Extrait de l’intervention du ministre délégué aux Affaires étrangères, devant la Commission permanente de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (15.09.2020)

Le ministre délégué aux Affaires étrangères et Président du Comité des ministres, Miltiadis Varvitsiotis, a informé ce matin la Commission permanente de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe des progrès des travaux de la Présidence de la Grèce du Conseil de l’Europe et de la Déclaration d’Athènes imminente. Il a également répondu à des questions de députés – membres de l’Assemblée concernant les tensions en Méditerranée orientale, la question migratoire, la situation en Biélorussie et l’affaire Navalny. Il a par ailleurs soulevé la question de la conversion de la Basilique de Sainte-Sophie et de l’Eglise Saint-Sauveur-in-Chora en mosquée.

Le ministre délégué a souligné que la présidence hellénique a intensifié ses préparatifs concernant la signature de la Déclaration d’Athènes en novembre sur le thème de la protection de la démocratie, de l’Etat de droit et des droits de l’homme en période de pandémie.  « Nous le devons aux citoyens européens », a-t-il déclaré. Il a ajouté que le Conseil de l’Europe doit demeurer un pilier actif du système juridique et des valeurs européens.

S’agissant des évolutions en Biélorussie, sur lesquelles se sont particulièrement penchées les institutions du Conseil de l’Europe lors de leur rencontre tripartite en août dernier, M. Varvitsiotis a fait part de sa préoccupation concernant la protection des droits de l’homme dans le pays et a souligné la nécessité d’engager un dialogue élargi avec la participation des citoyens, qui conduira au règlement pacifique de la crise et aux réformes nécessaires.

Dans son intervention, M. Varvitsiotis a déploré le fait que le Conseil de l’Europe se soit tu devant le grand défi de la conversion de la Basilique de Sainte-Sophie et de l’Eglise Saint-Sauveur-in-Chora en mosquée. Il a qualifié ces actes d’atteinte flagrante à l’identité de ces deux monuments culturels emblématiques. Il a indiqué par ailleurs que la Basilique de Sainte-Sophie en particulier constitue un symbole de liberté religieuse et de tolérance et qu’elle devra continuer de représenter le pluralisme et le multiculturalisme. « Les monuments inscrits dans le patrimoine culturel mondial ne doivent pas être utilisés à des fins religieuses », a-t-il souligné.

Répondant à des questions de députés turcs, le ministre délégué aux Affaires étrangères a envoyé un message clair pour la désescalade de la tension avec la Turquie en Méditerranée orientale. Il a expliqué que la Grèce ne peut revenir à la table des négociations avec le pays voisin lorsque ce dernier a posé une arme sur la table et a déclaré « soit vous êtes d’accord avec moi, soit c’est la guerre ». « Ce n’est pas le genre de dialogue que nous attendons et la présence des navires de guerre n’est pas un signe de promotion de la stabilité, de la sécurité et de la paix dans la région », a-t-il affirmé.

M. Varvitsiotis s’est également référé aux pratiques suivies par la Turquie pour des raisons politiques et consistant à instrumentaliser les migrants et les réfugiés. Il a condamné fermement ces pratiques, en tant que contraires aux principes et valeurs du Conseil de l’Europe et a exigé, sur un ton ferme, qu’elles cessent immédiatement.  Il a nié catégoriquement l’implication de la Grèce dans des refoulements (pushbacks) à ses frontières. Il a indiqué que notre pays appliquait une politique de haute surveillance à ses frontières, toujours conformément au cadre juridique européen. Il a insisté sur le fait que la Turquie, de son côté, a l’obligation de mieux surveiller ses frontières et de ne pas permettre des entrées illégales sur le territoire de l’Union européenne, conformément aux dispositions de la Déclaration conjointe UE – Turquie de 2016, que « la Turquie n’applique toutefois pas pleinement jusqu’à aujourd’hui ».

En outre, il s’est référé à la nécessité de respecter les principes de la démocratie, de l’Etat de droit et des droits de l’homme en Turquie. Il a particulièrement été fait mention de l’arrestation des maires – membres de l’opposition turque et du cas Osman Kavala, homme d’affaires activiste turc emprisonné.

En ce qui concerne le cas de l’homme politique russe Navalny, le ministre délégué a demandé que la lumière soit faite sur cette affaire au moyen d’une enquête indépendante.

Enfin, répondant à une question concernant le camp de Moria, le ministre délégué a qualifié la destruction du camp de grande catastrophe humanitaire et a décliné les efforts déployés par le gouvernement grec pour loger les migrants dans de bonnes conditions sécuritaires et sanitaires. « Nous sommes invités à défendre tant les droits de l’homme que le sentiment de sécurité des citoyens européens », a-t-il déclaré. Toutefois, il a informé les membres de la délégation du fait que certains migrants hésitaient à entrer dans les nouvelles structures, tentant ainsi d’exercer une pression supplémentaire sur la Grèce et l’Union européenne.

September 15, 2020