JOURNALISTE : Quel est le bilan de vos visites en Géorgie et en Arménie ?
Ν. ΚΟΤΖΙΑΣ : Il s’agit d’une visite importante effectuée dans la région du Caucase, dans deux pays amis, la Géorgie et l’Arménie. Nous sommes convenus avec les deux pays de développer davantage notre dialogue politique et la coopération entre les deux ministères. Nous sommes également convenus d’étendre notre coopération, notamment dans des domaines relatifs à l’UE et de mettre à disposition de ces pays notre savoir – faire en la matière.
JOURNALISTE : Ces deux pays sont situés dans une région revêtant une importance géostratégique particulière mais qui est également confrontée à de nombreux problèmes…
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Nous avons étudié les problèmes de la région, nous avons évalué la situation géostratégique et avons constaté une importante convergence de vues et d’intérêts. Nous avons exploré les possibilités de développer notre coopération dans le domaine des affaires et en général dans celui de l’économie. Pour ce qui est plus particulièrement de l’Arménie, nous sommes convenus d’organiser à la fin de 2017 une mission d’affaires en vue de développer nos relations économiques et commerciales, car ces dernières laissent à désirer. Comme je l’ai constaté avec mes interlocuteurs, alors que les liens historiques et traditionnels qui nous unissent sont très étroits, ils ne reflètent pas les relations entre nos Etats, telles que celles-ci se sont développées ces dernières années. En outre, alors que nous avons un dialogue politique constructif et un échange de visites politiques assez fréquent, notre coopération économique n’est pas au même niveau.
JOURNALISTE : Comment envisagez-vous de procéder dans l’avenir proche ? Qu’est-ce qu’il a été convenu concernant la valorisation de nos relations bilatérales ?
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : En partant du constat qu’il y a une série d’accords plus anciens lesquels ne sont pas en vigueur, nous sommes convenus de mettre en place des comités spéciaux qui étudieront les textes juridiques des accords en vue de déterminer ceux qui ont été mis en œuvre et ceux qui ne l’ont pas été. Dans le même temps, nous devons adopter des mesures pour leur application et décider de quels accords nous n’avons plus besoin en raison de leur caractère obsolète et quels nouveaux accords devront être conclus.
En outre, j’ai adressé des invitations à mes homologues de visiter la Grèce et j’ai remis de la part du Premier ministre et du Président de la République, des invitations pour échanger des visites.
JOURNALISTE : Et vos homologues ont souligné l’importance stratégique de votre visite dans leur pays…
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Ce dont nous sommes convenus était que notre partenariat n’était pas une simple relation mais un partenariat stratégique. Nous sommes convenus avec la Géorgie et l’Arménie de développer des relations tripartites similaires, telles que celles que nous avons établies en Méditerranée et au Moyen-Orient. Nous avons tout particulièrement tenu une discussion en vue de savoir quel pays européen, outre la Grèce, participerait à cette forme de coopération tripartite et avons exploré l’éventualité de mettre en place une coopération quadripartite également entre ces deux pays et deux pays de l’UE.
JOURNALISTE : Quelles sont vos impressions personnelles à l’égard de cette mission ?
Ν. ΚΟΤΖΙΑS : Les sites historiques, les monuments historiques des deux peuples que nous avons visités m’ont particulièrement ému. J’ose avouer que la visite du musée du génocide des Arméniens à Erevan a été particulièrement émouvante. Mais les documents et les archives exposés dans ce musée étaient aussi bouleversants.
Je dois vous dire que ce voyage était un honneur pour moi non seulement en ma qualité de ministre des Affaires étrangères, mais aussi en celle de professeur d’université. L’université de Tbilissi et la section des études helléniques et byzantines ont organisé une manifestation lors de laquelle j’étais l’orateur d’honneur et on m’a remis la distinction honorifique de l’université. En outre, à Erevan, j’ai tenu une conférence sur des questions de politique internationale, en m’adressant aux étudiants de la section des études internationales, dans une très grande salle comble et on m’a remis le titre de Docteur Honoris Causa avec toutes les obligations que cela implique.
JOURNALISTE : Comment se sont passées les rencontres avec les chefs spirituels des deux pays ?
N. KOTZIAS : Nous nous sommes rencontrés avec le Patriarche des chrétiens orthodoxes de Géorgie et le Patriarche catholique arménien. Nous avons discuté du rôle de l’Eglise aujourd’hui et de l’importance de la spiritualité. J’ai invité les deux Primats à participer à la Conférence internationale sur la protection des communautés religieuses et culturelles qui se tiendra les 1 et 2 novembre de cette année.
JOURNALISTE : Vous accordez une grande importance à la culture en tant que trait d’union pour la coopération politique et économique. Quelles sont les intentions de vos interlocuteurs ?
N. KOTZIAS : Outre la ferveur religieuse, l’hellénisme, la civilisation grecque ancienne, Byzance, mais aussi la réalité grecque d’aujourd’hui sont partout visibles dans ces deux pays. C’est pourquoi nous nous sommes mis d’accord avec les deux ministres des Affaires étrangères sur la façon dont nous allons développer les relations culturelles entre nos deux pays. Car, comme vous le savez, aussi bien personnellement que le ministère des Affaires étrangères globalement, nous attachons une grande importance à la diplomatie culturelle. C’est la raison pour laquelle à la fin du mois d’avril – dans un mois et demi – se tiendra la conférence internationale des plus grandes civilisations anciennes qui sont toujours d’actualité aujourd’hui puisqu’elles continuent d’influencer l’humanité. Je veux parler de la conférence qui réunira les dix pays suivants : la Chine, l’Inde, l’Irak, l’Iran, l’Egypte, la Grèce, l’Italie, le Mexique, la Bolivie et le Pérou. Comme convenu avec mon homologue chinois – avec lequel nous invitons les pays restants à Athènes dans une lettre conjointe – ce sera une initiative ouverte à des tiers également.
J’aimerais souligner que la culture, aujourd’hui, est une puissance forte, ladite force douce ou puissance intelligente, comme on l’appelle dans certaines écoles. Mais ce n’est pas seulement une force, car la culture permet d’influencer et de développer les relations. Aujourd’hui, la culture constitue une puissance économique importante : c’est ce que l’on appelle l’industrie de la culture. Et dans ce cadre, nous avons pris des mesures spécifiques en vue de promouvoir les coopérations dans le domaine de la culture, comme l’éducation et la recherche.
JOURNALISTE : Vous avez un programme de rencontres chargé dans la capitale américaine. Voulez-vous nous en parler ?
N. KOTZIAS : A Washington, nous avons des rencontres importantes, avec le Secrétaire d’Etat américain, le Conseiller à la Sécurité nationale du Président des Etats-Unis et autres hauts fonctionnaires de la nouvelle administration. Nous aurons également une série de rencontres avec des think tanks ainsi qu’avec des sénateurs et représentants du Congrès américain, tandis que des interviews sont également prévues.
JOURNALISTE : Quelles sont les relations de la Grèce avec le nouveau gouvernement du Président Donald Trump ?
N. KOTZIAS : Je pense que nous avons des relations stables avec l’administration du Président actuel et nous avons fait de nombreuses rencontres. J’espère que nos relations se développeront davantage. Nous discuterons des problèmes de la région et examinerons dans quelle mesure nos vues convergent ainsi que nos projets. J’espère également que je pourrais promouvoir le développement ultérieur des relations Etats-Unis – Grèce avec d’autres ministres également, ce qui est nécessaire pour notre pays et pour nos relations internationales.
JOURNALISTE : Vous aviez déjà rencontré le Conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn…
N. KOTZIAS : Oui, après la prestation de serment du gouvernement Trump j’ai rencontré l’ancien Conseiller à la sécurité nationale, M. Flynn. Et à Washington, je rencontrerai mardi, pour la première fois, le nouveau conseiller à la sécurité nationale, le général Herbert Raymond McMaster.
March 13, 2017