[Sur le plan de sauvetage financier]
Mesdames et messieurs les députés,
Jeudi dernier notre pays a gagné une seconde chance. Cette chance ne nous a pas été offerte. C’est au prix d’énormes sacrifices du peuple grec, des sacrifices que ce dernier continue de faire, que nous avons gagné cette seconde chance. Le peuple grec a gagné cette chance car nous avons prouvé à tous que nous pouvons traduire notre volonté dans des actes, que nous pouvons être crédibles et que pour nous, l’échec n’est pas un choix. Le peuple grec a gagné cette chance car nous avons livré une bataille par la voie à la fois diplomatique que politique, afin de convaincre nos partenaires de la nécessité de rester solidaires avec nous. Et nous y sommes parvenus.
Cette dernière période marquée par des attaques persistantes lancées contre l’image de la Grèce, ceux qui investissent dans l’échec de l’euro, ont développé des stéréotypes incroyables pour notre pays. La rhétorique de la punition a prédominé.
Toutefois, nous devons éradiquer ces stéréotypes. Tel est le message que je transmets lors de mes rencontres avec des hauts fonctionnaires des gouvernements, des hommes politiques ainsi qu’avec les représentants des médias, des think tank, ou bien avec ceux qui façonnent l’opinion publique, des académiciens et de simples citoyens.
[Sur la stratégie de la politique étrangère]
Pour atteindre nos objectifs, il existe deux conditions et pour les réaliser je compte sur le dialogue et notre coopération :
• Nous avons besoin d’une vision et d’une planification stratégique,
• Nous avons besoin d’un dispositif diplomatique puissant et efficace
La politique étrangère s’articule autour de cinq axes stratégiques :
• Premièrement, sécurité et prospérité. Dans notre voisinage, le règlement de la question chypriote et des problèmes liés à nos relations avec les voisins, la promotion du bon voisinage, de la sécurité et de la stabilité dans la région élargie, la délimitation des zones maritimes avec tous nos voisins et la revalorisation du rôle régional de la Grèce. Un accent important doit être toujours mis sur la protection de nos intérêts nationaux et sur le respect du droit international.
• Deuxièmement, le dynamisme de la Grèce et son extraversion. Sur las scène européenne et internationale, le développement d’une politique étrangère extravertie et dynamique, à travers l’élargissement du réseau des relations interétatiques bilatérales, de l’approfondissement des relations avec des partenaires stratégiques, de la valorisation du rôle de la Grèce au sein des organisations internationales et de sa contribution substantielle dans le façonnement des politiques de l’Union européenne et non seulement.
• Troisièmement, la diplomatie économique et la présence dans le domaine économique. Le développement d’une diplomatie économique ayant comme objectif de promouvoir les exportations, d’attirer des investissements, de soutenir l’entrepreneuriat grec à l’étranger, de renforcer le tourisme, de revaloriser le rôle de la Grèce dans des domaines d’importance majeure de l’économie mondiale, tels que l’énergie, les transports, la navigation maritime, à savoir des domaines où la Grèce a, comme tout le monde le sait, des avantages comparatifs.
• Quatrièmement, rassemblement des Grecs de l’étranger dans le cadre de cet effort national visant à la restructuration de l’Etat et rapprochement avec d’autres communautés à travers le monde, avec des citoyens étrangers qui peuvent soutenir cet effort.
• Cinquièmement, l’image de la Grèce. Le développement d’une politique médiatique et d’une diplomatie publique dynamiques, coordonnées et efficaces dans le but d’améliorer le profil international de notre pays.
[Sur Chypre]
La question chypriote figure en tête de liste. La Grèce soutient de toutes ses forces les efforts consentis par le gouvernement chypriote visant à la réunification de l’île dans le cadre d’une fédération dotée d’une seule entité étatique, d’une seule nationalité et d’une seule personnalité juridique, sur la base des résolutions des Nations Unies mais aussi de l’acquis communautaire afin que Chypre, une fois unifiée, puisse fonctionner sans heurts en tant que membre de l’Union européenne.
Le règlement de la question chypriote dépend de la décision de la Turquie de renoncer à sa politique sans issue d’exploitation, si vous voulez, de la communauté chypriote-turque et de Chypre visant à servir ses propres intérêts. L’armée d’occupation doit quitter définitivement Chypre dans les plus brefs délais.
[Sur les relations gréco-turques]
S’agissant des questions gréco-turques, mesdames et messieurs les députés, nous avançons avec confiance. La Grèce ne doit pas hésiter à exercer une politique à travers d’initiatives vis-à-vis de la Turquie. Cet effort devrait aussi être continué après 2004. La coopération entre nous et la normalisation des relations gréco-turques, sont dans l’intérêt de nos deux pays. Il suffit de croire en cette coopération et d’œuvrer en faveur d’elle, et cela toujours en fonction de la protection de nos droits et du respect, comme je l’ai tout à l’heure affirmé, du droit international.
Des investissements importants grecs sont réalisés en Turquie, les liaisons aériennes sont devenues plus fréquentes entre les deux pays et les flux touristiques en provenance du pays voisin ont connu une hausse spectaculaire. Les contacts exploratoires avec la Turquie continuent à un rythme intensif. Toutefois, il existe encore un travail important à accomplir et, bien évidemment, toutes les conditions sont remplies pour parvenir à cette fin. Pour nous, il n’existe aucun dilemme entre l’inertie et le progrès. Nous optons pour le progrès et nous allons de l’avant.
[Sur la question du nom de l’ARYM]
Le plus important est que nous avons persuadé tous de la sincérité de nos intentions et de notre volonté de parvenir à une solution. Au contraire, M. Gruevski s’est vu enfermé dans une rhétorique d’intransigeance. Il en a persuadé tous, pour ce qui est de ses intentions. Mais il sacrifie l’avenir européen de ses citoyens au nom d’une obsession stérile.
Toutefois, M. Gruevski doit comprendre que le temps est venu d’écrire l’histoire et non pas de réécrire la nôtre. Cette demande est désormais formulée de manière unanime par l’Europe, les Etats-Unis et par un bon nombre de grands pays à travers le monde.
[Sur les Balkans]
Mesdames et messieurs les députés,
Notre politique régionale dans la région des Balkans et de la Méditerranée orientale doit être également dynamique. Pour ce qui est notamment des Balkans, notre intérêt stratégique est de voir ces pays devenir membres de l’Union européenne. De créer un espace de paix, de sécurité et de développement à nos frontières ainsi qu’un marché unique pour nos produits et services.
De mettre nos voisins sur la dernière ligne droite pour leur adhésion à la famille européenne, de donner la motivation nécessaire tant à eux-mêmes en vue de réaliser les changements qu’ils doivent faire qu’à nos partenaires européens au sein de l’Union européenne, au moins à ceux qui semblent hésiter face à une telle perspective.
Enfin, pour ce qui est du Kosovo, les récentes tensions ne contribuent guère au parcours des Balkans occidentaux et ont des effets négatifs pour les deux parties. La position de la Grèce est que les solutions diplomatiques sont nécessaires, tout comme le dialogue et le consensus et non pas les actions unilatérales. Nous invitons les deux parties à se présenter de nouveau à la table des négociations et à éviter toute escalade des tensions.
[Sur le printemps arabe, la Libye et le Moyen-Orient]
Nous devons envisager le « printemps arabe » sous deux angles différentes et étroitement liées à la fois : D’une part, il existe une dimension purement intérieure laquelle porte sur la volonté des peuples des pays de la région, tels que l’Egypte et la Tunisie, de créer un meilleur avenir, plus démocratique, un avenir qui doit être défini par les peuples eux-mêmes, sans instructions venues de l’extérieur pour ce qui du modèle politique, économique et social qu’ils adopteront. Mais, si ces pays demandent notre aide pour la reconstruction de leurs institutions, la Grèce, tant au niveau bilatéral qu’à travers l’Union européenne, est prête à développer une politique multidimensionnelle dans le but d’aider ces pays à établir des structures et des processus démocratiques solides.
La crise ne pourrait seulement être réglée par le biais des pressions militaires exercées sur le régime de Kadhafi, aussi nécessaires qu’elles soient celles-ci. Il est nécessaire d’engager un débat national et de mettre en place des processus politiques.
Maintenant, les évolutions dans notre voisinage au sud rendent l’atteinte d’une solution juste à la question palestinienne de plus en plus urgente. Ayant participé au façonnement de la position de l’Union européenne, la Grèce soutient de manière ferme la création d’un Etat palestinien souverain, indépendant, durable, unifié et démocratique lequel coexistera de manière pacifique aux côtés d’Israël, à l’intérieur des frontières sûres et reconnues au niveau international.
[Sur l’unité nationale]
Je crois à la responsabilité, à la transparence et à l’obligation de rendre des comptes. J’ai essayé, à ma propre manière et à travers mes positions, de promouvoir ces principes au sein du Parlement européen, et je suis convaincu que votre rôle est déterminant en vue d’assurer que ces principes seront respectés. En guise de conclusion, je répète que face aux questions relevant de la politique étrangère, nous devons opposer un front uni. Et, je m’engage à poursuivre cet objectif.
Seul le prononcé fait foi.
July 28, 2011