N. KOTZIAS: Merci Yannis. Tu as encore une fois prouvé que les petits pays peuvent exercer une excellente présidence contrairement aux grands pays.
Je suis toujours reconnaissant au Conseil de l’Europe de la solidarité et du soutien dont il a fait preuve envers nous pendant la période de la dictature des colonels de 1967 à 1974, et vis-à-vis du combat que nous avons livré contre le fascisme et les tortures.
Ce que je soutiens toujours est que nous avons besoin en Europe et à l’UE d’une culture politique de compromis et de consensus. Nous avons besoin de cette culture politique entre les Etats, dans les relations internationales ainsi que dans les affaires intérieures de nos Etats.
Et, d’après mon expérience, les pays qui ne peuvent pas se comporter en fonction de cette culture politique dans les relations internationales, ils finissent par se comporter de la même façon dans leurs affaires intérieures.
Que signifie une « culture politique de consensus et de compromis» ? Pour moi, cela signifie que nous préférons le dialogue à la confrontation. Cela signifie que nous préférons intégrer dans notre système démocratique pluraliste d’autres opinions, d’autres mouvements au lieu de les détruire. Cela signifie que nous essayons d’établir des relations de confiance entre les opinions pluralistes au lieu de laisser dominer la méfiance et le manque de confiance.
Pour moi, la culture politique du consensus et du compromis signifie que la démocratie est un système où la minorité a la perspective de devenir une majorité. Qu’il existe un mécanisme assurant que la minorité, la minorité politique, peut devenir une majorité et limiter la puissance de la majorité. Sinon, comme Aristote disait toujours, il y aura la dictature ou la tyrannie de la majorité.
Et la culture politique du consensus signifie respecter l’Etat de droit face aux éventuelles actions arbitraires des institutions. Cela signifie que nous luttons pour la liberté de la presse, la liberté de l’expression, en vue de protéger les droits civils et politiques contre les abus du pouvoir institutionnel.
Et, finalement, cette culture politique du consensus signifie que nous pouvons comprendre et que nous savons qu’au sein de chaque société il y a des contradictions et que nous ne devons pas avoir peur de ces contradictions mais, au contraire, nous devons les valoriser pour faire progresser notre société et nous devons toujours développer et renouveler les contrepoids institutionnels.
Par conséquent, à mon avis, ce qui est important pour l’Europe d’aujourd’hui est de développer cette culture de compromis et de consensus et pas une culture qui sera axée sur l’exercice de pouvoir aux dépens de l’autre partie.
Je vous remercie encore une fois.
May 19, 2017