«Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs mes chers collègues,
J’ai l’honneur de me trouver de nouveau devant nous – un si court laps de temps s’est écoulé depuis notre dernière rencontre – et d’être en accord avec ce qui avait été dit lors des déclarations de programme du gouvernement.
Le gouvernement a pris l’engagement de discuter et d’informer et, permettez-moi de dire Monsieur le Président, que je suis toujours à votre disposition si vous jugez que vous voulez discuter ou demandez une séance d’information. La séparation des pouvoirs est claire. Le Parlement est souverain ; par conséquent cela ne constitue pas une concession de ma part, mais un engagement. Un engagement du gouvernement et de chaque ministre séparément.
Depuis – même si le temps écoulé n’a pas été long – de nombreuses choses se sont produites :
Premièrement, les actions illégales de la Turquie dans les zones maritimes chypriotes se poursuivent et vont en crescendo avec la présence du navire « Barbaros », du « Yavuz » et du « Fatih ». Ces actions, comme vous le savez, ont entrainé des décisions de sanctions de la part de l’UE.
Deuxièmement, les violations de la Turquie en Egée se sont poursuivies. D’ailleurs, elles se sont poursuivies dans une large mesure de manière plus accrue avec des survols ces derniers temps.
Troisièmement, nous avons eu parallèlement des évolutions concernant le parcours européen de l’Albanie et de la Macédoine du Nord. S’agissant de ces deux pays, la décision prise était de réexaminer la question de l’ouverture de leurs négociations d’adhésion. Aucune décision portant sur l’ouverture de ces négociations d’adhésion n’a été prise.
Quatrièmement, les récentes décisions du Conseil européen sur la question migratoire étaient également importantes. Vous les connaissez, nous pouvons en discutez si bon vous semble, bien que j’imagine, pour ce qui est notamment de la question migratoire, que M. Chrysochoidis et M. Koumoutsakos peuvent plus nous informer à ce sujet.
Dans le même temps, comme vous le savez, j’ai eu la joie d’accueillir à Athènes le Secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, qui a effectué une visite de trois jours.
Outre les discussions et le dialogue stratégique, le point culminant de cette visite très importante était la signature de l’amendement de l’Accord de coopération mutuelle en matière de défense entre la Grèce et les Etats-Unis. Cet amendement sera soumis au vote devant le Parlement hellénique. Selon le point de vue du gouvernement, il s’agit d’un accord visant à revaloriser davantage la coopération en matière de défense entre notre pays et les Etats-Unis.
Par ailleurs, je dois dire que les évolutions en Méditerranée orientale, la position plus générale de la Turquie pour ce qui est de l’Egée, de Chypre et de manière plus générale, le sens de sa présence dans la région, nécessitent une continuelle vigilance de notre part.
Il va de soi que le ministère des Affaires étrangères suit de très près les évolutions. Et ce, en étroite coopération et dans un effort d’entente avec nos partenaires européens.
S’agissant du dossier chypriote, notre objectif national prioritaire et notre aspiration stratégique principale demeurent d’une part la cessation de l’occupation turque continue et la résolution de la question chypriote, sur la base des résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies et en conformité avec l’acquis communautaire.
Vous savez que nous soutenons l’initiative du Secrétaire général de l’ONU, M. Guterres, sur la conclusion de termes de référence (Terms of References), sur l’ouverture du processus de négociation.
Notre point de vue privilégie tout d’abord un modèle à trois, puis à cinq parties.
Bien entendu, comme chacun sait, nous sommes en coordination continue et permanente avec Nicosie. Hier et aujourd’hui, le Président de la République de Chypre, Nikos Anastassiadis est de nouveau ici. Comme vous le savez, je me suis rendu à Chypre à deux reprises ; la première pour accompagner le Premier ministre, M. Mitsotakis, la seconde pour m’entretenir avec Nikos Christodoulidis. Ce dernier est déjà venu trois fois en Grèce, si mes souvenirs sont bons.
Quoi qu’il en soit, notre position commune et notre conception commune est que l’ère de la diplomatie de la canonnière, dont se prévaut la Turquie, est bel et bien révolue. Elle appartient au 19e siècle, voire au début du 20e siècle. Mais il semblerait que la Turquie ne l’a pas encore compris.
La question migratoire est une autre question que nous sommes appelés à résoudre en tenant avant tout compte de son aspect humanitaire.
Notre pays est invité à faire face à une hausse dramatique des flux migratoires vers les îles de l’est de l’Egée depuis le début de l’année. Dans ce sens, nous estimons que le soutien et la solidarité européens sont particulièrement importants. Tout aussi importante est la conformité absolue de la Turquie avec ses obligations, telles qu’elles émanent de la Déclaration conjointe de mars 2016, avec l’UE.
La question migratoire est une question importante, avec d’importantes répercussions. Mais pour nous, il est clair qu’il est inadmissible d’instrumentaliser cette question pour servir des intérêts plus spécifiques. Cette question ne doit pas être utilisée pour soutirer une aide financière ou reproduire des allégations tout aussi infondées que mensongères.
En résumé et généralement parlant, Mesdames et Messieurs, mes chers collègues, le pays, fidèle au rôle qu’il joue dans la région élargie de l’Europe du sud-est, soutient le parcours d’adhésion de l’Albanie et de la Macédoine du Nord. Il attend toutefois de ces deux pays voisins de faire des pas en avant sur des dossiers importants. Nous avions d’ailleurs hier ici le Premier ministre de l’Albanie, M. Rama. La discussion a été répétée avec le Premier ministre, M. Kyriakos Mitsotakis. Il s’agit de leur deuxième rencontre. La première, comme vous le savez, avait eu lieu à New York, dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations Unies.
S’agissant de la Macédoine du Nord, pour nous la question est l’application pleine et constante de l’Accord de Prespès. La Nouvelle Démocratie, à l’époque déjà où elle faisait partie de l’opposition, a pris position concernant les problèmes qui, selon elle, existent au niveau du texte de l’Accord. Or, nous avons dit clairement – nous l’avions dit à l’époque et M. Mitsotakis s’est positionné à maintes reprises à ce sujet dans le passé – qu’après l’entrée en vigueur de l’accord, le pays est tenu de le respecter. Et c’est ce qu’il fait en tant que gouvernement.
S’agissant de l’Albanie, le respect des droits de la minorité nationale grecque est également une question revêtant une importance cruciale pour la Grèce. Non dans le cadre des relations bilatérales seulement, mais dans le cadre élargi auquel l’Albanie doit se conformer pour devenir membre de la famille européenne. Cela concerne avant tout le droit à l’auto-identification des membres de la minorité nationale grecque, mais aussi leurs droits patrimoniaux.
J’aimerais donc, au vu de tout ce qui précède, sans m’étendre à d’autres questions, comme par exemple le Brexit, où il y a des évolutions, vous remercier pour l’occasion qui m’est donnée de me trouver encore une fois devant vous et vous exprimer ma volonté absolue de poursuivre et d’approfondir le débat après la prise de position initiale des représentants des partis ».
October 30, 2019