Extraits de l’interview du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias, au principal journal télévisé de la chaîne de télévision « ΑLPHA » et à la journaliste Maria Nikoltsiou (18.04.2023)

JOURNALISTE : Nous allons maintenant discuter des relations gréco-turques, et pas seulement, avec le ministre des Affaires étrangères, M. Nikos Dendias, qui est avec nous et que nous remercions vivement.

Et je voudrais commencer, Monsieur le Ministre, par le fait - vous avez également regardé cette vidéo – que nous assistons à une rhétorique contradictoire de la part de la Turquie. D'un côté, un bon climat, un moratoire, un climat amical. D'autre part, la question des îles est de nouveau soulevée, et encore une fois une rhétorique agressive. En fin de compte, à quoi devons-nous nous fier en vue des élections en Turquie ?

N. DENDIAS : Nous verrons ça après les élections. Je pense que maintenant, au milieu de cette période préélectorale intense en Turquie, il est évident que des choses seront dites et des points de vue maximalistes seront exprimées.

Je pense que nous devons, comme toujours, garder notre sang-froid et attendre que le gouvernement qui représentera la société turque après les élections se positionne dans un climat propice à un dialogue sérieux sur notre différend.

JOURNALISTE : Permettez-moi de poser une question, car les gens se la posent également. Quel gouvernement est le plus dans notre intérêt ? Un nouveau gouvernement Erdogan ou un gouvernement de l'opposition ?

N. DENDIAS : Imaginez ce qui se passerait demain matin si le ministre grec des Affaires étrangères émettait une position concernant le choix de la société turque…

JOURNALISTE : Je veux dire que si quelque chose va changer en substance dans notre politique étrangère et dans l'attitude avec laquelle nous abordons la...

N. DENDIAS : Je ne considère pas que tous les partis, tous les peuples et tous les gouvernements comme identiques. Mais la Grèce ne doit en aucun cas s'impliquer dans la vie politique interne de la Turquie. Ce serait une grave erreur.

JOURNALISTE : Cependant, pensez-vous que l'opposition puisse changer sa politique étrangère en cas de victoire ?

N. DENDIAS : L'opposition ne nous a pas donné une image claire. Certaines positions ont parfois été plus tranchées que celles du gouvernement. C’est cela que j’ai remarqué.

Rappelez-vous ce qui s’est passé quand la Turquie menaçait de venir une nuit sur nos îles, l'opposition n'a pas dit au président Erdogan : « De quoi parlez-vous ? Elle lui a dit : « Pourquoi dites-vous cela et ne le faites-vous pas ? »

JOURNALISTE : Compte tenu de l’éventualité d’un second tour en Turquie, ce processus peut prendre du temps. Craignez-vous une période d'instabilité ?

N. DENDIAS : Je pense que le grand avantage de l'amélioration du climat est précisément que nous n'avons pas peur de cette période. Rappelez-vous, si nous avions eu cette discussion il y a 3 ou 4 mois, nous aurions été très anxieux de savoir si, pendant la période électorale dans les deux pays, nous allions assurer le calme en mer Égée.

Pour l'instant, ce n'est pas un danger. C'est extrêmement important.

JOURNALISTE : Oui, mais que se passera-t-il si la société grecque souhaite une coopération ? En particulier sur les questions nationales, car il est parfois bon que les questions nationales soient le fruit d'un consensus. Si vous en arrivez finalement au point où vous devez choisir ?

N. DENDIAS : Vous dites cela à un gouvernement et à un ministre qui a cherché, et dans une certaine mesure il a réussi, à trouver un consensus au fil des ans sur les grandes lignes de la politique étrangère. C'est aussi une reconnaissance du rôle des partis d'opposition, parce qu'il faut être clair : Nous avons réussi à obtenir un consensus, à maintenir le ton bas, et les fameuses qualifications telles que « traîtres, bradeurs des intérêts nationaux » n'ont pas été entendues au fil des ans.

Mais cela dit, la compréhension ne signifie pas l'absence de gouvernement à parti unique, elle signifie un comportement spécifique du gouvernement à parti unique.

JOURNALISTE. Une autre question car les gens veulent également une réponse à cela : Si votre parti revenait au pouvoir, souhaiteriez-vous rester au ministère des Affaires étrangères ?

N. DENDIAS : Cela dépend du Premier ministre, de ce qu'il me proposera et, à partir de là, en fonction de sa décision et de sa proposition, j'y réfléchirai également. Mais cela n'a pas de sens que je réfléchisse à l'avance, l'initiative en la matière appartient toujours au Premier ministre.

JOURNALISTE : Au Soudan, que peuvent attendre les Grecs, Monsieur le Ministre ?

N. DENDIAS : Une trêve, pour que nous puissions évacuer Khartoum des Grecs qui s'y trouvent. Ce n'est pas facile, nous sommes en contact permanent, et notre ambassadeur et le métropolite sont en contact permanent. J'ai parlé avec M. Shoukry aujourd'hui, nous discutons avec les Français qui assument le rôle de premier plan de l'Union européenne sur place. Mais c'est une situation qui va durer un certain temps, il ne semble pas qu'il y aura de calme.

Nous sommes à la recherche d'une fenêtre d'opportunité pour faire sortir les gens de là. Mais nous suivons la situation de très près. Nous avons deux blessés à l'hôpital, ils n'ont pas pu être opérés, ils sont sous analgésiques, c'est une situation extrêmement difficile.

JOURNALISTE : Vous pensez que cela va prendre du temps ? Parce qu'il y a beaucoup de choses en jeu.

N. DENDIAS : Al-Burhan et Hemeti ont tous deux des forces puissantes, ce sont les deux factions en guerre actuellement au Soudan. Je ne suis pas particulièrement optimiste quant à une solution rapide, mais cela ne veut pas dire qu'il ne peut pas y avoir de trêve permettant au moins aux ressortissants étrangers de quitter Khartoum.

April 19, 2023