Intervention du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, au « Forum de dialogue de Prespès 2022 » et à la session de discussion sur « Le projet de paix européen dans les Balkans occidentaux » (Ohrid, 16.06.2022)

Intervention du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, au « Forum de dialogue de Prespès 2022 » et à la session de discussion sur « Le projet de paix européen dans les Balkans occidentaux » (Ohrid, 16.06.2022)Vos Excellences, chers collègues, chers amis,

C'est un grand plaisir de participer au Forum d'aujourd'hui et de prendre part à un dialogue qui est l'occasion de discuter des défis et des perspectives des Balkans occidentaux. Des perspectives qui sont liées à l'avenir européen de la région. Et des défis que nous pouvons collectivement relever en concentrant nos efforts sur la stabilité et la prospérité de la région. Et puisque le pessimisme est parfois omniprésent, permettez-moi de dire que les exemples de réussite ne manquent pas dans les Balkans. Et je suis ici pour représenter l'une de ces réussites : nos relations avec la Macédoine du Nord. Qui aurait dit, il y a dix ans, que le ministre grec des Affaires étrangères assisterait à un forum de politique étrangère, au Forum de Prespès, et soutiendrait l'avenir européen de la Macédoine du Nord ? Nous pouvons donc être optimistes.

Je voudrais maintenant parler de notre grande maison, de notre grande famille, l'Union européenne. L'Union européenne a été créée comme un grand projet de paix. Un projet qui favoriserait l'intégration économique et politique. Et l'Union européenne d'aujourd'hui est le résultat de ce choix initial. Un choix que nous, Européens, devons défendre. Nous devons continuer à œuvrer sans relâche pour consolider la paix, la stabilité et le développement durable.

Dans cette équation, il est impossible d'imaginer l'Europe sans sa région sud-est. L'Europe du Sud-Est en général, et les Balkans occidentaux en particulier, ont toujours appartenu à l'Europe. Comme d'autres régions du continent, les Balkans occidentaux ont connu des conflits armés, c'est bien connu. Mais géographiquement, historiquement et culturellement, ils appartiennent à l'Europe. Ils gardent aujourd’hui encore les traces de leur héritage douloureux, la suspicion, le nationalisme, et un manque de réconciliation.
Ces éléments potentiellement très dangereux coïncident avec une combinaison de crises dans la région plus large liées à l'économie, à l'énergie et à la sécurité alimentaire. Crises causées ou exacerbées par la guerre illégale et non provoquée en Ukraine.

Toutefois, il existe également d'importants signes positifs.

La guerre en Ukraine a mis en évidence l'importance stratégique de la relation entre l'UE et les Balkans occidentaux. L'UE reste le principal partenaire commercial et d'investissement des Balkans occidentaux. La coopération en matière de politique étrangère avec les partenaires des Balkans occidentaux a été renforcée, notamment en ce qui concerne l'Ukraine.

Alors que notre région s'efforce de faire face aux effets de la guerre, la contribution de l'UE à cet effort est vitale. Le plan économique et d'investissement devrait apporter des avantages tangibles aux citoyens et aux entreprises. Il devrait également renforcer le développement durable de la région, y compris l'interconnectivité.

Dans ce contexte, l'intégration européenne de la région reste une question en suspens, 19 ans après l'Agenda de Thessalonique de 2003.

L'UE et les Balkans occidentaux doivent chacun faire leur part du travail à cet égard. Nos partenaires doivent remplir les critères pertinents tout en respectant la conditionnalité prévue. Mais l'UE doit aussi relancer l'élargissement vers les Balkans occidentaux et très rapidement, si je puis dire.

La Grèce met tout en œuvre pour contribuer à cet effort collectif. Je me suis récemment rendu dans toutes les capitales de la région pour transmettre des messages de soutien à la perspective européenne de nos partenaires, ainsi que pour souligner la nécessité de la réconciliation.

Je voudrais réitérer ce que le Premier ministre Mitsotakis a dit le 10 juin : « En respectant les critères qui ont été fixés, oeuvrons à l'adhésion de l'ensemble des Balkans occidentaux d'ici 2033 - un calendrier ambitieux mais tout à fait réalisable ».


Je voudrais terminer par un avertissement concernant la présence de tiers dans la région. Acteurs promouvant des agendas politiques et économiques concurrents. Des agendas qui diffèrent de celui de l'Europe, qui sont contraires à nos intérêts collectifs et tentent de saper la relation entre l'UE et les Balkans occidentaux.

Nous devons tous travailler en étroite collaboration pour faire de la région un véritable voisinage européen. Pour intégrer cette région dans la famille européenne, où elle a vraiment sa place.

Merci beaucoup.

June 16, 2022