Intervention du ministre des Affaires étrangères, N. Dendias lors du débat au Parlement sur l’approbation du projet de loi portant « Détermination de l’étendue des eaux territoriales dans la région de la mer Ionienne et des îles ioniennes jusqu’au cap Ténare dans le Péloponnèse » (Athènes, 19.01.2021)
Introduction
Monsieur le Président, je vous remercie.
Mes chers collègues, c’est un honneur particulier pour moi de présenter ce projet de loi au Parlement hellénique, au nom du gouvernement Mitsotakis.
Comme vous le savez, il s’agit de la première extension de l’espace national depuis 1947. Il s’agit d’un espace de 10 079 kilomètres carrés et si l’on y ajoute la fermeture des baies, il excède les 13 000 kilomètres carrés.
Si l’on tient compte du fait, juste pour vous donner une idée de la taille, que la superficie totale du pays est de 135 000 kilomètres carrés environ, vous vous rendez bien compte de l’ampleur de cette expansion.
Par ailleurs, il est particulièrement important de souligner, comme il est apparu clairement au Comité, que cette législation bénéficie du soutien unanime des forces politiques du parlement hellénique.
Par conséquent, je pense que ce moment revêt un caractère historique et j’aimerais remercier chaleureusement les partis, Monsieur le Président, pour leur coopération.
Merci beaucoup.
Seconde intervention
Monsieur le Président,
Merci de me donner la parole. Je n’ai pas l’habitude d’intervenir à ce stade, mais mon cher collègue a dit certaines choses que j’aimerais clarifier afin que la discussion ne s’écarte pas du sujet.
En ce qui concerne la Crète, Mesdames et Messieurs, le Premier ministre a exprimé sa position il y a des mois sur l’extension des eaux territoriales en Crète. Et bien entendu la Crète comprend également la partie orientale de la Crète. Il n’y a aucun doute là-dessus.
En ce qui concerne la prétendue disparité entre la déclaration du Premier ministre sur les zones non délimitées et la déclaration du ministère des Affaires étrangères sur le plateau continental, je pense qu’il s’agit de deux niveaux sous-jacents de la même chose.
La position de notre pays concernant le plateau continental grec est définie dans la loi Maniatis. Il en va ainsi de la zone économique exclusive, qui recouvre le plateau continental en question dans la zone en question. C’est un fait réel. Cela n’a pas été délimité au moyen d’un accord avec l’un des pays limitrophes et je veux parler de la Turquie.
Certes, je comprends bien l’intérêt de présenter cela comme une disparité. Je le comprends très bien. Tout le monde le comprend. Mais cela ne signifie pas forcément qu’il y a disparité. Je vais faire une déclaration finale à ce sujet.
En ce qui concerne l’interprétation des déclarations du Premier ministre – une interprétation sous-entendant que le Premier ministre négocierait nos eaux territoriales avec la Turquie – permettez-moi de dire que cela est absurde. Aucun Premier ministre de la République hellénique ne négocierait la question des eaux territoriales, car c’est une question de souveraineté qui n’est pas négociable.
Bien entendu, les pays limitrophes comprennent l’exercice de notre droit. L’Italie le savait. Nous lui avions dit que nous allions étendre nos eaux territoriales. Cela ne veut pas dire que nous l’avons négocié avec l’Italie. Lorsqu’il a été critiqué par l’opposition, le Premier ministre albanais, M. Rama a, tout à son honneur, déclaré clairement que cela était notre droit le plus strict. Tout comme l’Albanie a exercé son droit le plus strict, sans nous demander, et elle a bien fait. Je ne sais pas si elle nous avait informés, car je n’étais pas à l’époque le ministre compétent.
En ce qui concerne la question de Berlin, qui sans doute fait partie du débat public, il est évidemment fait référence à la communication téléphonique entre la conseillère diplomatique du Premier ministre et le conseiller diplomatique du Président turc, M. Kalin. J’aimerais vous dire la chose suivante, de manière générale et transversale.
La conseillère diplomatique du Premier ministre est bien sûr la conseillère diplomatique du Premier ministre. Mais elle est également diplomate. Et en cette qualité, elle est subordonnée au ministre des Affaires étrangères, quel qu’il soit. Et il va sans dire qu’elle n’exerce pas la politique à l’insu du ministre des Affaires étrangères.
Et j’ai fait une déclaration claire à ce sujet. Une déclaration claire, quoique non nécessaire, disant que je savais. Et pourquoi l’ai-je fait ? Non pas pour dire ce qui va de soi, ce que toute personne dotée de bonne foi comprendrait, sans qu’il soit nécessaire que je le dise. Mais précisément pour souligner que dans des moments cruciaux, la perception selon laquelle il pourrait y avoir des perspectives différentes ou que des choses soient faites à l’insu de l’une ou de l’autre partie, est catastrophique.
Et permettez-moi ici, M. le Président, au risque peut-être d’abuser de votre gentillesse et de celle du Parlement, de dire une phrase et je prierais les partis de l’inscrire dans leur mémoire. Un pays – et cela vaut pour le gouvernement actuel et moi-même – ne peut exercer une politique différente de celle élaborée par le Premier ministre pour ce qui est des questions relevant de la politique étrangère. Cela serait catastrophique pour le pays.
Par conséquent, cela n’est pas le cas et c’est inconcevable. Inconcevable.
Je vous remercie beaucoup de votre patience.
January 19, 2021