Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi de souhaiter la bienvenue à mon cher collègue, M. Giorgos Lakkotripis, ministre de l’Energie de Chypre, tout comme à notre ancien ministre de l’Energie, M. Yannis Maniatis, au Président de la Commission permanente des Affaires étrangères, M. Kostas Gioulekas ainsi qu’à M. Efthymiou qui, bien évidemment, préside les travaux d’aujourd’hui mais il assiste aussi à cette manifestation en sa qualité d’ancien Président de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE et d’ancien ministre, et, aussi, à notre cher ami, l’ambassadeur des Etats-Unis, M. Pyatt.
Permettez-moi de féliciter la Fondation culturelle de l’ESHEA de cette initiative d’organiser cette manifestation absolument indispensable et opportune. Inutile de répéter le rôle crucial de la presse au sein des sociétés démocratiques, qui plus est en matière de politique étrangère.
Et dans ce contexte, j’ai lu avec un grand intérêt le compte rendu de la manifestation organisée par la Fondation culturelle sur des questions nationales, intitulée « politique étrangère et presse ».
Informer le public avec modération, objectivement et avec responsabilité notamment en matière de politique étrangère, constitue pour nous un facteur de survie nationale. Car ce n’est qu’ainsi que l’unanimité absolument indispensable à l’égard des choix nationaux fondamentaux est garantie. Et, bien évidemment, puisque nous vivons dans un environnement en constante évolution, dans la région de la Méditerranée orientale, et sommes confrontés à des défis bien spécifiques, je ne peux omettre de faire une référence au pays voisin, la Turquie. Cette dernière viole les règles du droit international et tente d’étendre son influence tant en Méditerranée centrale qu’en Libye, aux dépens de la paix et de la stabilité dans la région.
Permettez-moi, monsieur le Président d’évoquer une expérience personnelle de mon enfance. Je suis né à Corfou, comme vous le savez. En allant de chez moi à l’école, je passais par un endroit où ont été enterrés les morts de la bataille navale de Lépante après le retour de Don Juan d’Autriche à Corfou. J’ai toujours pensé donc que la Turquie avait bien assimilé la leçon historique de cette bataille navale, à savoir que l’Europe ne pourra jamais lui permettre de contrôler la Méditerranée centrale. Les actions qui ont été entreprises dernièrement montrent peut-être que certaines choses ont été oubliées.
S’agissant par ailleurs des dernières déclarations faites par des hauts fonctionnaires turcs, je peux clairement affirmer que la Grèce a été et demeure toujours prête à parvenir à une entente honnête dans le cadre du droit international. Elle demeure toutefois également non disposée à participer à un marchandage à l’oriental dans lequel la Turquie fait étalage de sa puissance ainsi qu’à un compromis malhonnête et abusif. Dans notre région nous cherchons à parvenir à des ententes axées sur le droit et la raison
Nous cherchons à renforcer les relations de notre pays avec ses alliés traditionnels : les Etats-Unis d’Amérique, la France, les pays arabes et Israël.
Il existe de nombreux exemples de réussite. Je me réfère au plus récent : la signature de l’accord modifié en matière de défense, MDCA, avec les Etats-Unis, accord qui est dans l’intérêt non seulement des deux pays signataires mais aussi dans l’intérêt de la sécurité et de la stabilité dans la région. Et je dois de nouveau saluer le rôle de l’ambassadeur présent des Etats-Unis, M. Pyatt dans la conclusion de cet accord.
Mesdames et Messieurs,
L’objectif ferme de la Grèce est de devenir une plaque-tournante énergétique. C’est cela qu’impose notre époque, de l’Orient vers l’Occident et du Nord vers le Sud. Cela aura des avantages multiples non seulement pour la Grèce et son économie mais aussi pour la région plus élargie.
Un élément-clé est l’inter-connectivité régionale et énergétique renforcée. C’est dans ce sens que vont nos contacts internationaux, tant au niveau bilatéral et trilatéral que multilatéral. Et je tiens à expliquer de la manière la plus claire, comme je l’ai à maintes reprises fait, moi-même et mes prédécesseurs, que ces ententes ne vont à l’encontre de personne. Ces ententes sont complètement ouvertes à toute personne souhaitant participer à un partenariat multilatéral.
J’aimerais me référer tout spécialement à l’ « East Mediterranean Gas Forum » et à la récente adoption de ses statuts par les sept membres fondateurs. Je voudrais également me référer au gazoduc EastMed qui relie Chypre, Israël, la Grèce et l’Italie et s’agissant de cette dernière nous nous attendons bientôt à ce qu’elle signe l’accord y relatif. Je voudrais aussi vous dire que notre politique a un horizon élargi. Nous avons le regard tourné vers le Sud, vers la Méditerranée. Vers le Nord, vers les Balkans, notre voisinage, vers l’élargissement de l’Union européenne. Nous avons le regard tourné vers notre grand allié au-delà de l’océan atlantique, les Etats-Unis. Nous renforçons nos relations bilatérales avec les Etats membres de l’Union européenne, au-delà de nos relations étroites dans le cadre lui-même de l’Union.
En outre, nous renforçons nos relations commerciales avec la Chine ainsi que nos relations avec la Russie. Nous sommes un Etat qui exerce une politique étrangère littéralement multilatérale qui est toujours au service du droit international, de la sécurité et de la stabilité.
Nous réalisons des investissements et nous sommes en faveur des investissements dans notre pays. Les investissements ne contribuent pas seulement à la prospérité des peuples mais aussi à l’entente entre eux.
En concluant, je voudrais former l’espoir que tous les dirigeants de la région puissent voir clair, au-delà de ce brouillard provoqué par les conflits, les ingérences, l’étalage de puissance et la politique de la canonnière, et comprendre que le 21e siècle nous impose de garantir la prospérité des peuples à travers l’application des règles du droit international et l’entente amicale entre les pays.
Je vous remercie beaucoup monsieur le Président.
February 20, 2020