« Mesdames et Messieurs les députés,
Depuis 1974 jusqu’à nos jours, un précieux acquis de la période de la transition démocratique (Metapolitefsi) a été créé dans le domaine de la politique étrangère et de la politique de défense et de sécurité. Les pères de cet acquis sont avant tout les deux figures les plus importantes qui ont joué un rôle dans ce domaine : Konstantinos Karamanlis et Andreas Papandréou, qui ont finalement créé, ensemble, l’acquis de la période de la transition démocratique.
Les choix de la politique étrangère d’Andreas Papandréou dans un monde bipolaire à cette époque, ont suivi fidèlement le noyau de tous les choix stratégiques qui avaient été faits par Konstantinos Karamanlis.
Ces choix finaux, ont traduit dans la pratique le dogme « Nous appartenons à l’Occident », tant sur le plan de l’Union européenne et de l’intégration européenne, que de l’OTAN, autrement dit de la politique de sécurité européenne et euro-atlantique.
L’Acquis de la période de la transition démocratique concerne les choix cruciaux et stratégiques du pays :
Notre premier choix – qui a débuté très tôt -, il a débuté au début des années 1950, tout de suite après la fin de la guerre civile, en pleine Guerre froide, était bien entendu l’adhésion à l’OTAN et le maintien dans l’OTAN. Mais, dans le débat public, dans la compréhension collective que nous avons des choses, nous avons tardé à admettre l’importance de ce choix.
Le deuxième choix concerne les relations gréco-américaines, où pour ce qui est des points de vue de l’opinion publique, on passe très facilement d’un extrême à l’autre. Le résultat est que les relations sont stables, stratégiques, s’améliorent et, bien entendu, le nouvel accord que nous avons signé avec les Etats-Unis est un pas essentiel qui nous permet de mettre en avant le poids stratégique de notre pays et de tirer les meilleurs avantages nationaux possibles pour la sécurité dans la région élargie.
Le troisième choix est la stratégie visant à éviter les tensions avec la Turquie ainsi que la politique visant à renforcer les forces armées afin d’éviter la menace turque.
Le quatrième choix est le respect de l’Etat de droit dans tous les aspects de notre politique étrangère.
Le cinquième choix réside dans le fait que la Grèce est le pays qui recherche toujours la stabilité dans les Balkans et la Méditerranée orientale. Notre choix principal est la paix, la sécurité et la stabilité dans la région élargie, la non-contestation des frontières existantes. Nous avons fait le choix d’essayer de partager des frontières avec des pays appartenant à la famille européenne, c’est pourquoi nous avons été les premiers à soutenir la perspective européenne des pays des Balkans et de la Turquie.
Le sixième choix est celui d’entretenir des relations privilégiées, voire de partenariat avec la Russie, relations que nous avons, sans bien sûr nous départir de la qualité du pays-membre de l’Union européenne et de l’OTAN.
Le septième choix est le maintien de notre dimension méditerranéenne, en rapport avec l’élément balkanique. La priorité de notre politique étrangère est la délimitation des zones maritimes avec tous les pays en Méditerranée orientale.
Notre huitième choix concerne l’entretien de bonnes relations avec le monde arabe. L’un des résultats de cette stratégie qui est la nôtre est la relation stable avec l’Egypte.
Cela nous mène au neuvième choix – le plus récent – qui est l’entretien de bonnes relations avec Israël. Cela nous a conduit à choisir les modèles triangulaires de coopération Grèce – Chypre – Israël et par la suite Grèce – Chypre – Egypte.
Notre dixième stratégie est notre choix conscient et insistant de nous ouvrir à la Chine, ce qui est effectivement dû à l’initiative privée, à l’armement grec, qui revêt désormais une forme stratégique après l’accord du port du Pirée avec Cosco.
Enfin, le onzième choix stratégique – et sans doute le plus important – est l’adhésion à l’UE et la participation au projet de l’unification européenne. La participation à l’Union européenne a constitué un choix stratégique par excellence pour des raisons avant tout politiques.
Ces dernières années, différents défi ont fait de l’ombre à la Grèce et à l’Europe. La crise économique, la crise migratoire, le terrorisme, le Brexit, pour n’en citer que quelques-uns. Malheureusement, ces défis ont servi de prétexte à la montée des voix populistes et extrémistes, toutes idéologies confondues, affirmant que c’est par l’isolement que nous pourrons les relever. C’est une approche tout aussi naïve, qu’irresponsable et dangereuse.
Après dix ans de crise, la Grèce revient plus activement sur la scène européenne. Elle revient plus dynamique, avec une vision bien définie, la foi et l’envie de travailler. Elle revient au sein d’une Union européenne qui, elle aussi, tourne la page. Une Union qui, après la crise économique, change d’agenda, laissant derrière elle des discussions sur les mesures de sauvetage et choisissant d’avoir le regard tourné vers l’avenir, jouant ainsi un nouveau rôle géopolitique.
Lors des élections nationales et européennes successives, les électeurs ont envoyé un message fort, à savoir que les dirigeants politiques ne peuvent continuer à appliquer les mêmes politiques et que, enfin, l’heure est venue d’isoler le populisme et les voix extrémistes.
Ils ont montré qu’ils voulaient une Union européenne plus efficace et forte, plus sûre et plus juste du point de vue social. En d’autres termes, ils souhaitent plus d’Europe, une Europe verte, une Europe où aucun citoyen, aucun groupe social ou région géographique ne sera laissé pour compte, exclu de la croissance.
Aujourd’hui, l’Europe est appelée à relever d’importants défis qui devraient être abordés lors du prochain Conseil européen :
- L’élargissement de l’UE aux Balkans occidentaux,
- La planification économique à long terme de l’Union avec l’adoption du nouveau Cadre financier pluriannuel,
- Le départ du Royaume-Uni, un Etat membre clé de l’Union et
- La protection des frontières extérieures.
En ce qui concerne la politique d’élargissement, la Grèce a toujours soutenu la Politique européenne d’élargissement aux Balkans occidentaux, car elle la considère comme un moyen fort visant à réaliser la paix, la stabilité et la prospérité pour la région élargie.
Néanmoins, le soutien grec de la perspective européenne des pays des Balkans occidentaux est étroitement lié au respect d’une forte conditionnalité et au principe des performances égales des pays candidats. Étant donné que l’élément national albanais est disséminé dans toute la région, la dissociation et l’ouverture de négociations avec un seul pays candidat peut conduire à la déstabilisation de nos frontières au nord, au lieu d’approfondir la stabilité. C’est pourquoi, notre pays considère que la décision d’ouvrir les négociations d’adhésion doit être prise en même temps pour les deux pays (coupling), en évitant la dissociation de leurs candidatures (decoupling).
Une autre question importante qui sera abordée tant au Conseil des Affaires générales de la semaine prochaine, qu’au Conseil européen d’octobre, est le Cadre financier pluriannuel. Le cadre financier pluriannuel de l’UE, autrement dit la planification de ses recettes et dépenses sur sept ans (2021-2027), constitue de toute évidence une question particulièrement cruciale puisque la capacité de l’Union à appliquer ces politiques et actions jugées nécessaires pour la réalisation des objectifs communs, dépend de son contenu. La priorité centrale de la Grèce est de garantir les politiques traditionnelles dans le nouveau budget, à savoir la Politique de cohésion et la Politique agricole commune. Il est nécessaire de maintenir le niveau des dépenses pour ces deux politiques, au niveau actuel environ.
Dans ce sens, le gouvernement s’efforce d’accorder une attention particulière aux Etats membres qui ont subi les conséquences de la crise économique particulièrement importante, notamment la Grèce qui a été le pays le plus affecté par la crise, avec une baisse de 25% de son PIB. L’objectif de cette prévision est que le montant adéquat des fonds soit alloué à la Grèce, tout en augmentant le niveau du financement y relatif. Force est de noter que le montant du nouveau budget de l’UE sera fortement impacté par le Brexit.
Effectivement, le Brexit fait désormais partie de notre quotidien, puisque les évolutions sont rapides et nous influencent directement. Le Brexit sans accord signifie que le 1er novembre 2019, la Grande Bretagne ne fera plus partie de l’UE. L’accord de retrait ne sera pas mis en application et il n’y aura pas d’autre accord commercial alternatif entre l’UE et le Royaume-Uni. Au niveau national, le ministère des Affaires étrangères a mis en œuvre très efficacement une planification interministérielle et un plan d’action assorti d’un calendrier bien défini en vue de la préparation en temps utile de l’administration publique grecque dans le cas d’un scénario de « no deal ».
Nous entendons soumettre très rapidement une nouvelle loi omnibus comportant les actions et règlementations qui permettront de gérer efficacement ce défi complexe que représente le BREXIT.
Le Plan d’action opérationnel avec 128 actions pendantes devant être mises en œuvre par les ministères et les autorités, s’inscrit dans cette réglementation et a atteint un stade de maturité avancé. Dans le même temps, nous œuvrons à l’ère post-Brexit ainsi qu’au maintien et à l’approfondissement de nos relations historiques de longue date avec la Grande Bretagne.
Une autre question importante qui fera l’objet de discussions lors du sommet imminent du Conseil européen des 17 et 18 octobre, est l’attitude de la Turquie, tant du point de vue de son comportement infractionnel dans les zones maritimes de la République de Chypre, que vis-à-vis de la question migratoire.
En ce qui concerne les actions de la Turquie dans les zones maritimes de la République de Chypre, il va de soi que la Grèce soutiendra Chypre dans cette discussion, si la partie chypriote cherche à prendre des mesures ciblées / sanctions à l’encontre de la Turquie.
S’agissant de la question des réfugiés, la Grèce considère que la Turquie doit multiplier ses actions afin de limiter les flux qui ont enregistré une augmentation spectaculaire au cours de ces derniers mois. L’Europe doit agir de manière collective afin de faire face à la question migratoire, sur la base des principes de solidarité et de répartition équitable des fardeaux, en octroyant toute sorte d’aide aux pays de première entrée. Notre pays est prêt, en outre, à contribuer à la mise en œuvre plus efficace de la Déclaration conjointe, accélérant de ce fait le taux de retours.
October 9, 2019