Discours du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, E. Vénizélos au congrès du magazine Economist sur le thème: «L'Europe et le monde arabe»

Discours du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, E. Vénizélos au congrès du magazine Economist sur le thème: «L'Europe et le monde arabe»Veuillez trouve ci-dessous le texte du discours du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Evangelos Vénizélos au congrès organisé par le magazine Economist sur le thème : «L'Europe et le monde arabe. Renforcement des liens en matière de politiques, d’affaires et d'investissement» :

«Votre Altesse,
Vos Excellences,
Mesdames et messieurs,

C’est un grand plaisir pour moi d'accueillir aujourd'hui à Athènes, au nom du gouvernement grec et de la Présidence hellénique du Conseil de l'Union européenne, des personnalités aussi éminentes du monde arabe et de l'Union européenne.

Je tiens à faire part de mes remerciements au département chargé de l’organisation des congrès du magazine Economist pour avoir organisé cette manifestation aussi importante en Grèce, à Athènes, sous l'égide aussi de la Présidence hellénique du Conseil de l'Union européenne.

Cette réunion d'aujourd'hui constitue un prélude excellent annonçant un événement politique majeur que nous sommes en train de préparer en tant que Présidence de l'Union européenne en coopération avec la Haute Représentante et vice-Présidente de la Commission européenne, Mme Ashton les 10 et 11 juin, à savoir dans quelques semaines. Il s'agit de la réunion ministérielle des 28 Etats membres de l'Union européenne et des Etats membres de la Ligue arabe.

Nous nous réjouissons car cette réunion ministérielle se tiendra en Grèce et non pas à Bruxelles ou à Luxembourg, à l'occasion de la Présidence hellénique, car nous considérons qu'Athènes, la Grèce, notamment au cours de la période actuelle, est un lieu propice à l'organisation de cette réunion entre la Commission européenne et la Ligue arabe, au niveau politique élevé des ministres des Affaires étrangères.

Comme vous le savez, l'une des plus importantes priorités de la Présidence hellénique - et je suis sûr que la Présidence italienne du prochain semestre donnera également suite à cette priorité - est de mettre en avant la dimension maritime de l'Union européenne, ladite politique maritime horizontale. Dans le cadre de cette politique, l'attention de l'Europe et des politiques européennes est axée sur la Méditerranée qui est la mer commune de l'Europe et du monde arabe.

Les problèmes liés à la sécurité, aux flux migratoires, mais notamment, les opportunités de développement peuvent doter de nouveau la Méditerranée de sa dimension pacifique. Nous sommes donc heureux en tant que Grèce et Présidence hellénique du Conseil de l'Union européenne car en accueillant cette réunion aujourd'hui nous avons l'opportunité de souligner et de raviver les relations étroites que nous entretenons avec le monde arabe. Des relations non seulement culturelles et historiques mais aussi politiques, économiques et en matière de développement.

Nous nous réjouissons également car dans le cadre de la Présidence hellénique, en coopération avec six autres pays membres méditerranéens de l'Union européenne, nous avons mis en place le Groupe méditerranéen (Med Group) dont la première réunion a été tenue il y a quelques jours à Alicante, en Espagne.

Nous avons eu l'occasion, les ministres des Affaires étrangères de la Grèce, de Chypre, de Malte, de l'Espagne, de l'Italie et du Portugal, de discuter en détail avec le Secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée et de prendre une initiative commune visant à faire revivre les réunions ministérielles de l'Union pour la Méditerranée car nous pensons que ce n'est qu'à travers un soutien politique ferme que nous pourrons valoriser cet instrument excellent qui est à la disposition de la Commission européenne et du monde arabe.

Il y a quelques semaines, s'est tenue à Bruxelles la réunion au sommet UE-Afrique et nous avons eu l'occasion en tant que Grèce et Présidence hellénique du Conseil de l'Union européenne de tenir un grand nombre de réunions bilatérales qui serviront de tremplin en vue de renforcer la présence européenne et grecque en Afrique.

Et nous saluons tout particulièrement la présence de Son Altesse, car la Grèce entretient des relations politiques et économiques étroites avec tous les pays du Golfe, avec le Conseil de Coopération du Golfe. Nous accordons une importance particulière à cette coopération tout comme au rôle particulier des pays du Golfe dans la stabilisation de la région élargie du Moyen-Orient, de l'Afrique du nord et de la partie européenne de la Méditerranée.

L'objectif de notre Présidence au cours des deux mois restants est de faciliter et de promouvoir les relations entre l'Union européenne et le monde arabe. Le commerce bilatéral est en constante évolution et pour nous il est très important de faire avancer les négociations nécessaires à la conclusion des accords de libre-échange approfondis et complets, car nous pensons que lesdits accords constituent un instrument très utile pour la promotion de ces relations.

Toutefois, le problème fondamental demeure toujours la sécurité, y compris la sécurité énergétique. L'Union européenne, non seulement en tant que marché unique, mais aussi en tant qu'entité politique sur la carte internationale, est bien consciente de l'importance que revêtent ses relations avec le monde arabe à cet égard.

J'aimerais à cette occasion vous informer, Vos Excellences, mesdames et messieurs, que la Grèce qui vous accueille aujourd'hui, la Grèce qui accueillera dans quelques semaines les ministres des Etats membres de la Ligue arabe est une autre Grèce, une Grèce qui est en train de sortir de la crise après 8 ans de récession ayant des conséquences sociales très négatives, telles que la hausse du chômage, mais maintenant la Grèce peut présenter des exploits budgétaires et structurels spectaculaires.

La Grèce peut maintenant afficher un excédent primaire impressionnant, le plus important de l'Union européenne, lequel, en tant qu'excédent primaire structurel, à savoir en tant qu'excédent primaire corrigé des variations conjoncturelles, hors mesures ponctuelles, est le meilleur dans le monde et meilleur que celui de Singapour.

Notre déficit budgétaire, y compris le coût du service de la dette souveraine, est situé au-dessous du seuil de 3% du PIB. La Grèce présente actuellement un système bancaire pleinement recapitalisé, solide et prêt à soutenir le retour de l'économie réelle grecque à une croissance positive. Nous nous réjouissons car, parmi les nombreux fonds privés qui ont soutenu la Grèce, qui ont donné un vote de confiance à la Grèce, qui ont participé à la recapitalisation du système bancaire grec, figurent également des fonds arabes puissants.

La Grèce affiche maintenant, en tant que pays, tous les éléments de la viabilité à longue terme et cela porte également sur sa dette souveraine dont le coût de service est considérablement limité et lequel présente une particularité significative, à savoir 80% de cette dette est détenu par des partenaires institutionnels et non pas par des marchés.
Les marchés le savent, ils savent que cette dette est viable et c'est pourquoi elles ont soutenu la Grèce lorsque cette dernière a retourné sur les marchés financiers internationaux avec une nouvelle obligation à 5 ans qui a été émise avec un taux d'intérêt et une rentabilité moins élevés par rapport aux niveaux de la période avant la crise de 2010.

La Grèce procède également avec détermination à une série de mesures visant à la modernisation des structures de l'administration publique et du marché. Elle procède avec détermination à des privatisations, un processus qui ne consiste pas en la vente des biens publics, mais elle constitue plutôt une opportunité d'investissement et de croissance.

Et nous nous réjouissons car de très importants fonds arabes participent à ce processus, les plus importants étant les investissements dans le domaine du tourisme et de la croissance résidentielle, à savoir les deux projets portant sur le fameux complexe hôtelier Asteras, à Vouliagmeni et l'ex-aéroport Hellinikon qui deviendra le plus grand parc en Europe.

Vous savez très bien que pour nous, le domaine de l'énergie demeure toujours très important en raison de notre position géographique déterminante. Cela ne concerne pas seulement le nouveau gazoduc trans-adriatique, le fameux TAP qui transporte du gaz naturel azéri vers l'Europe occidentale via la Grèce. Cela concerne dans une majeure partie le gaz naturel liquéfié ainsi que le terminal GNL à Revithoussa - une petite île près d'Athènes - qui constitue un avantage impressionnant non seulement pour la Grèce mais aussi pour toute l'Europe du Sud-est.

Nous nous réjouissons car nous avons la possibilité d'entreprendre ensemble un grand nombre de projets dans le domaine du tourisme. Nous sommes heureux car les entreprises de construction grecques sont présentes dans les pays arabes et participent à des projets d'infrastructure très importants. Nous saluons le fait que nous procédons avec nombreux pays arabes, en commençant par les pays du Golfe, à des accords visant à protéger les investissements et à éviter la double imposition, des instruments juridiques fondamentaux pour faciliter nos relations économiques et commerciales.

Mesdames et messieurs, toute l'attention de l'Union européenne est actuellement portée sur la crise en Ukraine, sur ledit Partenariat oriental. Mais personne ne peut sous-estimer l'importance du Voisinage sud vers lequel sont orientés et doivent être orientés les nombreux fonds de l'Union européenne.

Nous voulons que le printemps arabe qui était porteur d'espoir atteigne ses objectifs. Nous savons combien sont importantes les questions en suspens mais il y a aujourd'hui parmi nous trois personnalités éminentes qui non seulement connaissent la situation mais elles peuvent aussi de manière déterminante, pratique et politique contribuer au règlement de toutes ces questions en suspens.

La Grèce participe au courant européen dominant, elle est un ancien membre de l'Union européenne et très ancien membre de l'OTAN. Elle participe à l'Union européenne depuis 1981 et à l'OTAN depuis 1952. Elle a ses propres priorités nationales et elle honore ses engagements vis-à-vis du monde arabe et nous voulons qu'une fin soit mise à la crise humanitaire sans précédent en Syrie.

Nous voulons que le processus de Genève II soit valorisé et nous exprimons notre profond estime à Lakhdar Brahimi, nous voulons que la feuille de route soit appliquée en Egypte, un lieu familier pour nous en raison de la présence des communautés grecques, du Patriarcat d'Alexandrie, du Monastère de Sainte Catherine du Sinaï, mais aussi parce que la Grèce est un important investisseur étranger en Egypte.

Nous voulons que la situation en Libye soit contrôlée et que le danger de l'effondrement et du démantèlement de l'Etat soit écarté. Nous saluons les évolutions positives en Tunisie, nous voulons valoriser toutes nos relations afin que cette région devienne un espace de paix et de développement.

Nous ne voulons pas rater cette occasion offerte par ce nouvel élan insufflé au Moyen-Orient. Nous croyons en la solution à deux Etats. Nous avons accueilli il y a quelques jours une réunion de préparation très importante entre des Israéliens et des Palestiniens à Athènes et nous sommes toujours prêts à offrir nos bons offices.

Force est de rappeler à qu'en ce moment il existe une fenêtre d'opportunité à Chypre, grâce aux initiatives du Président Anastassiadis et nous espérons avoir des résultats dans le cadre du droit international et de l'acquis communautaire.

Nous nous réjouissons donc car il y a actuellement les conditions culturelles, historiques, sentimentales et économiques nécessaires à l'approfondissement et au renforcement des relations entre la Grèce et le monde arabe, entre l'Europe et le monde arabe.

Le gouvernement hellénique est attaché à l'atteinte de cet objectif et j'ose espérer que la réunion d'aujourd'hui et la réunion ministérielle de juin serviront de tremplin afin de parvenir à notre objectif commun.
Je vous remercie.

May 5, 2014