Discours prononcé par le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, E. Vénizélos lors du Forum d’affaires gréco-turc (Athènes, 05.12.2014)

Discours prononcé par le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, E. Vénizélos lors du Forum d’affaires gréco-turc (Athènes, 05.12.2014)Nous vous communiquons ci-dessous le texte du discours prononcé aujourd’hui par le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Evangelos Vénizélos lors du forum d’affaires gréco-turc qui s’est tenu à Athènes:

«Mesdames et Messieurs,

Je souhaite la bienvenue aux membres de la communauté d’affaires de la Turquie et de la Grèce qui participent à ce forum. Le monde des affaires, le secteur privé a, grâce à son flair et à son ouverture d’esprit, créé d’ores et déjà un cadre dynamique dans les relations Grèce – Turquie. Notre obligation, l’obligation des gouvernements est de soutenir, du point de vue politique et d’appuyer de la manière la plus claire ces efforts et dire que nous demeurons attachés à l’objectif d’élargissement de la coopération économique, puisque l’économie occupe une place centrale dans nos relations bilatérales.

La Turquie est un grand pays, un grand marché, un pays candidat à l’adhésion à l’UE et la Grèce soutient la perspective européenne de la Turquie, étant entendu cependant que celle-ci satisfasse aux critères et modalités valables pour chaque pays membre candidat, et nous n’ignorons certes pas le volume et l’importance de l’économie turque. Mais aussi l’importance que revêt pour la stabilité de notre région la perspective européenne d’un pays qui, avec la Grèce, est depuis 62 ans, membre de l’OTAN. La Grèce et la Turquie sont historiquement des piliers de stabilité dans la région élargie de l’Europe du Sud-est et de la Méditerranée du Sud-est.

Lors des deux Conseils de coopération de haut niveau entre les deux pays, nous avons procédé à la signature d’accords importants. Nous disposons donc maintenant d’un cadre juridique très solide. Il importe maintenant de parachever le processus de ratification, lorsque nécessaire. Et notamment de procéder à l’application de ces textes juridiques afin d’activer l’énorme potentiel dont nous disposons dans tous les domaines, le tourisme, l’agriculture, le secteur de la construction, le secteur bancaire et les services financiers.

Et tout cela est bien entendu lié à la cause majeure des deux pays, des deux sociétés, à savoir la question de la croissance, de l’emploi et de la cohésion sociale.

Il est très important également de valoriser au mieux des projets communs de grande envergure comme le gazoduc TAP qui s’inscrit dans la continuité du TANAP et la création d’un couloir énergétique au sud qui permet d’ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre les deux pays. Après les dernières évolutions concernant le South Stream, tous ces projets acquièrent désormais une dimension politico-internationale particulièrement importante pour le développement.

Récemment nous avons eu, et nous l’avons évoqué lors de nos entretiens, d’importantes évolutions quant à la coopération d’entreprises de construction dans les pays tiers et la présence conjointe de nos sociétés dans les pays tiers, notamment dans les pays du Golfe, offre d’importantes perspectives pour nos entrepreneurs.

Force est de noter qu’environ 500 sociétés grecques exercent aujourd’hui une activité en Turquie et tout naturellement le tourisme, qui est une industrie lourde, n’est pas seulement une activité économique mais représente aussi un contact humain organisé. Le tourisme est dans le même temps synonyme de culture et d’histoire, c’est une source de  renforcement continuel de nos relations bilatérales.
Mesdames et Messieurs,
J’imagine que le Premier ministre aura l’occasion d’évoquer ce sujet de manière plus détaillée. La Grèce, après cinq années de sacrifices douloureux et d’effort national, apparaît dans la lumière, tourne la page, sort du mémorandum et de la surveillance de la troïka. Elle acquiert de nouveau son autonomie et est sur le même pied d’égalité que les autres pays de la zone euro et de l’Union européenne. L’heure est maintenant venue de porter notre attention sur l’économie réelle et les coopérations commerciales bilatérales, l’exemple le plus remarquable étant la coopération entre la Grèce et la Turquie, et cet exemple atteste des possibilités offertes par l’économie grecque, de son ouverture à l’international et il en va de même, j’en suis certain, pour la Turquie.
Le forum d’affaires organisé il y a quelques jours à Izmir a envoyé un message très fort. Le forum d’aujourd’hui, à Athènes, décuple ce message et le transmet non seulement aux deux pays mais aussi au marché international et cela est très important.

Bien entendu, aucune initiative économique, aucune coopération commerciale ne peut remplacer la politique étrangère et la politique de défense et de sécurité. Notre région est confrontée à un grand nombre de crises sans précédent. Nous avons tous l’obligation, dans le respect du droit international et de l’ordre juridique international, de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour contribuer à la stabilisation de la situation, éviter l’escalade de la violence et instaurer finalement la paix, la stabilité et la sécurité dans la région.
Je ne vous cache pas que la clé de l’accélération de nos relations bilatérales et de la pleine normalisation des relations gréco-turques est la question chypriote et le respect du droit international, notamment du droit international de la mer. Cela va de soi et cela est possible lorsque la volonté est là.

Il y a eu d’importants précurseurs de la coopération économique et politique entre la Grèce et la Turquie. Les deux dirigeants historiques, Eleftherios Vénizélos et Ismet Inonu  ont, en 1930, en même temps que le pacte d’amitié gréco-turc, promu la signature d’un accord commercial bilatéral. Et  lorsque, il y a quelques jours à Ankara, j’ai rencontré mon homologue turc, Μevlut Cavusoglu au Ankara Palace, en ce même lieu où Eleftherios Vénizélos avait rencontré Ismet Inonu, cela a été un moment très fort et avec mon homologue nous avons été photographiés devant la photo historique des deux dirigeants.

Mesdames et Messieurs,

Il dépend de nous si nous allons suivre les pas de ces deux grands dirigeants historiques ou si nous allons rester dans une situation d’incertitude et d’inertie. L’histoire ne pardonne pas l’inertie. Et elle ne pardonne pas non plus l’imprudence et l’amateurisme. C’est en étant animés d’un sentiment de sérieux, de foi et en étant bien préparés que nous pouvons créer le cadre politique approprié visant à renforcer de manière impressionnante nos relations politiques bilatérales et de manière encore plus impressionnante nos relations économiques bilatérales.

Bienvenue en Grèce.

December 5, 2014