« L’imposition de sanctions à l’encontre de la Turquie n’est pas une question de solidarité envers la Grèce et Chypre, mais de crédibilité pour l’Union européenne notamment », a indiqué le ministre délégué aux Affaires étrangères, Miltiadis Varvitsiotis à ses homologues européens lors de son intervention aujourd’hui au Conseil des Affaires générales qui s’est tenu par visioconférence en vue de la préparation du sommet européen.
Plus particulièrement, M. Varvitsiotis a expliqué que, en octobre, l’Union européenne avait présenté à la Turquie les conditions de réussite du dialogue. Toutefois, a-t-il déclaré, deux mois plus tard elle continue ses actions unilatérales et ses provocations, sans tenir compte en réalité de la décision unanime prise par le Conseil européen d’octobre. Et maintenant, l’Europe est appelée à décider comment réagir face à la Turquie. Autrement dit, agira-t-elle en acteur international crédible, qui demeure fidèle aux décisions prises en octobre, ou bien fera-t-elle marche arrière, cédant au révisionnisme de la Turquie, a indiqué le ministre délégué. « Faire marche arrière serait une grave erreur. Non seulement pour la Grèce et Chypre, mais aussi pour la crédibilité de l’Europe », a-t-il commenté.
Dans le même contexte, M. Varvitsiotis s’est référé à la question de l’embargo sur les armes à la Turquie, en soulignant que « Nous ne pouvons nous battre, nous ne pouvons continuer à nous sentir en sécurité si nos partenaires continuent de fournir du matériel militaire à la Turquie, ce qui renforce la grave menace que représente la Turquie pour la stabilité de la région et la souveraineté de la Grèce ». Pour ne pas nous retrouver donc dans la position fâcheuse de devoir nous défendre face à des armes européennes, l’heure est venue pour l’Europe d’imposer l’embargo, a-t-il poursuivi. Et pour dissiper tout doute, M. Varvitsiotis a rappelé à ses homologues que le Canada – l’allié de la Turquie à l’OTAN – a d’ores et déjà procédé à l’imposition d’un embargo sur les armes à la Turquie, alors que les Etats-Unis ont exclu la Turquie de la co-production des F-35. « L’heure est donc venue pour l’Europe d’en faire de même et d’envoyer un message clair, à savoir qu’elle ne tolèrera aucune action militaire dirigée contre un de ses Etats membres », a-t-il indiqué.
Enfin, M. Varvitsiotis s’est dit satisfait de tout ce qu’a réussi l’UE jusqu’à présent sur le front de la pandémie et notamment le vaccin, tandis que concernant la question du changement climatique, qui a également préoccupé les ministres des Affaires européennes, il a souligné qu’une politique ambitieuse dans ce domaine peut constituer un élément catalyseur en matière d’innovation et de développement.
December 8, 2020