JOURNALISTE : Monsieur le Secrétaire d’Etat, nous suivons avec inquiétude l'évolution de la situation au Proche-Orient. Quel est le rôle de la Grèce dans une éventuelle escalade de la guerre ?
G. KOTSIRAS : Les derniers développements au Moyen-Orient sont en effet inquiétants. Il est urgent que toutes les parties fassent preuve de retenue, que les hostilités cessent immédiatement, que les civils soient protégés, que les otages soient rendus et que l'aide humanitaire soit acheminée sans entrave. Il faut laisser la place à la diplomatie pour arrêter le cercle vicieux de la violence.
Dès le début, la Grèce a adopté une position de principe au Moyen-Orient, en insistant sur le respect du droit international. En tant que pilier de la stabilité dans la région et interlocuteur fiable pour toutes les parties, notre pays joue un rôle constructif dans les efforts de paix.
Le ministre des affaires étrangères, George Gerapetritis, a pris des initiatives importantes au niveau de l'Union européenne pour promouvoir la paix. Il a notamment mis en place un groupe de travail composé de ministres des affaires étrangères arabes et européens, chargé de jouer un rôle de médiateur. En tant que membre élu du Conseil de sécurité des Nations unies pour les deux prochaines années, la Grèce continuera à œuvrer, avec un sens élevé des responsabilités, pour promouvoir la résolution pacifique des différends dans notre région et dans le monde. La Grèce a renforcé son capital diplomatique dans un environnement géopolitique complexe.
Entre-temps, nous ne nous reposons pas sur nos lauriers. Nous surveillons constamment la situation et nous nous préparons à tous les scénarios possibles. Et nous accordons une attention particulière aux citoyens grecs vivant dans la région. Dans ce contexte, la cellule de gestion de crise du ministère des affaires étrangères a été activée et nos ambassades à Beyrouth et à Tel-Aviv sont toujours prêtes à fournir une assistance supplémentaire à nos concitoyens, si nécessaire.
JOURNALISTE : Pensez-vous qu'il existe un risque d'augmentation des flux migratoires ? Le dialogue gréco-turc a-t-il une incidence sur la gestion de la question migratoire ?
G. KOTSIRAS : Une éventuelle escalade plus générale de la crise au Moyen-Orient comporte le risque d'une augmentation des flux migratoires vers l'Europe. Cependant, nous devons souligner que, pour le moment, ce problème ne se pose pas pour notre pays. Bien entendu, nous restons vigilants.
Nous mettons particulièrement l'accent sur la gestion efficace des frontières grecques, en appliquant une politique à la fois stricte et équitable. La clôture frontalière longeant le fleuve Evros progresse. Nos frontières maritimes sont protégées. Nous avons le soutien de nos partenaires européens, qui reconnaissent que les frontières grecques sont aussi des frontières européennes. Nous insistons sur une politique européenne commune en matière de migration, sur la mise en œuvre du pacte sur l'immigration et l'asile, sur le renforcement des frontières extérieures de l'UE et sur la coopération avec les pays tiers pour faciliter les retours.
Comme l'a dit le Premier ministre lors de la conférence de presse qui a suivi le Conseil européen de Bruxelles, le fait qu'un accord ait été trouvé sur les conclusions relatives au chapitre sur les migrations est un développement très positif. Le fait qu'au fil des ans, la politique européenne en matière d'immigration ait changé et se soit rapprochée des positions grecques est désormais une évidence et ressort également des conclusions du Conseil européen lui-même. Comme l'a souligné Kyriakos Mitsotakis, l'Europe évolue lentement mais sûrement dans la bonne direction, ce qui sert sans aucun doute les positions grecques.
Enfin, permettez-moi de souligner que le rapprochement graduel entre la Grèce et la Turquie qui a été tenté au cours des quinze derniers mois a eu un impact positif sur la question migratoire. Les arrivées illégales en provenance de Turquie ont été réduites. La coopération entre les autorités grecques et turques a porté ses fruits dans la lutte contre les réseaux de passeurs.
JOURNALISTE : Dans quelle mesure l'amélioration des relations gréco-turques contribue-t-elle aux négociations sur le règlement de la question chypriote ?
G. KOTSIRAS : Après une longue période d'inactivité, nous avons réussi, grâce à une intense activité diplomatique et en totale coordination avec Nicosie, à faire du problème chypriote une priorité importante des Nations Unies. Nous pensons que l'amélioration des relations gréco-turques contribue aux efforts visant à résoudre le problème chypriote. La Grèce est à la disposition des Nations unies, prête à contribuer aux prochaines étapes. La division de l'île n'est pas acceptable. Toutes les possibilités doivent être exploitées pour trouver une solution juste et viable dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU.
JOURNALISTE : Quand la numérisation du processus de délivrance des passeports pour les Grecs de l'étranger devrait-elle commencer et être achevée, et quels sont les avantages?
G. KOTSIRAS : Avec l’adoption de l'article 60 de la loi 5143/2024, le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis a fait un autre pas en avant pour les Grecs de l'étranger. Avec la nouvelle procédure, les Grecs de l'étranger seront servis plus rapidement et plus efficacement, car nous parviendrons à réduire de manière significative le temps nécessaire à la délivrance des passeports. Au cours de la prochaine période, la coopération des services compétents des ministères concernés se poursuivra afin de décliner les paramètres de la mise en œuvre technique de la disposition. Tous les éléments ci-dessus sont des besoins que nous avons pris en compte lors de la préparation du Plan stratégique pour les Grecs de l'étranger 2024-27 du ministère des Affaires étrangères et nous démontrons dans la pratique que les Grecs de l'étranger ont un rôle clé dans la planification du travail du gouvernement.
October 21, 2024