. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons faire face aux dilemmes cruciaux auxquels nous sommes confrontés, le dilemme entre démocratie et sécurité. Mais pour avoir la démocratie, il faut un État qui fonctionne et qui ne se dissout pas ainsi que des conditions minimales de sécurité.

La crise ukrainienne affecte sérieusement la sécurité et la stabilité en Europe. Nous sommes préoccupés par la situation humanitaire qui s'aggrave dans l'Est de l'Ukraine et nous soutenons l'intégrité territoriale, l'indépendance et la souveraineté de l'Ukraine. Nous soutenons l’accord de Minsk du 5 septembre, dont la pleine application peut contribuer à la résolution de cette crise par le biais de moyens diplomatiques et politiques. La clé est l’atteinte d’une solution inclusive.

En ce qui concerne les problèmes de sécurité dans notre voisinage, nous saluons l’adoption, en Egypte, de l’accord de cessez-le-feu israélo-palestinien du 26 août qui, espérons-nous, préparera le terrain en vue de relancer le processus politique visant à assurer une paix durable, qui est de toute évidence, une condition préalable à une solution globale permettant à deux Etats, Israël et Palestine, de coexister en sécurité.

Le nouveau représentant du Secrétaire général  des Nations Unies pour la Syrie doit poursuivre ses efforts en vue de relancer le processus politique de Genève II. Ceci s’impose d’autant plus devant les actes barbares de l’EI et autres groupes djihadistes en Syrie et dans les régions situées près de la frontière entre l’Iraq et la Syrie. L’adhésion des combattants étrangers à des organisations djihadistes terroristes constitue une grave menace à la sécurité régionale et mondiale. En tant que membre de l’Alliance internationale contre l’EI et les djihadistes extrémistes, la Grèce soutient pleinement la nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur la façon dont nous, la communauté internationale, devons agir pour lutter contre l’EI et les combattants étrangers potentiels.

Dans ce contexte, je souhaiterais me référer tout particulièrement à la situation humanitaire grave et aux pressions croissantes des réfugiés sur des pays de la région, dont la Grèce. Les moyens militaires à eux seuls ne peuvent éradiquer la menace djihadiste. Nous devons également promouvoir un processus participatif de dialogue national en Iraq et la réconciliation pour faire face à cette menace à l’unité nationale du pays et à son intégrité territoriale.

Nous sommes vivement préoccupés par le déplacement des civils et condamnons fermement la persécution systématique des Chrétiens et autres communautés religieuses.

La stabilité de la région est également menacée par la violence persistante en Libye. Nous soutenons fermement la coordination par l’ONU des efforts internationaux en la matière. Ainsi, nous saluons la nomination du nouveau représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies.

Monsieur le Président,

Profondément préoccupée par les conditions qui constituent une menace pour la vie des journalistes ainsi que la censure et la persécution des médias, la Grèce a co-parrainé la résolution sur la « Sécurité des journalistes et la lutte contre l’impunité » adoptée l’année dernière. Et cette année, nous co-parrainons la résolution sur la protection des journalistes.

Monsieur le Président,

Pendant sa présidence européenne au premier semestre 2014, la Grèce a axé son attention sur l’intégration des Balkans occidentaux à l’UE. Cet objectif nécessite la mise en application de réformes internes conformément aux standards de l’UE et le développement de relations de bon voisinage à travers la coopération régionale, la réconciliation et la lutte efficace contre les sources du nationalisme.

Nous saluons le progrès significatif réalisés jusqu’à présent dans les pourparlers entre Belgrade et Pristina facilités par l’UE. Nous espérons que les deux parties poursuivront leurs discussions constructives dans un esprit de compromis.

Pour ce qui est de la question du nom de l’Ancienne République yougoslave de Macédoine, la Grèce respecte pleinement le processus dirigé par le Secrétaire général par le truchement de son envoyé spécial, M. Matthew Nimetz et y participe toujours de manière constructive et en faisant preuve de bonne volonté. La Grèce a, à ce jour, fait d’importants pas en avant. Nous attendons de l’autre partie de faire les pas correspondants. Nous proposons un nom composé mutuellement acceptable avec un qualificatif géographique avant le nom “Macédoine” utilisé par tous et à toutes fins - erga omnes.

La Grèce soutient la perspective européenne et euro-atlantique de son voisin et compte parmi les investisseurs étrangers les plus importants de ce pays. Sa perspective européenne et euro-atlantique n’est pas liée au nom ou à la Grèce, mais au respect des critères généraux d’éligibilité pour tous les pays candidats à l’adhésion. Elle est liée à des questions de démocratie, d’ Etat de droit, de respect des droits de l’homme, de relations interethniques harmonieuses et de liberté de la presse. Comme le stipulent les conclusions du Conseil européen en la matière, des « pas tangibles » doivent être faits concernant ces questions.

L’été dernier a marqué le 40e anniversaire de l’invasion de Chypre par la Turquie, tandis que la communauté internationale est toujours confrontée à l’occupation militaire illégale du territoire d’un Etat membre de l’ONU et de l’UE. La Grèce soutient pleinement le dialogue entre les dirigeants des deux communautés, dans le cadre du communiqué conjoint de février 2014 ainsi que les initiatives du Président Anastassiadis sur les mesures de confiance susceptibles d’insuffler une nouvelle dynamique sur l’île.

Une solution équitable et durable à la question chypriote doit être conforme aux résolutions y afférentes du Conseil de sécurité de l’ONU, les accords de haut niveau (1977 et 1979), le communiqué conjoint de février 2014 et l’acquis communautaire. Les Chypriotes doivent exprimer leur accord à une telle solution au moyen d’un referendum. Nous accordons également une grande importance au maintien du mandat de l’UNFICYP, du niveau et du concept, et aux missions de bons offices du Secrétaire général. Et nous saluons la nomination de M. Eide au poste de nouveau conseillé spécial sur Chypre.

Une solution équitable et durable à la question chypriote et le respect du droit international – particulièrement du droit international de la mer – sont deux facteurs cruciaux dont dépendent pleinement les relations gréco-turques. Ces relations présentent un grand potentiel et sont cruciales pour la stabilité de la région élargie, car ce sont des relations entre deux Etats membres de l’OTAN, tandis que la Grèce soutient pleinement la perspective européenne de la Turquie.

Monsieur le Président,

Les temps difficiles imposent des choix exigeants. Les Nations Unies sont en mesure de relever les nouveaux défis, comme elles l’ont déjà fait si souvent dans le passé, à condition que nous partagions tous la même vision et, plus important encore, que nous fassions preuve de la volonté politique nécessaire.

Merci de votre attention.

September 27, 2014