Dans son intervention lors du Conseil "Affaires étrangères" de l'UE, le ministre des Affaires étrangères, M. N. Kotzias a fait l'analyse d'une série d'aspects liés à la gestion de la question des réfugiés.
Plus particulièrement, M. Kotzias a, dans un premier temps, signalé les difficultés rencontrées dans l'application de certaines décisions qui ont été prises au niveau bilatéral ou au niveau de l'UE, et a souligné que tous les Etats membres devraient faire preuve d'une volonté et d'une détermination communes afin que ces accords soient respectés et mis finalement en application. M. Kotzias a évoqué à titre indicatif, la décision de reloger les réfugiés dans des pays de l'UE, le protocole de réadmission Grèce-Turquie, l'accord de réadmission UE-Turquie et les accords de réadmission entre l'UE et des pays tiers, tels que le Pakistan.
Le ministre des Affaires étrangères a signalé la charge excessive que subissent de nombreuses îles de l'Egée en raison des flux massifs des réfugiés lesquels, selon les données des six derniers mois, sont largement supérieurs de la population de ces îles.
Se référant à la très courte distance qui sépare ces îles de la Turquie, une distance qui peut être parcourue en très peu de temps en bateaux à grande vitesse, M. Kotzias a rappelé que dans les cas en question, il n'y a pas d'eaux territoriales internationales entre les îles grecques et les côtes turques, mais des eaux territoriales grecques et turques pour la délimitation desquelles est appliqué le principe de la ligne médiane. Puisque de nombreux navires transportant des réfugiés font très souvent naufrage dès qu'ils entrent dans les eaux territoriales grecques, la gestion des flux dans ce cas, conformément aux principes du droit international, se transforme automatiquement en opérations de recherche et de sauvetage.
M. Kotzias a particulièrement souligné que le fait de déroger à cette règle pourrait sûrement provoquer la mort d'un encore plus grand nombre de réfugiés par rapport à ceux qui ont d'ores et déjà trouvé la mort aux frontières maritimes de l'UE. Cela irait à l'encontre non seulement du droit international, mais aussi de la tradition grecque et des valeurs humanitaires qui sont au cœur de la civilisation européenne. Le ministre des Affaires étrangères a ajouté que le recours à des moyens militaires ne pourrait en aucune manière être une solution acceptable. Une solution évoquée dans des déclarations faites par des hauts-fonctionnaires européens. Une telle solution aurait comme conséquence la destruction des embarcations par des bombardements avant que celles-ci entrent dans les eaux territoriales grecques.
Le ministre des Affaires étrangères a invité les membres du Conseil à se rendre compte du rôle déterminant de la Turquie dans la montée des flux des réfugiés qui gagnent l’UE par la voie maritime et dans la gestion globale de la question des réfugiés, tout en signalant que la seule solution est l'identification, l'enregistrement et la classification des réfugiés dans des centres spécialisés (lesdits hot spots) sur le terrain turc, faute de quoi on laisserait le champ libre à ces réseaux illégaux des passeurs qui ont élargi leurs activités dans d'autres domaines économiques y relatifs.
M. Kotzias a souligné que la Grèce avait pleinement honoré ses obligations convenues puisque elle a achevé la mise en place du premier des cinq hot spots et qu'elle procédait sans délai à la création du reste des hot spots. Par ailleurs, le ministre a signalé que le processus de répartition dans les autres pays de l'UE devrait se dérouler sans heurts car si la plus grande partie des réfugiés une fois enregistrée, se trouve immobilisée sur le territoire grec -scénario qui n'est guère souhaitable - cela serait une charge excessive pour notre pays et ne constituerait pas une réponse européenne commune à une question qui revêt d'énormes dimensions humanitaires.
Se référant aux récents événements tragiques à Paris et à l'éventuelle identification de l'une des personnes impliquées dans les attaques avec une personne qui a été enregistrée et a obtenu le statut de réfugié en Grèce, M. Kotzias, s'alignant sur les positions exprimées par d'autres membres du Conseil, a souligné qu'il serait une erreur de lier le terrorisme à la question des réfugiés.
En rappelant les causes plus profondes de ces déplacements massifs des populations vers les pays développés, M. Kotzias a signalé l'exemple des Etats-Unis lesquels, en dépit de l'utilisation de moyens dissuasifs ultramodernes et à grande portée sur leurs frontières, ils n'ont pas réussi à éviter l'entrée de plusieurs millions de migrants économiques illégaux sur leur territoire.
En concluant son intervention, le ministre des Affaires étrangères de la Grèce, a demandé une prise de position unique et claire sur le fond, la teneur et la stratégie de la politique européenne à l'égard de la question des réfugiés, à travers l'adoption et l'application de toutes les mesures nécessaires, en évitant les ambiguïtés et sans chercher à créer des boucs émissaires.
La Grèce, comme le ministre des Affaires étrangères l'a souligné, en faisant preuve de sérieux, continuera d'œuvrer en faveur de la gestion efficace du phénomène, en respectant pleinement les principes fondamentaux du droit international et de la civilisation européenne et sans renoncer à ses intérêts nationaux fondamentaux.
November 17, 2015