Monsieur le Président.
Monsieur le Secrétaire général,
Excellences,
Mesdames et messieurs,
Je tiens à remercier le Président sortant de la 66ème session de l’Assemblée Générale, M. Nassir Abdulaziz Al-Nasser de l’Etat du Qatar, et à féliciter M. Vuk Jeremic de la République de Serbie pour son élection au poste du Président de la 67ème session de l’Assemblée Générale. Je tiens également à exprimer ma gratitude à notre Secrétaire General, M. Ban Ki-moon, qui continue à guider notre Organisation sans relâche au sein d’un environnement global qui change constamment. Je saisis cette occasion pour aligner les positions de mon pays à celles exprimées dans la déclaration faite par l’Union Européenne.
La Grèce continue à être pleinement engagée avec les Nations Unies, dévouées aux objectifs de la paix, de la sécurité et à l’amélioration du niveau de vie des gens partout dans le monde, afin qu’ils puissent vivre en dignité.
Mesdames et messieurs,
Lors de la récente réunion de haut niveau sur l'Etat de droit, les Etats membres de l'ONU ont réitéré leur engagement à l'égard de l'un des plus importants principes sur lequel est axé l'ordre international, un principe qui devra régir les relations diplomatiques et internationales. Nous partageons pleinement le point de vue du Secrétaire général de l'ONU: la liberté d'expression est un droit "fondamental" et un privilège pour tous les peuples, sans discrimination, dont personne ne doit pas toutefois abuser.
Malheureusement, il y a ceux qui feront n'importe quoi pour provoquer, comme on l'a récemment vu avec ce film provocateur et inacceptable qui ternit l'image de l'Islam. Néanmoins, nous condamnons fermement toute forme de violence, et dans ce cas particulier, tout acte de violence contre les représentations diplomatiques. Il n'y a aucune justification. Après tout, chacun peut exercer librement ses droits dans la mesure où il n'entrave pas les droits des autres.
Chers collègues,
La Grèce demeure attachée aux efforts de l'ONU en vue de renforcer la coopération internationale sur la promotion et la protection des droits de l'homme. Par conséquent, nous avons décidé de soumettre notre candidature au Conseil des Droits de l'Homme, pour la période 2013-2015. En outre, dans ce contexte, nous saluons l'adoption de la stratégie de l'UE pour les droits de l'homme et la démocratie, ainsi que la nomination d'un Représentant spécial pour les droits de l'homme de l'UE, en tant qu'un pas important vers une politique et une approche européennes cohérentes à l'égard de la dignité humaine.
La nécessité de respecter et de protéger les droits de l'homme et le droit humanitaire, est maintenant plus urgente que jamais. En effet, l'immigration illégale dans la région méditerranéenne a provoqué une crise humanitaire. C'est pourquoi la Grèce a introduit d'importantes réformes législatives et institutionnelles en matière d'asile et d'immigration.
Chers collègues,
Je voudrais maintenant evoquer l'un des principaux piliers de l'action de l'ONU: la paix et la securite. Le voisinage de la Grece a ete souvent au c?ur de majeurs defis etroitement correles en matiere de securite. Mon pays a constamment joue un role stabilisateur. Et ce, grace a une politique qui prone le reglement pacifique des conflits - dans le cadre de la Charte de l'ONU- sur la base du respect du droit international et des principes de la souverainete, de l'independance et de l'integrite territoriale. En depit de la crise economique et financiere, la Grece a sans cesse participe de maniere active a toute une serie de missions et d'operations de l'ONU dans le monde entier: au Kosovo et en Afghanistan, ainsi qu'aux efforts visant a lutter contre la piraterie au large de Somalie.
Chers collègues,
La quete de la securite dans la region du Moyen-Orient demeure un objectif crucial pour les pays de la region et la communaute internationale. La Grece entretient de longue date des liens d'amitie, de cooperation et de respect mutuel avec ses voisins en Afrique du nord et au Moyen-Orient, des pays qui, apres les tres importants evenements du Printemps arabe, sont en train de mettre en route le deroulement des processus electoraux reussis et l’etablissement d'institutions democratiques.
L'UE doit être présente au rendez-vous, à leurs côtés, tout au long de ces efforts visant à construire leur avenir. Toutefois, tous les processus n'ont pas été couronnés de succès. En Syrie, les manifestants ont été confrontés à des tanks et à des actes de suppression brutaux. Nous avons à plusieurs reprises fait appel au Président Assad afin qu'il ouvre la voie vers la formation d'un gouvernement de transition au sein duquel seront représentées toutes les composantes de la société syrienne. Mais, nous ne sommes pas toujours sortis de cette impasse qui met en danger le présent et le futur du peuple syrien et la stabilité de notre région. 29 000 victimes, 250 000 réfugiés et 2,5 millions de citoyens syriens sont actuellement dans un état d'urgence.
Nous sommes convaincus qu'une solution politique qui proviendra de la Syrie elle-même est toujours possible et, à notre sens, il n'existe aucune autre solution. La Grèce pense qu'il n'existe pas de solution militaire au problème de la Syrie. La paix et la sécurité dans la région de la Méditerranée orientale ne peuvent être atteintes sans un règlement juste, durable et global de la question palestinienne, sur la base d'une solution à deux Etats. Nous regrettons la stagnation prolongée dans les négociations directes entre les deux parties. Ce n'est qu'à travers les négociations que la paix pourrait être finalement atteinte. Nous pensons que les actions unilatérales ne contribuent pas à la réalisation des objectifs d'Israël en matière de sécurité ou des aspirations des Palestiniens pour la création d'un Etat, ce que nous soutenons pleinement. La solution à deux Etats doit être toujours possible sur le terrain.
Chers collègues,
J’aimerais présenter maintenant certains points qui concernent notre voisinage direct.
La question du nom de l’Ancienne république yougoslave de Macédoine, au-delà de la signification qu’elle revêt, est un morceau très important du puzzle qui permettra de mettre fin à des conceptions irrédentistes et aux tentatives visant à réécrire l’histoire de notre région. J’ai été informé des déclarations faites aujourd’hui par le représentant de l’ARYM à l’Assemblée générale. L’altération de la réalité devant la communauté internationale tout entière ainsi que l’usage d’une rhétorique obsolète qui date du 19e siècle sont contreproductives et ne mènent nulle-part. Le populisme et le nationalisme sont le pire mélange pour la promotion des intérêts nationaux et de la stabilité de notre région. La Grèce pense que la solution réside dans l’atteinte d’une solution équitable :
Une appellation avec déterminatif géographique, puisque la Macédoine est une région géographique qui s’étend sur le territoire de trois pays, notamment la Grèce, puis la Bulgarie et l’ARYM. Et bien entendu cette appellation doit être pour tous les usages (erga omnes).
Lorsque nous aurons résolu cette question, nous pourrons valoriser le champ élargi des possibilités offertes par nos relations dans l’intérêt réciproque de tous et la Grèce deviendra le fidèle allié et ami de l’ARYM dans son effort consenti pour réaliser ses ambitions euro-atlantiques. En dernière analyse, la Grèce est le partenaire économique le plus important de l’ARYM, compte tenu de l’importance marquée des entreprises grecques.
Par ailleurs, nous soutenons le dialogue Belgrade – Pristina qui se déroule sous l’égide de l’UE et saluons l’approche constructive des dirigeants serbes vis-à-vis de ces pourparlers. Le dialogue est indéniablement le seul moyen de résolution des problèmes au Kosovo, puisque les mesures unilatérales et l’escalade des tensions, notamment dans le nord, doivent être évitées à tout prix.
En moins de deux ans, la présidence grecque de l’UE inaugurera l’Agenda 2014, dont l’objectif est de donner une nouvelle impulsion à la perspective européenne de tous nos voisins dans les Balkans occidentaux.
La Turquie fait egalement partie de notre proche voisinage. La Grece aspire a une cooperation plus etroite avec la Turquie, par le biais d’un large eventail d’initiatives, afin que nous ameliorions nos relations dans l’interet de nos deux peuples. En outre, la Grece continue de soutenir la candidature de la Turquie en vue de son adhesion en qualite de membre de plein droit a la famille europeenne, a condition bien entendu qu’elle respecte les criteres definis et mette en ?uvre les reformes y relatives. Il est tres important que la Turquie donne des signes tangibles, pour ce qui est du plein respect du droit international et qu’elle mette fin a des comportements, tels que la menace permanente du « casus belli » a l’encontre de la Grece ou encore son attitude vis-a-vis de Chypre qui sape les efforts visant a instaurer la confiance.
En Méditerranée du sud-est, la Grèce est toujours un facteur de paix et de stabilité.
La Grèce soutient les efforts consentis par le gouvernement de la République de Chypre afin de poursuivre les négociations avec la communauté chypriote turque, menées sous l’égide des Nations Unies, dans le but ultime de réunifier l’île, sur la base des résolutions de l’ONU et en tenant compte du fait que la République de Chypre est membre de l’UE, dont elle exerce aujourd’hui la présidence. En dépit de tout cela, après 38 ans, la division de l’île se poursuit et les résultats des pourparlers ont été décevants, en raison de l’intransigeance chypriote turque de participer aux pourparlers dans un esprit constructif. Nous saluons la décision de Chypre d’exercer son droit souverain, quant à la valorisation des gisements de gaz naturel dans sa zone économique exclusive.
Pour notre part, nous forgeons des cooperations avec d’autres facteurs emergents, dans le secteur de l’energie dans la region, y compris Israel et les pays arabes, avec lesquels nous entretenons traditionnellement des relations d’amitie et de confiance. La Grece contribue a l’instauration de la stabilite et au developpement economique en Mediterranee orientale, afin de promouvoir la securite energetique et la diversification des sources et des fournisseurs d’energie pour les marches europeens. La resolution du probleme chypriote aurait un impact positif immense, non seulement pour les Chypriotes eux-memes, mais pour les relations greco-turques et la stabilite dans l’ensemble de la Mediterranee orientale.
Chers collègues,
En conclusion, j’aimerais dire deux mots sur la crise économique contre laquelle la Grèce lutte avec l’aide de ses partenaires à l’UE et la communauté internationale. Le nouveau gouvernement tripartite de coalition en Grèce applique un programme ambitieux d’adaptation économique afin d’améliorer ses perspectives macro-économiques et parvenir à une adaptation budgétaire, tandis que dans le même temps il met en œuvre des réformes structurelles visant à la croissance et à la création d’emplois.
Cet effort a produit des résultats impressionnants. Plus spécifiquement, le déficit primaire a été fortement réduit. Dans le même temps, l’économie grecque a restauré plus de 50% de sa compétitivité vis-à-vis des partenaires économiques mondiaux, tandis que le climat au niveau des investissements et des affaires est positif. Nous sommes déterminés à avancer dans ce sens, en ayant toujours à l’esprit que le peuple grec souffre énormément de l’application du plan d’austérité et la Grèce doit sortir de la crise le plus rapidement possible.
Lorsque l’on observe les choses sous un angle plus élargi, il est manifeste que la crise n’est pas seulement grecque ou européenne. Les économies internationales sont interdépendantes et c’est pourquoi l’on parle de crise mondiale. Dans ce contexte, nous devons rechercher des mesures qui contribueront à la création d’emplois et à la croissance pour tous. Des mesures qui ranimeront les économies et réduiront l’impact social de la crise.
Chers collègues,
La zone euro, avec la Grèce en première ligne, consent des efforts douloureux et adopte de nouvelles mesures afin de sortir de cette profonde crise économique. Le rôle central et l’importance géopolitique de la Grèce en Europe du sud-est et en Méditerranée orientale et au Moyen-Orient seront valorisés en tant que résultat des événements qui se déroulent dans notre voisinage. Le rôle de la Grèce est également un rôle stabilisateur puisque nos intérêts cruciaux internationaux sont associés à la promotion de la paix, de la stabilité, de la prospérité et de la sécurité régionale. Notre avantage n’est pas seulement notre position géographique, mais aussi notre volonté politique ferme de devenir la pierre angulaire de la stabilité et de la sécurité à une époque où l’incertitude menace dangereusement notre région.
Chers collègues,
Au cours des deux dernières années, les médias internationaux diffusent un pays que caractérise son besoin économique. Il est vrai que notre pays traverse une période transitoire douloureuse qui conduit vers le redressement économique et la croissance. Il est vrai aussi que le peuple grec a vécu au cours de son histoire de 3000 ans des crises plus graves que celle que nous vivons actuellement. Nous avons survécu et nous sommes distingués. J’aimerais assurer l’Assemblée générale et la famille des nations que la Grèce réussira.
Nous réussirons car la Grèce est plus grande que sa taille géographique et plus précieuse que sa situation budgétaire actuelle. A travers la connaissance, les sciences et les arts, la Grèce participe toujours au progrès. A travers la démocratie, la Grèce est présente en tant que civilisation mondiale. A travers l’olympisme, la Grèce unit l’humanité. A travers notre flotte commerciale et notre tradition maritime, nous transmettons les biens mondiaux. A travers notre amour pour la vie, nous rappelons sans cesse au monde que le progrès doit toujours être évalué sur une échelle humaine. A travers notre héritage, nous réussirons encore une fois.
Nous reussirons car la Grece est synonyme de contribution. Il ne faut pas oublier que la Grece est une valeur qui se trouve dans le c?ur et dans l’esprit des peuples, independamment de l’origine raciale, ethnique ou des convictions religieuses. Cela nous confere la force morale necessaire et nous encourage a livrer cette bataille avec nos partenaires europeens.
Je vous remercie de votre attention.
September 28, 2012