JOURNALISTE : Quatre ans au ministère des Affaires étrangères, y a-t-il des décisions que vous avez prises et qui, rétrospectivement, lorsque vous y réfléchissez, vous pensez que vous auriez pu agir différemment ? Et je fais également référence à la tension extrême avec la Turquie.
N. DENDIAS : En politique étrangère, le temps, c'est-à-dire la distance qui sépare les moments de tension et de pression, devient la pierre de touche pour évaluer les résultats et les conclusions.
Quatre années se sont écoulées depuis 2019, je pense que les développements ont, dans une large mesure, justifié nos principaux choix de politique étrangère.
Notre principale préoccupation a été d'élargir et d'approfondir la portée de la politique étrangère grecque, ainsi que d'étendre et d'exploiter les alliances de notre pays, dans le but de relever efficacement tous les défis.
En ce qui concerne la Turquie en particulier, je voudrais souligner que mes décisions et mes actions ont toujours été dictées par ma ferme conviction que nous devons travailler systématiquement à créer les conditions qui rendront possible un dialogue significatif et efficace pour la résolution de notre différend sur la délimitation du plateau continental et de la ZEE, toujours sur la base du droit international et du droit international de la mer.
JOURNALISTE : Quel sera le lendemain dans les relations gréco-turques lorsque les deux pays qualifient de « défi » les positions fermes de l’autre ? Peut-on briser le cercle vicieux de la tension ?
N. DENDIAS : Je ne peux pas prédire l'avenir proche, et encore moins lointain, des relations gréco-turques. Cela dépend avant tout de la volonté du pays voisin et de l'attitude du prochain gouvernement turc, quel qu'il soit. Pour notre part, sans nous faire d'illusions sur la fermeté des positions turques, nous pensons qu'à ce stade, l'amélioration générale du climat de nos relations bilatérales pourrait être mise à profit pour construire un canal de communication ouvert entre les deux pays. Et à plus long terme, cela pourrait potentiellement conduire au lancement d'un dialogue sérieux et sincère visant à un accord pour résoudre notre seul différend sur la base du droit international et du droit international de la mer.
JOURNALISTE : Vous avez évoqué les Accords avec l'Italie et l'Égypte comme un exemple de la volonté de la Grèce de trouver des solutions conformes au droit international. Est-ce un aveu implicite que dans notre différend avec la Turquie, nous devrions également être prêts à un compromis ?
N. DENDIAS : Je cite souvent en exemple les accords avec l'Égypte et l'Italie car, en effet, dans ces cas, nous avons pu obtenir une issue heureuse à des négociations de longue date grâce à un dialogue intensif et constructif, en parvenant à des solutions sur la base du droit international et du droit international de la mer. Car telle est, après tout, la position ferme de notre pays : la résolution des questions relatives à la délimitation du plateau continental et de la ZEE sur la base du droit international et du droit international de la mer. Il est évident que nous souhaitons qu'il en soit de même dans le cas de notre seul et unique différend avec la Turquie. Maintenant, la question de savoir si cela se produira dépend principalement de la volonté de l'autre partie.
Pour notre part, nous devons utiliser toutes les possibilités et toutes les fenêtres d'opportunité dans ce sens. Avec sagesse, confiance, sérieux et sans nourrir des attentes excessives.
May 13, 2023