Vos Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Les conditions dans lesquelles nous nous réunissons cette année ne sont pour le moins pas idéales.
En effet, le fait que nous nous soyons réunis, même virtuellement, atteste de notre engagement continue en faveur d’un dialogue franc, dont nous avons aujourd’hui plus que jamais besoin.
Je le dis, car en ces temps difficiles, caractérisés par un grand nombre de défis aux multiples facettes, il est primordial que nous continuions à nous parler et à essayer de trouver un terrain d’entente commun, voire des réponses communes à ces défis.
La valeur ajoutée du sommet euro-arabe, qui en est à sa cinquième année, et est toujours aussi dynamique, est plus que jamais claire.
L’Europe et le monde arabe ont une longue histoire d’interaction et en tant que tel il est naturel qu’au fil du temps nous ayons connu beaucoup de hauts et de bas.
Heureusement, après des siècles d’échanges, nous nous trouvons maintenant à un point où nos sociétés, nos cultures et nos économies sont intimement liées, de plus d’une façon.
Cela nous a permis de renforcer nos liens solides existants et de développer notre coopération, basée sur le respect et la compréhension mutuels.
Dans le même temps, nous partageons le respect au droit international et aux principes fondamentaux de la charte des Nations Unies.
Je pense que cela est un aspect crucial, voire le cadre solide sur lequel les relations euro-arabes se sont épanouies à l’époque contemporaine.
Parmi les nombreux défis auxquels nous sommes confrontés dans notre région, le multilatéralisme constitue un paramètre clé dans le sens de la consolidation de l’ordre international basé sur les règles et de la prévention des tensions régionales.
En tant que pays, dont la politique étrangère est ancrée dans le respect du droit international et les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, la Grèce a toujours souligné la nécessité pour les acteurs régionaux d’adopter un comportement de principe.
Notre objectif est d’assurer la paix, la sécurité et la prospérité pour tous les pays et les peuples de notre voisinage commun.
A cette fin, la Grèce n’a de cesse de démontrer son engagement en faveur de la création d’un cadre solide de coopération et de partenariat avec tous les pays de la région.
Il ne fait aucun doute que la sécurité de nos partenaires est un élément fondamental de notre propre sécurité.
Les défis sont communs et les menaces n’ont pas toujours un caractère « traditionnel ». Prenez les exemples suivants :
· Le terrorisme international et l’extrémisme violent,
· Le crime organisé transnational, dont le trafic de stupéfiants et d’êtres humains,
· Les questions liées à la gestion des frontières et à la sécurité maritime,
· La nécessité de préserver et de protéger l’héritage culturel contre la dégradation de l’environnement et la précarité des ressources.
Aussi bien l’UE que le monde arabe comprennent bien que la stabilité et la sécurité sont les conditions préalables à la prospérité et à un développement économique viable et durable.
S’agissant de l’UE, cet aspect se reflète clairement dans sa Stratégie globale, qui vise à contribuer à la stabilisation de notre voisinage élargi, tout en renforçant la résilience de nos partenaires.
Lorsque la Grèce a accueilli le 3e Sommet UE – Ligue des Etats arabes à Athènes, en 2014, la Déclaration conjointe a recensé la plupart des éléments qui sont encore pertinents aujourd’hui.
Notre objectif est d’adopter une démarche globale des conflits et des crises, à travers une approche intégrée, comprenant l’alerte précoce et les moyens d’intervention en cas de crise.
C’est à ce moment-là que notre décision de lancer un Dialogue stratégique entre l’Union européenne et la Ligue arabe a été prise.
La Grèce a maintes fois souligné la nécessité pour tous les partenaires régionaux d’œuvrer dans le sens d’une compréhension commune des défis présents, tout en soulignant l’importance d’une action coordonnée en vue de les régler.
Dans cet esprit, avec Chypre, nous avons favorisé le développement d’un réseau de modèles trilatéraux de coopération avec de nombreux pays de la Méditerranée orientale.
Et ce, afin d’examiner et de mettre en œuvre des projets communs dans le domaine de l’énergie et de l’économie.
Ces modèles trilatéraux de coopération contribuent considérablement à la stabilité régionale alors que certains acteurs désireux d’imposer leur agenda de manière unilatérale et en recourant à la force dans notre région, multiplient les provocations.
C’est précisément dans ce contexte que nous devons garder à l’esprit qu’il vaut mieux prévenir que de devoir répondre à une crise.
Nous avons trop souvent vu les conséquences dramatiques qui en résultent lorsque nous ne parvenons pas à prévenir les crises.
Dans un même temps, nous continuons de témoigner de la difficulté de les surmonter après coup.
La question chypriote est un exemple frappant.
Après 46 ans et malgré les nombreuses résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies et les efforts inlassables déployés sous les auspices des Nations Unies, l’occupation turque d’au moins 40% du territoire de la République de Chypre se poursuit.
Il en va de même pour les crises en Irak, en Syrie et en Libye.
Ces conflits ont fait d’innombrables victimes et n’ont engendré que la souffrance des populations se battant pour leur survie sur place.
En dépit des efforts dignes de louanges déployés par la communauté internationale pour résoudre ces conflits, ils sont toujours ouverts.
En conséquence, ils ont engendré d’autres défis importants, tels que les vagues de migration et la montée de l’extrémisme.
Je ne suis pas là pour dire que la prévention est facile.
Elle nécessite de la vigilance, une coordination accrue et un état de préparation afin de pouvoir prendre des décisions courageuses en temps utile.
Mais n’est-il pas plus difficile de répondre à une crise ?
C’est pourquoi l’UE axe ses politiques sur la prévention de la crise, en s’efforçant de s’attaquer aux causes profondes, lorsque cela est possible.
L’UE aspire à être un fournisseur de sécurité fiable, à travers ses missions et opérations, mais aussi à travers un large éventail d’outils et de dispositifs politiques et financiers visant à relever un grand nombre de défis.
« Propriété », « respect de la souveraineté », « rejet de l’intervention étrangère dans les affaires intérieures », « solutions à la carte », mais aussi promotion d’une compréhension commune et lutte efficace contre l’intolérance, sont autant d’éléments essentiels.
Bien entendu, ces éléments doivent aller de pair avec le respect du droit international et des droits de l’homme.
La Grèce a le privilège de pouvoir, avec nos partenaires et les institutions européennes, élaborer les politiques de l’Union visant à contribuer à relever les défis auxquels font face nos amis arabes.
Capitalisant sur son interaction séculaire avec nos partenaires de la Méditerranée, la Grèce jouit d’une position unique pour associer sa participation à l’UE datant de 40 ans à une connaissance approfondie des aspirations des peuples des pays arabes.
En outre, la Grèce, qui entretient des relations étroites avec le monde arabe, est toujours prête à aider à examiner des moyens de résoudre les problèmes et les conflits existants.
Je vous remercie.
November 9, 2020