Veuillez trouver ci-dessous le discours du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Evangelos Vénizélos lors de la 1e réunion annuelle des Ambassadeurs accrédités à Athènes «The Ambassadors Circle».
« Je vous souhaite la bienvenue à cette manifestation et je tiens à vous remercier pour avoir accepté l'invitation qui vous a été adressée par le ministère des Affaires étrangères, le Secrétariat des Relations économiques internationales.
Je salue l'excellente initiative de M. Mihalos qui a l'ambition de mettre en place une nouvelle institution, un nouveau forum de concertation du Corps diplomatique avec l'économie grecque et plus particulièrement avec le milieu d'affaires grec.
Les services du ministère des Affaires étrangères sont, comme vous le savez, à votre disposition. Nous avons un très grand nombre de contacts bilatéraux et multilatéraux, ainsi que des contacts "business to business", mais ce nouveau forum nous donne l'occasion de présenter d'une manière coordonnée la situation globale et la perspective de l'économie grecque. Et, il serait vraiment utile de faire de cette réunion une institution permanente.
Le premier semestre de 2014 était particulièrement dense pour tout le monde, pour toute l'Europe et notamment pour la Grèce. C'est un semestre dense pour tout le monde, car il est marqué par des crises de plus en plus nombreuses qui sont déclenchées à un rythme vertigineux. Le semestre a été dès le début marqué par une grave crise en pleine évolution, une crise humanitaire en Syrie et par une occasion de restaurer la paix au Moyen-Orient. Et nous risquons que ce semestre soit soldé par un échec des pourparlers au Moyen-Orient, par une nouvelle crise en Ukraine, ce qui provoque une tension sans précédent dans les relations entre l'Occident et la Russie depuis la fin de la guerre froide. Toute notre région - le voisinage oriental et sud de l'UE- est accablée par des diverses situations difficiles.
En dépit de cela, on voit une fenêtre d'opportunité pour le dossier chypriote, fait que nous ne pouvons ignorer. A condition que tout le monde comprenne que ce sera le droit international et l'acquis communautaire qui nous guidera à travers ce processus.
La Grèce demeure toujours un facteur de stabilité. La Grèce participe toujours au courant dominant de l'UE, en tant qu'ancien membre de l'UE et de l'OTAN depuis 1952. Ce semestre est, comme je l'ai tout à l'heure affirmé, particulièrement critique pour l'Europe, car nous devons faire face à des nouveaux courants d'euroscepticisme qui font leur apparition sous le signe de la droite et de l'extrême droite.
Et, bien évidemment, ce semestre est particulièrement critique pour la Grèce, premièrement parce que c'est le semestre de la Présidence hellénique du Conseil de l'UE, la 5e présidence depuis l'adhésion du pays aux Communautés européennes en 1981. Un semestre d'une plus courte durée parlementaire car, le mandat du parlement européen sortant est déjà arrivé à son terme, mais plus intense du point de vue politique car nous sommes appelés à relever le défi des élections européennes.
Les sociétés européennes demandent une nouvelle narration pour une Europe qui se souviendra de nouveau de ses grandes valeurs, pour une Europe de la démocratie, de l'innovation, de la compétitivité, de la solidarité, de l'Etat social, de l'emploi. Car les jeunes européens ne peuvent pas accepter une Europe de la récession, de l'austérité et du chômage.
Notre présidence a des priorités bien claires dont vous êtes au courant. Nous les avons à maintes reprises déclinées. Nous pensons que grâce à la riche mémoire institutionnelle dont nous disposons du point de vue organisationnel, nous avons géré et nous gérons avec succès la Présidence et nous avons à présenter, avec la fin du mandat du parlement européen sortant, une très longue liste d'exploits, notamment au niveau du processus institutionnel de l'UE, l'exemple le plus illustrant à cet égard étant la décision qui a été prise sur la mise en place d'un mécanisme de résolution unique en tant que pilier de l'Union bancaire. Je mentionnerai à titre d'exemple : 1) l'adoption du Règlement sur les investissements dans le domaine de l'innovation, 2) l'adoption de la Direction sur la planification maritime, et 3) l'adoption du règlement sur la surveillance des frontières maritimes extérieures de l'Union.
Permettez-moi, toutefois, de dire que ce semestre sera marqué par un tournant pour l'économie grecque. La Grèce après une récession de sept ans, après une crise profonde, la crise de la dette, la crise du déficit, la crise de la compétitivité, après les nombreux sacrifices de ses citoyens, retourne à la normalité. Heureusement, les sacrifices produisent des effets. Nous sommes parvenus à un ajustement budgétaire historique sans précédent, ce qui a été confirmé il y a quelques jours par l'Eurostat.
La Grèce au début de 2010 enregistrait un déficit primaire représentant près de 12.5 % du PIB, un déficit budgétaire global s'élevant à 15.7% du PIB, et maintenant nous affichons un excédent primaire qui se situe à plus de 1.5% du PIB. Un excédent primaire structurel qui atteint 6% du PIB - le meilleur au niveau international- et un déficit budgétaire au-dessous de la limite de 3% qui est le seuil européen du Pacte de Stabilité, puisque il est situé au niveau de 2.1%. Afin de parvenir à cet ajustement budgétaire, nous avons pris des mesures atteignant 75 milliards d'euros.
Mais de cette façon la Grèce peut de nouveau compter sur ses propres moyens et regagner une égalité essentielle au sein de l'Union européenne. Toutefois, ce n'est pas seulement l'ajustement budgétaire qui est spectaculaire. Les changements structurels au niveau de l'administration publique, du marché de travail, du système de sécurité sociale, de l'ouverture du marché et des professions sont également spectaculaires.
Sur la base des critères et de la classification de l'OCDE, la Grèce occupe la première place parmi les Etats membres de cette organisation du point de vue des changements structurels. Nous avons récupéré de nombreuses places dans la classification internationale du point de vue de la compétitivité.
Force est également de signaler que la Grèce a recapitalisé ses banques. Par ailleurs, le deuxième stade de la recapitalisation est effectué au moyen des fonds privés seulement, l'intérêt privé international étant très marqué. Cela signifie que le marché international "vote pour la Grèce" à travers les banques. De cette façon, nous maintenons en réserve, au Fonds grec de stabilité financière, une somme très importante qui s'élève à plus de 11 milliards d'euros, des fonds qui ne seront pas finalement alloués à la recapitalisation des banques. A cet égard, notre performance dépasse amplement les prévisions du plan d'ajustement de l'économie grecque et de la viabilité de la dette souveraine. Le fait que nous disposons d'un système bancaire recapitalisé puissant constitue un présage extrêmement favorable pour l'économie grecque réelle, pour le financement des entreprises, pour le retour à une croissance positive.
Un élément également important est que la Grèce est, il y a quelques semaines, de retour sur les marchés. La nouvelle obligation à 5 ans que nous avons émise a été très favorablement accueillie par les marchés et avec un taux d'intérêt meilleur par rapport à celui des obligations grecques avant le déclenchement de la crise et notre sortie du marché. Ce taux d'intérêt qui est, bien évidemment, beaucoup plus élevé par rapport au taux d'intérêt moyen de l'emprunt européen, est tout à fait comparable au taux d'intérêt avec lequel participe le Fonds monétaire international au plan d'ajustement grec.
A cet égard, la Grèce dispose d'un argument très ferme en faveur de son retour à la normalité et de la restauration de son autonomie. Tout cela est lié à la viabilité de la dette souveraine grecque. La personne la plus compétente en la matière, celui qui dirige l'instance européenne qui a prêté de l'argent à la Grèce, Klaus Regling, le directeur du MSE, a, à plusieurs reprises, expliqué, les raisons pour lesquelles la dette grecque est viable, une dette présentant des particularités impressionnantes et positives. 80% de la dette est détenue par des instances européennes et internationales en dehors du marché, à savoir il ne s'agit pas des détenteurs agressifs. La dette grecque a une durée moyenne très grande et un taux d'intérêt moyen très bas, de l'ordre de 2.1%. La dette a l'avantage d'une très longue période de grâce et des dates d'échéance très bien placées.
Et la restructuration à laquelle nous sommes parvenus en 2012, laquelle en termes de valeur nette actuelle atteint 80% du PIB, nous permet d'avoir une dette viable caractérisée par des changements paramétriques légers, qui peuvent être très facilement opérés car ils ne créent aucun problème politique ou technique, car nous avons, bien entendu, besoin du consensus politique et notamment parlementaire de la part de nos partenaires européens.
Cela signifie que la Grèce n'aura pas besoin d'un nouveau emprunt, ni d'un nouveau programme, ni d'un nouveau mémorandum, et, bien évidemment, ni de nouvelles mesures d'austérité que ni la société, ni l'économie peuvent supporter. Par contre, le fait que la Grèce est un pays membre de l'UE et de la zone euro, offre actuellement de très grandes opportunités et de nouvelles ressources de développement.
Nous avons le nouveau Cadre d’appui, la nouvelle politique agricole commune, une nouvelle institution, l'Institut pour le développement (Institute for Growth), avec la participation des fonds étrangers et privés.
Nous sommes fidèles au programme de privatisation, un exemple illustrant à cet égard étant l'investissement dans le site de l'ex-aéroport Hellinikon, un espace de développement résidentiel qui créera plus de 10,0000 emplois.
Des travaux sur cinq axes routiers ont été déjà entamés. A cet égard, je mentionnerai un seul exemple dans le domaine de l'énergie qui revêt au niveau international une importance critique, non seulement du point de vue économique, mais aussi géopolitique. Je me réfère aux travaux de construction du gazoduc TAP qui viennent d'être commencés. Il s'agit d'un changement très important de la carte énergétique de l'Europe du Sud-est.
Actuellement, le regard de la Grèce est tourné vers le plan de redressement national, vers l'économie réelle, vers le rétablissement de sa compétitivité.
Nous avons présenté un plan de redressement national à l'Eurogroup et les réactions ont été particulièrement positives. Et maintenant, nous voulons que tout cela constitue une narration nationale car nous avons besoin de l'unité nationale et du consensus social.
Bien évidemment, le modèle de croissance national est axé sur l'exploitation de la terre et sur les hommes et par conséquent pour nous la production primaire, la production agricole grecque et la production de bétail de haute qualité et dans des conditions climatiques excellentes, demeurent toujours importantes.
Bien évidemment, le modèle de croissance grec est structuré autour des axes qui ont historiquement fait leurs preuves : le tourisme et la civilisation, la navigation maritime, l'industrie alimentaire, la valorisation de l'éducation et de la recherche et du capital intellectuel en général.
Notre position géographique nous permet de jouer un rôle très important dans le domaine de l'énergie et il existe toujours de grandes possibilités au niveau des infrastructures. Pour ce qui est de la marine marchante grecque, celle-ci occupe toujours la première place en Europe et au niveau mondial.
L'indice de la confiance et de l'optimisme est en train de changer. A mon sens, ce plan de redressement national est axé sur six piliers.
Le premier est le pilier politique et institutionnel qui est axé sur la stabilité gouvernementale et politique en général. Le deuxième est le pilier social qui est axé sur la justice, la justice sociale et la cohésion de la société qui a subit les effets de la crise. Le troisième est le pilier lié purement à la croissance qui est axé sur la promotion des forces créatives du pays et de la région grecque. Le quatrième est le pilier budgétaire qui est axé sur les éléments dont je vous ai parlé qui sont liés à l'excédent primaire et à la viabilité de la dette. Le cinquième est le pilier financier dont je vous ai parlé en abordant la recapitalisation et le dynamisme du système bancaire grec et le sixième est la restauration de la place européenne et internationale du pays.
Cela est bien évident aussi à travers les initiatives régionales que nous prenons. Le 8 mai à Thessalonique, la Présidence hellénique organise une réunion des 28 avec les 6 pays des Balkans occidentaux et le 10 juin nous avons le plaisir d'accueillir à Athènes la réunion des ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l'UE avec ses homologues de la Ligue arabe.
La Grèce a bien évidemment ses propres responsabilités à l'égard la crise. L'UE a fait preuve d'une grande solidarité mais aussi d'une sévérité extrême. Et au niveau du débat public, la Grèce a été victime d'une injustice flagrante à travers la répétition des stéréotypes inacceptables. Les efforts déployés par le peuple grec, les chiffres sont venus démentir ces stéréotypes.
Cela forme la nouvelle dénomination de la Grèce. La nouvelle dénomination, la nouvelle marque du pays, est une Grèce qui sort de la crise, qui retourne à la normalité, qui peut de nouveau compter sur ses propres moyens au sein de l'UE, de la zone euro et des marchés internationaux.
April 30, 2014