Discours du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, E. Vénizélos lors de la réunion du Groupe spécial pour la Méditerranée et le Moyen-Orient et du Sous-comité des Partenariats de l'OTAN (Athènes, 4 novembre 2014)

Discours du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, E. Vénizélos lors de la réunion du Groupe spécial pour la Méditerranée et le Moyen-Orient et du Sous-comité des Partenariats de l'OTAN (Athènes, 4 novembre 2014)Chers collègues,

Je souhaite à tous la bienvenue en Grèce et à Athènes, en ma double qualité non seulement de vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, mais aussi de membre du Parlement hellénique ce qui constitue ma principale qualité.

Je commencerai en disant l'évidence: nous traversons une période agitée lors de laquelle nous sommes appelés à faire face à un nombre de crises sans précédent, notamment dans les régions de l'Europe de l'Est, du Moyen-Orient et de la Méditerranée orientale.

Il y a la crise en Ukraine où la violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale du pays a généré des conflits et a provoqué la souffrance du peuple ukrainien, tout en suscitant aussi des tensions dans les relations de l'Occident, et de l'OTAN, avec la Russie. Pour sa part, le gouvernement hellénique manifeste un intérêt clair et marqué à l'égard de la stabilisation immédiate de la situation en Ukraine. A Mariopol, où réside une large communauté greco-ukrainienne, nous avons tout récemment déploré la mort de nombreux membres d'origine grecque.

Nous soutenons fermement le gouvernement ukrainien ainsi que la souveraineté et l'intégrité territoriale du pays. Nous pensons également que la crise doit être résolue à travers la voie politique et diplomatique, ce qui par conséquent souligne la nécessité impérieuse de maintenir ouverts les canaux de communication avec la Russie, laquelle au lieu de faire partie du problème, doit faire partie de la solution. Et nous attendons avec intérêt la contribution efficace du Parlement récemment élu à la stabilisation du pays et à la pleine application de l'accord sur le cessez-le-feu qui a été atteint à Minsk. En tant que partenaires au sein de l'OTAN, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir afin d'empêcher l'apparition de nouvelles divisions au sein de l'Europe.

Mesdames et messieurs,

L'un des plus importants défis que nous devons relever aujourd'hui est la crise en Syrie et en Irak, où les activités terroristes de l’EI font plonger les populations locales dans une détresse insupportable et menacent de déstabiliser toute la région.

Dans le même temps, l'EI constitue une menace terroriste mondiale en raison du grand nombre de combattants étrangers qu'il attire du monde entier. Nous devons lutter de manière efficace contre cette menace terroriste pour la sécurité internationale, tout en endiguant l'afflux de combattants étrangers dans la région des conflits et en entravant leurs efforts de pénétrer de nouveau dans les sociétés de leurs pays d'origine.

Les actes de barbarie de l'EI et d'autres organisations terroristes djihadistes, y compris la persécution systématique des Chrétiens et d'autres communautés religieuses et ethniques, ont conduit au déplacement des milliers de civils qui ont quitté leurs foyers.

Cette crise humanitaire dramatique ainsi que les pressions accrues résultant de la vague des réfugiés exercées sur les pays de la région, y compris la Grèce, est une catastrophe qui nous préoccupe vivement et à la quelle la communauté internationale doit faire face de manière urgente.

La Grèce, bien évidemment, participe à la coalition internationale contre l'EI et la menace djihadiste et nous pensons que dans ce cadre il serait utile de valoriser parallèlement le Dialogue méditerranéen, à savoir le dialogue politique de l'OTAN avec tous les Etats de la région.

Le conflit en cours en Afghanistan a également créé une vague de 50 000 réfugiés qui demandent l'asile en Grèce et cela en une période de deux ans seulement. Cela atteste, à mon sens, de l'intérêt marqué de la Grèce à l'égard de la stabilisation en Afghanistan et de la poursuite de l'aide offerte à la région de la part de l'Alliance.

Et à l'ouest, en Afrique du nord, nous avons eu les élections législatives en Tunisie qui se sont déroulées la semaine dernière alors qu'une guerre est menée en Libye où le nombre accru des partisans des organisations terroristes djihadistes suscite de vives préoccupations.

Chers collègues,

Toutes ces crises rendent le rôle de l'alliance de plus en plus actuel et vital. Face à toutes ces menaces et crises multiples, la détermination de l'alliance n'a été jamais aussi indispensable. Son rôle, sa mission n'ont été jamais aussi impérieux.

Lors de la réunion au sommet de Galles, nous avons pris des décisions très importantes concernant le plan d'action élaboré de manière à adapter la position militaire stratégique de l'Alliance à l'égard des "défis présentés par la Russie et de l'impact résultant de ces défis" ainsi qu'à l'égard des "dangers et des menaces" découlant de notre voisinage sud, du Moyen-Orient et de l'Afrique du nord".

La Grèce soutient fermement ces décisions et nous signalons que, en procédant à l'application de ce plan d'action, il est nécessaire d'assurer que les composantes du plan d'action soient compatibles du point de vue militaire, acceptables du point de vue politique et durables du point de vue des ressources disponibles. Et, comme je l'ai affirmé au début, nous pensons que le plan d'action doit être appliqué parallèlement aux efforts visant à l'amélioration de l'environnement de sécurité de l'alliance à travers des projets tels que le dialogue méditerranéen.

Chers collègues, la Grèce est l'un des anciens membres de l'alliance.

En dépit de la crise économique, 2% du PIB du pays est alloué à la défense. Notre position critique dans ce carrefour géopolitique renforce davantage notre valeur au sein de l'Alliance.

Lors de notre rencontre ici à Athènes, la semaine dernière, le nouveau Secrétaire général de l'OTAN, M. Stoltenberg a souligné le rôle vital de la Grèce dans le maintien de la sécurité de tous les alliés et de la puissance de l'OTAN, tout en signalant le rôle important de la Grèce au Kosovo, notre mission en Afghanistan et notre rôle dans le maintien de la sécurité dans la région de la Méditerranée et notamment dans le cadre de l'opération Active Endeavor.

Mesdames et messieurs,

La Grèce est un pays européen, balkanique, une puissance navale méditerranéenne qui, applique et respecte de longue date le droit international.
Nous sommes profondément préoccupés par les actes de violation de la Zone économique exclusive et du plateau continental de la République de Chypre. Outre la violation de la souveraineté et des droits souverains d'un Etat membre de l'UE et de l'ONU - des droits qui sont sauvegardés par le droit international et notamment par le droit de la mer - cette violation flagrante du droit international génère une nouvelle crise dans la région qui est déjà tourmentée, dans une conjoncture où l'alliance et la communauté internationale doivent axer toute leur attention sur les plus importantes crises et menaces de sécurité dont j'ai tout à l'heure parlé.

Comme je l'ai clairement affirmé, nous soutenons fermement le Dialogue méditerranéen en tant qu'un champ d'établissement de la confiance et d'instauration de la sécurité dans la région. Tel est également l'objectif de l'initiative de la coopération tripartite que nous avons établie avec nos partenaires chypriotes et égyptiens. Il s'agit d'une coopération qui vise non seulement à l'établissement des synergies tripartites dans une série de domaines - énergie, délimitation des zones maritimes (conformément au droit international et au droit de la mer), transports - mais aussi à l'établissement des partenariats dans la région élargie. Des partenariats qu'apporteront la stabilité, la sécurité et la prospérité aux populations de la région.

Et, pour ce qui est des relations entre l'OTAN et l'UE, la Grèce adopte toujours une attitude constructive à l'égard de toute proposition qui pourrait faciliter la coopération entre les deux organisations, tout en assurant dans le même temps, la pleine autonomie dans la prise de décisions entre les deux organisations.

Chers collègues,

La Grèce soutient fermement l'intégration euro-altantique des Balkans occidentaux et la Politique des portes ouvertes de l'alliance.

Toutefois, il est clair que toute candidature doit être évaluée séparément, en fonction de la performance de chaque pays candidat et sur la base des critères et des modalités fixés par l'alliance.

Chers amis, je vous remercie de votre attention. Et je voudrais de nouveau vous souhaiter la bienvenue à Athènes et tout le succès dans vos travaux d'aujourd'hui.

November 4, 2014