N. DENDIAS : Si l'on permet à chaque pays d'être victime d'un pays voisin plus grand qui, pour une raison ou une autre, interprète le droit international à sa guise, alors les phénomènes d'invasion de l'Ukraine par la Russie vont simplement se multiplier.
JOURNALISTE : Après un bref voyage à Kiev, au milieu des ruines d'un abri, le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias lance cet appel à la communauté internationale, soulignant les dangers d'un nouveau conflit en Europe. Monsieur le Ministre, la tension entre la Grèce et la Turquie augmente-t-elle dangereusement ?
N. DENDIAS : Diverses menaces sont proférées contre la Grèce du côté turc, soit des menaces du type « nous viendrons la nuit », soit des menaces du type « notre nouveau missile peut frapper Athènes ». La partie turque tente d'intimider à la fois la société grecque et le gouvernement grec.
Je crains qu'il ne se crée aujourd'hui une attitude permanente qui remet en cause non seulement la souveraineté et les droits souverains de la Grèce, État membre de l'Union européenne, mais aussi en général une manière de traiter les relations entre les pays de la Méditerranée orientale.
N. DENDIAS : Dans la phase initiale de la crise syrienne, la Turquie a très bien géré les flux migratoires. L'Union européenne, en particulier la Grèce, l'a reconnu.
Mais à partir de là, ce qui s'est passé en mars 2020 est totalement inacceptable. Et que s'est-il passé ? La Turquie, passée maintenant à une autre phase, et de manière très spécifique, ce qui a été entièrement prouvé, a poussé des milliers de personnes vers les frontières grecques, donc européennes, en utilisant leur entrée en Europe comme un moyen de chantage et d'obtenir des concessions de l'Union européenne sur un certain nombre de questions qui la concernent.
JOURNALISTE : Monsieur le Ministre, la Turquie a signé un accord avec la Libye sur les zones économiques exclusives et menace de l'appliquer.
N. DENDIAS : La Turquie a tenté de créer un précédent juridique sans précédent en signant un accord avec la Libye sur leurs zones économiques.
Pour vous donner un exemple, ce serait la même chose que si la Grèce signait un accord avec la Tunisie en ignorant que la Sicile et Malte se trouvent au milieu. Cela ne peut être autorisé.
Le soutien de l'Italie à la Grèce est particulièrement important pour cette dernière, car l'Italie est un pays voisin. De plus, l'Italie étant un grand pays, elle a un rôle très important à jouer en Libye et en Afrique du Nord.
En ce moment, le nouveau ministre italien des Affaires étrangères est un ami bien connu de mon pays, mais aussi un homme politique européen. Cela nous permet d'espérer une nouvelle augmentation de l'intérêt de l'Italie pour les problèmes de la Méditerranée, pour les problèmes de l'Afrique du Nord dans le cadre européen.
November 5, 2022