JOURNALISTE : Elections en Turquie et l'homme qu'il faut le jour qu'il faut {...}
Bienvenue, Monsieur le Ministre.
N. DENDIAS : Je vous remercie.
JOURNALISTE : C'est en effet un jour très spécial. Nous parlions depuis longtemps des élections en Turquie et je vois que vous suivez avec beaucoup d'intérêt Evangelia Tsikrika, parce que vous vous intéressez aussi à cette question.
N. DENDIAS : Cela intéresse le pays.
JOURNALISTE : Cela intéresse le pays. Et bien que nous ayons beaucoup de choses à dire, je voudrais commencer par ceci, puisque nous avons eu la liaison en direct. Nous avons donc Tayyip Erdogan, que vous connaissez très bien, que vous connaissez depuis tant d'années, et nous avons un deuxième candidat qui pencherait - un peu plus - vers un mode de vie plus occidental.
Pour le dire en termes simple, en Grèce, qu’est-ce qui est plus dans notre intérêt ?
N. DENDIAS : Comme vous le comprenez, j'ai répondu à cette question de nombreuses fois.
JOURNALISTE : 100 fois.
N. DENDIAS : Pour être honnête, je n'ai pas répondu à cette question de nombreuses fois, parce que je n'ai tout simplement pas le droit d'y répondre.
Nous aimerions voir une Turquie favorable à l'Occident, démocratique, économiquement forte, c'est-à-dire sans crise économique. Je pense que la société et le peuple turcs décideront lequel des deux servira ces objectifs.
Toutefois, si je peux faire une déclaration générale, je regarderais derrière les slogans. Je ne m'en tiendrais pas aux slogans de chaque candidat. Je regarderais plus profondément ce qu'il représente, d'où il provient, ce que son parti a fait dans l'histoire, le parti républicain, les kémalistes, depuis la mort de Kemal. Depuis Inonu, qu'ont-ils fait ?
Lors de l'invasion de Chypre, qui était au pouvoir en Turquie ? Les choses sont un peu plus compliquées qu'il n'y paraît si l'on se contente de regarder les slogans des partis.
[…]
JOURNALISTE : [...] Permettez-moi de vous ramener aux relations gréco-turques et de vous demander si cette période « rose », cette « lune de miel » à peine perceptible, ce n'est pas un mois bien sûr, c'est une période de quatre mois, trois mois que nous traversons, est une période s’apparence ou est-ce substantiel ? En d'autres termes, nous avons montré un visage très humain face à la tragédie vécue par nos voisins avec le tremblement de terre dévastateur et dramatique. Cela a-t-il permis de normaliser nos relations ?
N. DENDIAS : Non, mais cela a créé une fenêtre d'opportunité. Une fenêtre dans laquelle il n'y a pas de tensions, pas de violations, pas de survols, pas de rhétorique agressive, pas d'incidents en mer.
Qu'est-ce que cela nous apporte ? Cela nous donne une opportunité après les élections, dans les deux pays, les deux nouveaux gouvernements seront peut-être les mêmes avec la confiance renouvelée du peuple, mais ce seront des gouvernements qui auront le capital politique nécessaire pour s'asseoir et discuter de notre différend.
Croyons-nous que nous pourrons trouver, comme par magie, une solution là où aucune n'a été trouvée depuis des décennies ? Si je devais donner des pourcentages, je dirais 10/90 ou 20/80. Les chances ne sont pas grandes.
Mais nous devons essayer. Et ce que ce climat nous donne, encore une fois, c'est la possibilité d'essayer sans la tension constante que nous avons connue jusqu'à présent.
Quoi qu'il en soit, l'une des « conditions » posées par la partie grecque pour s'asseoir à la table des négociations est qu'il n'y ait pas de violations, pas de survols, pas de rhétorique agressive.
Ce qui a été fait est remarquable et voyons maintenant si nous pouvons faire de cette « petite fenêtre » une « grande porte ».
JOURNALISTE : Quel est l'allié le plus précieux de la Grèce à l'heure actuelle ?
N. DENDIAS : Vous voulez dire dans la communauté mondiale ? Tout d'abord, je commencerais par les États-Unis. Mais je ne me limiterais pas à eux. Je mettrais la France à côté d'eux, puis un certain nombre de pays du monde arabe, et je mettrais à côté tous les pays qui croient que le droit international et les bonnes règles de conduite, ainsi que la Charte des Nations Unies, sont la façon dont les nations et les États doivent vivre.
Tous ces pays, que nous nous sommes efforcés de sensibiliser à nos positions, à nos problèmes et à nos besoins au cours de ces quatre années, sont des pays qui peuvent se joindre à nous dans ce que j'appellerais un effort de bon sens.
Je pense que si chacun réfléchit à ce qui est simplement raisonnable, il agira d'une manière qui servira les positions grecques.
May 14, 2023