Intervention du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, lors du débat au Parlement grec sur la motion de censure contre le gouvernement (Athènes, 26.01.2023)

Intervention du ministre des Affaires étrangères, Nikos Dendias, lors du débat au Parlement grec sur la motion de censure contre le gouvernement (Athènes, 26.01.2023)N. DENDIAS : Mesdames et Messieurs, le débat sur la motion de censure déposée par l'opposition parlementaire est l'occasion pour nous de présenter notre rapport devant le Parlement.

Le rapport que, dans quelques mois, nous présenterons devant le juge, notre juge final à tous, à savoir le peuple grec.  Parce que les citoyens jugent toujours sur la base des œuvres et sur la base d'un discours de programmation réaliste. Et vous me permettrez, sans optimisme inutile, je pense, d'exprimer l'opinion que la société renouvellera sa confiance dans la Nouvelle Démocratie et le gouvernement Mitsotakis.

Un gouvernement qui a laissé derrière lui les syndromes phobiques du passé, les stéréotypes anachroniques, les pratiques dépassées, les visions d'hier. Et ce, parce que nous sommes un parti qui croit en l'égalité des chances, qui croit en un État moderne, qui doit servir les besoins du citoyen. Je dis toujours que la Nouvelle Démocratie est un parti du peuple. Le parti du peuple qui croit à la cohésion sociale, qui croit à la solidarité, aux faibles, et qui en même temps promeut l'unité nationale.

Parce que l'unité est un facteur indispensable à la survie nationale. Et je pense que dès le premier jour, nous avons cherché et dans une certaine mesure, réussi, à renforcer l'acquis de l'entente nationale dans les grandes lignes de notre politique étrangère.

Et je voudrais demander que cet acquis ne soit pas érodé à l'approche des élections. À l'heure où notre voisin de l'Est maintient sa rhétorique agressive.

Le gouvernement, dès le début de son mandat, a adapté la stratégie nationale aux exigences de l'époque. Avec une vision nationale cohérente qui a permis au pays non seulement de réagir, mais de créer les conditions qui le renforcent, qui le rendent moderne, hospitalier, ouvert à l'innovation, tolérant, ouvert sur le monde et moderne. De construire les bases de sa mise à niveau géopolitique.

Tout le monde sait que l'invasion russe de l'Ukraine a marqué le renversement de l'ordre international. Et le révisionnisme turc tente de bouleverser les équilibres qui ont défini les relations dans notre région élargie.

Le monde a changé. Notre voisinage tente également de changer. Nous avons un choix fondamental, une pierre angulaire : le droit international, le respect de l'intégrité territoriale, de la souveraineté de tous les États, de la possibilité de résoudre pacifiquement les différends, des relations de bon voisinage.

C'est la politique de principes et de valeurs que nous avons choisie. Une politique sans opportunisme, sans consommation interne. Basée sur les principes que nous promouvons depuis notre voisinage jusqu'aux quatre coins du monde, de manière systématique et méthodique.

Comme vous le savez, j'ai effectué 235 visites, plus de 300 réunions, dans 73 pays, avec 104 de mes homologues. J'ai rencontré seize ministres d'État pour la première fois dans l'histoire de notre pays. Le ministre grec des Affaires étrangères les a rencontrés pour la première fois. Et aussi d'autres pays avec lesquels nous n'avions pas eu de contact depuis des décennies. L'Afrique du Sud n'avait pas reçu la visite d'un ministre grec des Affaires étrangères depuis 25 ans.

Nous avons renforcé les amitiés que nous avions, en avons créé de nouvelles, renforcé les anciennes alliances, en avons construit de nouvelles. Nous avons bâti un réseau de relations sans précédent, des relations bilatérales, des relations trilatérales, des relations multilatérales.

Nous avons signé des Accords historiques. Nous avons signé 311 Accords pendant le mandat de ce gouvernement, de la coopération stratégique à l'assistance en matière de défense. Mais aussi dans des domaines tels que le tourisme, l'éducation, la culture, le sport, l'économie, le commerce, l'environnement. Nous avons mis l'accent sur la diplomatie environnementale.

Bien entendu, les Accords avec l'Italie et l'Égypte sur la délimitation des zones économiques exclusives revêtent une importance particulière. Des Accords qui font du droit international et du droit de la mer un véhicule unique.

Il y a également, nos Accords de défense. Deux avec les États-Unis, un Accord avec la France, un Accord avec les Émirats arabes unis. Nous « menons » également, comme vous le savez très bien, trois campagnes au sein des Nations unies. D'une part pour le Conseil de sécurité, nous avons recueilli 114 engagements écrits, mais aussi pour la présidence de l'Assemblée générale et pour la participation au Conseil des droits de l'homme. Quelque chose qui n'est jamais arrivé dans l'histoire de l'État grec.

Nous cherchons - et je pense que dans une certaine mesure nous y parvenons - à faire de notre pays un pilier de stabilité, mais aussi un hub, un hub énergétique. Et, bien sûr, nous savons que les forces du révisionnisme sont agacées par cela, des forces qui menacent la sécurité internationale et régionale. Des puissances qui multiplient les comportements provocateurs, avec des menaces de missiles à la manière de la Corée du Nord qui peuvent, soi-disant, frapper Athènes et nos villes. Avec des lettres, des déclarations au sein même du Parlement du pays voisin, selon lesquelles la Grèce n’a, soi-disant, aucune souveraineté sur les îles si elles ne sont pas démilitarisées.

Avec les efforts d'un faux récit, la « Patrie Bleue ». De même, sur la question de Chypre, avec des efforts pour améliorer le pseudo-État, avec des efforts pour créer un fait accompli.

Je répète la position grecque concernant la question chypriote.  Pour nous, Chypre n'est pas loin.  Et nous ne cesserons pas de répondre. A chaque lettre, à chaque déclaration illégale et non fondée, à chaque accord illégal et non fondé, à chaque rhétorique proférée à notre détriment.

Nous continuerons à déconstruire au moyen d’arguments - mais toujours basés sur le droit international - les fausses accusations lancées contre nous. Avec calme et modération, car nous n'avons pas besoin de nous engager dans des accusations mutuelles absurdes.

La Grèce, les démocraties en général, ne répondent pas à la propagande par la propagande. Après tout, c'est ce qui sépare le monde démocratique de l'autoritarisme.

Nous répondons par la vérité. Nous sommes aux côtés de nos amis, de nos alliés, de ceux qui ne remettent pas en cause les Traités, de ceux qui affirment la souveraineté de la Grèce sur ses îles, qui refusent les fantaisies et qui affirment l'évidence. Que la logique du 19ème siècle, l'ère des canonnières, est irrévocablement révolue.

Et je veux être clair. La perception, je pense, non seulement du gouvernement, mais de l'ensemble du monde politique et de la société grecque, est que le peuple turc veut la paix, il veut la stabilité et il veut la coopération avec la Grèce. Dans la grande majorité d'entre eux.

Parce qu'ils apporteront croissance et prospérité à la région. Et c'est ce que recherche la Grèce. La paix, la stabilité, la coopération.
Mesdames et Messieurs, je vous ai parlé à plusieurs reprises des six cercles de notre politique étrangère.  Le cercle européen.  De là, le cercle qui inclut nos relations avec les États-Unis. Nous avons parlé précédemment des deux amendements à l'Accord de Coopération en matière de défense mutuelle.

Le troisième cercle, qui concerne la région élargie du Moyen-Orient, le Golfe, l'Afrique du Nord. Des relations très étroites avec l'Égypte, Israël, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Bahreïn et d'autres pays.

La Grèce n'oublie pas, non plus, la question palestinienne. Mais je pense que nous devons reconnaître que nous avons vu à temps et lu la nouvelle architecture de la région bien avant les « traités d'Abraham ».

Les Balkans occidentaux également. Nous promouvons la stabilité, la paix. Nous pensons, avec l' « Agenda de Thessalonique », que la perspective européenne des Balkans occidentaux est la seule solution dans une région extrêmement difficile et suffisamment volatile.

De même, dans le cinquième cercle, nous développons des relations avec les pays émergents, les puissances émergentes, qui partagent nos points de vue sur de nombreux points. Le Japon, l'Inde, d'autres pays importants de l'Indopacifique, le Vietnam, l'Indonésie, l'Australie, avec lesquels nous sommes liés par notre Diaspora.

Tous ces pays qui vouent un respect pour le droit international et le droit international de la mer. Sans oublier le grand continent africain, qui connaît la croissance la plus rapide, tant sur le plan économique qu'en termes de population.

L'Afrique est beaucoup plus proche de nous que nous ne le pensons. J'ai déjà visité, comme vous le savez, 12 pays d'Afrique subsaharienne, plus les pays d'Afrique du Nord. Je pense que pour la Grèce, c'est important.

Et puis, bien sûr, notre présence dans les organisations internationales. Nous avons parlé, plus tôt, de nos trois campagnes aux Nations Unies.

Chers collègues, Mesdames et Messieurs, telle est notre politique étrangère. Je pense que les possibilités et les opportunités dont dispose la Grèce, dans les secteurs de l'investissement, de l'énergie et de l'économie, ont été mises en évidence.

Je pense que la diplomatie grecque est entrée dans le XXIe siècle d'un pas ferme. Notre pays est en train de changer. Nous allons de l'avant. Bien sûr, il y a - comme il y en aura toujours - des erreurs et des omissions. Et nous ne revendiquons aucune infaillibilité, comme le font peut-être d'autres milieux idéologiques. Nous avons toujours la possibilité de communiquer. Et nous avons toujours les oreilles ouvertes et sommes ouverts à la critique et au dialogue de bonne foi.

La stratégie nationale, après tout, n'appartient pas exclusivement à un parti ou à un gouvernement. Ce que chaque gouvernement met en œuvre concerne l'ensemble de l'État, de la nation. Et donc, je le répète, l’entente nationale est absolument indispensable.

Mais nous pensons que la Grèce peut se tenir debout. Un pays ambitieux, confiant, indépendant, fort. J'aime toujours dire, un pays qui a à la fois grandi et s’est agrandi. Et je pense qu'il est très important qu’il se soit agrandi. Il s'agit d'une précision historique. C'est la première fois que le territoire national s'est agrandi depuis 1947.

Ces succès portent la marque du premier gouvernement Mitsotakis. Ils créent des acquisitions nationales et non des acquisitions de partis.

Le Parlement grec doit les soutenir, si je puis me permettre. Et les renforcer dans cette direction. Avec un soutien inter-parti et, en même temps, au-delà des intérêts des partis, au-delà des opportunismes.

Nous avons payé cher les nombreuses fois où nous avons été divisés sur les questions de politique étrangère, depuis notre lutte pour l'indépendance, en 1915, en 1922, en 1944. Je suis toutefois convaincu que cela fait désormais partie du passé.

Et je voudrais plaider pour que nous ne laissions pas la toxicité, qui semble se dessiner à l'approche de la période électorale, empoisonner l'unité nationale.

Nous devons préserver cette unité nationale. Je suis convaincu que, dans un climat d'unité sur nos questions nationales, le gouvernement de la Nouvelle Démocratie continuera à les défendre efficacement au cours de son deuxième mandat de quatre ans. Je pense que je peux demander à mes collègues un vote de confiance envers le gouvernement aujourd'hui. Et de la part de la société grecque, un vote de confiance pour les prochaines élections.

Je vous remercie.

January 26, 2023