Bonjour,
Chers collègues,
Dr Chipman,
Mesdames et Messieurs,
Je tiens à remercier le Royaume de Bahreïn et l'IISS (Institut international d’études stratégiques) de m'avoir permis de participer pour la première fois au Dialogue de Manama. Une enceinte très importante, si je puis dire.
Vous savez tous qu'il existe une tendance dominante à considérer la région du Moyen-Orient dans une optique géopolitique. Et je ne peux faire exception à cette règle. C'est une région qui constitue un carrefour de civilisations, de religions et d'intérêts politiques. Et aussi, une région affectée par de nombreux conflits en cours. Générés localement, mais qui s’étendent aussi au-delà des frontières.
La Libye, la Syrie et le Yémen sont des exemples clairs des problèmes croissants et de plus en plus interconnectés auxquels est confrontée la région. Outre leur impact sur la sécurité et la stabilité régionales, ces conflits ont également de graves conséquences sur la région au sens large. Entre autres, ils créent des conditions propices à deux facteurs très déstabilisants, la migration et le terrorisme.
Alors, avons-nous une chance d'échapper à ce cercle vicieux de violence, d'insécurité et d'instabilité ? Ma réponse à cette question rhétorique est affirmative : oui, nous le pouvons. Il existe une autre vision pour cette région. Il existe une vision qui embrasse notre riche diversité et notre patrimoine historique unique. Une vision qui se fonde sur la base commune de nos intérêts mutuels.
Nous, la Grèce, croyons fermement à la coexistence pacifique et à la coopération entre tous les pays de la région. Et, bien sûr, cela doit être fondé sur le respect du droit international, y compris le droit de la mer et la Charte des Nations Unies. C'est la base solide pour des relations de bon voisinage.
Guidé par ces principes, mon pays contribue à la stabilité et à la prospérité régionales par trois voies interconnectées.
Premièrement, nous avons réussi à régler des questions bilatérales avec tous nos voisins, à l'exception d'un seul, sur la base du droit international. En l'espace d'un an, nous avons conclu des accords internationaux sur la délimitation de nos zones maritimes respectives avec l'Italie, notre partenaire au sein de l'UE, et l'Égypte. Et nous sommes convenus avec l'Albanie de saisir de la même question la Cour internationale de justice de La Haye. Notre objectif est de régler toutes ces questions en suspens, en nous appuyant sur la Convention des Nations unies sur le droit de la mer et, plus largement, sur le droit international.
Deuxièmement, nous mettons en place des partenariats régionaux, avec Chypre et d'autres pays de la région. Il y a tout juste 48 heures, j'ai accueilli à Athènes une réunion quadripartite avec la participation de mes homologues chypriote, égyptien et français. Et en février dernier, j'ai eu l'honneur d'accueillir les pays susmentionnés, ainsi que trois États du Golfe, le Bahreïn, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, dans le cadre du Forum « Philia ». « Philia » correspond au mot anglais « friendship» qui en grec signifie amitié. C’est donc un Forum d'amitié.
Nous construisons des ponts entre le Moyen-Orient et l'Europe. Ces partenariats régionaux visent à la promotion de la paix, de la stabilité et de la prospérité et ont le potentiel, à partir de la région du Golfe, de s'étendre à la zone indo-pacifique.
Nous cherchons à relever ensemble les défis régionaux et à partager nos points de vue. Nous cherchons également à mener des actions conjointes afin de relever les défis mondiaux, tels que la lutte contre la pandémie de Covid-19. La lutte contre les effets du changement climatique et de la dégradation de l'environnement est un énorme défi pour nous tous. Et, bien sûr, dernier point mais non le moindre, nous devons gérer les pénuries d'eau.
Et permettez-moi de préciser ici, comme je le fais souvent, que ces partenariats multipartites ne sont pas des clubs exclusifs. Ils sont ouverts à tous ceux qui partagent nos valeurs et nos principes, à savoir le respect du droit international et du droit international de la mer.
Troisièmement, nous avons pris des initiatives substantielles pour établir des relations bilatérales avec les pays de la région. Ainsi qu'avec les organisations régionales. Au cours des deux dernières années, le gouvernement grec a investi politiquement dans le Golfe. Parce que le Golfe fait, après tout, partie de notre voisinage, et nous plaidons en ce sens au sein de l'Union européenne. Parce que vous comprenez que depuis Bruxelles, notre région semble plutôt lointaine.
La Grèce a signé l'année dernière un accord de coopération en matière de politique étrangère et de défense avec les Émirats arabes unis. Un accord, également, qui contient une clause d'assistance mutuelle. La Grèce a récemment déployé une batterie de missiles Patriot dans le Royaume d'Arabie Saoudite. Encore une fois, les missiles Patriot sont une arme purement défensive, comme vous le savez certainement. Notre objectif est d'aider le Royaume à faire face aux menaces extérieures, notamment aux attaques contre les civils. Nous avons signé un accord sur les consultations politiques avec le Conseil de coopération du Golfe. J'ai rencontré le Secrétaire général à trois reprises cette année. Cela donc en dit long. Enfin, et surtout, je me suis personnellement rendu dans presque tous les pays du Golfe.
Nous restons déterminés à construire sur les fondements que je viens d'énoncer. Nous espérons que ceux-ci serviront de base à des progrès plus généraux en matière de résolution des conflits. Mais voyons les choses clairement, la route est certes longue, elle est semée de nombreux obstacles, mais nous pouvons la parcourir vers un avenir meilleur basé sur nos principes et valeurs partagés.
Merci beaucoup.
November 21, 2021