Extrait de l’intervention du ministre délégué aux Affaires étrangères lors de la manifestation organisée à l’occasion du 70e anniversaire de la signature de la Convention européenne des droits de l’homme (Athènes, 04.11.2020)

« Le 4 novembre 1950 est un jour historique pour l’Europe. Car son esprit et sa substance plus profonde ont été consignés dans un texte. L’Europe n’est pas seulement un espace géographique ou un espace délimité du point de vue économique. C’est un ensemble de valeurs. Un mode de vie fondé sur les principes humanitaires immuables. Les idées qu’elle prône sont le cœur de l’Europe. Et sa quintessence, la longue tradition de promotion de la démocratie, de l’Etat de droit et des droits de l’homme ». C’est sur ces mots que le ministre délégué aux Affaires étrangères et Président du Comité des ministres du Conseil de l’Europe, Miltiadis Varvitsiotis a entamé son discours prononcé dans le cadre du 70e anniversaire de la signature de la Convention européenne des droits de l’homme lors de la manifestation organisée aujourd’hui par la Présidence de la Grèce du comité des Ministres du Conseil de l’Europe dans la salle du Sénat du Parlement.

Katerina Sakelaropoulou était l’invitée d’honneur à cette manifestation anniversaire qu’ont honoré de leur présence le Président du Parlement, M. Konstantinos Tassoulas, la députée et cheffe de la délégation grecque de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Mme Dora Bakoyannis. Ont également participé la Secrétaire générale du Conseil, Mme Marija Pejcinovic Buric, le Président de la Cour européenne des droits de l’homme, M. Robert Spano, le Président de l’Assemblée parlementaire de l’Organisation, M. Rik Daems et la Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Mme Dunja Mijatovic, qui se sont rendus à Athènes pour cette occasion.

Dans son intervention, M. Varvitsiotis a indiqué que le respect de la loi n’est pas une tradition étrangère à la Grèce, tel qu’il l’a montré à travers des références historiques à Héraclite, à la démocratie athénienne de l’époque classique et en citant des extraits de la première constitution d’Epidaure. « C’était l’une des Constitutions les plus démocratiques, libérales, radicales et progressistes de son époque, l’expression de la nécessité de nos ancêtres d’accompagner les évolutions européennes en laissant derrière l’illégalité de l’Orient », a dit de manière caractéristique le ministre délégué aux Affaires étrangères. Il a ajouté que, poursuivant cet héritage séculaire, la Grèce était l’un des premiers pays à ratifier la Convention européenne des droits de l’homme, qui est honorée aujourd’hui.

Par la suite, M. Varvitsiotis s’est référé de manière détaillée à toute une série de défis auxquels l’Europe est confrontée aujourd’hui et appellent à une vigilance constante sur les acquis de la Convention européenne des droits de l’homme. Il a souligné, entre autres, la menace que représente la pandémie pour nos vies, mais aussi pour nos démocraties. « La démocratie, l’Etat de droit et les droits de l’homme ne peuvent jamais constituer les pertes collatérales d’une crise sanitaire. Même si le covid-19 a influencé notre mode de vie, il ne doit pas alterner nos valeurs fondamentales », a-t-il déclaré. Se référant aux fondamentalismes religieux émergents, il a condamné les récents attentats terroristes à Paris et à Vienne et a souligné que le fondamentalisme religieux n’a pas sa place au sein des sociétés d’Europe. « L’Europe s’identifie à la conscience collective dans le respect de toutes les convictions religieuses, la liberté d’expression et la tolérance de la diversité. L’Europe ne cessera de défendre ses valeurs les plus précieuses. De manière non négociable, coordonnée et unie », a-t-il indiqué.

Le ministre délégué aux Affaires étrangères a commenté également les défis que posent les phénomènes du populisme et de la désinformation, ainsi que l’immigration en notant que « l’Europe ne fera aucune concession pour ce qui est du respect de la valeur humaine, de l’égalité des sexes ou de la protection de la santé contre des traditions familiales et raciales dangereuses ». Dans le même esprit, il a noté la nécessité de déplorer politiquement les pratiques d’instrumentalisation des institutions démocratiques et de non protection des minorités de la part de certains gouvernements et de mettre en avant la force du droit international, en tant que moyen de règlement des différends.

Enfin, M. Varvitsiotis s’est dit fier du fait que la Présidence de la Grèce du Conseil de l’Europe ait réussi, en dépit des restrictions imposées par la pandémie, à communiquer sa vision d’une Europe prônant plus de démocratie et d’une meilleure qualité. Dressant un bref bilan de la Présidence, il s’est particulièrement référé à l’instauration de l’Institution de la Présidence numérique (E-Chairmanship) qui a permis de rapprocher l’Organisation des sociétés européennes et à la Déclaration d’Athènes, qui fait revivre l’esprit de la Convention européenne des droits de l’homme. Cependant, a-t-il indiqué, il n’a pas été possible de l’adopter à l’unanimité car trois des 47 Etats membres ont retiré leur soutien au texte au dernier moment.

En ce qui concerne l’autre héritage légué par la Présidence de la Grèce, à savoir la création de l’Observatoire pour l’Etude et l’Enseignement de l’Histoire, le ministre délégué a indiqué que « les Grecs ont été tant éprouvés par l’irrédentisme, le fanatisme de voisins et les tentatives d’altérer la vérité historique. Nous pensons que l’étude de l’Histoire ne doit pas diviser les peuples, mais les unir ».

November 4, 2020